JFKs a écrit : 13 sept. 2020, 17:45
Je ne crois pas que tes insinuations/sous-entendus à consonnance dopage constituent de meilleurs commentaires.
Nopik a parfaitement résumé l'ambivalence entre les attentes démesurées sur les étapes de montagne et ce qu'elles accouchent en général. La comparaison avec Mauduit est ridicule, car ajd, si on n'a pas eu le spectacle attendu, on peut difficilement accuser les coureurs d'avoir eu un train de sénateur durant toute la journée (première et dernière heures à grande vitesse).
Donc oui, sincèrement, à quoi bon s'accrocher au canapé, pester devant la TV et venir rager sur le forum ou sur twitter?
En ce qui concerne le débat sur le spectacle proposé par les coureurs, je voulais juste revenir sur l'idée que le problème ne viendrait pas de l'attitude des coureurs mes des attentes démesurées des suiveurs à chaque étape de montagne.
J'admets qu'il peut arriver que certains tracés d'étapes mettent tellement l'eau à la bouche que l'on se prend parfois à rêver de grandes manoeuvres avant d'être brutalement ramené à la réalité.
L'étape d'hier ne rentre toutefois pas dans cette catégorie. Compte-tenu de la position de cette étape dans l'épreuve (première grande arrivée au sommet) et de sa configuration dans le final (vallée usante entre le col de la Biche et le Grand Colombier), je pense que la plupart des suiveurs s'attendait à une explication sur une montée sèche et au déploiement du train Jumbo dans celle-ci.
Cela étant dit, le scénario de l'étape d'hier n'était en rien inéluctable, pas plus qu'il ne constitue une norme sur le Tour de France :
1. Nous sortions de trois étapes (Pyrénées + l'arrivée à Puy Mary) où les attaques du seul Pogacar avaient suffi à disloquer le train Jumbo. Il n'était pas hors de propos d'espérer voir Pogacar repasser à l'attaque, ou bien un autre outsider pour le podium comme Landa ou Porte. L'idée que le seul scénario raisonnable était celui d'une montée entièrement escaladée au train ne me semble donc pas très consistante.
2. C'est la première fois sur le Tour de France qu'une ascension aussi difficile se termine par un sprint au sommet entre favoris après avoir été intégralement montée au train. Que l'on se comprenne bien : c'est loin d'être la première fois que des leaders terminent groupés au sommet. Les étapes escamotées ne sont pas une nouveauté et il est aussi souvent arrivé que les favoris se neutralisent. Mais ici, nous sommes dans un scénario différent : l'étape n'a pas été escamotée (les coureurs sont montés très vite) pas plus que les leaders ne se sont neutralisés (et pour cause, en dehors de Yates, il n'y a eu aucune attaque).
Pour prendre un exemple qui exprime ce que je veux dire, on peut comparer avec l'arrivée à l'Alpe d'Huez en 2018. Au terme de l'ascension, la victoire s'était également disputée au sprint entre un groupe assez conséquent de leaders. Mais la grande différence entre cette étape et celle d'hier, c'est que la montée de l'Alpe avait donnée lieu à de nombreuses attaques (Nibali, Quintana, Bardet) sans même parler de l'offensive lointaine de Kruiswijk sur cette étape. Hier, rien de tout cela. Aucun mouvement, aucune tentative.
C'est là qu'est la nouveauté et c'est de là que provient la déception. A mes yeux, ce qu'il est raisonnable d'espérer des leaders sur une étape de montagne c'est une explication entre eux (ce qu'on a eu dans les Pyrénées). Un sprint au sommet, ce n'est pas une bataille digne de ce nom. Il y a quelques années, les coureurs étaient raillés parce que, de plus en plus, ils concentraient leurs attaques dans les cinq derniers kilomètres (pour ne pas dire les trois). La remarque d'un Vasseur affirmant qu'attaquer à plus de trois kilomètres du sommet revenait à attaquer de loin était majoritairement perçue comme risible. Aujourd'hui, il en irait tout autrement !
De manière plus générale, cette arrivée au Grand Colombier, pour moi, elle symbolise une tendance et une logique poussée à son extrême. Petit à petit, la bagarre en montagne entre favoris s'est majoritairement concentrée sur une seule ascension, puis sur une moitié d'ascension, puis sur quelques kilomètres, puis aujourd'hui sur quelques hectomètres à travers un sprint. Hier, on déplorait que les étapes de montagne ne fassent plus de différences entre leaders, demain, on se demandera pourquoi ils n'attaquent même plus à ce rythme !
JFK, tu nous proposes de zapper si ce spectacle ne nous convient pas. Ce serait un crève-coeur pour moi, mais c'est sans doute ce qui finira pas advenir si cette tendance persiste. Ce qui aide à s'accrocher, c'est que le cyclisme a ceci de très particulier d'être un sport hautement imprévisible. Sur le Dauphiné, les coureurs nous administrent quatre somnifères en autant d'étapes avant de nous offrir un feu d'artifice dans la dernière. En espérant être aussi agréablement surpris dans les Alpes sur ce Tour de France !