Richard a écrit : 11 août 2019, 10:59
Evans avait 34 ans bien sonnés et n'avait pas il me semble franchi de cap particulier si on regarde son niveau en valeur absolue, il n'a rien fait qu'il n'ait déjà fait sur son Tour victorieux, à part avoir un bon "alignement" concurrence + pas de malchance + son meilleur niveau.
JF Bernard je n'ai pas connu cette époque donc je ne veux pas dire de bêtise mais il me semble à lire son palmarès, qu'après son podium à 25 ans, il n'a jamais pu rejouer les premiers rôles au général d'un GT (meilleure place 14ème au Giro et au Tour ensuite).
Les deux cas me paraissent donc assez différents de la trajectoire de Pinot qui a atteint depuis bientôt un an un niveau inédit dans sa carrière.
Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas retrouver ce niveau... L'hiver dernier on craignait un peu que face à une concurrence au top, il ne puisse pas retrouver le niveau de sa fin de saison qui devait beaucoup à sa fraîcheur, qu'il se soit agi d'une sorte de parenthèse enchantée qui serait bien vite refermée face aux monstres et aux armadas du Tour.
Or il semble avoir trouvé la recette et le "nouveau Pinot" annoncé par Madiot est bien là, alors que cet effet d'annonce paraissait présomptueux voire nuisible à certains.
Bien sûr il y a eu des circonstances favorables, il y en a toujours, mais qui dit qu'il n'y en aura jamais d'autres ? Qui dit qu'il ne pourrait pas s'exprimer même avec une concurrence renforcée ? Qui dit que Bernal sera beaucoup plus fort ? Que Froome retrouvera son meilleur niveau ? Que le Pinot de ce Tour doit craindre Dumoulin ou Roglic ? Et il va peut-être encore s'améliorer sur des détails, et il ne perdra pas non plus forcément 1'40 à chaque fois sur une bordure non plus...
Sur quelques remarques ci-dessus :
"même pas porté le maillot jaune,, ni été en passe de l'approcher... "
Pourtant à la sortie des Pyrénées il était bien le mieux placé pour l'endosser dans les Alpes et donc en passe de l'approcher. Il y avait bien Alaphilippe loin devant mais il allait craquer, j'en étais assez convaincu, mais enfin personne n'en était sûr à 100% c'est vrai, mais il a craqué. Derrière Pinot était sur les talons de G et K mais plus fort qu'eux, et devant Bernal. La route était encore longue, certes, mais s'il n'était pas strictement en passe de l'endosser, il était proche comme jamais un Français (candidat à la victoire finale) ne l'a été depuis une éternité... Bardet 2017 a navigué à moins de 30" du maillot jaune mais il avait le débours virtuel de Marseille et surtout le rapport de force et la dynamique n'étaient pas les mêmes - et il ne s'est pas vraiment comporté comme un candidat à la victoire, plutôt comme un candidat au podium voire mieux si Froome jouait de malchance.
"C est peut etre la malchance... Mais ça devrait inciter à une remise en question avec un coureur qui ne finit pas un grand tour sur 2.... "
Tu crois vraiment qu'ils ne vont pas analyser de fond en comble cette histoire ? Et si c'est la malchance, quelle "remise en question" proposes-tu ?
Quant à "un grand tour sur deux", c'est vrai que la stat fait mal... Mais elle englobe des raisons diverses : il y en a qu'il a abordés en mauvaise condition, parfois en enchaînant plus ou moins contre son gré (Vuelta 2014, Tour 2017)...
Il y a bien eu remise en question et travail spécifique sur ses fragilités physiques, son programme... Je préfère retenir qu'il a eu deux GT consécutifs sans souffrir à l'excès de la chaleur ni être embêté par ses traditionnels problèmes de bronches, qu'il semble avoir trouvé la recette sur ces deux points, la bonne approche sur son programme malgré le demi-échec de l'altitude et un mois de mars légèrement malade, et que sa blessure à la cuisse, malchanceuse ou pas, ne se reproduira probablement pas, donc qu'il n'y a pas de raison qu'il ne puisse pas terminer un GT à nouveau : il n'y a ni fatalité ni malédiction.
Bref pour moi c'était effectivement l'année ou jamais...
jusqu'ici, mais je pense qu'il y en aura d'autres, qu'il est capable de retrouver ce niveau, de se procurer d'autres occasions. Il a encore fait sauter quelques verrous, les derniers ? Bon le dernier reste sa capacité à boucler trois semaines sans pépin physique mais je pense qu'il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour ça, le reste ne relève pas de lui. Pour peu qu'il gagne une course d'une semaine au printemps prochain, sa confiance sera à nouveau au maximum et il aura tout "coché" pour être à nouveau sur les rails pour jouer la gagne sur le Tour.
Comme je l'ai déjà dit, je retiens que dans les jambes et dans la tête, il a atteint un niveau où ça dépend d'abord de lui, pas exclusivement bien sûr (mais qui peut y prétendre ?) mais ça change pas mal de choses quand même, par rapport à une approche où même si tout se passait pour le mieux pour lui, à son meilleur niveau, il restait tributaire de la hiérarchie des meilleurs.