Lundi 12 août Etape 10 : En mode VanDerPoel
La Saône à Gray
Bien reposé de la veille, je souhaite traverser la Bourgogne dans la journée, et aller jusqu'à Mâcon. De là, comme prévu, je prendrais le train jusqu'à Lyon puis jusqu'à Gisors, pour éviter le trafic de la métropole lyonnaise, et pour m'avancer suffisamment pour arriver en Ardèche pas trop émoussé. Comme le Pistolero fait une grosse sortie aujourd'hui, et que je suis
fairplay, je décide de faire la journée à bloc. Et puis je me connais, je marche mieux quand j'ai bien roulé la veille
Je repars de bonne heure ce matin, même si mes vêtements ne sont pas tout à fait sec
Je prends les plus secs et les mets sur moi, les plus mouillés sont rangés dans le sac, on verra plus tard où les étendre, certainement demain matin, qui devrait être plus tranquille dans mon programme chargé. J'arrive assez tôt à Pontailler sur Saône, en Bourgogne et je commence déjà à me sentir dans le sud, puisque je vois les ballons de rugby dans les troquets, c'est bon signe
Et bientôt je l'espère, les paysages de vignobles en coteaux que j'affectionne
La matinée se déroule bien, le genou fait un peu mal mais je peux rouler sans soucis. Mais j'arrive à me reperdre dans un village où le panneau de mon itinéraire était caché
. Je demande à un riverain comment retourner vers la Saône et il m'indique approximativement un chemin en descente. Je m'enfonce, trouve une intersection, et vais tester toutes les possibilités que m'offre ce labyrinthe. Pour me rendre compte que ces chemins agricoles sont des impasses. Je remonte vers le village, prend une autre petite route quasi parallèle et me voilà sur le bon chemin
Des cyclistes en ballade m'indiquent sympathiquement la bonne route, et me voilà de nouveau sur de bons rails. Mais il faut être vigilant, sans GPS et quand le soleil est vers midi, il est dur de se repérer, car la Saône, comme les petites routes secondaires sont sinueuses, si bien qu'on s'y perd
J'arrive à Auxonne dans l'après-midi et me rends compte que je n'aurais pas pu l'atteindre hier soir, sans m'infliger une nouvelle nuit dehors. Et vu l'humidité de mes vêtements, ça aurait été stupide de tomber malade comme ça. Les distances indiquées sur le site de l'échappée bleue sont sous-estimées, certainement pour ne pas faire peur au randonneur/flâneur mais en faisant le même itinéraire sur google maps, je me rends compte que la différence est significative (de 130 kms on passe en vrai à 170 kms sur le trajet du jour, auquel je compte mes détours
).
Ce panneau qui envoie du rêve
Je n'ai pas trop de souvenir de cet après-midi, à suivre le fleuve un peu comme les tranquilles journées sur les ravels belges. Je me souviens bien plus de mes pauses, preuve que tout s'est bien passé sur cette section du trajet particulièrement agréable, d'autant que le lundi, il y a moins de randonneurs, donc je peux plus facilement me mettre en position aéro, et que le soleil brille. Le vent est moins intense également, donc je suis moins ralenti
En fin d'après-midi, je retrouve l'eurovélo 6 qui m'avait amenée jusqu'en mer Noire
Après avoir remonté la Loire jusqu'à Nevers, elle traverse la Bourgogne en allant chercher Cluny puis remonter à Châlon et donc une partie de la Saône. Je peux prendre la direction Vienne/Budapest ou la direction Nantes. Je prends la direction de Nantes car cette portion m'amène vers le sud et Châlon
A l'entrée de Châlon, je vois que la véloroute continue en contournant la ville mais je prends à gauche vers le centre ville pour manger avant de repartir. Je peux y accéder avec une piste cyclable, c'est nickel
Je mange, refais les niveaux de mes bidons et reprend la direction du nord (c'est bête quand j'y repense) pour retrouver l'Eurovélo 6 et ses infrastructures nickels. Sauf qu'il y a une bifurcation : je peux suivre la Saône ou bien partir faire un détour dans les champs vers Cluny
En relisant le post de Jimmy, je vois que j'aurais mieux fait de suivre ses conseils et d'aller à Cluny plutôt que de faire ma tête de mule à vouloir prendre un raccourci en suivant la Saône).
Le sucre sportif a écrit : ↑17 juil. 2019, 09:56
jimmy39 a écrit : ↑17 juil. 2019, 09:43
@LeSucre: Un collègue vient de faire une partie de ta route. De Châlon-sur-Saône à Mâcon, il y a une voie verte sur une voie ferrée désaffectée passant par Cluny. Ensuite juste à Lyon il a pris le long de la Saône sauf qu'il a coupé entre Messimy/Saône et Neuville/Saône
Super, merci de l'info
Oui il faut pas que j'hésite à m'éloigner de la Saône pour être plus tranquille
Mais quel boulet
Comme il va faire nuit, je souhaite prendre les chemins de halage pour être tranquille, et continue de progresser espérant trouver la bifurcation. Qui n'était pas indiquée
j'ai fait quelques bornes en direction de Cluny sans trop le savoir, et fais donc demi-tour dans cette zone industrielle pour retrouver le centre-ville, le traverser et chercher la Saône plus loin. Je traverse donc Châlon par les quais, le soleil commence à tomber et je suis a environ 3h de Mâcon, c'est jouable
Et c'est parti pour la session cyclo-cross
Après quelques kilomètres bitumés, en sortant de Châlon, je vois un parking, des pêcheurs installés avec leur tente au loin, et des sillons à travers les champs. Je vais jusqu'aux pêcheurs, leur demande où se trouve "Port Guillot", la prochaine ville sur mon calepin
On me répond que c'est là, et que la voie verte menant à Tournus puis à Mâcon, et bien c'est ce petit sillon à travers l'herbe humide
Je prends une photo souvenir, il fait encore jour, mais on me prévient que plus loin, la route est en sale état
Je progresse, un peu comme ma soirée post-Verdun et la partie d'escalade, tandis que l'herbe se fait de plus en plus haute. Puis, fini de rigoler, je me retrouve quasiment au bord de l'eau. Du moins, si je tombe et glisse, je peux finir dans la Saône
Donc j'arrête de me payer le luxe de prendre le sillon le plus praticable entre celui de droite et de gauche, comme les flandriens voulant éviter le pavé en roulant sur le bas-côté
, pour prendre celui de droite, qui me garanti de ne pas me retrouver dans la Saône en cas de glissade
Et là, ça devient physique, une vraie partie de cyclo-cross : à ma droite se trouve des champs de maïs et donc comme ils ont été arrosé certainement peu avant, je me retrouve à rouler sans adhérence dans la boue. Et il fait maintenant nuit. Je mets les éclairages et poursuis péniblement
Je vais rouler très doucement mais pourtant j'appuie comme si j'étais en train de faire les derniers secteurs de Paris-Roubaix.
Malgré la fatigue, les réflexes sont bons, et je mets à profit ma préparation dans les voies vertes, où j'avais déjà du faire face à des sections glissantes pour bien manœuvrer. Mais je fais plusieurs pauses au milieu de nulle part, tant l'effort m'est coûteux, et pose souvent pied à terre/déchausse pour ne pas tomber. D'ailleurs je galère pour rechausser, les cales étant pleines de boue. Je ne sais pas comment font les cyclocrossmen pour rechausser aussi vite
Arrivé à hauteur d'un parking, je vois une voiture faire une manœuvre. Elle m'a vu mais je décide, vu ma fatigue, de rester immobile sur le côté pour éviter de faire des bêtises (et en profite pour souffler) mais la voiture ne me comprends pas et semble m'attendre longuement par gentillesse (ou par crainte de renverser l'inconscient que je suis
). Mais je suis trop cramé pour jouer au jeu des politesses. Finalement je dois céder, et passer devant, ce qui me plaît pas trop, j'ai eu trop de mésaventures le soir pour dépasser une automobiliste hésitante. Incompréhension anodine, mais qui me fait comprendre que je n'irai pas jusqu'à Châlon vu mon état.
Je cherche ainsi un coin pour m'arrêter quelques kilomètres plus loin, à l'entrée de Tournus. Il est maintenant minuit, j'ai fait environ 30kms en 3h (
) et m'arrête dans un parc pour enfant, et vais me réfugier dans une petite cabane
J'en profite pour étendre mes fringues pleines de boue, et celles encore humides sur les jeux
Demain, je prendrais le train depuis la gare de Tournus, direction les cols ardéchois