Racemousse a écrit : 25 mai 2017, 20:57
Trinite a écrit : 25 mai 2017, 19:45
Le curseur de niveau d'attente chez Quintana doit simplement être beaucoup trop élevé, ce qui fait qu'on lui tombe dessus à chaque fois qu'il est un peu en dessous. Ca fait maintenant 4 ans qu'il est là dans le peloton, on commence à le connaitre.
Son coté attentiste frileux en a pris quand même un petit coup entre le Tour 2016 et ce Giro, on a bien vu que c'est son état de forme et ses limites du moment qui le retiennent de ne pas attaquer. Et on a bien vu sur la Vuelta qu'il était capable de le faire quand tout allait bien. La fin du Tour 2015 a un peu entretenu cette légende en fin de compte, qu'il n'a pas osé attaquer avant etc, qu'il a raté le coche en attendant les derniers km de la Toussuire, mais pouvait-il faire mieux avant ? On est en droit d'en douter
"Meilleur grimpeur du monde", de même, qu'est-ce que ça veut dire au juste ?
Quintana, c'est pas l'attaquant qui va mettre une mine et déposer tous les autres, il plafonne bien souvent à la Andy Schleck et a besoin de s'y reprendre à 3 fois pour faire un trou. C'est pas non plus le mec qui va faire tout péter sur une course de cote en général. Il a besoin d'un terrain à sa mesure, des cols pas trop roulants, pas trop courts, pas trop venteux, en 3ème semaine (et ça suffit pas toujours, la preuve)... Ca commence à faire beaucoup non pour être estampillé "meilleur grimpeur du monde" ?
Le gros point fort qu'on ne peut lui enlever, c'est qu'il est toujours présent, ne passe jamais vraiment au travers, n'explose jamais sans même peser sur la course. En gros il est toujours en embuscade. C'est vraiment le "grimpeur sûr" par excellence mais "meilleur", je m'interroge.
Oui, je suis entièrement d'accord avec toi.
Mais je pense aussi que dans la frustration que peut générer Quintana il y a aussi autre chose : Quintana, de par ses caractéristiques physiques, est l'archétype du pur grimpeur. Or j'ai l'impression que dans l'inconscient collectif des fans de cyclisme, la figure du pur grimpeur est traditionnellement associée à une espèce de folie. Le grimpeur est sensé incarner le révolutionnaire tentant de renverser l'ordre établi, son attaque est attendue comme la révolte légitime d'un peuple oppressé. Enfin, je m'emporte peut-être un peu, mais vous voyez l'idée. Cette figure du pur grimpeur, Pantani l'a incarnée mieux que quiconque. Mais il en est mort.
Alors oui, parfois, j'avoue, j'aimerais que Quintana ait l'esprit d'un Pantani.
Mais voilà, à la fin, comment dire, à la fin ce qui comptera ce n'est pas que son palmarès dépassera largement celui du Pirate, non, cela est anecdotique au fond, à la fin, dans dix ans, ou peut-être dans vingt ans, ce qui compte c'est qu'il rentrera dans les montagnes de Boyacá pour s'occuper de la petite ferme familiale.
Alors que Pantani est mort dans une chambre sordide d'un hotel de Rimini.
Alors, encore une fois, je préfère mille fois Pantani, le pirate anarchiste, à Quintana, le soldat réaliste, mais bon, à un moment il faut sans doute devenir adulte, arrêter de penser en enfants gâtés et comprendre que, avant d'être des coureurs sensés nous divertir, les cyclistes sont des hommes sensés... vivre.
Mais ce n'est pas le dopage qui a tué Pantani, pas directement en tout cas. C'est l'association Madonna di Campiglio 99- Rimini qui a été fatale au Pirate. Mario Chiesa, ancien équipier de Pantani, expliquait que celui-ci n'avait jamais touché à la drogue jusqu'à son expulsion du Giro 99. Même pas les amphétamines. A partir de 94, il prenait le cocktail de l'EPOque ( EPO, hormone de croissance ), et il a continué pendant toute sa carrière, qui s'est vraiment achevée à Madonna-di Campiglio, pour moi. Après, ce n'était plus le même homme, il n'était plus coureur cycliste.
Beaucoup de ceux qui ont connu la période EPO ne sont pas morts d'une overdose, même parmi ceux qui dépassaient allègrement et régulièrement les 60°/° ( Riis, Olano, Ugrumov, etc ). L'EPO n'est pas une drogue. Les coureurs des années 60-70 tombaient bien plus facilement dans la toxicomanie, pendant le règne des amphètamines. La copine danoise de Pantani a d'ailleurs bien dit que celui-ci n'avait jamais touché à la drogue jusqu'en juillet 99. Pantani aurait vécu au milieu des chèvres du Larzac, peut-être qu'il serait encore en vie. Mais Rimini, Cesenatico, tout ce coin n'est pas réputé pour la pureté de ses mœurs et de son eau minérale. Et avec le pognon qu'avait le Pirate, et vu son état dépressif..
