Moi, c'est la période 1988-1993 que j'ai le plus de mal à regarder. Parce que c'est vraiment dans ces années-là que s'opère, lentement, le basculement vers une nouvelle ère, celle des 3 lettres, avec les méthodes de papa qui se retrouvent brutalement ringardisées . Le Tour 88 déjà, fallait prendre sur la gueule de voir le duo Rooks-Theunisse faire 1 et 2 de la grande étape Alpestre (Madeleine, Glandon, Alpe d'Huez) devant les 3 meilleurs grimpeurs du moment, Delgado, Parra, Herrera.

On sentait le truc un peu bizarre, même si les 2 bonhommes étaient loin d'être peintres.
Puis 89-93, comme je disais plus haut, c'est encore beaucoup de coureurs (souvent trentenaires) qui en restent au "dopage de papa" (anabolisants, corticoides), et qui se retrouvent confrontés à des gars qui sont passés à l'ère moderne. Fort heureusement, le produit miracle étant encore nouveau, les toubibs n'osent pas encore donner les doses de cheval (d'autant que des décès néerlandais suspects ont calmé les ardeurs, lors de l'hiver 89-90) qui seront banalisées lors des années 94-98, et certains "has beens" parviennent quand même à rivaliser. Mais avec le recul, c'est dans cet espace qu'il y a vraiment eu de vrais cocus. A partir de 94, bon, les gars connaissaient le truc, et la quasi-généralisation se ferait trés rapidement.
Moi, je regarde les courses avec beaucoup moins de gêne lorsque je sais que les coureurs (grimpeurs, rouleurs, sprinters, équipiers) carburent de la même manière. Aprés, oui, y en a qui digéraient mieux le produit que d'autres, mais ça, malheureusement, c'est toute l'histoire du dopage. Pierre Chany disait que Grazyck supportait mal les amphèts et qu'il avait tort d'en abuser. Dans un vieux Vélo Magazine, Chapatte disait que Darrigade avait les feux incroyablement allumés dès qu'il prenait la moindre pastille.
