Bonobo07 a écrit : 15 oct. 2018, 13:26

Excellent post mais je rajouterais un truc Pinot s'est enfermé tout seul (avec l'aide des médias) dans sa légende. En ne maniant pas la langue de bois (ce qui est appréciable) en étant trop souvent grognon les mauvais jours et en affichant lui meme ses faiblesses il a un peu fabriqué son mister hyde. Il y a une phrase très juste d'un journaliste italien à ce propos dans l'équipe ce matin : "dans un monde où les champions protegent leurs secrets comme des plans nucléaires et dispense un peu partout des banalités d'usage pour ne pas irrité leur sponsors"candide Pinot " lui va sur sa propre route."
Ah oui c’est clair qu’il a sa part de responsabilité et que tout ça ne sort pas complètement de nulle part.
Au-delà de ses fragilités physiques (pour les exigences d’un cycliste de son niveau s’entend, tant c’est une force de la nature par rapport au commun des mortels) il a dû relever un défi mental, les deux étant distincts et bien sûr très liés à la fois.
Son caractère (entier, pudique, sensible aussi, perfectionniste voire idéaliste, sauvage, rétif à la célébrité, têtu voire entêté, etc.) lui a imposé un travail de maturation important, pour être moins sensible aux aléas, à l’environnement, aux attentes etc. Progressivement s’imposer comme un taulier dans son équipe, dans le peloton, gagner sa légitimité.
Mais il y a une forme de persistance rétinienne, de facilité médiatique (et chez certains de ses détracteurs) que chaque nouvelle déception confortait, sans voir qu’elle n’était pas forcément du même ressort que les précédentes, et qu’il y avait malgré tout une montée en puissance progressive et un épanouissement dans toutes les dimensions comme coureur et comme homme.
Désolé de ramener ma marotte du parallèle avec Nibali mais à 28 ans ce dernier avait 24 victoires (dont une Vuelta, et 3 WT sinon + Plouay PT).
L’année d’après ca décollait, avec Tirreno, le Giro, 31 victoires en fin d’année.
Cinq ans plus tard, à 34 ans il en est à 51 victoires pour le magnifique palmarès que l’on sait (et qui aurait pu être encore plus grand... mais ce n’est peut-être pas fini).
Avec un premier monument à 31 ans malgré déjà des podiums (Liège, MSR) trois ans plus tôt.
À 28 ans, Pinot a 26 victoires dont 10 WT, un Tour de Lombardie en poche donc... Et un bel avenir devant lui encore
Comparaison n’est pas raison, Pinot est passé pro un an plus jeune, Nibali a une régularité affolante sur les CG de grands tours que n’aura jamais Pinot (sur 20 GT disputés, il a commencé par trois top 20, et depuis 2009 13 top 10 sur 17, dont 11 top 5, dont 9 podiums, dont 4 victoires.
Les exceptions étant les deux de cette année avec l’accident, le Tour 2016 couru en prépa entre deux objectifs, Giro et Rio, et l’exclusion de la Vuelta 2015), il a aussi eu la liberté de zapper le Tour à volonté en faisant Giro/Vuelta, chose que n’a pu faire Pinot que pour la première fois et « par accident » cette année...
Ils n’ont pas non plus les mêmes qualités et défauts... On peut encore trouver d’autres différences.
Et Pinot n’aura sans doute pas le palmarès de Nibali en fin de carrière.
Mais même avec ces limites, le parallèle reste assez parlant, avec une progression relativement lente, linéaire, et un véritable cap passé vers leurs 28 ans / 9ème saison pro.
À suivre...