J'arrive après la guerre pour parler de Pinot
Oui je sais, vous en rêviez, je le fais !!
Juste pour dire, il est tombé malade mais plus tard sur ce Tour 2013. Le vrai problème en 2013 c'est la pression qu'il n'a pas supporté suite à son Tour 2012 extraordinaire pour un gamin de 22 ans. Et donc la chaleur n'était pas le réel problème rencontré ce jour-là...
rbl avait posté un interview de lui sur le topic du Tour de France 2019, à la page suivante.
viewtopic.php?f=3&t=67689&start=2420
L'extrait où il parle de ce Tour 2013, en gras l'étape en question et son angine plus tardive. Bonne lecture !!
Ce qui est une bonne chose ou pas ?
Un peu des deux, forcément. Il n'y a plus d'insouciance, mais tu deviens un vrai coureur, et c'est ce que j'ai toujours voulu être. Le Tour se passe, je fais encore deuxième à la Toussuire devant les favoris (lors de la 11e étape, quatre jours plus tard), je passe un palier et arrive le Tour 2013, où je prends une claque dans la gueule comme je n'en ai jamais pris. À partir de ce jour-là, il y a des étiquettes qui se sont collées à moi, parce que je "pète" dans une descente (dans le port de Pailhères), alors que je n'étais même pas lucide et que je ne me souviens de rien, les journalistes, comme quoi je ne les aime pas, ou la pression médiatique. Ces étiquettes, je les aurai jusqu'à la fin de ma carrière, mais personne ne se rend compte qu'à vingt-trois ans, on te lâche au milieu du Tour, on n'avait pas d'attaché de presse, j'avais des journalistes au téléphone trois fois par jour, j'étais complètement usé, cramé. Je n'étais pas prêt du tout à être leader.
Vous aviez senti tout ça avant le départ du Tour en 2013 ?
Oui, la pression m'a bouilli la cervelle. J'ai fait le Tour de Suisse cette année-là, je crois que je finis quatrième (à 1'26'' du Portugais Rui Costa). Donc j'étais en bonne condition pour jouer sur le Tour, mais entre la Suisse et le Tour, la pression monte et puis ça explose.
Dans quel état étiez-vous arrivé sur le Tour ?
Au moment de faire ma valise le mercredi matin, je m'en souviendrai toute ma vie, j'en pleurais. Parce que je n'avais pas envie et je sentais que ça allait mal se passer. Je pleurais, j'étais fatigué mentalement et je savais très bien que je ne pouvais pas assumer ce qu'on allait me demander, que ce soit vis-à-vis de l'équipe, qui avait été construite autour de moi, et surtout l'attente du public et des médias. Mais je devais faire face, donc j'ai dû mentir, dire que j'étais en condition alors que je ne l'étais pas. À vingt-trois ans, j'étais trop jeune.
Vous en êtes-vous ouvert à l'époque ?
J'en ai parlé à mon frère (Julien, aussi entraîneur de Groupama-FDJ), mais c'est tout. Je suis quelqu'un qui garde beaucoup de choses, trop de choses.
On se souvient de vous en Corse, après la 3e étape, assis sur une glacière, totalement carbonisé...
Oui, c'était compliqué. Par rapport à 2012 où le Tour était encore un jeu, là je me suis rendu compte que ça n'en était plus un. J'étais lâché au milieu de tout le monde, et je n'étais pas du tout prêt pour tout ça. Mon frère avait dit dans une interview que gagner à Porrentruy, c'était bien, mais que ça allait me desservir pour plus tard. Et c'était une vérité.
Racontez-nous cette fameuse descente du port de Pailhères...
Déjà dans le col, je ne sais pas comment je fais pour basculer avec les favoris et après je suis carbonisé, je ne suis plus lucide. Tout s'emmêle, je chope une angine, je monte le mont Ventoux à quarante de fièvre, le deuxième pire moment de ma carrière après le Giro l'an dernier (victime d'une défaillance à la veille de l'arrivée, il sera même hospitalisé en proie à des problèmes respiratoires). L'épuisement, et puis t'entends les gens au bord de la route qui disent : "Ah, c'est Pinot, qu'est-ce qu'il fout là ?" C'est horrible (il rigole). Je n'étais même pas capable de suivre le gruppetto. J'avais peur pour moi, je suis arrivé dans le bus dans un état pas possible, je suis allé au lit à 18 heures, je me suis réveillé le lendemain matin, et je suis rentré chez moi, en voiture.