Depuis quand n'a t-on pas assisté à pareil exploit, dans le cours d'un GT ? Attention. Je ne parle pas des chevauchées maitrisées des baroudeurs de la montagne, genre Rasmussen, Virenque. Je parle d'un gars qui joue la gagne, qui sort tout le monde de sa roue et qui résiste seul pendant plus de 2h30 d'échappée.
Et je rappelle: 80 bornes. 2x40. 4x20.

Perso, dans notre époque contemporaine, je ne vois que Aprica 94 qui puisse lui être comparé (là aussi, on oublie l'EPOque, simplement la course et son résultat). Et encore. Pantani a bénéficié du soutien capital d'Indurain, dans la douce remontée sur Aprica, avant de remonter le difficile Valico di Santa Cristina. Mais sinon, c'était un peu pareil. Au pied du Mortirolo, Pantani (6è du général à 4'30" de Berzin) tente son coup de force. Dans sa roue, les autres grands favoris du CG: Berzin, De Las Cuevas, Indurain, Bugno. Très vite, ne restent plus que Berzin et De Las Cuevas, Indurain naviguant 50 m derrière, à son rythme. Puis De Las Cuevas explose, suivi du Maillot rose Berzin quelques minutes plus tard. Pantani est lancé, seul. Il rejoint TOUS les échappés du jour, les dépose sans sourciller, et passe en tête au sommet du Mortirolo avec 9" d'avance sur Nelson Rodriguez, une quarantaine sur Ivan Gotti, 52" sur Indurain et 1'40" sur Berzin.
Le résultat ? 1 Pantani... Indurain à 3'30", Berzin à 4'06", Bugno à 8', De Las Cuevas à 10' (pas sûr des chiffres pour Bugno et De Las Cuevas). Bon, Pantani n'a pas totalement renversé le Giro, mais cette étape aura marqué durablement les esprits et laissé une très forte empreinte dans la mémoire des tifosis. Après, je me souviens plus à combien de l'arrivée était situé le pied du Mortirolo, je suis pas sûr que ça atteignait 80 km.
En tout état de cause, Pantani n'est pas parti parce qu'on l'a laissé partir.
