Tony09* a écrit : 22 avr. 2019, 23:12
Deux observations qui aurait pu ne pas faire gagner MVP:
Le groupe de devant aurait surement pu aller au bout si Julian et Jakob avaient attendu Trentin et Kwiato à 15km de l'arrivée.
Et, à mon avis Julian aurait du contrer (pouvait-il ?) Fuglsang dans la dernière bosse, et dans ce cas la, il ne se serait pas relevé et allait au bout.
Meme Magnus Carlsen (le Sagan du jeu d'échecs pour ceux qui ne connaîtraient pas) n'aurait pas réussi à anticiper une telle fin de partie hier.
. Point de vue d'Alaphilippe : à 15 km de l'arrivée, il est avec un Fuglsang, que Karsten Kroon battait au sprint sur une jambe à l'époque, qui assure les plus gros relais et qui est parti pour l'amener comme ça jusqu'à l'arrivée comme lors des Strade Bianche. Derrière, on a certes des coureurs moins forts mais à 4, il y a quand même un grand risque de revoir le scénario de l'an passé où Valgren, moins fort que Valverde et Sagan, était sorti dans le final et derrière on n'avait pas réagi assez vite.
Le groupe Van der Poel perdant continuellement du temps également.
On a vu que Julian, même s'il était presque à la rupture dans les montées dans la roue du Danois, réagissait malgré tout très bien à ses attaques, le Danois n'ayant aucune explosivité, il n'était pas cramé au point de vouloir se refaire une santé en attendant les deux autres dans le but de s'économiser davantage pour le sprint (contre deux mecs bien plus rapides que Fuglsang) ou pour en placer une dans le Cauberg.
Il n'y avait donc aucune raison d'attendre Kwiatkowski et Trentin.
Au pire, Fuglsang l'aurait lâché à la pédale, il attendait les deux de derrière pour rouler à trois sur Fuglsang.
. Point de vue de Jakob Fuglsang : avec Alaphilippe, il avait une petite chance de gagner soit en le lâchant à la pédale dans le Cauberg soit en comptant sur un incident mécanique du Français, toujours possible ou une fringale/crampe lors du sprint (avec les premières chaleurs, c'est possible aussi, on voit ça chaque année sur cette course). En continuant de relayer Alaphilippe, il avait la deuxième place assurée.
En attendant les deux autres, contre qui il n'avait aucune chance au sprint, sa seule chance de l'emporter aurait été de sortir les 3 autres de sa roue dans
la finale à la Valgren, mais chacun sait que Fuglsang est LA roue à prendre car c'est le seul qui aurait eu intérêt à tenter une attaque et l'avoir en seul compagnon de fugue était la situation rêvée.
L'an passé, Valgren a pu sortir car il n'était pas marqué, ce n'était pas le seul non sprinteur du groupe d'ailleurs Kreuziger était dans sa roue et derrière on avait Sagan, qui est devenu le spécialiste de la roue libre quand un mec sort de son groupe dans le final des courses pour signifier aux autres "moi, je ne ferai pas l'effort, j'ai déjà un gros palmarès, si vous voulez gagner, faut aller rouler les gars". Alors que sur MSR, on se souvient d'un Alaphilippe qui avait tout de suite chassé Mohoric.
S'il y avait eu avec Trentin et Kwiatkowski, un De Marchi et un Bardet, le Danois aurait peut-être raisonné différemment.
De plus, Fuglsang aurait dans ce cas perdu l'opportunité de pouvoir peut-être lâcher Alaphilippe dans le Cauberg car Alaphilippe aurait eu le temps de faire baisser les pulses dans les roues et de détoxiner.
Il augmentait certes de manière marginale ses chances de succès en attendant les deux autres, mais ses chances de finir sur le podium devenaient aussi marginales concomitamment.
Pour moi, Alaphilippe n'a pas fait d'erreur hier, du moment où Fuglsang refuse totalement de passer, il est condamné, il ne peut rien faire. A 3 km de l'arrivée, on voit Alaphilippe manifester son agacement de voir Fuglsang lui sucer la roue, mais ce n'est pas pour autant qu'il arrête de rouler, il maintient un rythme convenable pendant 1.5km sur le faux-plat et puis on arrive sur une partie beaucoup plus plate et aussi plus proche de l'arrivée, là ça devient donc plus problématique d'emmener un adversaire en appuyant sur les pédales et ça fait un km que Fuglsang ne passe pas et Alaphilippe a besoin de souffler après son relais sur le faux-plat, donc si Alaphilippe avait continué sur ce rythme, il aurait été grandement exposé soit à une attaque de Fuglsang à la flamme rouge soit Fuglsang aurait été bien plus frais que lui pour le sprint (et on le voit d'ailleurs que Alaph n'avait plus grand chose dans le réservoir donc si le Français avait continué de rouler sur un bon rythme encore un km de plus, Fuglsang l'aurait surement battu en un contre un).
A 1.3 km de l'arrivée, on devine après un changement de plan que Alaph a voulu forcer Fuglsang à passer en coupant totalement son effort mais c'est sans effet parce que Fuglsang fait du surplace après ça. Et là ils perdent énormément de temps.
Alaph a donc tout essayer allant même à dire à Fuglsang qu'il était un peu cuit pour essayer de donner confiance au Danois.
Le fautif est donc entièrement Fuglsang. Il fait deux grosses erreurs.
1/ Du moment où Alaph n'entre plus dans le jeu du Danois à 1.3 km de l'arrivée et qu'il ralentit complètement le rythme, le coureur d'Astana devait absolument passer et se remettre à rouler (à ce moment-là il ignorait complètement que Kwiakowski n'était plus très loin donc le retour du Polonais n'entrait pas dans sa réflexion)
C'est une erreur incroyable pour moi, car admettons que le plus proche poursuivant soit 10 minutes derrière, rien que le simple fait d’arrêter totalement de rouler, va augmenter exponentiellement les chances au sprint d'Alaphilippe. Ce temps de récup permet aux muscles de reconstituer les réserves en phosphocréatine qui est le carburant des efforts anaérobies alactiques (le sprint).
Ils auraient fait les deux derniers km à 35 km/h vent dans le dos, Fuglsang dans la roue d'Alaph, le Français constamment retourné pour surveiller le Danois, c'était alors impossible que Fuglsang l'emporte.
Si Fuglsang a pu battre Alaphilippe au sprint, c'est parce que Kwiatkowski revient rapidement à 700m de l'arrivée donc ne laisse pas assez de temps à Alaphilippe pour vraiment récupérer en vue du sprint.
2/Fuglsang applique vraiment des stratégies trop rustres. Premièrement, il avoue sans gène avoir passé des relais très appuyés et avoir fait le plus gros du boulot. Or s'il avait appuyé un peu moins ses relais, il aurait peut-être pu placer une grosse attaque dans un mont. Lacher au train un Alaphilippe en forme sur un tracé comme le final de l'Amstel, c'est totalement utopique. Les monts ne sont pas assez longs pour vraiment faire péter un mec qui peut se permettre de se mettre dans le rouge pendant 1 minute de manière répétée. Il fait face au meilleur mondial dans ce domaine.
Sur Liège, c'est déjà différent, les montées sont plus longues.
Deuxièmement, il applique la stratégie inverse, et d'un seul coup, arrête de rouler et cela intervient juste après qu'il ait placé deux petites attaques rien de pire pour montrer à Alaphilippe qu'il avait encore du gaz et dissuader le Français de le traîner jusqu'à la ligne.
Il aurait fait le mec un peu usé dans les 6/7 derniers km en appuyant moins ses relais et en évitant d'attaquer sur le plat (

), Alaf aurait pris davantage confiance et se serait moins méfié. Ils auraient été au bout.