_ChaletReynard a écrit : 02 août 2025, 23:43
En fait au delà du malaise ressenti par plusieurs ici, (qui reste un sentiment assez inévitable pour tout suiveur de n'importe quel sport pro un peu méfiant devant des performances nettement au dessus du lot -mais je comprends que ça en saoule certains qu'on puisse les évoquer dans les topics "course"-), je suis dérouté plus sur le fait qu'elle revienne sur la route 10 ans après, en disant "je me laisse 3 ans pour gagner le Tour", et probablement le gagner dès la 1ère année avec cette marge là...
Les plus gros suiveurs du cyclisme féminin, comme MajorK, quef, ou wallers, vous ne trouvez pas que ça jette une forme de discrédit (le mot est fort sans doute) sur le niveau global du peloton féminin ?
Déjà, l'histoire des 3 ans, c'était probablement juste pour ne pas trop se mettre la pression, mais elle devait savoir bien avant l'annonce de son retour qu'elle avait les watts pour le gagner dès cette année en comparant ses chiffres avec ceux des 2 vainqueures sortantes. C'est d'ailleurs ce qu'il se disait en off dans le milieu, et peut-être même pas qu'en off.
Rien qu'hier, elle sort une perf équivalente à ce que sortait van Vleuten prime, mais sur plus de 15 minutes supplémentaires d'efforts. Donc si elle avait déjà ce niveau à l'approche des J.O l'an passé, tu m'étonnes qu'elle se soit dit que c'était peut-être le moment de revenir sur la route.
Perso, ce qui me gène dans les perfs de PFP, bien au-delà de ses variations de forme auxquelles on est habitué maintenant, c'est surtout son apparence physique. Le cyclisme féminin a toujours eu un rapport maladif avec le poids, avec des managers qui ont bien souvent franchit les limites de l'acceptable pour que les filles surveillent le moindre gramme en trop, et ce sans tenir compte des complexités que comporte la physiologie féminine. On a des nanas qui ont foutu leurs carrières en l'air à cause de ça, voire même plus, et il a fallu du temps pour que les mentalités évoluent dans le milieu à ce sujet. Et là, alors que les choses commençaient doucement à évoluer, v'là qu'on a l'image d'une femme qui gagne en étant rachitique et qu'on nous sort les phrases poisons type : "elle sait se préparer", "elle est affûtée comme jamais", des phrases qui sont lourdes de sens et qui pourraient surtout être lourdes de conséquences. Car ça sous-entend que les autres ne savent pas se préparer, que la bonne prépa passe forcément par une perte de poids extrême, et j'ai pas envie de revoir des femmes jouer avec leur santé dans les années à venir. Kerbaol a pris la parole sur le sujet cette semaine (et je pense que la morphologie de PFP n'y est pas étrangère), et j'ai trouvé ça très bien de sa part. Delcourt aussi en avait parlé il y a quelques temps en disant que ce n'était pas sa vision du vélo en parlant de la prépa de PFP pour le Tour et je le comprends. Et ça commence déjà à avoir des répercussions puisque pas plus tard qu'en conf' de presse tout à l'heure, un journaliste a osé demander à Vollering si elle ne devrait pas maigrir pour gagner à nouveau le Tour...
Bref, j'aime pas du tout le message renvoyé par PFP, sans forcément qu'elle le veuille d'ailleurs puisqu'elle a dit elle-même qui ne fallait pas suivre son exemple avant le départ sur ses réseaux. Mais malheureusement, en voyant ses niveaux de performances, j'ai bien peur que l'exemple soit suivi par beaucoup de jeunes femmes, qu'elles soient pros ou pas d'ailleurs. Et j'avoue que ça me fait peur.
Après, sur le discrédit potentiel que ça jette sur le vélo féminin, je laisse chacun se faire son idée sur la réponse. Est-ce que quand Ledecka devient championne olympique de Super-G à la surprise générale en venant du snowboard, ça jette un discrédit sur les skieuses ? Est-ce que quand van Vleuten se met en tête de devenir championne du monde de poursuite individuelle sans aucune expérience sur la piste, et qu'elle est seulement battue par Dygert en finale quelques mois plus tard, ça jette le discrédit sur les autres poursuiteuses ? Je ne pense pas. Je pense qu'il faut juste accepter qu'il existe des phénomènes, et je me rassure en me disant que PFP est de cette race. Et il faut aussi comprendre que le peloton féminin est bien moins homogène que le peloton masculin du fait de la professionnalisation récente de la discipline, donc ça laisse de la place pour s'exprimer à haut niveau à partir du moment où tu as le moteur (on peut citer les reconversions réussies de Chabbey, de Cavallar, de Niedermaier, de Mavi Garcia, de Trinca Colonel, de Reusser dans un autre style, ou même de Morier pour en rester à ce Tour de France, et j'en oublie beaucoup d'autres). Chez les hommes il y a moins de place et on l'a vu avec des exemples type Osborne ou Wurf, mais tout simplement parce que la densité à haut niveau est bien plus importante du fait de la professionnalisation bien plus ancienne. Et encore, on peut trouver le contre exemple Roglic qui a performé très rapidement en venant d'un sport qui n'a pourtant rien à voir de près ou de loin avec le cyclisme, et ça n'a pas pour autant jeté le discrédit sur le niveau global du cyclisme masculin.
