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jicébé a écrit : 12 oct. 2023, 20:59
Le travail de la R.EV Brussels Cycling Academy se décline en trois axes.
Dans le premier, le projet veut offrir la chance à des enfants défavorisés entre 10 et 12 ans, principalement de maisons de jeunes, de faire connaissance avec la bicyclette sur un circuit fermé où des instructeurs les guident et leur apprennent via divers exercices à maîtriser leur vélo.
Dans une deuxième phase, ils peuvent franchir le cap vers une meilleure connaissance de ce qu’est le vélo comme sport. Cette partie est dédiée à des cyclistes sportifs sans licence.
La troisième partie aide aussi des coureurs avec licence à se préparer à une carrière comme cycliste. Ils reçoivent aussi la chance de participer à des stages de plusieurs jours.
Pour faire en sorte que tout fonctionne harmonieusement, la R .EV Academy s’orientera vers un nombre de quelque 50 jeunes.
A côté de la ville et de la région Bruxelloise, rentrent aussi dans le projet ? Golazo (organisateur de course professionnelles en Belgique), la marque de cycles Specialized, Soudal et AG Insurance. Golazo va même aller un pas plus loin, pour, avec l’Academy comme rampe de lancement, essaimer dans toute la Belgique. A partir de février, ils veulent permettre, dans 2 villes/communes Bruxelloises, 2 flamandes et 2 wallonnes, à des jeunes entre 3 et 12 ans de vivre une première expérience cycliste sur des circuits fermés de 1 à 1,5 km.
Donc en fait dans deux axes sur trois le projet a rien de social mais ils arrivent quand même à faire un article où ils parlent que du premier axe.
Ca me rappelle mon ancien club, tu vas faire une action de sécurité routière à vélo une matinée dans une école et après tu as les subventions tu peux acheter des spads à deux mille balles pour la DN.
Non c'est très bien, je suis incapable de citer un cycliste belge d'origine black ou reubeu, là où sans plus trop suivre le football je te cites quatre ou cinq footballeurs super forts sans trop de soucis.
Si, Rachid je crois même que c'est toi qui en as parlé récemment dans je ne sais plus quel topic.
Donc en fait dans deux axes sur trois le projet a rien de social mais ils arrivent quand même à faire un article où ils parlent que du premier axe.
Ca me rappelle mon ancien club, tu vas faire une action de sécurité routière à vélo une matinée dans une école et après tu as les subventions tu peux acheter des spads à deux mille balles pour la DN.
Non c'est très bien, je suis incapable de citer un cycliste belge d'origine black ou reubeu, là où sans plus trop suivre le football je te cites quatre ou cinq footballeurs super forts sans trop de soucis.
Si, Rachid je crois même que c'est toi qui en as parlé récemment dans je ne sais plus quel topic.
Y'a un problème honnêtement.
Mais on a le même en France. Moyennant quelques exceptions notables que je ne retrouve pas en Belgique.
Le foot, il suffit d'un caillou ou d'une balle en chiffon pour taper son pied dedans dans la cour de récré ou dans le terrain vague d'à côté.
Le vélo, il faut déjà pouvoir se l'acheter.
jicébé a écrit : 12 oct. 2023, 22:30Le foot, il suffit d'un caillou ou d'une balle en chiffon pour taper son pied dedans dans la cour de récré ou dans le terrain vague d'à côté.
Le vélo, il faut déjà pouvoir se l'acheter.
jicébé a écrit : 12 oct. 2023, 22:30Le foot, il suffit d'un caillou ou d'une balle en chiffon pour taper son pied dedans dans la cour de récré ou dans le terrain vague d'à côté.
Le vélo, il faut déjà pouvoir se l'acheter.
Je savais pas la Belgique si pauvre.
Ben moi, c'est comme ça que j'ai commencé à jouer (très mal) au foot.
Ci-après un article paru ce dernier vendredi dans Le Soir, titré "La nouvelle économie du vélo est en route"
"Finalement avorté, le projet de fusion entre deux des équipes les plus puissantes de la planète vélo (Jumbo-Visma et Soudal Quick-Step) a rappelé la fragilité du modèle économique sur lequel le cyclisme repose. Et au départ duquel il essaie d’avancer, cahin-caha, depuis trop longtemps. Quasi totalement dépendantes d’un sponsoring qui brasse des dizaines de millions d’euros par saison, les structures sont de plus en plus professionnelles et pointues dans leur approche, mais sont pourtant contraintes de fonctionner dans un cadre obsolète, sur base de règles empiriques.
Le cyclisme a besoin d’une nouvelle économie, impérativement, urgemment. Comme le confirment l’agence Reuters et divers médias internationaux, plusieurs managers et dirigeants influents y travaillent, au cœur d’un projet baptisé OneCycling qui doit faire émerger un nouveau modèle à l’horizon 2026 (soit au terme de l’actuel système des licences WorldTour). Pour faire simple : c’est dans la manne des droits télé et droits connexes, espaces actuellement inaccessibles aux équipes, que la solution se trouverait.
1 Le budget d’une équipe ? Plus de 90% de sponsoring
Sur quoi reposent les recettes d’un budget annuel, qui oscille entre quinze et quarante millions d’euros pour l’élite du vélo ? « Sur le sponsoring, pour plus de 90% ! », illustre à titre d’exemple Maxime Segers, responsable marketing/communication d’Intermarché - Circus - Wanty. Une dépendance évidemment malsaine, qui place les teams à la merci d’un changement de stratégie commerciale de leur partenaire majeur.
Au-delà du sponsoring, les équipes perçoivent aussi frais de déplacement et indemnités de participation, qui représentent en moyenne cinq « gros » pourcents de leurs rentrées. Tout cela répond à des barèmes prédéfinis (8.500 euros pour une course d’un jour WorldTour, comme le Tour des Flandres ou Liège-Bastogne-Liège par exemple ; 3.600 euros pour une course hors catégorie ; 2.600 euros pour une course 1.1 ; 2.000 euros pour une course 2.1 ; ces tarifs sont un peu lissés pour les courses par étapes où, là par contre, les organisateurs interviennent dans les frais d’hébergement).
Le reliquat ? Les quelques rentrées générées par « Velon », association créée en 2014 par les équipes elles-mêmes, qui valorise aujourd’hui le « team radio » (communications entre directeurs sportifs et coureurs pendant la course, comme en F1, échanges filtrés qu’on a pu découvrir sur le Tour de France, utilisation des datas telles que la vitesse ou la fréquence cardiaque des coureurs), un peu de merchandising par-ci par-là, et parfois quelques primes « de participation », qui ne concernent toutefois qu’une poignée de leaders et coureurs bankables. Des montants parfois anecdotiques et pourtant, qu’il faut arracher avec les dents…
2 Enfin accéder aux droits télé
Dans l’économie du sport, on sait toute l’importance que revêtent les droits télé, mais le cyclisme reste décidément atypique... La voie qui mène à cette source au débit très intense est en effet interdite aux équipes, pourtant principales actrices du spectacle, les montants liés à la diffusion étant pour l’heure perçus par les grands organisateurs (ASO, RCS, Flanders Classics, etc).
Le modèle devrait, devra changer sous peu, pour baliser le futur de la discipline le long de chemins moins rocailleux. Le projet OneCycling s’appuie ainsi sur une utilisation équilibrée et rationnelle de droits commerciaux dits « connexes », pour l’instant inexploités. Concrètement, ces droits télé « enrichis » profiteraient enfin aux équipes – séries produites par les plateformes comme Netflix, concept de vidéo à la demande, virtuel, etc.
Une fois n’est pas coutume, tous les acteurs du cyclisme semblent cette fois tirer sur la même corde : les organisateurs d’épreuves ont compris que ce qui intéresse le public, c’est aussi voire surtout ce qui se passe dans les bus, au cœur des équipes,… et plus seulement la retransmission de la course. S’ils ne collaborent pas, ces images-là – qui appartiennent aux sportifs et à leurs employeurs – leur échapperont totalement…
3 Pourquoi l’optimisme est-il plus franc ?
Ce n’est pas la première fois que le cyclisme essaie de dépoussiérer un business model fragile comme du verre. Alors pourquoi le projet 2023 irait-il plus loin que la louable déclaration d’intention ? Primo : urgence il y a, le flirt entre Jumbo-Visma et Soudal Quick-Step (deux des trois meilleures équipes de la planète) l’illustre à souhait. Secundo : les réunions exploratoires assoient, enfin, à la même table des interlocuteurs autrefois distants (ASO et Flanders Classics, cinq des équipes les plus puissantes, soit Jumbo-Visma, Ineos, Soudal Quick-Step, Education First et Lidl-Trek), sous l’égide de David Lappartient et de l’UCI. Tertio : selon Reuters et Cyclingnews, une société de consulting (EY) serait en contact avec des fonds d’investissements (arabes ?) et/ou avec les Luxembourgeois de CVC Partners (ex-F1).
4 Vers une ligue « franchisée »
A terme, on irait vers une forme de ligue « fermée », franchisée comme en NBA, qui offrirait plus de stabilité et un partage équilibré des charges et recettes. Avec un calendrier de courses plus cohérent aussi (les Flandriennes en mars-avril, les semi-classiques italiennes à l’automne donnent l’exemple), pour éviter les déplacements farfelus entre continents, réduire les frais et de facto, limiter l’empreinte carbone."
Une nème tentative de réformer l'économie du cyclisme (accès des équipes aux droits télé, élaboration d'un calendrier plus cohérent, ...) qui finira pour la nème fois en eau de boudin.
Le fait que l'UCI y soit soi-disant associé n'y changera rien: l'UCI était aussi partie prenante au début des projets Bakala et Velon et on sait ce qu'il en est advenu.
STIVARIS a écrit : 31 oct. 2023, 21:32
Ces équipes n'ont qu'à alors organiser les courses pour toucher les droits télé et maitriser leur coûts de déplacements.
Il était temps de faire sortir ce topic des oubliettes.
C'est à l'occasion d'un itw croisée entre le CEO de Quick-Step Ruben Desmet (DS) et Patrick Lefevere (L), organisée par Het Nieuwsblad lors d'une réception pour les 25 ans de l'existence de "l'équipe Quick-Step".
Très longue itw, que je traduirai ici en 2 ou 3 épisodes, de façon à ne pas la transformer en pavé imbuvable.
Episode 1:
"DS : Nous avons suivi à l’époque Brico comme cosponsor de Mapei. Brico était un de nos clients et très content de son sponsoring dans le cyclisme. Seulement, ce n’était plus atteignable pour eux de continuer. A Frans De Cock (précédent CEO de Quick Step), ils ont alors suggéré : peut-être devrais-tu téléphoner à Patrick Lefevere.
L : j’ai reçu au débotté un coup de fil de Frans, que je ne connaissais pas du tout à l’époque. Je connaissais bel et bien Quick Step. Leurs panneaux publicitaires figuraient au stade de Waregem derrière les goals (sic!).
Entretemps, nous en sommes vingt-cinq ans plus tard.
DS : Comme entreprise, nous visons toujours le long terme. Il en est ainsi avec nos clients et intermédiaires et aussi avec notre sponsoring dans le sport. Il réside beaucoup de valeur dans la persistance. Pourquoi Quick Step est-il une marque aussi importante en Flandre et bien au-delà ? Parce que nous figurons depuis vingt-cinq ans sur le maillot d’une équipe qui porte notre nom.
L : Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. Frans De Cock l’a souvent dit, Ruben le dit aussi : notre équipe a placé Quick Step sur la carte. J’aime l’entendre dire.
Les partenariats de longue durée sont cependant dans le cyclisme plus une exception que la règle.
DS : La Loterie y est encore depuis plus longtemps, mais comme entreprise privée vingt-cinq ans de sponsoring est en effet unique.
L : Je ne suis pas contre de nouveaux sponsors, au contraire, mais une aussi longue collaboration a des avantages. Ruben connaît la maison, sait à qui il doit téléphoner quand c’est nécessaire. De cette façon, on peut travailler sereinement. Ils ne sont pas un sponsor qui panique quand il y a un quelconque contretemps. Dans le sponsoring, il en va comme dans le vélo : parfois tu as des vents favorables et de temps en temps aussi des vents contraires.
Le récent épisode autour de la fusion avec Jumbo-Visma était une période de vents contraires ?
DS : je suis fier de la façon dont nous avons surmonté cela. Nous avons toujours dit que nous voulions rester un sponsor qui compte dans le cyclisme et que nous voulions continuer à nous battre pour la survie de l’équipe.
L : Rien à ajouter. J’ai depuis le jour 1 joué cartes sur table avec mes sponsors. Clairement déclaré que je n’avais en tout cas pas d’agenda caché.
DS : On ne doit pas sous-estimer ce qui s’est abattu sur Patrick dans cette période, mais il a une fois de plus démontré tout son métier. Disons que tout ce qui a paru à cette période dans les medias différait fortement de ce qui se jouait réellement en coulisses. Patrick a le don de bien faire la part des choses. Il ne panique pas vite.
L : Ce que j’ai déjà dit cent fois : la panique est mauvaise conseillère. La période écoulée m’a appris beaucoup, mais j’ai déjà surmonté d’autres tempêtes. Une tumeur avec très peu de chances de survie. Pendant le Covid, j’ai aussi plus d’une fois été sérieusement sur le flanc. Concernant la saga de la fusion, nous ne devons plus en rajouter. J’en ai beaucoup appris, mais n’en reste pas rancunier ou frustré après coup. That’s it.
Chez Soudal, le sponsoring est lié à la figure Remco Evenepoel. Est-ce aussi le cas pour Quick Step ?
DS : Le nom Evenepoel ne figure pas dans le contrat, mais nous en parlons beaucoup avec Patrick. Un jeune coureur, Belge de surcroît, avec le potentiel de gagner le Tour, nous soutenons ce projet. Remco est pour nous une part importante de l’équipe, mais tout doit rester naturellement cohérent.
L : Je viens juste d’avoir un dîner d’affaires avec des sponsors plus petits que Quick Step, mais aussi d’importance. Là, ce fut aussi Remco, Remco, Remco …J’ai dit : je vais maintenant être brutal, mais mon équipe existe depuis plus de vingt ans sans Remco et j’espère qu’elle va continuer à exister encore vingt ans. Ce sera bien à un moment sans Remco et en tout cas sans moi."
Quid si la figure Lefevere disparaît vraiment ? Le long sponsoring de Quick-Step n’a-t-il pas reposé un temps sur l’amitié entre Frans De Cock et Patrick Lefevere ?
DS : Comme Patrick lui-même l’avance : si nous continuons encore ensemble vingt-cinq ans, ce sera cependant à un moment donné sans lui. Notre but est de construire une équipe stable où les personnes importantes ont un rôle important, mais ils doivent aussi pouvoir être remplacés. Nous ne voulons pas que Patrick stoppe abruptement, mais demandons bien qu’il y ait un plan pour un successeur. Quelqu’un qui peut accompagner et chemin faisant reçoit plus de responsabilités. Ça ne peut pas se faire en partant de zéro.
L : Ce n’est pas une quête aisée, mais je n’ai pas la permission de la manquer. Je le dis toujours en guise de boutade : avec trente coureurs, je peux rater un transfert. Dans le rôle du successeur, pas. Mais : nous avons trouvé quelqu’un qui va commencer dans un rôle de COO.
On entend ça depuis pas mal de temps : Lefevere va avoir un jeune bras droit.
L : Non, pas un bras droit. Un COO. Et comme tu sais : je suis gaucher. Au collège, ils ont essayé de résoudre cela, mais ça n’a pas marché. Je ne toujours pas manger de la soupe avec ma main droite.
Avez-vous en tant que sponsor parfois des problèmes avec la figure Lefevere, qui est plutôt peu policée et pas très politiquement correcte ?
L : Dois-je me rendre aux toilettes ?
DS : Patrick fait ce qu’il fait est en cela très performant. Nous pouvons vivre avec le package complet. Je ne ferais ou dirais pas tout ce qu’il fa it, mais plus loin je ne veux pas interférer. C’est en tout cas surtout en Flandre que la figure de Patrick occasionne parfois de l’agitation. Mais nonante-cinq (95) pourcents de notre business se situe ailleurs. Et là, on ne connaît pas Patrick.
L : Grâce à Netflix, c’est quand même en train de changer. Au départ du Tour à Bilbao Zdenek Bakala avait invité quelques amis cyclistes, entre autres un top-avocat de New York. Cet homme vint vers moi : ‘Are you Patrick ? You’re a tough guy’. De Brian Holm j’ai entendu qu’il y avait des gens au Danemark qui achetaient spécialement Het Nieuwsblad pour pouvoir lire ma colonne.
Le sponsor cycliste Belisol a pensé un jour avoir touché le jackpot quand ils ont décroché avec Tony Gallopin le maillot jaune le jour de la Fête Nationale Française. Il est apparu ensuite que leur part de marché en France avait augmenté de 0,01%. Ils ont remis en question l’effet sponsoring. Quick-Step y croit dur comme fer ?
L : Francis Van Eeckhout de Deceunick – qui en connaissait peu en cyclisme -, tu as dû sans doute lui demander ? Ruben, si cet Alaphilippe prend le maillot jaune dans le Tour, tu vends sans doute plus de planches ?
DS : Oui, alors nous vendrons peut-être un peu plus de planches. A condition d’avoir un bon produit et une bonne force de vente dans le pays approprié. Si nous gagnons en Argentine mais que nous n’y avons pas les canaux de vente habilités, alors ça ne marchera jamais. Sur le long terme, on voit certainement un effet : les marchés où la course cycliste est populaire sont pour nous de meilleurs marchés que ceux sans affinités avec les courses. Mais notre sponsoring ne tourne certainement pas seulement en termes de visibilité pour le consommateur final. Il ne s’agit pas seulement du journal et de Quick-Step, Quick Step, Quick-Step à la TV. Aussi en interne, ça nous aide à attirer des gens. En Flandre, c’est quelque chose de pouvoir travailler pour Quick-Step. Chez des commerçants à l’étranger, on entend souvent : nous avons gagné ce weekend. Cette fierté existe certainement.
L : J’ai très bien vu cet effet du temps de GB. Ils avaient une mauvaise fusion derrière le dos entre Innovation, Grand Bazar et Bon Marché. Beaucoup de gens ont été licenciés et dans une entreprise fortement syndicalisée, ça avait généré énormément d’incompréhension. L’équipe cycliste a alors été utilisée comme baume, pour faire en sorte que la caissière soit malgré tout fière de son travail.
DS : Un autre avantage du sponsoring cycliste est l’hospitalité. On peut inviter des gens sur place pour une vue des coulisses. A nos gens en Espagne, France, Australie, on peut offrir une expérience unique si l’équipe y court."
On entend ça depuis pas mal de temps : Lefevere va avoir un jeune bras droit.
L : Non, pas un bras droit. Un COO. Et comme tu sais : je suis gaucher. Au collège, ils ont essayé de résoudre cela, mais ça n’a pas marché. Je ne toujours pas manger de la soupe avec ma main droite.
Donc soit il essaye de faire de l'humour et c'est raté, soit il ne sait pas ce que c'est qu'un COO et c'est inquiétant. Probablement les 2
"Contribuez-vous en tant que sponsor à déterminer le programme de l’équipe ? Ou la nationalité des coureurs qui sont engagés ?
DS : Patrick s’occupe de l’aspect sportif, mais parfois nous en parlons ensemble : Patrick, dans tel ou tel pays, nous avons encore besoin d’un petit extra. Nous trouvons par exemple l’Australie importante.
L : Dans la mesure du possible nous en tenons compte. Nous allons envoyer un bon chef de file au Tour Down Under la saison prochaine.
Opposez-vous parfois comme sponsor des objections d’un point de vue de l’éthique ? Vis-à-vis du transfert du ‘bad boy’ Gianni Moscon par exemple ?
DS : Je viens juste d’en discuter avec Patrick. A lui de gérer cela. Il a une expérience avec les caractères difficiles.
L : Quand on en est soi-même un.
DS : De plus, j’ai à ce sujet justement parlé avec Moscon. Vous en faites un cas difficile, mais ce garçon m’est apparu très sympathique.
L : C’est comme dans le football : si tu as la réputation d’être un sale joueur, l’arbitre aura alors tendance à plus vite lui donner une carte jaune qu’à un autre.
DS : Concernant l’éthique : l’utilisation d’un dopage structurel est une ligne rouge. Dans ce cas, c’en est immédiatement fini. Ca figure noir sur blanc dans les contrats.
Il y a l’histoire bien connue après l’échantillon à la cocaïne de Tom Boonen. L’équipe voulait lui infliger une forte amende, mais Frans De Cock a simplement dit : ‘Tommeke, tu ne peux plus faire ça’.
L : J’étais furieux, mais Frans m’a dit : C’est comme dans un mariage, Patrick. Dans les bons et les mauvais jours.
DS : Nous y croyons aussi comme entreprise. Les gens avec de bonnes intentions méritent après un faux pas une seconde chance.
Pour terminer : quel est le degré de difficulté après en être passé par le modèle classique – sponsoring du secteur privé – d’être confronté à l’argent du Moyen-Orient ?
L : Il y a beaucoup à en dire, mais je ne vois pas le problème. Il vient du sol, du gaz et du pétrole. Beaucoup plus dangereux est l’argent dont on ne connaît pas la provenance.
DS : C’est un fait que les équipes du Moyen-Orient ont souvent un budget plus important et que la lutte n’est pas simple. En même temps, je vois aussi beaucoup de belles, traditionnelles entreprises revenir vers le cyclisme. Lidl par exemple.
L : Malheureusement pas chez nous. J’ai entendu qu’ils voulaient en fait sponsoriser la Champions League en football, mais ceux-ci n'en ont pas voulu. Dès lors, le CEO de Lidl a décidé : revenons immédiatement dans le vélo.
DS : Que de telles entreprises arrivent montre la professionnalisation du cyclisme.
L : Les équipes sont elles-mêmes des entreprises maintenant. Le temps où les patrons d’équipes arpentaient le terrain industriel local pour récolter de l’argent à coup de beaux discours est révolu. Nous prévoyons maintenant des budgets. Et sommes régulièrement audités : par l’UCI, par les gens de Bakala. Et aussi par vous, Ruben.
DS : Une bonne discipline budgétaire est la base de tout, Patrick. Tu es toi-même comptable de profession. Ce qui est bien dans l’équipe est que nous obtenons souvent de meilleurs résultats que les équipes avec de plus gros budgets. Patrick y réussit presque chaque année.
L : Si ça veut un peu réussir l’année prochaine, nous pouvons gagner ensemble notre millième course. Ce sera l’occasion d’une nouvelle fête. "
Patrick Lefevere, comment résumeriez-vous les événements de la fusion pour un néophyte qui n’a rien suivi de l’affaire ?
Comme une course cycliste. Vous êtes dans le dernier virage de la course, vous êtes pratiquement sûr de la victoire mais, au dernier moment, le peloton vous rejoint et vous avale.
Qui a eu l’idée de cette fusion ?
Bessel Kok (NDLR : l’ancien CEO de Belgacom), qui a ses affaires en Tchéquie a mis en relation le propriétaire majoritaire de mon équipe, Zdenek Bakala, et Robert Van der Wallen, un milliardaire néerlandais qui est le soutien financier de Visma mais également du PSV Eindhoven. Les deux hommes d’affaires avaient l’ambition de créer, je cite la phrase exacte, « la meilleure équipe cycliste du monde pours les dix années à venir ».
On a dit que tout cela s’était déroulé dans votre dos. C’est exact ?
Non. J’étais au courant mais soumis à la confidentialité la plus totale. Lors d’une réunion à Vienne, l’avant-dernier jour du Tour de France, j’ai été introduit dans la discussion, tout comme Richard Plugge, mon homologue de Visma. Ma première pensée, en les écoutant, c’était de m’inquiéter pour l’avenir des hommes, coureurs et autres employés. Car une cinquantaine d’éléments étaient susceptibles de rester sur le carreau. Nous avions rapidement décidé que personne ne perdrait son boulot et que nous paierons même les coureurs qui auraient changé d’équipe en assumant leur salaire, ce qui aurait facilité leur transfert. Après, nous avons pris l’avion privé de Robert Van der Wallen en direction du Bourget. Pendant ce temps-là, Vingegaard écrasait l’avant-dernière étape du Tour de France. Le Néerlandais a fait ouvrir une bouteille de champagne dans l’avion…
Tout cela était donc concret, rapide !
Début août, nous avons eu une nouvelle réunion, mais cette fois devant une batterie d’avocats qui représentaient toutes les parties. Pour être concret, Plugge devenait le CEO et moi son adjoint, vu mon âge. Richard a précisé qu’il me devait tout et qu’il s’était inspiré de moi dans sa réussite. Lui a gagné les trois Tours, pas moi (rires) ! Ensuite, les sujets dont devenus plus compliqués, à commencer par les vélos. Bakala souhaitait conserver Specialized en insistant sur le fait que Remco ne voudrait rouler sur aucune autre monture, ce que je confirme. Van der Wallen souhaitait une augmentation de capital de la part de Soudal et de Quick Step. Soudal a accepté à condition que l’équipe s’appelle Soudal-Visma, Quick Step a refusé de mettre plus d’argent.
Cela représentait combien ?
50 millions, le plus gros budget potentiel du peloton. Mais depuis Oslo, nous avons reçu un coup de fil de Visma puisque le siège social se situe en Norvège. Visma voulait que cela s’appelle Visma-Soudal. Du coup, Soudal n’a pas souhaité augmenter son capital. Entre-temps, Richard Plugge n’avait pas informé le célèbre holding Pon qui distribue aux Pays-Bas 20 marques de cycles, dont Cervélo, mais aussi des Porsche, des Skoda ou des Lamborghini pour situer la puissance du groupe. Il y avait donc de l’embarras du côté de l’équipementier mais on devait trouver une solution. Cela n’a pas été plus loin dès la fuite dans la presse.
Elle est venue de qui ?
Du camp de Richard Plugge, pas de nous. Visma a dû informer un de ses leaders, lequel a appelé son agent, lequel s’est empressé d’informer le très sérieux site Wielerflits. Cette situation a mis un terme définitif à la transaction. Je peux vous dire que Zdenek Bakala et Robert Van der Wallen n’ont pas apprécié.
Et vous ?
Quand vous envoyez un mail d’excuse, je dis bien d’excuse, à votre personnel et que vous retrouvez l’intégralité de votre courriel sur un site anglais une demi-heure plus tard, vous ressentez un grand vide. Le groupe était perdu, certains étaient convaincus de devoir chercher de l’emploi, la confidentialité avait disparu. J’ai toujours dit à mes employés de ne jamais écrire « mail confidentiel », c’est la seule manière qu’il ne le soit plus. J’ai été pris à mon propre piège de mes blagues stupides (sic).
Depuis cette fuite en septembre, il n’y a plus jamais eu de négociation ?
Jamais, j’ai revu Robert Van der Wallen lors d’un dîner dans un excellent restaurant près de chez moi. Il faisait route vers Lens pour aller voir le PSV en Ligue des Champions. Et je l’ai revu au match retour, il m’a invité dans sa loge.
Personnellement, quels enseignements retirez-vous de cette fusion non aboutie ?
Égoïstement, ce qui ne caractérise pas mon caractère, je pouvais me retirer progressivement. J’ai entendu plusieurs fois « que j’allais sur mes 69 ans » lors des discussions. Je ne suis pas un homme d’argent, je ne suis ni riche ni pauvre. J’allais recevoir une prime d’adieu en quelque sorte. Sur le plan humain, en revanche, j’étais soulagé. Cette équipe, c’est moi qui l’ai construite de la cave au grenier. J’allais offrir l’héritage de l’empire bleu, du Wolfpack sur base d’une signature. Quand bien même personne n’aurait perdu de l’emploi dans la transaction, cela m’aurait fait mal.
En même temps, de récentes transactions (Uijtdebroeks, Ewan etc.) ont démontré qu’un contrat n’avait plus de valeur en cyclisme ?
Je suis peut-être de l’ancienne génération mais je ne suis pas d’accord. Un contrat se respecte, d’un, un contrat se rachète, de deux, si toutes les parties sont d’accord. Mon expérience avec Frank Vandenbroucke en 1995 devant les tribunaux m’a traumatisé. Même si j’avais eu gain de cause devant les juges, je n’ai plus jamais débauché un coureur sous contrat. Sauf Ilan Van Wilder qui était en difficulté chez DSM, sur le plan humain. J’ai payé ses deux derniers mois de salaire pour éviter une action en justice, tout ayant négocié un communiqué de presse commun avec l’équipe néerlandaise pour annoncer le transfert.
Peut-on estimer la valeur marchande d’un coureur ?
Oui et pas seulement sur les résultats. Deux exemples dans mon équipe. Le plus évident, c’est Remco Evenepoel qui « pèse » des points UCI, il n’a que 23 ans, on connaît tous son talent. Le moins évident, c’est Julian Alaphilippe. Il est moins performant, car plus âgé, mais il demeure le coureur le plus populaire en France et même à l’étranger. Julian, je l’adore, il faut qu’on arrête de nous opposer. À la fin du mois, je l’aime moins car je dois le payer (rires).
Il est en fin de contrat, Quick Step est son équipe de toujours. Vous pourriez le prolonger ?
Oui. Il est trop tôt pour discuter de cela. Même si cela a été évoqué l’année dernière avec son agent. J’avais suggéré de réduire son salaire mais de prolonger jusqu’en 2025. Son agent a refusé la proposition. Cet hiver, Julian m’a promis de réaliser une saison canon et je le crois. C’est un homme de challenge. Je regrette que nos relations soient souvent mal relayées dans la presse. La dernière embrouille concernait le départ de son cousin Frank, son entraîneur. Je regrette mais quelqu’un qui est resté quatre ans chez nous sans pouvoir parler un mot d’anglais, cela n’était plus possible.
Dans toute cette affaire, Remco Evenepoel en a pris pour son grade, alors qu’il n’était pas responsable ?
Bien sûr que non. Mais il est le leader de l’équipe alors qu’il va seulement avoir 24 ans. Tout a été écrit à son propos, même le fait qu’il était l’instigateur de la fusion. Certains de ses équipiers l’ont fustigé, notamment au Tour de Lombardie et cela l’a blessé. Et je comprends. Mais cela va le renforcer. J’ai rarement vu un aussi jeune coureur avec une telle maturité.
Qu’attendez-vous de lui en 2024 ?
Qu’il gagne plein de courses. Remco est un monstre (sic). Quand il dit qu’il vient au Tour de France pour gagner une étape, il ne parle pas de la suite ! Pour la première fois dans ses interviews de début de saison, je l’ai trouvé très sage, comme s’il avait peur. Je me mets à sa place. La pression va être énorme au Tour où on va remettre le couvert sur la dernière victoire belge de Lucien Van Impe. C’était en 1976, ma première année… chez les pros. Je n’étais pas favorable à ce qu’il fasse le Tour cette année. J’avais prévu le Giro et le Tour en 2025. C’est un an plus tôt. Il ne faudra donc pas lui en vouloir s’il se loupe pour une raison ou une autre, il recommencera l’année suivante.
Il est vrai que sa première expérience se disputera parmi une génération exceptionnelle avec Vingegaard, Pogacar, Roglic…
Ce sera très excitant pour le public car à l’exception, peut-être, de Vingegaard, les autres roulent sans plan précis. S’ils ont envie d’attaquer à 100 bornes de l’arrivée, ils le font. C’est du cyclisme total, à l’ancienne, qui plaît aux gens et à moi en particulier !
Quelle serait une saison 2024 réussie pour Soudal-Quick Step ?
Une saison avec beaucoup de victoires, j’aime gagner. Il y en a eu 55 en 2023, 60 officielles pour être précis. On dit que nous sommes moins performants dans les classiques flandriennes. Avec Mathieu, Wout et Tadej au départ d’un Ronde, il faut miser sur le collectif, un truc qu’on sait faire avec le Wolfpack. Je suis certain qu’avec Alaphilippe, Asgreen, Lampaert et je l’espère Moscon, dans une condition optimale, on pourrait brouiller les cartes.
Mais il y a Mathieu van der Poel…
Heureusement pour le spectacle et malheureusement pour moi. Il ne roule pas chez nous. Pas encore.
Vous pouvez préciser ?
Il n’est pas marié avec sa formation actuelle, qui sait si un jour cela ne se ferait pas ? J’ai une très bonne relation avec son père qui a récemment déclaré que j’avais prolongé sa carrière de dix ans en l’engageant à l’époque chez Domex (1989). Ce que j’apprécie chez Mathieu, c’est son côté détaché. Il s’accorde 10 % de liberté dans son métier pour prouver qu’on peut penser à autre chose que le vélo ou la diététique. Aujourd’hui, cette obsession du poids est un problème pour certains et justifie les cas de burn out. Je suis peut-être un vieux qui n’a plus sa place dans le peloton comme certains le souhaitent, mais je suis humain et fier d’être humain.
Avec la fusion, vous auriez pu prendre une retraite paisible ?
C’est tout l’inverse. J’ai signé jusqu’en 2027 avec deux clauses : si j’en ai marre, je pars et je reverse un an de salaire à l’équipe, si on ne veut plus de moi, on me paie ce qu’on me doit, c’est très simple. Mais je suis évidemment très motivé, la flamme est toujours là.
Quelle question auriez-vous aimé qu’on vous pose ?
C’est… une bonne question. Où sera le cyclisme dans cinq ans, même si vous n’êtes pas Madame Soleil ?
Et ?
Soit on grandit avec tout le monde, on crée un circuit fermé, on sécurise les grandes épreuves, soit on devient un sport marginal, populaire certes, mais ringard. Je connais des gens qui paient 60 euros derrière le but dans des stades où ils respirent les fumigènes et ne voient rien. Pourquoi ne pas demander un droit d’entrée, 10 euros, dans le Vieux Quaremont au Tour des Flandres ? L’espace est sécurisé, on peut rester cinq heures devant l’écran géant, se restaurer et voir les coureurs passer trois fois. Quand Wouter Vandenhaute a choisi de transformer le Ronde, ce fut la révolution en Flandre. Et je fus le premier partisan de son désir de changement. Pour voir passer Remco, Mathieu, Wout, Julian, Tadej, on peut demander dix euros, non ?
Après, nous avons pris l’avion privé de Robert Van der Wallen en direction du Bourget. Pendant ce temps-là, Vingegaard écrasait l’avant-dernière étape du Tour de France.
Une fois que tu as lu ça, tu peux t'interroger sur la véracité des propos pour tout le reste
Après, nous avons pris l’avion privé de Robert Van der Wallen en direction du Bourget. Pendant ce temps-là, Vingegaard écrasait l’avant-dernière étape du Tour de France.
Une fois que tu as lu ça, tu peux t'interroger sur la véracité des propos pour tout le reste
Il n’a aucune idée du Tour le pauvre. Bon l’interdiction de l’alcool ne concernant pas le staff, ils ne devaient pas être beau en sortant de l’avion
Après, nous avons pris l’avion privé de Robert Van der Wallen en direction du Bourget. Pendant ce temps-là, Vingegaard écrasait l’avant-dernière étape du Tour de France.
Une fois que tu as lu ça, tu peux t'interroger sur la véracité des propos pour tout le reste
C'est vrai que ce point précis m'a également fait tiquer: j'aurais évidemment pu passer sous silence cet extrait-là et on n'aurait donc pas eu à se focaliser dessus pour décrédibiliser tout le reste.
Mais bon, je me suis fixé dès le départ de ce topic comme contrainte de ne rien censurer et je m'y tiens
Surtout que ces 10 euros dans le OK ça va pas rapporter non plus des millions d'euros... Et il cite opportunément le tour des Flandres, mais aucune autre "grosse course" ne se passe en circuit (oublions la Flèche Wallonne, s'il vous plaît)...
Je proposerais bien de faire raquer 10 fois plus les VIP moi tiens, pour rester dans le bas de tableau.