Étant donné le classement actuel de la course, il aurait, je pense, été préférable d'avoir la montée du Zoncolan depuis Ovaro où on peut, à la limite, ne pas se préoccuper de la montée de ses adversaires, chacun gère son escalade en mode chrono.
Là, demain, ça va être une montée Vueltesque avec trois km effrayants et impitoyables, le dernier étant même le plus dur, pas grand intérêt à envoyer la sauce avant si Ineos bande les biceps au pied.
Vlasov est bien courageux à tenter de mettre en difficulté ses adversaires au podium mais ses attaques servent systématiquement de tremplin à Bernal, c'est le Porte 2013 de Froome.
A un moment, il va attendre que ce soit Bernal qui lance lui-même et essaiera de prendre sa roue. C'est ce que faisaient les adversaires résignés de Contador sur le Giro 2011. Bernal fait peur.
La domination de Bernal sur ce Giro me fait étroitement penser à celle de Contador en 2011, ce dernier se permettant même de faire des offrandes à ses anciens coéquipiers en troisième semaine.
J'ai un mauvais pressentiment pour Evenepoel sur ces pentes à deux chiffres, l'impression qu'il aurait perdu en force et c'est ce qui arrive systématiquement lorsqu'on reste près d'un an sans compétition (ce qui rendrait son pédalage aussi moins efficace sur sterrato), je ne sais pas si chez DQS, on lui fait travailler en SFR (Salite-Forza-Resistenza) comme Aldo Sassi le faisait avec Robobasso (sa marque de fabrique chez Mapei) lui qui avait broyé ses adversaires sur ces mêmes pentes et posé les fondations de sa victoire finale en 2010.
Au contraire, d'un Bernal qui s'est permis de remettre la plaque sur le chemin en gravier dimanche dernier alors que Ciccone était bouche grande ouverte dans sa roue. Ciccone savait à ce moment là que le pire était à venir.
Mine de rien, c'est aussi demain qu'on va savoir si le dos de Bernal tient sur une ascension difficile de 45/50 min.
Pour Simon Yates, demain, on va savoir aussi s'il peut viser la victoire finale, en 2018, sur le versant le plus difficile, il avait quand même été impressionnant, seulement crucifié par Froome à la fin.
J'espère que la EF va rouler sur les échappées car, pour Carthy, il y a l'occasion rare d'enchainer victoire à l'Angliru et au Zoncolan en moins d'un an. Il rejoindrait aussi Gibo dans l'histoire du vélo, le seul à ce jour, vainqueur des deux monstres.
Pour la petite histoire de ce Giro, ce n'est pas demain sur le Monte Zoncolan qu'on aura le kilomètre le plus terrible de l'épreuve mais dans l'ascension de Sega di Ala avec un kilomètre entier à 16.9% de moyenne.
Sur le Zoncolan, les derniers 500m sont à 18.8% cela dit.

Sur l'Angliru, on a un km entier à 17/17.5% de moyenne selon les profils.
Lors des championnats du monde d'Innsbruck, dans la bosse finale de Grammartboden, on avait eu un passage de 350m à 19.7 %.
Mais je crois que le record du tronçon le plus terrible jamais franchi par un peloton pro reste les 3.5 km à 16.7% dans l'ascension de Punta Veleno sur le Tour du Trentin 2012 (victoire de Pozzovivo, les quatre premiers de l'étape pesaient en moyenne 54.5 kg).