Re: Dopage 2019
Publié : 05 mars 2019, 23:43
par pierrefromalsace
Mercipascualito a écrit : 05 mars 2019, 12:34 Luca Mazzanti, 1er TDF en 1999, la Libération
Bordeaux, envoyé spécial.
Dieu que ce Tour a dû être curieux pour beaucoup de novices, alors que même de jeunes brontosaures comme Manolo Saiz le trouvent «triste à mourir». Depuis le départ, les 83 néo-coureurs de l'épreuve se sont retrouvés plongés dans un peloton que personne ne sait lire. A l'ombre des nouvelles passations de pouvoir et, notamment, du retour en force de Lance Armstrong, Luca Mazzanti de la formation italienne Cantina Tollo tente toujours de trouver ses marques dans la course. A 25 ans, Luca dispute son premier Tour. C'est également la première fois que son équipe est invitée à la Grande Boucle. Mais sa venue est sans prétention (Libération du 16 juillet dernier). Le Bolognais, engagé chez Cantina depuis son passage chez les pros il y a trois ans, s'évalue loin de la crème du peloton. Il revient sur trois semaines durant lesquelles il a découvert un monde bien différent de celui qu'il a l'habitude de côtoyer.
«Basson n'a pas raconté que des conneries.» «Je suis loin d'être un champion», prévient Mazzanti. Deux victoires à son actif, dont le Grand Prix de Fourmies, donnent tout de même une certaine crédibilité à ce petit gabarit. Mais Luca a surtout été confronté à une course qu'il juge bien plus dure que le Giro. «Ici, chaque étape est stressante, les gars attaquent dès le départ, dit-il. Moi je n'ai pas pu faire grand-chose. J'avais déjà perdu une demi-heure dans la chute du Gois et en montagne, j'étais très content de pouvoir rester dans le gruppetto.» Mazzanti a pourtant pu évaluer l'état physique du peloton 99. «Je connais un peu de monde puisque je les rencontre sur les courses de Coupe du monde, précise l'Italien. Christophe Bassons, je ne lui donne pas tort car il n'a pas raconté que des conneries. Par contre s'il avait présenté des faits précis, la résonance de ses propos aurait été différente. Nous, nous avons signé cette charte du Coni afin que les contrôles soient plus crédibles (contrôles croisés sang et urine, ndlr). D'autres s'y refusent toujours et continuent à prendre des trucs interdits. Et quand on est à vélo, on s'aperçoit vite de qui a vraiment arrêté.»
Rejeté dans les profondeurs du classement (135e hier soir à près de trois heures d'Armstrong), Luca Mazzanti reste amer face à certaines pratiques. «Il y a une chose que je n'aime pas, ce sont tous ceux qui présentent des certificats pour pouvoir continuer à prendre des produits interdits. Tout le monde en a. Qu'ils restent à la maison s'ils sont malades. Sinon à quoi servent les médecins? Cela n'empêche pas que ces gars restent des champions, mais cette pratique est frauduleuse.» Son directeur sportif, Vincenzo Santoni, s'emportait l'autre matin au départ de Saint-Gaudens: «Je vais écrire au président de la Fédération italienne pour qu'il m'explique pourquoi rien ne bouge dans ce domaine. Et s'il faut être filou et bien je serai filou aussi. Moi aussi je suis capable de l'être! Et s'il faut aller chercher de l'Epo, c'est pas bien difficile à trouver"»
Luca, lui, garde plus de retenue. Se rebeller, c'est bien, mais il préfère ne pas y penser, «sinon on rentre tous chez nous». Pourtant, tout en pédalant, les doutes continuent à freiner son vélo. «Armstrong? Eh bien c'est difficile de savoir vraiment, dit-il. Ce n'est pas n'importe qui. Il était déjà fort avant. Il revient encore plus fort. Les Rabobank? Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une équipe bien moins forte qu'en début de saison.»
«Moi je sais"» L'oeil est exercé et les oreilles très sensibles. Bref, les moindres ragots sont colportés à travers les montagnes. Mais tout ce qu'on voit doit être gardé pour soi. Ce qui reste un problème majeur pour l'Italien. «Bien sûr qu'on parle de tout ça dans le peloton, avoue-t-il. Les Italiens entre eux, les Français entre eux" Parfois, cela discute pas mal.» Que dire de ceux qui continuent à répéter qu'il ne se passe rien et qu'il faut arrêter de parler de dopage? «Le problème c'est que, même s'il y a des présomptions, nous n'avons aucune preuve. Chaque accusation devient donc une arme à double tranchant», précise-t-il. Quelques souvenirs lui reviennent. Comme quand, plus jeune, et comme l'expliquait Bassons, il battait haut la main certains de ses collègues qui, désormais, l'enrhument lorsqu'ils le passent dans les cols. «Moi je sais, mais je ne peux aucunement porter la moindre accusation. Au contraire, ce sont eux qui pourraient venir me dire qu'à l'époque, c'était moi qui me chargeait.» La boucle est bouclée.
Son hématocrite? «Oh, je suis à 43% et depuis que je suis parti du Puy-du-Fou, cela baisse pas mal», avoue-t-il en souriant, comme pour montrer que chez certains, le taux, s'il n'a pas augmenté, est resté le même après trois semaines de course. Une preuve irréfutable d'une prise exogène. «Quand je suis passé pro, j'ai connu les premiers contrôles d'hématocrite. Ces tests sont limités. Cela n'a pas avancé d'un pouce depuis lors. Voyons si ce nouveau contrôle expérimental des PFC que nous avons fait lundi va servir à quelque chose. Je l'espère. Nous devrions avoir le résultat dans un mois, mais il restera confidentiel. De toutes les façons, même si quelqu'un est positif, il ne risque aucune sanction puisque ce n'est pas encore dans le règlement de l'UCI (Union cycliste internationale). Moi, je sais simplement que je me soumets à un contrôle tous les mois et que ce n'est pas le cas pour tout le monde. J'aimerais que cela soit comme ça dans tous les pays, qu'il y ait des lois antidopages communes à tous.» Et Mazzanti de remarquer qu'au dernier Giro, toutes les équipes italiennes ne s'étaient pas pliées à la demande du Coni pour des contrôles croisés urine-sang. A commencer par Marco Pantani, le vainqueur potentiel exclu deux jours avant l'arrivée à Milan. «Alors là! si on commence à parler de Pantani"».
