Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Le forum pour discuter du cyclisme et du cyclisme uniquement, entre passionnés . Actualité, transferts, débats, analyses et courses de vélo en direct. Toute les infos sur le forum des fans de la petite reine.

Modérateur : Modos VCN

BennyFDJ
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 1023
Inscription : 30 août 2018, 11:24

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Dreki a écrit : 26 juil. 2019, 20:22
Et puis FDJ, je pense, espère qu’il voit plus le verre à moitié plein comme moi, et qui continueront à lui faire confiance. Car si c’est emmener une équipe pour esperer une victoire de Démarre...
Il semble évident au vue des déclas qu'on aura une équipe très proche de celle de cette année et peut-être même exactement la même !
- Gaudu sera encore sur le Tour en lieutenant, avant de se voir confier les clés sur la Vuelta ? :reflexion: (ce qui signifierait un début de saison soft.)
- Reichenbach sera là,
- Roux - Ladagnous - Kung - Bonnet (?) seront encore là. Léger doute sur le dernier qui commence à prendre de l'âge et qui ne s'alignera pas si il ne se sent plus au niveau, mais on n'est pas partie pour.
- un doute sur Molard bien que ce soit le compagnon de chambre de Tibaut, remplacé par Madouas ? :reflexion: ou une recrue...
Dernière modification par BennyFDJ le 29 juil. 2019, 18:45, modifié 1 fois.
TommySheeran
Equipier
Equipier
Messages : 310
Inscription : 27 juil. 2019, 11:21

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

La Sky en 2012 a fait cohabité Wiggins, Froome et Cavendish. C'est possible si tout le monde y met du sien.
Avatar de l’utilisateur
damienleflahute
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 5414
Inscription : 07 juil. 2014, 17:42

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

BennyFDJ a écrit : 29 juil. 2019, 16:23
psemdel a écrit : 26 juil. 2019, 20:16
Le problème, c'est surtout que le Tour va pas toujours avoir 27 km de clm en montagne russe et 17 cols HC comme cette année. Sur une édition, plus classique, avec 50 km de clm tout plat c'est nettement plus dur pour Pinot. C'est vraiment horrible pour lui, après le Giro 2018 qui était aussi super traumatisant. La question, c'est est-ce qu'en tant que directeur sportif tu oses encore mettre toutes tes billes sur Pinot. Il est vraiment sympa et très apprécié du public certainement, mais sur les GTs, il faut avouer que ca lui réussit rarement.
Bien sûr ! Plus que jamais !! Pour le première fois il a montré qu'il était capable de gagner un GT et pas n'importe lequel le TdF ! Celui où il est systématiquement tétanisé par la pression, où son mental lâche, où il tombe malade... Là, pendant deux semaines il a marché sur ce TdF ! A la PdBF, à Sainté, malgré une bordure, sur le chrono où il est au niveau des tous meilleurs du CG, dans les Pyrénées. Il était jusqu'à sa blessure le meilleur coureur de ce Tour.

Je ne sais pas si il l'aurait gagné, personne ne le sait mais on sait deux choses.
Premièrement, c'est qu'on peut s'entendre sur le fait que si il n'avait pas gagné le Tour, il aurait fait 2ème très proche de Bernal... :super:
Deuxièmement, que les Alpes auraient été bien plus agréable à regarder avec Pinot... :hello:
Et permets moi de compléter que même si l'objectif de base a échoué, son Tour reste en terme de résultat brut aussi bon que ce que l'on pourrait espérer au mieux de Démare.
BennyFDJ
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 1023
Inscription : 30 août 2018, 11:24

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

marooned a écrit : 26 juil. 2019, 22:03
Liam a écrit : 26 juil. 2019, 21:52 Je suis infiniment triste.

Je n’arrive pas à accepter ce qu’il s’est passé. C’est tellement injuste.

C’est d’autant plus difficile de se dire qu’hier il fait tout ça avec une douleur pendant toute l’étape. On ne saura jamais de toute façon mais j’ai tellement cette sensation qu’il aurait joué la gagne avec Bernal.

C’est pire que le Giro l’an dernier. Il paraissait si fort, tout semblait si maitrisé. Va falloir du temps.
A part l'épisode de la bordure, c'était effectivement du tableau noir pour lui et pour l'équipe. Physiquement il avait ses jambes de fin 2018 ce qui était son objectif avant le Tour (avant même de parler de podium ou de victoire). On sentait même la gagne possible ce qui n'avait jamais été le cas jusqu'à présent sur un grand tour.

Je ne sais pas trop s'il va retirer le positif des 15 premiers jours ou le négatif avec cette nouvelle désillusion si près de la fin. Il est fort mentalement mais ça commence à faire beaucoup quand même :neutral:
N'est-ce pas un des signes les plus encourageant pour la suite ?? Deux années d'affilé où il arrive en superbe forme sur des objectifs majeurs ?!? :reflexion:

Moi j'ai envie de payer pour voir la suite !! :hole:
andy55
Equipier
Equipier
Messages : 204
Inscription : 17 nov. 2016, 16:49

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

TommySheeran a écrit : 29 juil. 2019, 16:31 La Sky en 2012 a fait cohabité Wiggins, Froome et Cavendish. C'est possible si tout le monde y met du sien.
Elle avait tellement bien marché cette cohabitation que Cavendish n'était resté qu'une seule saison chez Sky :rieur:

Et puis à cette époque Cav était une jambe au dessus de la concurrence il n'avait pas besoin de train, alors que Demare sans un vrai train pour l'emmener inutile pour lui d'aller sur le Tour (surtout en connaissant sa capacité à frotter).

A mon avis la cohabitation Pinot/Demare va devenir compliquée si Pinot vise le Tour les 3 prochaines années...
BennyFDJ
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 1023
Inscription : 30 août 2018, 11:24

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

TommySheeran a écrit : 29 juil. 2019, 16:31 La Sky en 2012 a fait cohabité Wiggins, Froome et Cavendish. C'est possible si tout le monde y met du sien.
Démare je l'adore ! je fais partie de ceux qui le défendent énormément sur ce forum. Il a apporté une des plus grandes victoires de l'histoire de l'équipe. Mais le comparer à Cavendish... :spamafote:
TommySheeran
Equipier
Equipier
Messages : 310
Inscription : 27 juil. 2019, 11:21

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Elle avait tellement bien marché cette cohabitation que Cavendish n'était resté qu'une seule saison chez Sky :rieur:

Et puis à cette époque Cav était une jambe au dessus de la concurrence il n'avait pas besoin de train, alors que Demare sans un vrai train pour l'emmener inutile pour lui d'aller sur le Tour (surtout en connaissant sa capacité à frotter).

A mon avis la cohabitation Pinot/Demare va devenir compliquée si Pinot vise le Tour les 3 prochaines années...
[/quote]

Y'a pire que 3 victoire d'etapes. De toute facon la fdj va en perdre un quoi qu'il arrive si les deux souhaitent faire le tour.
Demare va pas accepter de faire le giro chaque année, Pinot non plus
Avatar de l’utilisateur
marooned
Leader
Leader
Messages : 11835
Inscription : 08 juil. 2014, 12:59

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

psemdel a écrit : 26 juil. 2019, 20:16 Le problème, c'est surtout que le Tour va pas toujours avoir 27 km de clm en montagne russe et 17 cols HC comme cette année. Sur une édition, plus classique, avec 50 km de clm tout plat c'est nettement plus dur pour Pinot.
C'est vraiment curieux mais j'ai l'impression qu'on est nombreux à avoir des perceptions différentes sur la difficulté du Tour qui vient de se terminer :reflexion:

Au final, il n'y a eu que 5 cols HC et 11 cols 1C sur le Tour 2019. En comparaison, il y avait 9 cols HC et 10 cols 1C sur le parcours du Tour 2018. La différence, elle se situe principalement au niveau de la moyenne montagne qui était effectivement plus dense cette année que l'année dernière. Mais pour moi il n'y a pas photo, la montagne du Tour 2018 était bien plus difficile que celle du Tour 2019. Et un Pinot en forme aurait été encore plus fort sur le tracé du Tour 2018 que sur celui de 2019.
Richard
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 3650
Inscription : 25 mai 2017, 20:41

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Non mais on ne peut pas mettre sur le même plan le résultat brut de Démare et de Pinot :rieur:
Rien qu'en terme de retentissement et malgré l'échec le Tour de Pinot est incomparable ! Et ce alors même qu'Alaphilippe a pris énormément de la lumière "française".
Il n'y a pas que ça qui compte mais même en délaissant le côté retombées, ça reste au-dessus, ce qu'a fait Pinot.

La comparaison avec la Sky ne tient pas du tout sinon.

La cohabitation Pinot/Démare, elle peut bien tenir, pas dans une équipe mixte sur le Tour mais dans l'équipe qui n'est pas condamnée à perdre l'un des deux, Démare a plein de beaux objectifs en-dehors du Tour où il aura beaucoup de mal à faire mieux que ce qu'il a déjà fait. Mais il aura certainement la possibilité d'y retourner un jour, car Pinot retournera forcément faire le Giro quoi qu'il arrive.
Un des problèmes qui freinait le retour de Démare sur le Tour, c'était aussi le manque d'une belle carte complémentaire de son groupe, pour consolider la compo un peu "fragile", un coureur qui n'a pas (ou peu) besoin d'équipiers et peut briller sur le Tour. Or maintenant Gaudu pourra être cette carte (il n'aura pas forcément besoin d'une équipe entière à son service dans un premier temps), ou Madouas.

Le parcours pour Pinot n'est pas un vrai obstacle, pour le chrono c'est pas demain la veille qu'on aura 50 bornes de clm plat comme la main sur le Tour. "Une édition classique" sur le plan clm, ça fait longtemps qu'on n'en a pas eu et ça devrait continuer.
Et puis pour rappel il prend 39" au cumul des deux chronos (54 km) au vainqueur final, et n'en perd que 47 sur le vainqueur sortant, bien meilleur rouleur que lui.
Bien sûr il y a des choix de parcours qui l'avantagent moins que d'autres, si on a un parcours à l'avenir avec dix jours de plaine ventée et piégeuse avec une overdose de pavés avant d'attaquer le moindre col, il ne sera pas forcément très chaud pour venir. Mais sinon quasiment tout peut lui convenir.
-Vélomen-
Leader
Leader
Messages : 13122
Inscription : 08 juil. 2014, 16:15

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Dans le documentaire hier (qui était très bon), Pinot dit qu'il a compris que le Tour était le must pour lui. Grosso modo, "la Vuelta et le Giro, c"est bien, mais le Tour c'est encore mieux et c'est ça que j'ai envie de faire dans les années à venir".

Pinot n'est pas prêt de retourner sur le Giro.
Wombat
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 4153
Inscription : 07 juil. 2014, 12:48

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

-Vélomen- a écrit : 29 juil. 2019, 17:43 Dans le documentaire hier (qui était très bon), Pinot dit qu'il a compris que le Tour était le must pour lui. Grosso modo, "la Vuelta et le Giro, c"est bien, mais le Tour c'est encore mieux et c'est ça que j'ai envie de faire dans les années à venir".

Pinot n'est pas prêt de retourner sur le Giro.
Si l'an prochain il lui arrive un truc du tonneau de ce qu'il lui est arrivé en 2013 et en 2016 à mon avis la déclaration d'amour va vite tourner court. :elephant:

Non après il dit aussi que c'est l'âge qui joue. L'an prochain il a 30 ans, il a commencé à performer jeune, tu peux te dire qu'il a 3/4 ans de très très haut niveau encore devant lui.
Avatar de l’utilisateur
Dreki
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 4646
Inscription : 27 mai 2018, 12:57

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

marooned a écrit : 29 juil. 2019, 16:50
psemdel a écrit : 26 juil. 2019, 20:16 Le problème, c'est surtout que le Tour va pas toujours avoir 27 km de clm en montagne russe et 17 cols HC comme cette année. Sur une édition, plus classique, avec 50 km de clm tout plat c'est nettement plus dur pour Pinot.
C'est vraiment curieux mais j'ai l'impression qu'on est nombreux à avoir des perceptions différentes sur la difficulté du Tour qui vient de se terminer :reflexion:

Au final, il n'y a eu que 5 cols HC et 11 cols 1C sur le Tour 2019. En comparaison, il y avait 9 cols HC et 10 cols 1C sur le parcours du Tour 2018. La différence, elle se situe principalement au niveau de la moyenne montagne qui était effectivement plus dense cette année que l'année dernière. Mais pour moi il n'y a pas photo, la montagne du Tour 2018 était bien plus difficile que celle du Tour 2019. Et un Pinot en forme aurait été encore plus fort sur le tracé du Tour 2018 que sur celui de 2019.
C’est évident pourtant, j’ai bien lu toutes vos réponses sur ce forum.
- Alaphilippe a eu de la chance d’avoir un parcours peu montagneux, il n’aura plus une telle chance les années suivantes.
- Pinot a eu de la chance d’avoir un parcours si montagneux, il n’aura plus une telle chance les années suivantes.
Heureusement que le parcours leur était favorable, sinon ils n’auraient pas existé.
J’ai bon ?
En deuil - EBH : 2006 - 2024 :cry:
jerem9
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 902
Inscription : 19 oct. 2017, 19:56

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Je pense que que ce soit pour Pinot ou la Fdj il y aura un avant et un après TDF 2019

Ce qui paraissait impossible avant l’est devenu aujourd’hui, ils ont enfoncé une porte et cette porte ils ne vont pas la laisser refermer.

Pour Thibaut c’est pareil , auparavant il a toujours parlé de podium jamais mieux , maintenant il a compris qu’il pouvait jouer la gagne et psychologiquement ça change tout , mentalement ça change tout , il ne se battra plus dans sa tête pour un seul podium et si on veut gagner le tour de France il faut d’abord y croire.
Le point positif aussi est que maintenant il sait ce qu’il faut faire pour arriver au top

Et que ce soit en 2020-2021-2022 et même 2023 il sera à mon avis sur le tour pour jouer la gagne c’est une certitude.
Grâce à ce tour il a changé de statut et aussi d’image.
Il a conquis le public et ça change également tout la pression sera là mais positive et pour le transcender.

Pour l’équipe s’il y a un choix à faire avec Demare la question se pose pas comme ça a été dit le retentissement de la Fdj sur ce tour est énorme
A l’avenir sur la composition je m’inquiete plus pour Roux remplacé par un bon rouleur ( il a ramassé le’ jour de la bordure ) et Molard par l’émergence d’un Madouas
Gaudu sera encore plus fort .

Peu importe le parcours j’y crois et dans les 3-4ans à venir je pense qu’ASO fera pas de parcours qui ne lui conviennent..
Richard
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 3650
Inscription : 25 mai 2017, 20:41

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Le verbatim : "j'ai compris qu'il n'y a que le Tour qui compte, en fait, finalement... Et même si j'aime beaucoup le Giro, même si j'aime beaucoup la Vuelta, les frissons que j'ai eus, l'émotion que j'ai eue, il y n'y a que le Tour qui me les donnera, et ma carrière va passer vite maintenant, l'an prochain j'aurai déjà 30 ans, et voilà, je vais me consacrer au Tour parce que le vélo, pour moi, maintenant, c'est le Tour"

Bon je rappelle qu'il était sûr de ne plus prévoir d'enchaîner deux GT en quittant le Tour 2017. Que Madiot disait que le Tour serait l'objectif en 2018 :green: Je me revois encore le suppliant à l'arrivée, place de la Concorde près des bus, de laisser Pinot retourner au Giro :wink:

Je charrie un peu là-dessus, alors qu'évidemment cette déclaration n'est pas à prendre à la légère, je l'ai trouvée très forte, et je la prends au pied de la lettre, mais quand même, tout n'est pas écrit non plus pour les n prochaines années.
Effectivement il n'est "pas près de retourner au Giro", il va encore se consacrer au Tour, et dès l'an prochain, c'est beau d'ailleurs de le voir le dire si vite, après avoir lâché un "j'arrête, c'est fini" de dépit la veille. Et je m'en réjouis. Après, on verra, il y a tellement de choses qui peuvent jouer... C'est top qu'il prévoie de persévérer sur le Tour, mais je suis convaincu qu'il retournera un jour en Italie (en ayant gagné le Tour j'espère !?).

D'ailleurs je le dis souvent mais dans une carrière où les belles années sont comptées et les résultats en GT soumis à pas mal d'aléas (surtout chez lui :sweat: ) faire Giro+Vuelta est une façon de se donner deux chances à 100% dans une saison, chose qui n'est pas possible en faisant le Tour. Pas du tout à l'ordre du jour mais à ne pas négliger peut-être plus tard.
jobijoba21
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 6781
Inscription : 29 avr. 2015, 15:00

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Pinot est clairement le coureur qui m'a fait le plus vibrer sur ce Tour, bien plus qu'Alaphilippe. L'image dans Prat d'Albis quand il fait péter Bernal est forte. A ce moment-là, "on" y a cru. Cela se termine cruellement, mais ce n'est pas si surprenant...
J'ai vu le docu, il est touchant. Le grand public a pu découvrir qui est vraiment Pinot. Je pense que sa cote de popularité va exploser. En mode Poupou :sorry:
-Vélomen-
Leader
Leader
Messages : 13122
Inscription : 08 juil. 2014, 16:15

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Le problème, et on a déjà eu le débat et tu me trouvais un peu dur, c'est que Pinot a eu sa chance sur le Giro, et qu'il l'a "laissée" passer, pour diverses raisons (malchance, fragilité, destin, tu choisis celle que tu veux). Il a misé pendant 2 ans sur le Giro pour une 4ème place et un abandon la veille de l'arrivée alors qu'il était 3ème.

Sur la Vuelta il fait 6ème l'an passé et le doublé Giro / Vuelta n'a jamais été prévu par l'équipe (s'il y a va l'an passé c"est à cause ou grâce à la pneumonie).

Les années passent vite en effet et c'est ça qui me fait peur.

Sur le prochain GT où Pinot viendra pour le général (c'est à dire le Tour 2020), il aura déjà 30 ans et pas mal d'occasions manquées pour un podium ( Giro 2017, 2018 et Vuelta 2018), voire plus (Tour 2019, où il aurait fait 2 ou 1 je pense).

Quand on voit le potentiel de Pinot à 22 ans, ce qu'il fait sur les Tour de France 2012 et 2014, et ce qu'il vient de faire sur ce Tour de France 2019, je me dis que c'est incroyable et vraiment triste/dommage qu'il n'ait qu'un podium de GT à son palmarès, à bientôt 30ans.

J'espère que la roue va tourner et fera oublier toutes ses déconvenues.
Richard
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 3650
Inscription : 25 mai 2017, 20:41

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Yes effectivement, mais justement je pense qu'il y a un goût d'inachevé au Giro, de ne pas avoir goûté le podium (au moins). Et une envie de revanche dans un coin de sa tête. Même si là il l'a enfouie bien bien loin du coup. Du mal à me faire à l'idée qu'il ait laissé passer définitivement sa chance au Giro, j'espère vraiment qu'il viendra boucler la boucle de ses premières amours. Et qu'il ira carrément pour la gagne.

Oui le doublé Giro/Vuelta n'a jamais été prévu et il a réalisé ce programme "idéal" par accident effectivement. Mais la donne a évolué, d'autres figures émergent, on peut supposer qu'à 32 ans (par exemple), il "s'offre" ce programme une année où Gaudu jouerait le général au Tour pour la première fois, voire où Démare retournerait au Tour avec son groupe, ce qu'il aurait négocié dans sa prolongation... ? Enfin je tire des plans sur la comète bien sûr, on en est loin mais c'est pour illustrer que ce n'est pas forcément figé ad vitam.

Après, les années passent vite oui, mais ça va vite dans les deux sens : il y a un an on pouvait craindre qu'il passe tragiquement à côté de sa carrière, et depuis il a fait
- une magnifique Vuelta (sans podium mais on s'en fiche, enfin pas toi mais moi oui vu le contexte, on ne va pas repartir là-dessus :wink: ),
- de beaux championnats du monde (même si... regrets !)
- gagné Milan-Turin, victoire pas majeure mais course historique et première course d'un jour emportée, important,
- puis le chef-d'oeuvre du Tour de Lombardie qu'il convoitait depuis toujours
- le stage en altitude que tu appelais de tes voeux, pas concluant mais bien d'avoir essayé
- un début de saison mitigé, victoires sur des "petites" courses et moyen sur les rares grandes, un peu malade
- avant de nous sortir ce Tour de feu, hélas mal fini.

Ça fait pas mal déjà ! Imagine où on peut en être dans un an ?

Peut-être qu'il poussera assez longtemps aussi, Nibali jouait encore la gagne/le podium du Giro en mai à 34 ans et demi... Pinot a dit vouloir durer, mais pas forcément dans le même rôle sur la fin.

J'aimerais bien qu'il s'attaque aux ardennaises sans trop attendre aussi, ce serait super pour varier... Et il a ses chances !
On dit que c'est incompatible avec la préparation de longue haleine du Tour, je ne sais pas, mais c'est peut-être ce point qui peut le faire encore renoncer (différer ?) en voulant reproduire l'approche de cette saison (avec quelques variantes de programme, mais la même structure).
Richard
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 3650
Inscription : 25 mai 2017, 20:41

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Forte interview dans l'Equipe, avec quelques réponses à des questions évoquées ici :wink:

(abonnés, parution demain en papier)

https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-rou ... te/1044779
Avatar de l’utilisateur
BanditManchot
néo-pro
néo-pro
Messages : 125
Inscription : 11 mai 2018, 07:56

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Thibaut Pinot essaie de digérer son abandon dans le Tour, où il «était en train de faire quelque chose de grand». Et il n'y a désormais plus que ça qui le transporte : enfin remporter la plus grande course du monde.
Alexandre Roos mis à jour le 29 juillet 2019 à 20h39
partager

Thibaut Pinot se reconstruit dans le Var, à côté du Lavandou, depuis son abandon dans le Tour vendredi dernier. Ce lundi matin, avant de nous appeler, il était au marché, devant un étal de tomme de brebis truffée et de pata negra. « Il y avait beaucoup de monde, donc ça passait, raconta-t-il, mais en revanche, j'étais vraiment très surpris que les gens me reconnaissent beaucoup plus que les autres années, quand j'ai fait mes courses dimanche. » Le Français a conquis le public, il était dans la course pour remporter le Tour, et depuis trois jours, il ne cesse de remâcher ce nouvel épisode qu'il vit comme une injustice. « En plus, c'est une blessure très rare chez les cyclistes, c'est inédit », grince-t-il à propos de sa déchirure du vaste interne gauche qui l'empêche toujours de bien monter et descendre les escaliers. Avant de couper et de partir en vacances, Thibaut Pinot s'est confié, meurtri d'avoir dû quitter une course où il est persuadé qu'il aurait pu faire le match avec Egan Bernal.
lire aussi

Thibaut Pinot allait-il gagner le Tour de France ?

Comment avez-vous vécu la journée de dimanche, avec l'arrivée du Tour puis la diffusion du documentaire de France Télévisions dans vos pas ?
Pfff, pour moi, c'était une journée très, très longue, peut-être la journée la plus longue depuis très longtemps, je n'avais qu'une envie, c'est que ça se termine, et je suis très content d'être lundi matin.

Il s'est passé quoi dans votre tête ?
(Il hésite) Je préférais ne même pas me poser la question.

C'est-à-dire ?
Je n'ai pas voulu regarder la course, je n'ai pas voulu regarder les podiums parce que c'était dur, la plaie est toujours ouverte.

Vous avez fait quoi du coup ?
J'étais au restaurant et puis j'ai regardé le documentaire à 22h30.

Et ça vous a fait quoi ?
C'était dur, mais c'est des images que je connaissais personnellement, je les ai vécues de l'intérieur, c'était quand même moi l'acteur principal. Je suis content qu'il soit passé, mais j'aurais préféré une autre fin à ce documentaire.

Parlez-nous de votre blessure. On a entendu plusieurs hypothèses, un choc lors de l'étape de Gap, une blessure de foot qui traînait...
Un truc de foot ? Ahahah. Je ne vois pas d'où ça sort ça. Honnêtement, on ne sait pas, je vais passer des examens demain (mardi) au centre sportif à Monaco, et puis on en saura plus. C'est sûr que j'ai évité une chute dans l'étape de Gap de justesse, je fais peut-être un faux mouvement à ce moment-là, mais je n'en suis pas sûr.

Vous ne ressentez pas tout de suite une douleur ?
Non, le seul truc que je ressens, c'est le matin de l'étape de Valloire où, dès les premiers coups de pédale, je sens que j'ai un noeud musculaire dans le vaste interne, comme tous les cyclistes en ont quand on fait beaucoup de charges d'entraînement ou de courses, donc je ne me suis pas inquiété, mais ça a commencé comme ça.

Et quand cela devient-il plus inquiétant ?
Au ravito en bas du col de Vars et à partir de ce moment-là, il y a un truc qui s'est cassé tout de suite dans ma tête et j'ai compris que ça allait être compliqué.

Comment réussissez-vous à finir l'étape ?
Mentalement, j'y suis encore parce que je suis dans le match, mais physiquement j'étais sur une jambe. Movistar met en route dans l'Izoard, et là j'ai déjà très mal. Et après, quand je suis dans la roue des Ineos dans le Lautaret, je suis limite à déjà lâcher, je n'attends qu'une chose, c'est qu'on passe petit plateau pour mettre moins de force dans le Galibier, où les pentes sont plus raides. Je me dis que ça fera peut-être moins mal, que si j'arrive à passer la journée avec les favoris, ce sera parfait. Je me tenais à ça.

Et quand Bernal attaque ?
Je n'ai même pas cherché à comprendre parce que j'avais la jambe droite, celle qui était bonne, complètement asphyxiée, et la gauche où je n'arrivais pas à forcer, avec beaucoup de douleur au niveau du muscle. Pourtant, j'arrive quand même à être presque le meilleur derrière Bernal au sommet. C'est la dernière image que j'ai du Tour. Sur une jambe, j'étais encore là.

À quel point vous faites-vous mal pour aller chercher Geraint Thomas ?
Je donne tout parce que je sais que c'est mon arrivée. Je sais que la descente va être compliquée, je ne pouvais pas faire de sprint, donc à chaque relance, je me disais que j'allais prendre un peu d'avance, que j'allais la faire à mon rythme, c'est pour ça que j'ai pris le manche pour faire les relances que je veux, et surtout que je peux subir.

C'est là que vous avez paru le moins bien, surtout quand Alaphilippe déboule et que vous n'arrivez pas à prendre sa roue...
Oui, justement, parce que le muscle commence à refroidir avec la descente, et la première relance que fait Alaphilippe, je suis incapable de la suivre. Et une fois que tu as laissé dix mètres à Julian dans la descente, tu laisses passer les autres.

Et donc, le soir du Galibier, vous savez que c'est foutu ?
Dès que j'arrive, je vais au contrôle. Je m'assois, ça dure dix minutes, et là, on avait un kilomètre et demi à remonter à vélo pour aller à l'hôtel, et je ne pouvais pas me mettre en danseuse ni pédaler. Là, j'ai compris que quoi qu'on fasse, le lendemain, ce serait mort.

Comment parvenez-vous tout de même à vous remobiliser ?
Parce que les gens autour de moi y croyaient, que tout le monde était optimiste, les kinés, les ostéos, le médecin, ils me disaient que le lendemain, ça allait aller, mais j'ai l'impression qu'ils me mentaient parce qu'ils savaient très bien que je ne pouvais pas descendre les escaliers, comment ça pourrait aller mieux le lendemain ? Ils ne voulaient pas m'inquiéter sur la gravité de la blessure.

Avez-vous pensé à abandonner dès le soir de Valloire ?
Non, pas du tout, parce que tu as toujours ce petit espoir que ça passe, mais non...

Et donc, les premiers coups de pédale le lendemain ?
Je monte signer au podium et j'ai un bandage qui est ultra serré, donc ça calme la douleur, mais je me suis dit que ça allait me faire garrot et qu'au bout d'un moment je n'aurais plus de circulation sanguine dans le muscle. À ce moment-là, je sais que ça va être terrible, et c'est pour ça qu'au départ d'étape, je fais tout pour être dans les premières positions pour éviter les relances, les à-coups. Et voilà, au bout du premier col, en bas de la descente, je ne peux plus pédaler du tout.

Et que se passe-t-il dans votre tête ?
Ben, j'ai l'impression de revivre exactement ce que j'ai vécu l'an passé au Giro. Où tout s'effondre comme un château de cartes, en un kilomètre, tout ce que tu as construit en une saison... Même tout ce que j'avais reconstruit depuis le Giro, tout s'effondre de nouveau. Là, je suis dévasté.

Que vous dit William Bonnet, votre équipier, juste avant votre abandon ?
Que je n'ai rien à prouver à personne, que j'ai fait le maximum, qu'il est fier de moi... C'est aussi un symbole que ce soit William qui soit là, parce que c'est le mec en qui j'ai le plus confiance, c'est notre papa du groupe.



La nuit suivante, vous n'avez pas du tout dormi...
Non, je revoyais tout, les images, j'ai essayé de comprendre, de rechercher ce qui s'était passé, pourquoi... Et surtout j'ai rêvé de ce que j'aurais pu faire réellement si tout avait continué normalement. Me jauger face à Bernal dans l'Iseran... C'est surtout à ça que je pensais, à cette bataille avec lui.

Et vous vous disiez quoi ?
La dernière image que j'ai de moi avec lui c'est quand je le lâche à Prat d'Albis, c'est ça que je retiens. J'avais quand même la poignée et lui a fini par gagner le Tour. Mais on ne saura jamais rien, et c'est cette question-là que je me pose. Il n'y a pas de réponse, je n'en aurai jamais, et c'est horrible.

Vous devez bien avoir un début de réponse au fond de vous...
Bien sûr. Bien sûr que je me dis que même en lui donnant 1'40'' (à cause du coup de bordure), j'étais encore devant lui au général. Jusqu'au Galibier, bien sûr. Mais voilà, c'était peut-être le meilleur niveau que j'aie jamais eu, je commençais à rêver aussi. Une fois qu'on avait passé Gap, c'étaient trois jours dans les Alpes, et là, c'était pour moi, c'étaient les trois étapes que j'attendais. Forcément, dans la tête, tu commences à y croire.

À croire que Bernal était prenable ?
Bien sûr, et heureusement que j'y croyais, parce que les deux étapes dans les Pyrénées, je suis devant lui. Il n'y a pas de raison que ça change en quatre jours.

l est évidemment difficile de se projeter, mais sans muscle déchiré, vous le suivez dans le Galibier ?
Pfff... J'ai envie de vous dire oui, et puis, la vérité, c'est que c'est non. Je suis sur une jambe, et j'en lâche certains au sommet. Donc il y a des chances, oui.

À quel moment avez-vous commencé à y croire dans ce Tour ?
Le soir de Prat d'Albis. Quand tu es capable de lâcher tous les favoris un par un à la pédale, sur des pentes qui ne sont pas non plus les plus dingues, tu sais qu'il y a un effet d'aspiration sur ces pourcentages, c'est là que tu te dis que tu es fort. Mais j'étais serein, je prenais ça très bien, et je me suis même surpris à ne pas paniquer, à ne pas stresser.

Il y a quelque temps, vous auriez pété un câble en pareille situation ?
J'aurais angoissé de gagner, oui.

Qu'est-ce qui a changé ?
J'ai faim de victoires, j'en ai marre de cette frustration qui gâche ma carrière. J'avais envie de montrer de quoi j'étais capable, surtout sur le Tour de France, avec le soutien que j'avais. Je sentais que les gens n'attendaient que ça, et je m'étais pris au jeu aussi.

Vous avez été surpris par toutes ces marques d'affection, tous ces messages d'amour ?
C'est vrai que j'ai peut-être reçu plus de messages quand j'abandonne que quand je gagne en haut du Tourmalet. Je préfère ça, que les gens m'écrivent quand ça ne va pas, parce que c'est facile de le faire quand ça va. Ça m'a vraiment touché, parce que je ne suis pas le meilleur coureur du monde, c'est sûr, mais je suis différent des autres, et ça, je le sais. Je donne des émotions, bonnes ou mauvaises, certains me détestent, beaucoup m'aiment. Je ne laisse pas indifférent, et c'est quelque chose de bien. Je ne fais pas exprès, je suis comme ça. Si je peux rendre les gens heureux, c'est aussi un peu le but de tout ça. Et c'est pour ça que j'ai envie de revenir sur le Tour, pour continuer cette histoire.

Comment un gars comme vous, assez simple, qui aime sa tranquillité, gère une telle marée d'émotions ?
Je le prends bien parce que le Tour, c'est une bulle de ta vie, je laisse mes animaux et ma tranquillité de côté pendant trois semaines. Tu rayes tout ça, tu penses au Tour, à ce qui se passe au jour le jour. Cette année, je me suis vraiment senti bien dans le Tour.

Dans vos réflexions après votre abandon, vous avez dû repenser à votre destin, à l'alignement des planètes...
Oui, tu repenses à tout ça, surtout qu'il y avait eu la bordure d'Albi avant. Et j'ai envie de dire, heureusement qu'elle était là, c'est peut-être ça qui va me permettre de passer plus vite à autre chose. Parce qu'une bordure, ça reste la course, tu ne la changeras pas. Si j'avais abandonné en ayant de l'avance sur tout le monde, à dix secondes du Maillot Jaune (Alaphilippe), j'aurais mis beaucoup plus de temps à m'en remettre.

La claque de la bordure va donc vous aider à vous reconstruire ?
Oui, et le destin a bien fait les choses. Quitter le Tour 4e ou le quitter à dix secondes du Maillot Jaune, ce n'est pas la même chose.

Dans ces cas-là, vous êtes quand même obligé de vous dire que le destin s'acharne...
Oui, mais je pense aussi à ce que j'ai gagné. C'est pour ça qu'avant de penser au général, je voulais d'abord gagner une belle étape, et heureusement que j'ai le Tourmalet dans la poche, et que personne ne pourra me l'enlever. Je n'ai pas non plus rien fait de mon Tour. Je préfère gagner au Tourmalet et abandonner, que de ne rien faire et arriver sur les Champs. Je garde quand même ces souvenirs et cette montée du Tourmalet, qui était pour moi la plus belle arrivée du Tour, vu le monde, l'ambiance... C'est ce que je recherche dans le Tour, ces ambiances de feu.

Ça a été le plus gros frisson de ce Tour ?
Oui, même si quand tu arrives à la Planche des Belles Filles, dans ce premier mur, avec tout le monde qui crie ton nom, c'est pas mal aussi.

Vous gardez quoi du Tourmalet ?
Quand on est tous sur la même ligne, les cinq, six favoris, il n'y a plus d'équipiers, il ne manque que Thomas, c'est une bataille d'homme à homme, on est tous cuits, personne ne triche, tout le monde est à fond, c'est le plus fort qui va gagner et, là, c'était moi.

l y a un sentiment d'injustice aujourd'hui ?
Oui, et c'est le cas depuis le début de ma carrière, parce que je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter tout ça. Je ne comprends pas. J'ai fait sept Tours, quatre abandons, alors que sur les autres courses, je n'abandonne jamais. Ça n'arrive que sur les grands Tours, alors que ce sont mes courses. Les gens ont beau me réconforter, il n'y a que le temps qui pourra faire son oeuvre.

Le temps ou une victoire...
Oui. Pour oublier tout ça, toutes ces galères, il n'y a plus que la victoire. Un podium ne suffira plus.

Tout ce qu'il vous reste à faire dans votre carrière ?
Pour oublier tout ça, oui, il faudra que je gagne le Tour.

Votre rapport au Tour a changé avec cette édition ?
Encore une fois, je vois des signes du destin. L'an passé, j'abandonne le Giro, et si ce n'est pas le cas, je fais troisième de la course, d'accord, mais j'arrive sur le Tour carbo et je ne fais rien, je le sais. Et cette année, je ne reviens pas sur le Tour, et mon destin, ma carrière changent complètement. L'abandon dans le Giro me redonne l'envie de revenir sur le Tour. Sinon, je suis persuadé que je serais allé sur le Tour pour me casser la gueule. C'est, entre guillemets, une bonne chose.

Le Tour, vous nous disiez avoir une relation d'amour-haine avec cette course. Cette année, avez-vous saisi la force du Tour ?
Oui, je me suis rendu compte que tu peux gagner n'importe quelle course, tu peux être champion du monde, il n'y a que le Tour qui pourra faire de toi un coureur qu'on n'oubliera pas. C'est pour ça que je veux y revenir.



À chaud, après votre abandon, vous avez voulu tout balancer...
Il y a tellement de sacrifices de tout le monde, de tout le staff, de tous mes équipiers, les gens ne se rendent pas compte, et, avec eux dans la tête, j'abandonne encore, comme au Giro l'an passé, donc j'avais envie de baisser les bras. Mais je ne l'ai jamais fait dans ma carrière, j'ai toujours tout surmonté.

Vous sentez-vous capable de vous reconstruire encore une fois ?
Il faudra de toute façon. Je ne sais pas combien de temps ça prendra, si ce sera d'ici la fin de saison. Le Lombardie, bien sûr que ça reste la plus belle classique, mais je l'ai gagnée, et devant Nibali, je ne peux pas faire mieux... Il va falloir que je déconnecte de tout ça, on va parler beaucoup moins de vélo, je vais retrouver L'Equipe avec un petit carré de cyclisme dans le journal...



C'est injuste !
(Il rit) Non mais les réseaux sociaux sont moins remplis de messages du Tour, je vais me retrouver avec mes amis, je vais couper, profiter de la vie comme tout le monde, en vacances, et ensuite je me retrouverai avec mon vélo à l'entraînement, les sensations vont revenir, je vais reprendre du plaisir. Mais ça prend du temps, de l'énergie mentale. Je ne sais pas quand je vais pouvoir reprendre parce que ça déprendra de la blessure, mais je vais devoir repartir de zéro et quand tu sais que tu as quitté le Tour en étant un des meilleurs grimpeurs, tu vas devoir refaire toutes les fondations pour la fin de saison. Mentalement, c'est dur.

Comment avez-vous trouvé du réconfort depuis trois jours ?
Les vacances n'ont pas la même saveur que si j'avais fini sur le podium. La bière que j'ai bue quand j'ai fini le Tour n'était pas bonne, et pourtant j'aime ça. C'est fade.

Est-ce la plus grosse claque de votre carrière ?
Oui parce que c'est le Tour, et je touchais quelque chose de grand. Mais heureusement que j'ai de bons souvenirs.

Le coup de la bordure en a été un mauvais. Comment s'est passé le débriefing ?
Tous les coureurs se sont remis en question. Collectivement, ce jour-là, on n'a pas été bons. Certains avaient mal aux jambes, mais on n'avait pas le droit de ne pas être soudés comme on l'avait été sur tout le Tour de France. On est tous fautifs, moi aussi, j'aurais peut-être dû les booster un peu plus, les encourager. J'étais nerveux toute l'étape parce que depuis le départ, je sentais que ça allait mal se passer, j'avais un pressentiment, et quand j'ai vu le peloton, je me suis dit que ça allait être une sacrée journée. C'était une première claque, une bataille de perdue, et elle m'a fait du bien pour me remettre à l'endroit dans le Tour.

Comment êtes-vous passé à autre chose ?
On a fait le débriefing, tout le monde a parlé, et j'ai prononcé la dernière phrase, que samedi (au Tourmalet), on allait rouler et qu'on allait gagner. Et j'étais reparti là-dessus.

C'est totalement nouveau ça...
Oui, mais j'ai tellement grandi, mûri ces trois dernières années en tant que leader. J'ai du caractère, et maintenant j'arrive à le mettre dans le bon sens. Certains pensaient que j'étais un peu mielleux, mais je ne le suis pas du tout. Il fallait que j'apprenne, ça m'a pris du temps, plus que certains, c'est tout.

Vous essayez de remporter le Tour depuis 2012. Egan Bernal, lui, l'a gagné dès sa deuxième participation...
Tous les coureurs ont un destin différent, personne n'a la même histoire, et heureusement. Ma vie est comme ça, je fais avec. Certains ont un don, Bernal est né avec celui de gagner le Tour à vingt-deux ans. Moi je dois travailler, galérer pour peut-être arriver un jour à ce qu'il a fait. C'est comme ça.

Vous avez hâte de vous remesurer à lui ?
Oui, mais je n'y pense pas aujourd'hui, j'ai l'impression d'être déjà tourné vers l'an prochain, de retrouver mon niveau. Ce matin, j'ai pensé à découvrir Paris-Nice, c'est une course que je n'ai jamais courue. Je crois que j'y serai au départ.

Julian Alaphilippe a été votre compagnon de route dans ce Tour...
Oui et c'est aussi grâce à lui qu'il y a eu tout cet engouement. C'est le meilleur puncheur du monde, il n'y a que lui qui peut mettre le feu à certaines étapes comme ça, et heureusement qu'il l'a fait. On a ainsi découvert que les Ineos étaient moins forts que d'autres années. Ça m'a donné envie d'être dans la montagne.

Vous vous êtes dit à un moment qu'il pouvait gagner le Tour ?
Oui, le soir du Tourmalet, et à ce moment-là, tout le monde y croyait. Après, le lendemain, à Prat d'Albis, je le voyais plus sur le podium, parce qu'on arrivait vraiment sur les étapes difficiles, avec de l'altitude, donc forcément les purs grimpeurs allaient ressortir du lot. En tout cas, ce qu'il a fait est exceptionnel.»
Avatar de l’utilisateur
trevorphilips
Equipier de luxe
Equipier de luxe
Messages : 6791
Inscription : 05 juil. 2015, 13:20

Re: Thibaut Pinot : topic réservé aux esperts en Pinotologie

Wombat a écrit : 29 juil. 2019, 11:28
trevorphilips a écrit : 29 juil. 2019, 02:38 oui très bon/beau reportage (même si je m'attendais à + long)
qu'est-ce que ça aurait été s'il avait gagné... une sorte de "les yeux dans les bleus " du cyclisme

confirmation que le rond point a bien été la cause finalement : même si situé plusieurs kms avant la bordure, les équipiers expliquent qu'après ça montait et qu'ils étaient carbo et n'ont pas pu remonter. Comme quoi la moindre petite erreur peut se payer cash, surtout quand on n'est pas l'équipe avec les équipiers les plus puissants (sans faire injure aux équipiers fdj qui sont bons et onf fait ce qu'ils ont pu, même s'il y en a 1 qui se fait engueuler par pinot)

on espère une deuxième vidéo mais avec la victoire au bout cette fois-ci. ça risque d'être encore plus dur mais on ne sait jamais à l'avance ce qui va se passer (et il n'y aura peut être pas 1min40 perdue dans la nature). Il faut garder la détermination, d'ailleurs sa plus grande déception (le podium du giro 2018 perdu le dernier jour de montagne) l'a amené à être plus fort que jamais. Après faut aussi qu'il vise d'autres objectifs dans l'année ; il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le même panier car si échec ya plus grand chose pour compenser. Mais il voulait probablement juste dire qu'au niveau des GT il ne se focaliserait plus que sur le tdf.
Le rond point est pas la cause absolue justement, on a bien vu les images et on sait qu'il y avait la place pour remonter mais comme tu le dis ils étaient carbos. Les Ineos étaient très mal placés pas longtemps avant que ça pète mais ils sont remontés à la cuisse (et c'est sur que Rowe/Castro/Kwiatko c'est d'un autre calibre que Bonnet/Roux).

SInon j'aime bien Mauduit dans le reportage et c'est déjà un peu ce que je ressentais dans les ITW moto qu'on avait de lui quand c'était le DS de Contador et de Nibali. Un gars posé, calme qui saisit bien les enjeux de chaque situation.

Madiot à côté j'imagine qu'il faut adhérer au personne, mais pour moi c'est vraiment le coach psychologique pour une équipe de foot U15.
je crois qu'on est à peu près d'accord sur l'histoire du rond point et de la bordure

pour mauduit le reportage confirme que l'humain compte bcp pour lui (il s'était barré de saxo tinkoff car il n'envisageait pas l'humain comme l'envisageait oleg -> tu métonnes :euh: ) et qu'il est très compétent dans son métier et malin comme l'a dit voeckler

madiot est lui exubérant, avec des réactions extrêmes lors des victoires, ça on le savait et ça me gêne pas, au contraire je trouve que c'est bien quand j'y pense, il (et d'autres) font ce "métier" pour vivre des émotions, c'est un passionné. Mais j'étais pas spécialement fan. Mais en voyant ce reportage je trouve qu'il est vraiment bon au niveau psychologie et qu'il sait parfaitement gérer son affaire, il répond bien aux questions des journalistes et protège son groupe ; il semble vraiment plus malin que je le pensais. Vraiment compétent. Comme l'ensemble de l'équipe et du staff
Répondre