A mon tour de me lancer dans le récit de mon Etape du Tour 2016.
Arrivé jeudi matin dans le Jura chez les beaux-parents, je suis arrivé samedi en début d'après-midi avec mon beau-père à l'altiport de Megève où d'entrée c'était la galère avec des vélos par dizaines et par dizaines dans cette ascension de 7 kms pour rallier l'altiport, j'avais mal aux jambes pour les mecs qui montaient en vélos à quelques heures du départ tu parles d'un déblocage...
Ceci dit arrivé à l'altiport le panorama est sublime ! Et que dire du village qui l'est tout autant. Après un tour des stands sous le cagnard, je récupère mon enveloppe avec le dossard et on part pour l'hôtel à 20 minutes de route à Saint Nicolas de Véroce sur les hauteurs de Saint Gervais, un superbe petit village avec une vue splendide depuis l'hôtel.
Samedi matin, réveil 4h30, et décollage en voiture à 5h30 afin de passer avant la fermeture de la départementale à 6h.
Mon beau-père me dépose à 3kms de Megève et je suis donc à 5h54 sur le vélo, chose qui ne m'est jamais arrivé et qui ne m'arrivera pas souvent je pense. :moqueur:
Je rallie Megève et suis le fléchage indiqué pour joindre le départ, passage devant le petit déjeuner où je ne prends rien (le gatosport blinde bien

) et devant les 10 WC cabines avec des files indiennes de 20 mecs devant chacun, c'est marrant.
Je continue le fléchage et arrive dans le SAS 4 vers 6h05, je suis donc très bien placé à l'avant. Bon il va falloir tuer 1h30 quasiment, chose qui va finalement être chose aisée en discutant avec un mec qui reconnaît le maillot de mon club, il vient d'au dessus de Cahors et la conversation s'engage.
7h le SAS 0 part, puis le SAS 1 et ainsi de suite, et nous avançons petit à petit jusqu'à la ligne, cela va être bientôt notre tour il va être 7h30.
Moi qui fait l'EDT pour la première fois je trouve vraiment l'ambiance sympa au départ.
7h30 feu c'est parti, faux plat descendant de 8kms avalé à 45 km/h de moyenne, je suis bien placé dans les 50 premiers du peloton de 1000 hommes ce qui me permet d'être à l'aise; on arrive sur un talus d'1 km qui d'entrée calme les ardeurs à 8 %, petite descente, et après Flumet nous attaquons la première difficulté de la journée, le col des Aravis, très agréable à monter à la fraîche, 6% et quelques de moyenne et déjà des mecs de partout, je monte à ma main sans me faire péter le buffet et trouve finalement rapide cette ascension agréable avec les 4 derniers kilomètres un petit peu plus difficiles.
S'en suit 9 kms de descente, on traverse La Clusaz, on arrive au Grand Bornand et c'est le début du 2ème col de la journée, le Col de la Colombière qui fait 12 kms et 6 % et quelques de moyenne.
La panorama y est splendide dans ce col, au delà du fait qu'il était également très agréable à monter avec des beaux lacets,j'en ai pris plein les yeux.
Je reprends les mecs par grappes entières; je suis surpris de reprendre des mecs avec des dossards supérieurs à 10000 d'ailleurs qui ont grugé...Je reprends également des mecs avec des dossards 1000 et quelques qui n'avaient visiblement rien à faire dans le SAS 1, peut être un piston via les tours operator ?
Bref la chaleur commence à se faire sentir mais ça reste supportable, et après un dernier kilomètre à 9% je bascule au sommet pour attaquer la descente, assez vertigineuse pour moi le début avec des passages assez raides, mais j'ai pas trop de flux ça va donc hormis 2/3 fêlés...D'ailleurs malheureusement dans la descente sur le bas je verrais un mec très mal en point du sang de partout et l'hélico qui arrivait pour l'évacuer, desuite ça a coupé les jambes et également ceux des mecs avec qui j'étais pour la fin de la descente...Je ne comprends pas les risques que peuvent prendre certains mecs pour gagner quelques poignées de secondes bref...
Et soit dit en passant c'est souvent les connards qui arrivent en hurlant pour te dire qu'ils arrivent à ta gauche...
On arrive en bas de la descente, j'arrive le ravito de Scionzier où beaucoup s'arrêtent et en avant pour quasiment 40 bornes de vallée, au départ nous sommes 10 dans mon groupe on revient rapidement sur 20 mecs et ainsi de suite, pour au final se retrouver à plus de 150 à Samoens au pied de Joux-Plane.
Surpris des mecs qui roulent comme des boeufs en tête de groupe, vent de face et avec Joux-Plane encore à avaler, faut avoir des cojones je trouve, mais tant mieux du coup on avale la plaine à bon rythme.
Juste avant le ravito je m'arrête pisser, et là je commets l'irréparable, il me reste un bidon plein de 0.75L, j'ai fait les 100 premiers kms avec un seul bidon de 0.75L donc je décide de sauter le ravito de Samoens me disant que pour Joux-Plane (12 kms à 9% de moyenne)un bidon suffira.
Bon bah gros gros fail et je m'en veux encore sacrément au moment d'écrire ces lignes.
Il faisait bon dans la vallée, souvent à l'ombre le long d'un cours d'eau, mais en fait dès la sortie de Samoens, virage à gauche et bim plein cagnard, plus de 30 degrés et surtout une rampe affreuse en ligne droite pour m'accueillir.
Ca brûle d'entrée en fait je suis cueilli à froid, enfin à chaud plutôt.
Impossible de trouver une bonne cadence, ce col est sans répis, la route pas toujours extraordinaire, je bois je bois je bois et dès le km 4 je me retrouve à devoir gérer mon eau, et là commence donc la déchéance la plus totale, je gère l'eau par petite gorgée et du coup c'est comme si je buvais rien, et je prends du coup le boomerang en pleine tronche, je suis complètement collé au bitume, je me fait doubler par des centaines de mecs qui me passent j'ai l'impression comme des avions et je suis au bout de ma vie. :woohoo:
Quelques personnes supers sympas m'arroseront ça fait du bien sur le coup mais il fait tellement chaud que l'effet est très bref et malheureusement pas de point d'eau. Je vois beaucoup de mecs à pied ou allongés dans les très rares coins à l'ombre (dont Blaireau donc certainement que je n'ai pas vu

), moi je monte en mode zombie, la montée est interminable, à chaque km il y a un gros panneau jaune d'ASO annonçant combien il reste avant le sommet, je les insulte dans ma tête à chaque km du coup. :moqueur:
A 4 kms du sommet je pense trouver mon salut je vois un stand rouge, je crois apercevoir un ravito liquide du Tour donc, ce qui aurait été logique dans une telle montée et avec une telle chaleur, mais point du tout, c'est un mec qui VEND des boissons j'hallucine complet, entre ça et les tentes des tour operators ça met bien le seum quand tu meurs de soif !
Finalement à 2kms seulement du sommet je trouve le graal, sur la gauche une fontaine avec un bac à eau, je fais la queue comme tout le monde puis remplis mes 2 bidons et je repars, c'est dur d'ailleurs sur du 9% de se relancer j'ai du mal à enclencher, j'y parviens, je me vide un bidon sur le corps, je bois et en avant pour les 2 derniers kms qui passeront légèrement mieux mais le mal est fait je suis complètement déshydraté.
J'arrive enfin au sommet, une très courte descente et ça remonte, heureusement sur 1 kms seulement et on plonge sur Morzine.
Je ne prends pas de risque, peur de manquer de lucidité et je rallie l'arrivée à Morzine sans encombre, il y fait 35 degrès c'est affreux.
Je termine au final 1907ème sur 15000 inscrit et 11518 finishers avec 25.3 de moyenne pour 123 kms et 2800 de D+, heureux parce que j'ai vécu une expérience à part, c'était ma première Etape du Tour, avant d'y participer j'avais un apriori négatif à base de \"ça coûte 100 balles ASO s'en mets plein les fouilles c'est abusé\" mais j'en ressors ravi, j'ai vécu une expérience mythique, rouler sur la route des pros, la sécurité est exemplaire avec des hélicos, des motos ouvreuses, les routes fermées avec des flics à tous les carrefours, c'est top et aucun embouteillage pendant la course malgré 15000 cyclistes sur le circuit.
J'aurais évidemment pu bien mieux faire sans ma connerie de pas recharger les bidons au pied de Joux-Plane ce qui m'aurait évité une déshydratation et la défaillance qui va avec, j'ai perdu 20 minutes dans cette histoire, je m'en veux mais satisfait quand même j'ai pris du plaisir sur le reste du circuit.
Pour Joux-Plane j'ai lu aujourd'hui dans Cyclo-Coach Moncoutié qui dit que c'est certainement le col français le plus difficile qu'il ait monté. :hosto:
Un dernier point pour parler de 3 belles images que j'ai dans la tête, la première le paysage dans le dernier kilomètre de la Colombière, la 2ème 2 frangins dans Joux-Plane avec l'un qui poussait l'autre et ne cessait de l'encourageait j'ai trouvé l'image belle et enfin à l'arrivée un coureur qui pleure dans les bras de sa femme tant il a tout donné, vous allez peut être vous foutre de ma gueule mais j'aime beaucoup ces images, le dépassement de soi, la solidarité, l'entraide, je me retrouve dans ces valeurs, bien plus que dans celles de connards qui te hurlent dessus pour te dire qu'ils arrvent sur ta gauche et que malgré le mètre 50 qu'ils ont pour passer ça suffit pas... :jap:
Bref l'an prochain après 2 années dans les Alpes, l'EDT devrait revenir chez nous et...je compte bien y remettre les pieds. :ballon: