Bradounet_ a écrit : 18 mars 2018, 20:28
Je vais vous livrer ma pensée sur la question : je pense que le fond du problème ne réside pas tant que ça dans les problèmes d'aspiration.
C'est ce que je croyais jusqu'à récemment, mais j'ai réfléchi sur la question.
Meme dans des cols à 10%, où ça avance à moins de 17km/h, ça se suit en troupeaux et on n'a pas plus d'attaques tranchantes.
Si on en est aujourd'hui à ce stade avec ce phénomène porté à son paroxysme sur le Tour de France, c'est que les leaders sont devenus d'une frilosité sans précédent depuis le début des années 90.
Il m'est pour moi difficile de comparer le cyclisme d'aujourd'hui au cyclisme pré-nineties, car, les leaders de GT étaient beaucoup moins spécialisés qu'aujourd'hui et de ce fait optimisaient beaucoup moins leur rendement en montagne, donc on avait un cyclisme qu'on peut encore voir actuellement chez les juniors avec des gabarits hétérogènes en montagne et de fait, un niveau moins concurrentiel.
Doit-on imputer la frilosité actuelle totalement aux trains Sky ? Surement en partie sur le TdF, mais je n'en suis pas non plus convaincu quand je vois sur le Giro que, même quand le vieillard Pellizzotti à lui seul mène le groupe de tète, on a exactement le même attentisme et on attend seulement les 5 derniers km au mieux pour s'émanciper des consignes des DS et du joug des super-gregarii.
D'ailleurs, l'avènement des trains Sky est concomitant avec la fin des récups autorisées en course (interdiction de pratiquer des injections depuis mai 2011), donc il n'est pas évident de discriminer précisément les contributions de ces différents effets sur cette frilosité.
Ca ne vous étonne pas de voir systématiquement Quintana toujours meilleur sur la dernière étape décisive et rebondir même lorsqu'ils n'a pas toujours été génial le reste du temps ? Pour moi, ce n'est pas du à une capacité de récup supérieure aux autres mais tout simplement parce qu'il calcule ses efforts sur 3 semaines de telle sorte qu'il lui reste encore pas mal de fuel pour la dernière étape. Quintana fer toujours ça.
Quintana, c'est l’extrême, mais ils sont tous presque dans ce registre. Certes, on a des attaques de leaders par ci par là, mais rares sont ceux qui se livrent à fond, beaucoup trop se retournent sur leur attaque de peur de faire l'effort inutile s'ils voient qu'ils ne font pas la différence et quand bien meme, il n'y a pas tout un train derrière (Pinot, Bardet coutumiers du fait, Quintana sur les 20 premiers jours des TdF meme avec Valverd een point d'appui).
Plus personne n'est en mesure d'envoyer la purée jour après jour, chaque micro-effort se paie et s'accumule tout au long de la course. Avant avec les récups perfusées en nutriments et minéraux ajouté au dopage sanguin, on pouvait remettre le couvert à chaque étape, ce qui n'est plus le cas maintenant.
Pourquoi les étapes sprints fonctionnent bien en général ?
Parce qu'on peut se permettre de se donner un peu plus à fond, on récupérera mieux qu'après une étape marathon, donc l'effort produit pourra en partie etre effacé, mais là-dessus, je ne suis pas super convaincu, faire deux heures au seuil, c'est sans doute plus exigeant que 6 heures peinard et 30 minutes au seuil.
Je pense que si les étapes sprints fonctionnent bien, c'est surtout parce qu'on les place le tout dernier jour. Un Soler peut donc prend tous les risques, cela sera sans conséquences sur sa journée sieste du lendemain. La récupération n'entre plus en ligne de compte.
Aurait-on le même spectacle avec une étape de 200km le dernier jour, c'est fort probable sur la deuxième partie.
Et c'est un cercle vicieux, comme plus personne n'ose prendre de risque sur un GT (attaquer avant le dernier col => vous payerez cet effort pendant de longs jours après), tout le monde finit en meme temps comme les attaques sont retardées, et il y a alors un risque énorme de dégringoler au classement si on perd 2 à 3 min sur une étape suite à une défaillance.
Lester les vélos de 5 kg ne changerait, je pense, rien. On aurait toujours le meme problème de ces coureurs procrastinateurs de l'effort, et je ne vous parle pas des DS dans l'oreillette qui sont pires et qui, si le leader a un instant d'égarement en tentant le diable, son DS saura le ramener à la raison.