gradouble a écrit : 29 avr. 2021, 19:22
allezlasse a écrit : 29 avr. 2021, 18:40
Aucun souvenir d'un parcours alléchant sur le Tour de Romandie, je dirais même d'un seul moment mémorable.
On parle quand même d'une course où Bradley Wiggins a remporté un sprint massif et Ilnur Zakarin remporté un CG de World Tour grâce à un chrono.
Cette course a pour moi toujours été une purge.
+1
Je ne sais plus quelle année, on avait eu un sprint à 50 tous les jours.
2012 ou 2013 peut-être?
Cette course a toujours été un truc très bizarre, un truc fait pour que les coureurs fassent des bornes en vue des "vrais" objectifs.
Y-a t'il un seul coureur qui se dise en début d'année "mon objectif premier cette année est de remporter le Tour de Romandie"; Matthias Frank peut-être, Rui Costa ou Spilak il y a quelques années?
J'en appelle aux plus anciens, mais il me semble que dans les années 90 (ma mémoire ne remonte pas plus loin), la renommée du Tour de Romandie était tout autre, à tel point qu'il était considéré, ni plus ni moins, comme la course d'une semaine la plus prestigieuse, même devant le Tour de Suisse (qui a souffert, il est vrai, d'un gros passage à vide à la même époque).
Il marquait le début de la saison des Tours après la campagne des classiques, tout en étant l'épreuve de préparation d'une moitié environ des leaders du Giro. On assistait à la fois à de belles bagarres en montagne, en CLM, et à des sprints de qualité, le plus souvent le dimanche à Genève (Mario Cipollini a par exemple gagné 12 étapes du TDR). Comme le sous-entend JeSuisCycliste plus haut, il se murmurait même que, dans le calendrier des tours, le TDR marquait la réouverture des pharmacies, avec des moyennes horaire soudainement nettement plus rapides que sur la première partie de saison.
Son palmarès de l'époque atteste du statut de la course , avec des Hampsten, des Indurain, des Rominger ou encore des Chiappucci sur les podiums de la première moitié des années 90.
La deuxième moitié de la décennie a été celles des coureurs du Giro, dont la moitié environ utilisait le Romandie comme dernière épreuve de préparation, n'hésitant pas à s'y tester et à le gagner. De cette époque, on retrouve au palmarès des Ugumov, Casagrande, Olano, Tonkov, Belli, Savoldelli ou encore Frigo, qui faisaient podium sur le TDR avant d'aller jouer le général au Giro (ce qui a longtemps très bien fonctionné, sauf pour Tonkov en 1997, qui avait mis sa défaite en fin de Giro face à Pantani sur le dos, notamment, des efforts consentis pour gagner le Tour de Romandie!).
A l'époque, il faut aussi dire que le niveau de l'épreuve bénéficiait du "2ème âge d'or" du cyclisme suisse en matière de grands tours, avec le gratin du pays qui se tirait la bourre chaque année sur la course, de Rominger à Zülle en passant par Pascal Richard et Laurent Dufaux. Ce dernier a d'ailleurs remporté une mémorable édition en 1998, dans laquelle il a littéralement atomisé la (très belle) concurrence en remportant 3 étapes dont le prologue CLM, l'étape jurassienne (en attaquant au kilomètre dans un faux plat!) et l'étape de montagne, en fumant la pipe. Si l'on en croit un certain Willy Voet, d'ailleurs, cette démonstration de Dufaux a coûté quelques semaines plus tard à... Alex Zülle la victoire dans le Giro 1998, qu'il archi-dominait, pour des raisons expliquées dans son fameux livre Massacre à la chaîne...
Il me semble aussi que la course avait, à cette époque, une petite réputation de révélatrice de futurs grands, avec de mémoire les premiers coups d'éclat de coureurs comme Sevilla, Beloki ou encore Richie Porte.
S'en est suivie une période de transition où, pratiquement du jour au lendemain, plus aucun leader sur le Giro ne faisait sa préparation au Romandie, réputé trop fatiguant et trop proche de la boucle italienne pour constituer une préparation intéressante. Mais le plateau ne s'est pas amoindri pour autant, car c'est à cette époque que certaines coureurs de juillet ont commencé à y faire des apparitions plus remarquées. C'est la période où les Hamilton, Botero, Evans ou Klöden, bientôt suivis par la junte Skyenne (Wiggins, Froome) ont inscrit leur nom au palmarès, avec des dauphins souvent prestigieux (Beloki, Contador, Vinokourov). Le Romandie étant loin du Tour de France, on les voyait souvent se donner à fond, en général sur deux étapes (celle de montagne et le CLM).
Cette époque (surtout la 2ème moitié) marque aussi le retour à un parcours plus aseptisé, peu varié et sans prise de risque (il ne fallait quand même pas risquer d'envoyer un Froome au tapis deux mois avant la Grande boucle!), avec des étapes 1-2-3 perdant peu à peu de l'intérêt, car la majorité des leaders étaient là avant tout pour passer un test en montagne lors de l'étape-reine (dont les DS, parait-il, "commandent" à l'organisateur le dénivelé souhaité d'une année à l'autre) et le CLM plutôt que pour réellement jouer la course à fond et viser des étapes.
Les 10 dernières années ont été les pires, avec des étapes de plus en plus courtes, semblant guidées par les seuls objectifs de la prise de risque minimale et de l'organisation la moins complexe possible (limiter les impacts sur les communes, la police, rationaliser les hébergements, etc.). Ne pas faire de vagues, en quelque sorte. A la clef, des éditions mornes, où le palmarès est certes resté prestigieux (sur les 12 derniers podiums, on compte 10 top-3 du Tour de France!), mais c'est grâce au contre-la-montre, très souvent décisif.
Alors certes, parcours extrêmement conservateur et fins d'étape mal tracées contribuent certainement à la purge qu'est devenu le Tour de Romandie depuis 5 à 10 ans. Mais pas que. Je ne compte plus les étapes où il n'y a eu aucune bagarre pour le bouquet, à croire que même avec les points UCI il n'intéresse personne. Et que dire des classements annexes! Aujourd'hui, le premier col de 1ère catégorie de l'épreuve a été franchi par le peloton (La Vue des Alpes, juste avant l'arrivée), et aucun des 35 coureurs du groupe n'a donné ne serait-ce qu'un seul coup de pédale pour le passer en tête. 1 Dennis, 2 Porte, 3 Thomas. Et le maillot est tout sauf joué!
Je me demande si la descente aux enfers de l'épreuve n'est pas liée en partie à des questions de gros sous. Est-ce que le prize money a diminué? Quelqu'un pourrait-il se lancer dans un comparatif de celui des années 90 par rapport à l'actuel? J'imagine aussi que le désert que traverse depuis bientôt 20 ans le cyclisme suisse en matière de coureur de GT n'aide pas les villes à se presser au portillon pour organiser des étapes...
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Derrière le torrent de messages cyniques et provocateurs que je déverse sur le Romandie et ses organisateurs chaque année ou presque sur VCN se cache, je l'avoue, un véritable crève-coeur... celui de voir année après année tomber plus bas, au point de susciter les commentaires qu'on a pu voir aujourd'hui sur le topic, un bijou que j'ai toujours chéri, suivie de très près, et qui m'a fait si souvent vibrer
