Itw avant Quebec :
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Anthony Roux-Arthur Vichot : paroles de futurs «ex»
Une amitié indéfectible lie le champion de France Anthony Roux à Arthur Vichot, équipiers ambitieux cette semaine au Canada avec Groupama-FDJ et adversaires l'an prochain.
QUÉBEC (CAN) - Ce sont les meilleurs amis du monde, et, avec Thibaut Pinot, ils forment aussi un trio soudé : Anthony Roux (31 ans) et Arthur Vichot (29 ans) ont été champions de France (Vichot en 2013 et 2016, Roux en 2018). Ils sont montés sur le podium du Grand Prix de Québec (Vichot en 2013, Roux en 2016). Et malgré de nombreuses blessures, ils incarnent le vélo fou rire. Pour la première fois, l'an prochain, leurs routes se sépareront : Roux a prolongé de deux saisons avec Groupama-FDJ et Vichot sera parti chez Vital Concept.
« Quand votre amitié est-elle née ?
Arthur Vichot : Au Tour 2011. On était dans le même délire, en osmose, on n'arrêtait pas de faire les cons tout en restant professionnels : on était jeunes, quoi...
Anthony Roux : On a un caractère spécial, hors moule. On est un peu décalés, on passe pour des branleurs, alors qu'en France on fait partie des coureurs qui bossent le plus.
A. Vichot : Dans ce Tour, il y avait Casar, Roy, Jeannesson dans l'équipe : très droits, très carrés, ordonnés. Notre comportement de guignols faisait un petit peu tache, mais il ne faut pas être contre nature.
A. Roux : Quand tu fais le mariole, c'est plus dur de faire ta place chez les pros. On aime bien ceux qui entrent dans une case, qui font leur vélo, point final.
Il faut plaire au leader...
A. Vichot : Oui, il faut être dans la bonne bordure, comme on dit. Cependant, à l'époque, on n'avait pas de vrais leaders. Sandy (Casar) était très respecté mais il ne voulait pas de ce statut.
Et sept ans plus tard ?
A. Roux : Nos relations sont encore plus poussées, on est devenus de grands amis. En dehors de la course, on s'appelle beaucoup. L 'an dernier nous sommes partis en vacances ensemble. Je n'ai pas plus de cinq amis dans le monde du vélo. J'ai davantage de collègues que de vrais amis.
Aussi parce que la concurrence est vive en interne ?
A. Vichot : Quand on arrive dans une équipe, on veut tous faire les plus belles courses, essayer d'obtenir des résultats. Entre guillemets, il faut piquer la place d'un autre. Avec Anthony, même si on a sensiblement le même profil, cela n'a jamais été comme ça. À part le Championnat de France, on a rarement performé sur les mêmes courses. Malheureusement aussi car on a connu pas mal de blessures.
«Après la ligne, Arthur est la première personne que je voulais voir» - Anthony Roux
Au lendemain du Championnat de France, une photo publiée dans « L'Équipe » vous montre serrés l'un contre l'autre...
A. Vichot : Je sais ce que c'est que de gagner un Championnat, encore plus après avoir traversé des moments difficiles, et Anthony a donné de ce côté-là. Je pense qu'il n'était pas estimé à sa vraie valeur dans l'équipe. En plus, j'étais acteur dans le final, c'était très fort de vivre ça, même si j'ai "crampé" et que je n'étais pas là jusqu'au bout. C'est inoubliable dans une carrière.
A. Roux : Après la ligne, Arthur est la première personne que je voulais voir. J'ai éclaté (en sanglots), j'étais dans un ascenseur émotionnel.
Qu'est-ce qui vous fait penser que vous pouvez gagner à Québec ?
A. Vichot : On a déjà fait un podium. L'arrivée nous correspond bien, le dernier faux plat montant (4 %) est usant, ça se fait sur le “lactique”.
Généralement vent de face...
A. Roux : Quand je sprinte, je ne regarde pas le vent. Il faut avoir un bon placement, surtout pas un coup de retard. Sans Sagan (vainqueur en 2016 et 2017), son équipe n'aura pas à contrôler et beaucoup de coureurs n'ont pas envie d'un sprint. Pourquoi pas un petit groupe se disputant la victoire...
Arthur était sur le Tour, pas vous...
A. Roux : On était en contact, je lui demandais les ragots du peloton (il rit).
Parmi les rumeurs, il y avait celle du départ d'Arthur. Quand avez-vous pris votre décision de changer d'équipe ?
A. Vichot : Dans la dernière semaine du Tour. J'ai envoyé rapidement un message à Anthony, je lui ai peut-être même dit avant Marc (Madiot, le manager). On était tous les trois en fin de contrat, donc susceptibles de partir.
«Cela fait partie du vélo d'être mauvais» - Arthur Vichot
Vous dites tous les trois, car vous formez aussi un trio de copains avec Thibaut Pinot...
A. Roux : Avec Arthur, je perdais quelqu'un de cher dans l'équipe. Si Thibaut était parti lui aussi, j'aurais fait un choix différent que celui de rester.
Groupama-FDJ est une équipe que l'on ne quitte pas facilement.
A. Roux : Roy (qui prend sa retraite), Ladagnous, Vaugrenard, Thibaut, moi, pour citer les plus anciens, on a tous connu une seule équipe... C'est l'une des rares où il n'y a pas beaucoup de ménage. Marc a cette force de garder ses coureurs.
A. Vichot : J'ai fait neuf ans, c'est déjà beau. Je n'ai jamais souffert d'un manque de liberté, l'équipe me faisait confiance sur pas mal de courses. Je change pour connaître une nouvelle dynamique, vivre une expérience de plus. Lorsqu'on est souvent blessé, parfois on se renferme dans des choses un peu négatives, peut-être que cela me donnera un nouvel élan d'être avec de nouvelles personnes.
Avez-vous un souvenir commun ?
A. Roux : Justement, à Montréal il y a trois ans, lors d'un Grand Prix disputé dans des conditions dantesques. Dans l'équipe, un seul mec (Jeannesson) avait terminé. Martial (Gayant, directeur sportif) nous en parle encore ; aujourd'hui, on en rigole. Martial est entier : il me fait pleurer ou il me fait rire. Ce jour-là, il avait eu raison de nous mettre un coup de pied au cul, même si on se l'était mis tout seul.
A. Vichot : Quand on bâche, c'est nous qui passons pour des tocards. Tous les deux ans, il faut pouvoir signer un nouveau contrat, or on s'était pénalisés. Cela fait partie du vélo d'être mauvais. »