Tuco. a écrit :vej1, toi qui est un peu le théoricien du forum, je soumets ça à ton intellect
toi comme moi nous plaignons souvent des courses bloquées, et on invoque les équipiers, le tracé, la concurrence plus forte parce que mondiale, etc, etc.
Mais que constate-t-on avec paris-roubaix et le dernier wevelgem (cette course étant à l'origine de ma réflexion) : les plus forts devant, qui peuvent attaquer et distancer sur le plat, et avec plusieurs "cartouches"
quelles conséquences en tire-tu sur ton analyse ? (tu peux répondre sur un topic adéquat si tu veux)
(et met un avatar, bordel, c'est du snobisme pur, ce non-avatarisme :fouet: )
Euh, merci pour le titre de théoricien du forum, mais je ne suis qu'un modeste fan de vélo, cyclotouriste médiocre atteint de logorrhée dès lors qu'on parle de la taille des équipes et des arrivées en descente.
Je pense que le fait que sur les Flandriennes on retrouve rapidement les meilleurs devant, assez isolés (Oss fait tout le boulot pour GVA tout de même sur RVV) et obligés de s'exposer est lié au caractère usant de ces courses. Usant non pas par leur longueur ou par la difficulté intrinsèque des monts pavés, mais par la répétition d'efforts qu'elles impliquent.
Les passages pavés, monts ou plats, sont étroits et leur revêtement irrégulier oblige à choisir au mieux par où passer. Il faut être devant pour choisir la meilleure trajectoire, ne pas être coincé derrière un bouchon, pouvoir réagir, etc.. il y a donc des efforts réguliers à faire pour se replacer à l'approche de ces difficultés puis en cours de difficulté pour boucher les trous, etc.. Rajoutons à ça la météo (vent et pluie) qui peut rendre encore plus exigeant ce besoin de placement pour ne pas se prendre de bordure (cf GW cette année) et les incidents mécaniques, et il y a une pression constante, des efforts à faire très souvent.
Résultat sur les flandriennes, en un sens tout le monde même les meilleurs subit largement la course. Ce sont ces 200 à 260 bornes avec des efforts brutaux de quelques minutes ou dizaines de secondes à faire toutes les 5/10 minutes pendant les 3 ou 4 dernières heures de course qui épuisent les coureurs et ont un effet darwinien implacable en éliminant les plus faibles.
C'est pour ça aussi que sur les Flandriennes, pour peu que le peloton laisse un peu faire, il y a une vraie prime à faire la course à l'avant : si on quand même costaud, en courant devant on va s'économiser des efforts brutaux et on va donc se mettre moins dans le rouge, on peut espérer s'accrocher aux tous meilleurs quand ils reviennent, alors qu'à la régulière l'accordéon des efforts auraient fait exploser le coureur.
Par comparaison, dans les étapes de montagne de GT et aussi beaucoup dans les ardennaises, le peloton et les leaders choisissent beaucoup mieux le rythme de la course : elle peut se courir à allure très régulière avant un effort brutal mais quasi unique (même si long parfois) en fin de parcours. La Sky ou la Saxo peuvent maitriser une course avec 5000m de dénivelé avec un rythme régulier jusqu'à quelques kms de l'arrivée. Ces formations ne "subissent" pas la course.
Comparaison n'est aps raison, mais Il faut imaginer ce que seraient des étapes de montagne si sur les cols de la journée on avait tous les 2/3kms un passage de 300m faisant 2m de large et très granuleux dans lequel il faut passer en file indienne. Si tu es derrière un mec qui cale tu es coincé jusqu'à la fin de ce passage avant de pouvoir réagir, avec le risque que le trou soit fait. Donc avant ce passage tu fais l'effort de te placer non pas en 10ème position du peloton, mais en 3/4ème, et tout le monde veut faire pareil, etc... Résultat au lieu de monter 3 cols de 10 bornes à un train régulier, tu fais des accoups dans tes efforts, tu montes dans les tours tous les X kms pour ne pas perdre ta place... Les plus faibles sauteraient irrémédiablement, et on aurait des groupes favoris isolés bien avant la dernière ascension.
Mais ça ce n'est pas possible sur ces parcours sur route "normale". Donc on en est à chercher des dérivatifs, des palliatifs, comme baisser le nombre d'équipiers par exemple.
C'est ce qui fait que nous avons tous une faiblesse particulière pour les Flandriennes : Impossible pour un favori de se cacher et d'être emmené "dans un fauteuil" par son équipe sans avoir à se bouger. Même le Boonen vainqueur des années les plus dominantes de Quickstep devait s'employer longtemps avant la fin pour gagner (bon je ne parle pas des triomphes Mapei et autres des années 90/00, les Flandriennes ont été pourries par le dopage de pointe, différement mais autant que les GTs ou ardennaises).
Je dis peut être de conneries, mais c'est pour moi la caractéristique fondamentale qui distingue les flandriennes : elles forcent les coureurs à s'user à subir le besoin de répêter les efforts là où toutes les autres courses de l'année voient les efforts calculés et contrôlés.