veji2 a écrit : 14 août 2025, 07:54
En fait il y a deux choses ici, la différence de traitement homme / femme et la question de jusqu'où un sportif de haut niveau peut (mais souvent doit) aller en terme de pousser les limites de son corps pour atteindre les résultats.
1/ Sur le premier sujet je suis mal à l'aise du débat post victoire de PFP car il souligne une approche fondamentalement différente dans le regard du public du sport de haut niveau pour les femmes : bien sûr une femme sportive de haut niveau c'est très bien, mais enfin ça doit rester une femme ! donc une femme qui ressemble à un haltérophile bulgare non, une femme qui est trop maigre non, etc... avec pour ce qui est de la musculature le doute insidieux en mode "vous êtes sûrs que c'est vraiment une femme" et la problématique des intersexe etc... Bref socialement on continue à penser que les hommes sont en un sens libre d'aller au bout de la recherche de l'excellence en martyrisant leur corps parce qu'être homme c'est aussi ça, la prise de risque, aller au bout, tout soumettre à un objectif. Mais une femme non, elle a des devoirs, elle doit rester femme, elle doit rester un exemple pour les femmes jeunes et moins jeunes. Bref la pression sociale sur les femmes reste bien plus forte, on le voit dans ce débat.
2/ Après l'autre sujet qui est à mon sens plus important et doit donner lieu à une discussion est jusqu'à où peut on être complice des transformations extrêmes des athlètes pour atteindre leur objectif et les instances sportives ne devraient elles pas y mettre des limites. Là je pense au cyclisme et au poids avec par un exemple les notions de taux de masse graisseuse minimum par exemple, mais je pense plus encore à d'autres sports. On en a déjà parlé mais les sports à catégories de poids avec les pratiques incensées pour perdre un max de poids pour la pesée 24 ou 48 heures avant l'épreuve puis le reprendre pour le combat/épreuve, c'est de la folie. Je pense à un autre sport qui me tient à coeur, le rugby : on a de plus en plus de golgoths de 115 ou 120 kgs, on a des bancs de remplaçants composés d'avants énormes en mode 6+1 (6 avants pour un seul arrière) et la masse est devenue tellement centrale que ça en devient terrifiant quand on voit les dégâts que ça fait et notamment les retours sur les premières générations professionnelles (celles qui ont joué entre 1995 et 2005) qui ont entre 60 et 45 ans et pour lesquelles les cas de démence précoce et de santé détruite sont multipliées. Je me suis souvent dit que l'on devrait avoir des plafonds de poids comme dans certaines ligues folklo au niveau pro : pas de joueurs de plus d'un certain poids ou alors des plafonds collectifs : pas plus de 850kgs pour le 8 de devant, pas plus de 650 pour les 7 arrières, etc...
Bref là on a un vrai sujet qui me semble important en effet mais qui doit dépasser la question homme et femmes. JE ne dis pas que hommes et femmes sont biologiquement pareils mais dès lors que l'on veut avoir une approche qui se veut égale du haut niveau pour les deux genres, le débat que je mentionne en 1 me met vraiment mal à l'aise. voilà juste ma petite contribution.
pour moi il n'y a pas de débat sur le genre. Il n'y a un débat qu'ici et sur des petites portions d'internet je pense (et depuis 15 jours quoi). Ca fait un peu parler car la vainqueure a gagné en étant maigre. Tout comme on parlait d'anorexie dans le peloton masculin quand wiggins puis froome gagnaient (imités ensuite par certains dans la quête de la maigreur). Les gens s'inspirent des vainqueurs et pensent qu'ne les copiant ils vont aller mieux. On a eu armstrong et sa moulinette => il y a eu des articles et des gens qui se sont mis à mouliner (alors que la cadence est génétique, bien qu'entrainable). On reparle d'ailleurs de la cadence avec pogacar. On parle aussi de la longueur des manivelles (courtes en l'occurrence, ça vient de pogacar là aussi). On cherche toujours la recette miracle (certains la trouvent/l'utilisent

). Je pense aussi que c'est parfois un outil de communication pour faire diversion (l'aicar, les cétones, les "glucides", le "travail vs les fainéants" etc...)
Mais pour en revenir au genre, il y a je trouve une obnubilation sur ce sujet. Attention à ne pas y projeter ses constructions ou que sais-je.
Déjà, il faut savoir que dans le sport pro, on vise la performance, le reste on s'en fout. Alors que de base, la norme chez une femme c'est de ne pas être ni très musculeuse, ni très maigre , chez l'homme ça sera un corps peu gras et plutôt musclé. Ca ce sont des critères de base de beauté/bonne santé.
Donc quand on s'éloigne de cette norme (femme très maigre ou très musclée ; homme gras et sans muscle/appelé "corps de lâche"), c'est plutôt mal vu par le quidam de base.
Bon dans le sport de haut niveau, le gras est généralement proscrit (sauf dans certains sports comme le rugby où la puissance pure peut être prépondérante). Les différents sports poussent, pour performer, à être soit très maigre, très musclé ou les 2. Donc dans tous les cas on s'éloigne des standards de monsieur et madame tout le monde. On a des corps hors norme. Tellement hors norme que même des hommes musclés seront mal vus par 99% des gens car trop musclés (bodybuilding). Aussi le sport de haut niveau pousse à chercher la limite et donc à atteindre des niveaux qui sont dangereux pour la santé.
Pour revenir au vélo, le corps du cycliste homme ne fait pas rêver le garçon, avec ses bras tout fins. Même chose pour les coureurs de fond. Un sprinteur de 100 ou 200m on aura plus envie de lui ressembler. Mais l'athlète lui ne va et ne doit pas se poser la question de son image, lui il est là pour performer. En faisant attention à sa santé. Là dessus ça se joue parfois à 1%
Enfin, chaque corps est différent. Un froome, un bardet ou un VPP, vous pouvez les mettre à la muscu ils seront toujours fins des bras (et pour tout le corps en ce qui concerne VPP). À l'inverse, les rugbymen de nos jours sont des monstres physiques ; même sans entrainement ils seraient beaucoup plus costauds que 95% des gens.
Enfin il y a de tout, des grands, des petits, des épais, des personnes qui seront très maigres sans faire aucun effort (et en pleine santé), alors que d'autres ne pourront pas descendre aussi bas sans avoir des effets indésirables. En réalité on ne peut se comparer avec personne. Et on ne peut du coup pas vraiment fixer de limites de poids ou de que sais-je car ça n'impacte pas les gens de la même manière