114ème Paris-Tours, 213 km
" - Question sport. Un indice au bas de votre écran. Qui suis-je ? Top ! Je suis une course cycliste professionnelle créée en 1896 afin de valoriser le vélodrome local, et considérée aujourd'hui comme une classique. Longtemps disputée au printemps, je démarrais de Paris, et même si ce n'est plus le cas aujourd'hui la ville a conservé son titre de ville-départ dans le nom de la course. Course aussi plate que la ligne mélodique d'une chanson de Vianney, la majorité de mes vainqueurs sont belges et je tire mon originalité des chemins cahoteux destinés à provoquer la sélection. Je suis ? Je suis ?
- Vous êtes Julien Lepers !
- Alors déjà je suis Samuel Etienne, faut se mettre à la page hein, et je suis Paris-Tours.
- Ah, vous n'êtes pas Paris-Roubaix monsieur Lepers ?
- Non, Paris-Tours, et je suis toujours monsieur Etienne.
- Mais qui êtes-vous donc vraiment ? "
Oui, qu'est donc vraiment Paris-Tours aujourd'hui ? Classique incontestée du calendrier cycliste, la course continue de naviguer entre tradition et modernité, sans que l'on sache si l'ajout récent des chemins de vigne entre dans la première ou la seconde catégorie. Historiquement considérée comme la classique des feuilles mortes, titre qu'elle dispute au Tour de Lombardie, cette saison particulière et le déplacement de la classique toscane sous les feux pétaradants d'un été luxuriant auront au moins permis aux historiens du vélo de mettre le débat en pause. C'est donc débarrassée de cet encombrant cousinage avec son exact opposé du contraire automnal, mais revers de la médaille avec une concurrence bien plus consistante, que la vinifiante cité de Balzac, Descartes, Zaz et Noé s'apprête à déblayer la mythique avenue de Grammont, quand bien même raccourcie, afin d'offrir à une horde de fous furieux auréolés de rêve de gloire un petit bout de prestige vélocipédique.
Les furieuses vociférations du susceptible patron de la Quickstep, au point d'ordonner à ses troupes de déserter le combat, ramènent à la surface l'identité profonde et mouvante de cette course, que l'introduction de chemins de vigne depuis 2018 dénature ou magnifie, au choix. Mais c'est pratiquement dans son ADN que de bousculer à intervalles réguliers l'agencement trop strict de terres trop plates, et il en faut de l'imagination afin d'échapper au destin d'une aimable mais ennuyeuse partie de manivelles entre grosses cuisses. Printanière pendant un bon demi-siècle, elle choisit l'air frais de l'automne afin de se départir du rôle bien trop ingrat de revanche de Paris-Roubaix. Apanage des routiers-sprinteurs, jusqu'à évoquer un bâillement poli aux suiveurs, elle décide en 1975 de passer cul par-dessus tête et renverser son parcours afin de dresser sous les pattes de ses plus rugueux destriers la vallée de la Chevreuse et ses assassines piques en guise de bouquet final, encouragée par le désintérêt croissant de la cité nourricière. Blois-Chaville, Tours-Versailles, jusqu'à l'appellation commode et assez fourre-tout de Grand Prix de l'Automne, histoire de troller jusqu'au bout les cousins lombards. Les Maertens, Raas, Kelly et consorts y trouvèrent alors de jolis terrains de jeu afin de faire parler la poudre. En 1988, sous les œillades de plus en plus appuyées de la frémissante Coupe du Monde, Paris-Tours se rabat du col et enfile sa redingote la plus présentable afin de faire bonne figure aux yeux des puristes : au diable les fantaisies, retour à la tradition la plus traditionaliste histoire de ne surtout point faire tâche dans la photo de famille, et l'héritage sous forme de pactole qui s'apprête à tomber. Au loin, le destin de Paris-Bruxelles, jumeau sur un arc inversé, sert de parfait repoussoir.
Dès lors, Paris-Tours s'accepte en acceptant son destin, et offre un coin de table au banquet de la Coupe du Monde aux quasi-déshérités des neuf autres joutes : les impopulaires sprinteurs et leurs lièvres utopistes : les baroudeurs de l'impossible. Dans un assez équilibré partage des tâches, ceux-ci vont se répartir le magot de manière presque équitable, comme s'il fallait savoir entretenir l'illusion. Les gambettes fatiguées de fin de saison participaient aussi à donner du champ aux attaquants qui avaient su garder de la fraîcheur, tandis que les autres années la mythique avenue de Grammont offrait aux sprinteurs un officieux championnat du monde de la discipline, en concurrence avec une autre grande avenue, côté parisien. Mais la disparition de la Coupe du Monde, et la naissance du World Tour allaient de nouveau bouleverser le destin de la course. Prise au piège d'un conflit ASO/UCI, Paris-Tours se retrouvait déclassée en guise de victime expiatoire, au profit des opportunistes bretons de Plouay. Dès lors, un lent processus de nazification des startlists et podiums allait s'opérer, que le prestige du nom suffisait à peine à contrecarrer.
Mais les ingénieux organisateurs ont su se battre avec leurs armes, tantôt côté réseaux, tantôt côté course, comme l'introduction de ces fameux champs de vignes. Le nom reste, lui, toujours associé à celui d'une classique de grande envergure, suffisamment fameuse pour être celle qui s'est refusée au grand Eddy Merckx. Et telle est sans doute sa destinée : maîtresse caractérielle pour les princes, et garce hautaine pour les nazes, au fond elle n'aura jamais aimé que les mauvais garçons.
PARCOURS



INFOS PRATIQUES
Départ : 9h35
Arrivée : autour de 14h40
Télévision : France 3 en direct à partir de 13h35, et Eurosport 2 à 13h30
Météo : temps nuageux, possibles pluies, petite brise annoncée
Site officiel : https://www.paris-tours.fr/fr
PARTICIPATION ET FAVORIS
**** Søren Kragh Andersen
*** Benoît Cosnefroy, Dries De Bondt
** Valentin Madouas, Markus Hoelgaard, Aimé De Gendt
* Loïc Vliegen, Casper Pedersen, Alexander Krieger, Warren Barguil
Startlist complète : https://www.procyclingstats.com/race/pa ... /startlist
PALMARES RECENT

HISTORIQUE
Au second plan, les frères Pelissier, premiers frères prodiges, et lointains ancêtres des Schleck. Si ce n'est qu'ils savaient gagner de grandes courses.
On se lève tous pour Danneels, lunettes sur le casque, co-recordman de l'épreuve avec trois succès, en compagnie de son neveu Reybrouck, Maye et Zabel ( aucun lien de parenté avec Roger, lui ).

Je suis venu, j'ai vu, j'ai pas vaincu.

Jacky et Eddy, vainqueurs à eux deux de toutes les classiques.

Richard Virenque peut enfin dire qu'il a gagné le Tours de France.

L'aveuglement du cyclisme italien, allégorie.

Paris-Tours, c'est une sorte de Milan-San Remo nan ? Allez les gars dites oui ...

Quand Paris-Tours ne sait plus quoi faire pour se faire remarquer.

Cauchemar de Patrick Lefevere, allégorie.

