GracchusBabeuf a écrit : 13 août 2025, 08:55
Je suis d'accord avec vous. Et c'est pas son bouquin qui me convainc mais que un nombre incalculable de coureurs aient fait remarqué que c'était le seul qu'ils n'aient jamais vu se doper. Problème ils le cite comme un cas particulier.
Après tu fait la liste que tu veux et ta liste ne sera pas partagé par tout le monde et certains vont en ajouter ou en enlever. Puis quand on rentre dans le flou de il y a dopé et dopé... Ca devient dur de se mettre d'accord et de faire concensus.
Pour moi il était (mettons malheureusement ce terme au passé, merci ASO) sain d'avoir banni Amstrong pour avoir mis en place un système mafieux afin de protéger son dopage. Mais était il plus dopé que les autres, pour moi non, pour d'autres oui... Qui le sait en fait ?
Les mecs qui tournaient aux amphets, vous pensez réellement que si ils avaient eu accès à l'EPO ils auraient dit " là je touche pas, il y à dopage et dopage".
Moi ce qui me gène dans tout cela c'est que certains sont ostracisé ou ramené à leur passé, quand d'autres qui ont fait tout pareil conservent leurs statut de champion admiré. J'ai été choqué en écoutant le podcas "secret d'info" sur Gianneti, sur a quelle point ça décrit juste l'absurde du cyclisme des années 90.
Je crois très fort en Moncoutié, mais j'ai beau avoir admiré Bardet pendant toute sa carrière, je mettrai pas 2 doigt à couper sur sa propreté. Ca veut pas dire que je le suspecte mais juste que rien ne me surprendrait.
On sait en tout cas que des gars comme Fignon et LeMond ont refusé (même quand ils ont été mis au courant des pratiques). Et pour LeMond par contre, je me dois de souligner qu'il a une réputation de coureur propre (donc même autre chose que de l'EPO il n'y a rien qui l'incrimine, pas même un petit témoignage). De même je dois le dire, pour un coureur comme Hampsten, qui a refusé catégoriquement tout forme de dopage. On entend aussi régulièrement que J-F Bernard était clean (or le mec a quand même fait podium du Tour).
Il y en a sûrement que j'oublie, mais ces exemples montrent déjà une chose : il était plus facile de gagner un GT ou des grandes courses, en ayant une réputation impeccable avant l'ère EPO.
Pour moi, le "il y a toujours eu du dopage dans le cyclisme", comme si tout se valait, c'est quelque chose qu'on a dit pour se déculpabiliser. Moi je me souviens que beaucoup de vieux dans les années 1990 avaient conscience que le dopage existait, il ne faut pas croire que l'affaire Festina a ouvert les yeux, beaucoup savaient. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était l'ampleur que ça avait pris, et je me souviens d'anciens qui voyaient le dopage plus comme un adjuvant, que comme quelqu chose de réellement concluant (attention les amphets par exemple ça a bien sûr son effet, mais ce n'est pas le remède miracle). D'ailleurs, le qualificatif de chaudière, à la base, c'est vraiment pour qualifier les coureurs qui exagèrent avec le dopage et essayent de réellement combler le manque de talent par ce qui pour eux bien plus qu'un adjuvant.
L'EPO est justement ce qui a drastiquement changé le cyclisme (et d'autres sports d'endurance), et si je ne crois pas forcément que les Watts sont une preuve irréfutable, il est un fait indéniable : les watts entre les ères pré-EPO et sous l'ère EPO, sont drastiquement différents. Mais encore aujourd'hui, beaucoup ont du mal à comprendre à quel point l'EPO était bien plus qu'un adjuvant, et qu'on faisait d'un âne un cheval avec ça.
Là où avant, on pouvait donc très bien rouler sans dopage, l'EPO a changé cet état de fait. La différence entre un coureur avec ou sans EPO est tellement énorme, qu'un bon coureur ne pourra plus suivre sans ce produit. Je pense même que c'est ça qui a fait que le niveau des coureurs s'est resséré :avant un mec avec une VO2max de 70 pouvait avoir une carrière correcte, après ça, fallait déjà être solide si on voulait faire une carrière propre (ce qui explique pourquoi un David Moncoutié était clean mais pour compenser avec une VO2max de départ énorme).
Ce qu'il peut être intéressant de souligner, c'est que l'ère EPO se découpe en plusieurs phases : la première où certains se sont bien amusés car ils étaient les premiers à en bénéficier, une seconde où tout le monde s'y met mais il y a certains qui sont mieux encadré et savent comme bien utiliser ce produit donc ils s'amusent (je pense à la Gewiss), une phase où vraiment tout le monde est au même niveau (et certains régressent de ce fait dans la hiérarchie), une phase de cette malheureuse décennie où l'UCI n'est pas dupe, mais ne peut contrôler directement le produit et impose les limites de 50% (hématocrite), et la dernière phase où la fête est finie (affaire Festina). Même si l'EPO a continué de tourner très longtemps, et qu'il a fallu éradiquer ce fléau, ce n'était plus le même délire après 1998.
Mais même après avoir disparu (jusqu'à preuve du contraire évidemment), je pense que l'EPO a laissé des traces. Le niveau des coureurs est resté avec des standards élevé, les façons de courir ont changée aussi (par exemple LeMond a souligné que ce qui l'avait choqué, c'est qu'il n'y avait plus d'étapes de transition, même les étapes de plaines étaient faite à fond... c'est encore le cas aujourd'hui).
Je garde l'espoir, et je me dis qu'il y a beaucoup moins de dopage aujourd'hui, mais comme expliquer les watts développé aujourd'hui ? Le niveau est très serré encore aujourd'hui comme je viens de l'écrire, mais cela ne veut pas dire qu'il y a forcément du dopage (après tout les watts développé par Moncoutié serait dans la catégorie suspecte d'après certains... et pourtant je n'ai aucun doute sur l'honnêteté de ce coureur que je salue s'il me lit), mais je pense que l'EPO a laissé des traces (sans mauvais jeux de mots ^^ ), et que les sélections ont été tellement drastique sous l'ère EPO, que les standards sont resté très élevé dans la sélection des coureurs, et qu'un coureur qui aurait fait un honnête pro il y a 40 ans, ne sera pas recruté aujourd'hui.
Puis évidemment, le fait qu'il y a plus d'enjeux financiers de nos jours, donc plus de compétiteurs qui postulent pour devenir pro, mais toujours autant de places disponibles donc il faut un niveau hyper élevé pour devenir pro en 2025.
Pour conclure, et revenir à Riis après cette longue digression : je ne pense pas qu'il faut le sanctionner, ne pas le faire ça montre paradoxalement qu'on tourne la page, qu'on accepte qu'à une époque donnée c'était comme ça, Riis a joué avec les règles de son époque, tant mieux pour lui, aux générations futures de faire en sorte que ça ne dégénère plus de cette façon (spoiler alerte : comme dans tout domaine de l'histoire, on rêve, car on ne retient jamais les leçons^^). En tout cas, il y aurait beaucoup à écrire sur le sujet.
EDIT : et pour ceux qui voudraient avoir une idée factuelle de comment l'EPO a impacté les coureurs, voir le topic (je pense sur la partie histoire) d'un forumeur qui avait fait un excellent résumé du calvaire des coureurs de l'équipe Lotto (en 1993 si je ne m'abuse), et où explicitement leur problème était de ne pas tourner au même régime que les autres. On comprend bien que faire le métier honnêtement ou avec les méthodes de papa/papy (en chargeant le canon à l'ancienne), ce n'était même plus possible...