dolipr4ne a écrit : 02 nov. 2018, 14:35
Joli post, blouss!
C'est fou comme l'affaire Froome nous a traumatisés, et nous traumatise encore. Enfin non, ce n'est pas fou, c'est totalement normal en fait.
@ jicébé et levraidufaux: vous pensez qu'on ne peut pas suspecter Froome, puisqu'il n'a pas été officiellement condamné? Je peux comprendre le principe de base evidemment (en gros, presomption d'innocence). Mais serieusement, en tant que suiveurs de velo, ayant surement vécu les années Armstrong, vous ne pensez pas que les critiques soient largement legitimes? Si je suis votre raisonnement, on n'aurait absolument rien à dire sur Armstrong si Tygart ne s'etait pas évertué à le faire avouer? Et on devrait s'ecraser devant la morgue du bonhomme qui nous balançait sa pitié à la tronche, nous
"les sceptiques? Ben désolé mais non, je suis "fier" d'avoir vomi ce mec quand il s'evertuait chaque jour à me prendre pour un con ainsi que tous ceux qui tentaient de s'opposer à lui.
Je suis d'accord avec vous sur le blanc-seing certainement exagéré dont sont drapés nos vieux héros. Mais quand meme, Froome bordel, la ficelle est quand meme enormissime...
Si l'on prend chaque fait d'armes de maniere isolée, rien n'est proprement scandaleux (à part le salbu, car d'autres ont été condamnés pour moins que lui), mais si on met le tout bout à bout, sa carriere a de quoi ressembler à un sketch. C'est tellement hénaurme...
Je te réponds ici, mais cela mériterait peut-être un sujet séparé, même si le débat est un peu en boucle depuis quelques mois.
Je comprends la suspicion à l’égard de Froome. 1. Il s’agit du coureur à avoir produit les performances les plus impressionnantes en montagne de ces dernières années. 2. Il a subi un contrôle anormal (je ne relance pas le débat, mais je rappelle quand même qu'on ne parle pas de dopage sanguin). 3. La communication de lui et son équipe à ce sujet a été pour le moins hypocrite et contradictoire. 4. Il fait partie d’une équipe, Sky, qui écrase les GT et en particulier le Tour de France depuis quelques saisons, nous rappelant furieusement l’époque de l’USO Postal dont on connaît les méthodes aujourd’hui. Vu le passé récent de notre sport, ne pas avoir de doutes serait se voiler la face.
Pour autant, je pense trois choses au sujet de Froome : 1. Il s’agit du coureur le plus doué de sa génération et du plus grand champion des années 2010 sur les courses par étapes. 2. Il ne dispose pas de la même marge qu’Armstrong sur la concurrence : en ce sens, je doute qu’il ait accès à un "produit miracle" ou bien à des complicités qui lui permettrait de posséder un avantage significatif sur ses rivaux comme cela a pu être le cas pour Armstrong. 3. Bien que je ne sois pas certain que Froome ne prenne rien, son niveau de performance tout comme le produit auquel il a été contrôlé suggèrent que, s’il se dope (je dis bien si), il s’agit d’un dopage nettement moins "lourd" que celui que l’on a connu au cours des années 2000. Il suffit de comparer ses temps d’ascension à ceux effectués dans les années 1990/2000. J’admets volontiers que Froome n’est pas si loin des temps de la grande EPOque sur certains cols, mais on a constaté qu’il était loin d’être le seul à s’approcher de ces niveaux (Pinot pratiquement dans les temps d’Héras et Simoni aux Lacs de Covadonga sur la dernière Vuelta pour prendre le dernier exemple en date).
Pour revenir au Giro, je ne suis pas d’accord avec Albator pour considérer que Froome n’y doit sa présence que grâce à ses avocats. Il a pu être présent car le règlement existant ne prévoyait pas de suspension dans le cas du contrôle anormal qu’il a subi. Personnellement, j’ai déploré cette situation et je pense que les coureurs dans cette situation devraient être suspendus… à condition que les affaires soient traitées plus rapidement que le dossier Froome toutefois (imaginez un coureur suspendu à tort près d’un an…). Froome n’est pas fautif d’avoir pu courir à cette période. J’irais même plus loin : je suis sincèrement admiratif que, dans ce contexte de défiance absolu, il ait pu remporter ce Giro de cette manière et enchaîner par un podium sur le Tour. Cela en dit long sur sa force de caractère.
En ce qui concerne la 19ème étape du dernier Giro, je rappelle simplement que Froome est passé en tête au sommet du Finestre avec 30 secondes d’avance sur le groupe Dumoulin/Pinot alors que ce dernier avait crevé. Que son temps d’ascension ce jour-là, malgré une montée à bloc avec un relais supersonique d’Elissonde et une violente attaque notamment, a été nettement moins bon que ceux de Rujano en 2011 ou Aru en 2015. Idem pour son temps d’ascension sur le Zoncolan à plus d’une minute des temps réalisés par Simoni et Piepoli (et pourtant les conditions de courses étaient parfaites ce jour-là : temps frais, étape courte, coureurs qui se tirent la bourre...). Alors que l’on ait des doutes pour les raisons que j’invoquais, je le conçois ; que l’on disqualifie son Giro à partir des données dont l’on dispose, c’est du délit de sale gueule. Doliprane, tu dis que c'est trop gros pour être vrai. Que tu nous indiques des évidences alors car pour moi elles ne sautent pas aux yeux et les éléments dont nous disposons vont même dans le sens d'une performance plus propre que celles des coureurs auxquels Froome est comparé.
Enfin, sur le parallèle avec Armstrong. Ce n'est pas parce qu'un coureur est innocenté par la justice que l'on ne peut pas avoir des doutes, certes. Mais nos doutes ne doivent pas se transformer en certitudes. Nous devons être prêt à reconnaître, à tout moment que nous nous étions trompés. J'ai l'impression que pour beaucoup, vous n'avez pas simplement des doutes sur Froome, vous êtes
sûrs qu'il n'est pas clean.
Bien sûr, j'ai moi aussi eu des doutes sur Armstrong à l'époque. A mes yeux, Armstrong était un grand coureur, mais c'était un grand coureur de classiques dont je n'ai jamais admis la transformation en patron du Tour. Donc je conçois tout à fait le genre de réactions de certains. Mais, si l'on est honnête, on ne peut condamner quelqu'un sans preuve. Cela est valable pour Armstrong comme pour Froome.
Et, dans le fond, si la domination d'Armstrong m'était aussi insupportable, c'est parce qu'elle ne me faisait pas rêver et, pire, qu'elle brisait mes rêves chaque été. Jusqu'à cette année, Froome ne m'avait jamais fait rêver. Sur cette 19ème étape, il l'a fait. Il a gagné mon respect. Repensez-y bien : combien de coureurs ont réalisé un exploit de cette dimension dans l'histoire moderne du cyclisme (post 1945) ? Uniquement une poignée et tous des grands champions.
Néanmoins, sois certain que sii Froome tombe pour dopage par la suite et que j'apprends qu'il était chargé ce jour-là, je ferais amende honorable et serais sincèrement attristé.