gradouble a écrit : 17 mars 2020, 10:45
Sinon, je comprends les arguments des 2 côtés.
L'argument d'éviter de rouler pour éviter un accident en cette période me semble relativement faible, tout de même.
Et je ne vois pas en quoi avoir une activité physique serait une marque d'irrespect envers les malades et les soignants; pas plus que n'importe quelle autre activité.
Après on peut se fouetter aussi pour faire pénitence, ça compense peut-être.
Après si ça devient rééllement interdit, et bien j'arrêterai.
La façon dont je le vois, est la suivante (mais peut-être que j'ai tort):
Le gouvernement demande de rester le maximum à la maison, et demande de ne sortir qu'en cas de nécessité. C'est le cas pour tout le monde, y compris les amateurs de sport.
L'argument des accidents est, bien que pas inexistant, effectivement faible. L'argument du risque de contamination me semble plus pertinent. Car parmi les cyclistes ou runneurs accros, j'ai de la peine à croire que tout le monde pratique son sport loin de toute civilisation, là où il ne rencontre que des renards et des belettes. Une grande partie, si ce n'est une majorité, devra de toute façon traverser une zone urbaine pour arriver à du calme. Pour la course, c'est évidemment problématique.
Dès lors, faut-il distinguer le sportif des villes du sportif des champs? Avoir deux types de confinement en fonction de la zone dans laquelle on vit? Ca aurait pu être une option, ce n'est pas ce qu'ont choisi les autorités.
Mais je l'envisage surtout sous l'angle de la solidarité. Donc inutile de me caricaturer avec la pénitence ou l'auto-flagellation. Nous vivons une situation de crise, beaucoup de gens font des sacrifices, et tout le monde doit jouer le jeu, même si on a le sentiment que c'est injuste ou inutile. Je trouverais en effet irrespectueux de chercher à tout prix la faille dans le système de confinement actuel pour son propre confort (j'y reviendrai, on ne peut pas considérer qu'une sortie à vélo soit une activité "vitale" et il y a des moyens d'y pallier).
En vertu de quoi le slogan #restezchezvous ne s'appliquerait pas aussi à vous? Du point de vue de la logique sous-jacente, vouloir à tout prix interpréter le "sport autour de chez soi" à "ma balade en forêt ou ma sortie de 50km et de toute façon je ne prends pas trop de risque", est du même acabit que les "j'affirme ma liberté en organisant un carnaval sur le parvis de l'église ou en invitant 20 potes chez moi". Car après tout, les personnes très sociables pourraient aussi dire que sans moyens de socialiser au bistrot ou dans la rue, elles vont aussi broyer du noir... On commence à faire des exceptions pour tout le monde car " je ne rencontre de toute façon personne, je suis prudent, c'est ma liberté merde" et au final les mesures n'ont plus aucun sens.
Je vous idéalise un peu trop

, mais je pense aussi que le sportif accro a plus de ressources que le citoyen lambda, il en a plus que le fumeur. Je le répète, on peut faire énormément de choses depuis la maison, y compris du sport. A part allobroges

, il est probable que la majorité des sportifs dont l'activité est suffisante pour être addictive sont équipés d'un home trainer. Donc l'argument du "il faut que je sorte fasse ma sortie de 50 bornes sinon je vais péter un plomb" ne me semble pas valide. Le home trainer c'est moins bien, rageant vu la météo, d'un point de vue du confort et du plaisir, ça n'a rien à voir, mais c'est suffisant pour avoir sa dose journalière d'endorphine et dopamine qui permet d'éviter de somber dans la folie.
Et si quelqu'un devait sortir l'argument du "oui mais c'est être dans la nature qui m'aide à ne pas péter un plomb", et bien je répondrais que l'argument de l'addiction est donc nul et non avenu, et que ce problème, une immense majorité de la population doit l'affronter, y compris des gens qui ont un confinement extrêmement strict car vulnérables de par leur âge ou leur santé.