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Interview JRB sur le business, dopage...je ne savais pas dans quel topic le mettre.
Jean-René, vous vous retrouvez toujours dans ce cyclisme qui accorde beaucoup d’importance au business ?
Il y a ceux qui développent le business. Nous, on développe la réputation d’une marque qui croit dans des projets et aujourd’hui, le sport doit être crédible et attractif. Tout ce qui est attractif, ce n’est pas ce domaine-là. On parle d’une catégorie de gens qui, de toute façon, viennent faire de l’argent dans le vélo, obligatoirement. Enquêtons sur quelqu’un.
Vous pensez à qui ? Mauro Gianetti, le manager de Tadej Pogacar ?
Vous le savez bien. Aujourd’hui,
on parle de gaz carbonique, on parle de cétones. Les cétones, c’est très mauvais pour notre crédibilité. Et il y a sans doute autre chose, je pense. Et après, on rajoute des gens qui ne sont pas exemplaires. Moi, je ne le connais pas, mais ce n’est pas bien pour notre crédibilité.
Dans le sport, on ne doit pas revenir quand on a triché.
Les instances dirigeantes, à commencer par l’Union cycliste internationale, devrait-elle être plus ferme ?
L’UCI, c’est son problème de régler tous les problèmes du cyclisme. C’est notre gouvernement. ASO est un organisateur. Nous, nous sommes les acteurs.
L’UCI doit prendre ses responsabilités. À la création du World Tour, les critères étaient les suivants : finances, crédibilité et hiérarchie mondiale. Aujourd’hui, on ne parle que de points UCI…
Comment faire évoluer ce sport ?
Les instances ne nous aident pas. Si on ne parle que de cyclisme, on a la chance de ne pas aller où le foot est allé. Le foot est obligé de faire marche arrière. Le foot est rendu trop loin. On brasse des sous, on prend des indemnités. Et nous, on y va tête baissée. Ce n’est pas bien. J’ai mes copains bénévoles de petites courses qui souffrent. Alors, on est là pour quoi ? Est-ce qu’on est là pour faire du business ? Je pense que certains ne font que du business.
Le fossé se creuse en termes budgétaires et éthiques…
Je ne veux pas les attaquer. Je pose des questions.
J’ai voulu qu’on parle des cétones. On m’a dit que ça ne servait à rien. Je sais que ça coûte cher. J’ai demandé pourquoi vous en prenez ? C’est indiscutablement très mauvais pour notre crédibilité. Qu’est-ce qui empêche un sponsor d’obliger le manager de signer pour le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) ? Qu’est-ce qui les empêche ?
Le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) a été créé en 2007 pour exiger de la transparence…
C’était un mouvement de révolte contre la dérive. Et des sponsors se fichent de ne pas signer au MPCC. Mais donnez-nous des vraies raisons. Aujourd’hui, on n’est pas à l’abri qu’il y ait encore un problème.
Tadej Pogacar appartient à une équipe dont les dirigeants ont fait du mal au cyclisme, on ne peut pas dissocier les deux ?
Non, on ne peut pas. Pogacar, je le trouve génial, mais il ne faut surtout pas qu’il y ait un problème, parce que là ce serait encore un rêve qui s’écroule. Il faut qu’il mette tous les moyens en place pour être crédible. Pogacar, les gens l’aiment et c’est un beau champion. Mais il ne faut pas qu’il y ait de suspicion.
Les gens qui suivent le cyclisme sont surpris par certaines performances…
Moi, je suis habitué, je suis témoin d’une époque.
Quand je suis arrivé chez Castorama en 1995, je faisais des briefings, Thierry Marie et Jacky Durand, m’ont dit : « Arrête avec ça. Ceux qui roulent au départ accéléreront au milieu et ce sont les mêmes qui nous lâcheront à la fin ». J’étais abattu, je suis devenu un chauffeur de voiture en 1995 ! C’était l’EPO, et en plus, on se faisait passer pour des mauvais dirigeants. Cette époque-là, je n’oublie pas. Je n’oublie pas, et après, arrive l’affaire Festina. Il y a des choses qui n’étaient pas logiques. Il ne faut pas qu’on revienne là-dedans.
Il y a des craintes ?
Je n’accepte pas qu’on prenne les Français pour des gens moins compétents. Parce que je vois Vauquelin ou Grégoire, c’est du top niveau mondial, et il y a quand même des gens qui sont au-dessus. Et ce n’est pas acceptable de les dénigrer. Ce n’est pas normal qu’une nation comme la France puisse être une sous-nation. Aujourd’hui, je trouve que les Français vont bien. Nous, avec TotalEnergies, le Vendée U, et les étudiants de La Roche-sur-Yon, on essaie de se battre contre ce gigantisme, en sachant qu’on aura raison à la fin.