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J'ai pu retrouver sur le net l'église à côté de laquelle j'ai dormi, dans un petit parc au centre-ville de Lajoskomarom donc. C'est une commune de 2000 habitants, à l'est de Siofok et du lac de Balaton, au centre de la Hongrie.
Et je viens de me souvenir pourquoi j'ai atterri dans ce village, bien plus au sud que ma route prévisionnelle : car c'est un village à l'est d'une résidence avec plusieurs cottages et un restaurant, où j'ai donc pu manger la veille avant de partir pour ma séance de vélo-sable !
L'entrée du cottage de Paskom près de Lajoskomarom
La chanson du jour :
Je n'ai pas pu échappé au phénomène Despacito, même au fin fond de la Hongrie
Nuit à la belle étoile = réveil avant 6h = 200kms dans la journée
Je commence à connaître la musique, et ça s'est confirmé à chaque fois telle une formule magique . Je me réveille donc plutôt confiant mais pourtant, je ne sais pas où je suis et mon portable est en rade suite à ma séance-photo de la veille. Il faut donc retrouver le Danube aussi vite que possible. L'objectif du jour est d'arriver aux confins de la Hongrie, près de la frontière roumaine, à Mako. Je dois pour cela mettre le cap au sud-est. Je me perds pour sortir de la ville, la seule route praticable mène vers le nord-est. Je vais donc compenser en prenant trop au sud pendant la matinée. Bref, encore des détours .
Ce matin, je n'ai pas les jambes, pas de jus . J'ai pourtant bien dormi, ne suis pas déshydraté (alors que c'est mon problème n°1 au réveil). Je trouve une supérette où je prend des viennoiseries bien grasses à Deg en guise de petit-déjeuner. Je prends ensuite la route 64 qui me mènera vers Cece, de là j'espère trouver le Danube. Je reprend la route, mais les jambes ne réponde toujours pas. J'ai peut-être trop forcer la veille dans le sable?
La ville de Cece
Un peu plus tard, à Cece, je vais dans un bar où je prend une bouteille de sirop de cerise. J'en bois abondament sous les regards de plus en plus abasourdis d'un veil homme qui finit par m'engueuler en Hongrois . Qu'est ce que j'ai fait ? C'est parce que je suis sale que je me fais réprimander? Alors que j'ai bu un demi-litre, et que je m'apprête à vider le reste de la bouteille (de 2l) dans mes bidons, j'ai un goût bizarre, de sucré dans la bouche. Là, le vieil homme change de ton, et se marre . Il me fait comprendre que je vais faire une "Tom Dumoulin". C'était du sirop pur. Sur la bouteille, il y a les recommandations d'usages que je n'avais pas lu, car je ne lis pas le hongrois. "A diluer 4 fois" je devine . Mon corps était en hypoglycémie donc, j'en ai bu une bonne quantité sans le sentir. Je ne fais pas le malin et dilue par deux mes bidons. Je vais en garder un peu sur moi, on ne sait jamais.
Je repars vers le sud en direction de Paks, sur la route 63, et voilà que je sens 10 minutes plus tard les effets de la potion magique. L'hypoglycémie laisse place à l'hyperglycémie . D'autant que je finis de digérer les pâtisseries. Bref, j'ai de l'énergie à revendre . Il y a peut-être un effet placebo mais me voilà euphorique, je mets la plaque et me rattrape de mon réveil poussif. Mon cœur s'emballe, j'ai la bougeotte. Je me suis dopé à l'insu de mon plein gré. Je repars en mode CLM, tout à droite, en direction du sud puis de Paks. Mais les effets sont temporaires : à 11h, j'arrive à Paks (km 66) à bout de souffle, au bord du Danube .
Au final il y avait un itinéraire meilleur : j'aurai pu continuer sur la route 61 pour traverser le Danube près de Solt, et ensuite prendre la 53 jusqu'à Soltvadkert. Mais la route que j'ai prise est guère plus longue, je passe à nouveau dans des routes de campagnes goudronnées, et je profite de paysages verdoyants, en traversant une forêt.
Nouvelle pause le temps de récupérer. On m'indique un embarcadère plus au nord, qui part pour la rive droite à 11h45. J'ai le temps de manger une soupe de poisson avec les pêcheurs qui finissent leur matinée.
Les paysages du Danube au centre de la Hongrie, que je traverse sur un bac (dommage que je n'aie pas pu prendre de photos )
Une fois arrivé dans l'autre rive, je me remets en route et espère passer les 200 bornes pour arriver près de la Roumanie. Mais je vais avoir le deuxième gros problème mécanique, après Roubaix : je crève de l'arrière sur le bord de route près de Kiskunmajsa. En remettant avec précaution la roue arrière pour éviter de casser de nouveau quelque chose, je m'aperçois que j'ai perdu le boulon pour serrer la roue arrière :boulet: . Je cherche partout mais ne trouve rien. Il y a de la pente, il a très bien pu rouler par mégarde ... Le temps passe et je décide d'aller voir à pied dans la ville la plus proche si je peux trouver la pièce manquante. Vu le nombre de cyclistes en Hongrie, je suis optimiste. Finalement, un cycliste qui rentrait chez lui m'invite à le suivre. Son voisin, qui à un atelier de fortune, trouve un boulon pour resserrer provisoirement ma roue arrière. Je ne sais pas comment les remercier . C'est peu pour eux, mais c'est beaucoup pour moi, vu le contexte.
J'ai eu beaucoup de chance. Je vais aller jusqu'à Szeged que j'atteinds en fin de journée. Alors que la nuit tombe, on m'indique une boutique de vélo où je pourrai acheter le nécessaire pour réparer mon vélo demain matin. Je trouve un hôtel au centre ville et m'y arrête. C'est la fête au centre ville et il y a de la foule pour assister à des concerts gratuits (j'ai eu du bol n'empêche, je n'étais pas au courant !). Je trouve une chambre de libre. L'hôtel à un parking à vélo. A la réception, j'entends des touristes italiennes se plaindre de leur rude journée. Je trébuche dans l'escalier, laisse échapper un d'énervement, mais surtout de crainte de me blesser bêtement alors qu'il me faut repartir demain, et puis j'extériorise un peu toute l'angoisse accumulée dans la journée (la mauvaise gestion de ma glycémie le matin, la crevaison, devoir mettre pied à terre au milieu de nulle part)... Bref une bonne nuit de sommeil et tout cela sera oublié, demain je serai en Roumanie
Au bilan de cette traversée de la Hongrie, 30kms de débours, ce qui, vu mes détours, n'est rien. Je sens que mon nouvel objectif, d'arriver à Bucarest avant mardi, est de plus en plus abordable, si je ne me remets pas à nouveau à faire des erreurs d'inattention ...
Dernière modification par Le sucre sportif le 03 août 2018, 01:48, modifié 6 fois.
Le sucre sportif a écrit : 03 oct. 2017, 19:29
Au final je me suis retrouvé sur ces routes là car je l'avais un peu cherché (à trouver un raccourci à travers champs) et j'ai remarqué que les routes secondaires en Hongrie (sans faire de généralités) étaient en terre ou en sable, ce qui n'est pas dérangeant pour faire du vélo, si l'on ne roule pas trop vite, et que l'on fait attention
Je ne sais pas ce que tu appelles routes secondaires, mais quand j'y allais il y avait l'autoroute, la route "nationale" et des routes "départementales" et toutes étaient bitumés.
Mais comme je l'ai dit, ce n'est pas très important.
Dernière modification par Super_Cuvet le 03 oct. 2017, 20:39, modifié 1 fois.
T'en a, des histoires, toi! Chaque jour quelque chose de différent, d'inattendu, on s'amuse (avec une pointe de culpabilité) de tes problèmes et passe de surprise en surprise!
Je ne m'en lasse pas!
Merci de partager ton récit le sucre, très chouette à lire, j'apprécie particulièrement ton envie d'aller mettre tes roues dans les lieux mythiques du cyclisme tout en ayant un cap malgré tout, je trouve ça génial.
Ton voyage résonne d'une manière particulière pour moi car je suis parti à peu près aux mêmes dates que toi à Riga en vélo avec ma coéquipière (petit blog photo sans prétention qui s'adressait surtout aux proches : http://ouistitipatata.blogspot.fr/ ) alors forcément, certaines choses me renvoient à ce périple : le cuissard mouillé au petit matin, chercher un coin pour dormir à la nuit tombée, les moustiques qui gâchent les nuits dehors, la galère pour sortir des villes, mais aussi bien sûr le sentiment de liberté et la joie de voir du pays...
-l'aspect orientation est celui qui m'épate le plus, même si tu te perds souvent, mais justement c'est comme si tu avais pris le parti de savoir que parfois tu allais tourner en rond, et que c'était pas si grave... De notre côté c'était achat de carte routière détaillée pour chaque partie au fur et à mesure, je vois pas comment on aurait pu faire sans, notamment pour repérer les axes les plus directs mais potentiellement pas trop fréquentés... parce que google map et les batteries de smartphone ont leurs limites (à ce propos une bête batterie externe, c'est pas très lourd, et ça peut dépanner.)
-pour l'eau, entre les cimetières, les toilettes publiques, et les autochtones qui ne refusent jamais de remplir les bidons, y a quand même moyen de pas être à sec trop souvent sans s'arrêter dans un bar à chaque fois !
-je reste épater par le fait que tu aies trainé un sac de 8 kilos sur le dos tout le long. J'avais 12 kilos de plus mais dans des sacoches, mais j'échangerais pas ça contre ton sac !
-et en même temps, c'est ce que j'aime bien dans ton voyage, t'es parti un peu à l'arrache quand même (attends t'as même pas un petit matelas pour dormir dehors ?) en te disant, "ça va passer, faudra bien que je m'adapte". Nous on a trainé une tente de 3 kg alors qu'on l'a utilisée 4 fois en 40 nuits !
J'ai commencé à lire ton blog (je me suis arrêté à la frontière belge pour l'instant), merci de le faire partager Vous avez l'air d'avoir bien galéré au début, entre les chutes et les orages et le vent qui était de côté alors que je l'avais de dos en allant vers l'est ... Vous étiez bien chargés également, mais on avait la même philosophie de vouloir profiter de notre liberté en tant que cycliste, et en prenant avec joie et philosophie les petits pépins, on s'en sort grandi et c'est ce qui permet de mieux apprécier quand tout va bien
Pour l'eau, tu as raison, en France j'allais dans les cimetières, mais c'est souvent galère à trouver, à l'écart des villes alors que les troquets sont dans les rues principales, et je trouve que c'est là qu'on entend le plus d'histoire, et que l'on peut rencontrer les locaux, et discuter de la région (parfois j'avais droit à un itinéraire bis plus sympa à prendre) . Une fois arrivé en Hongrie, je me suis mis à boire en de l'eau en bouteille, car je n'étais pas confiant sur la qualité de l'eau (à tord ou à raison) en tout cas en Turquie, l'eau du robinet n'est pas potable donc j'ai préféré boire de l'eau gazeuse (c'est bon pour la gorge) avec du soda (pour le sucre et les fruits).
Pour la tente, au final, j'en avais marre de passer 30 minutes matin et soir à la monter/démonter l'an passé donc ça me faisais un poids en moins (je vois d'ailleurs que toi aussi, au début, tu avais l'air d'avoir du mal à la mettre)
Après avoir vu le début de tes aventures, et en comparaison avec la mienne, je me dis qu'en partant en avril, tu devais avoir des journées moins longues, plus humides et que les nuits devaient être froides en allant vers le nord ! J'ai hâte de lire la suite, comment voir avez géré en quels sont les paysages dans le nord de l'Europe
Pas de profil aujourd'hui, je suis le Mures, et c'est tout plat !
Village-départ : Szeged
Szeged est une ville du sud-est de la Hongrie, proche de la frontière roumaine et serbe. Elle est située au confluent de la Tisza et du Maros (Mures en roumain, que je vais suivre une grande partie de la journée).
Vue sur la Tisza
C'est une grande ville de près de 160 000 habitants, j'ai trouvé le centre-ville accueillant avec de beaux et grands bâtiments, des parcs et surtout des concerts en plein air, ce qui faisait contraste avec mes deux dernières journées passées dans la campagne.
Le centre-ville de Szeged, près de l'hôtel où je me suis arrêté
L'église de Fogadalmi (si la traduction est bonne) en plein festival !
Chanson du jour :
Nuit à l'hôtel = Grasse mat' = 50 kms de retard
Cette formule-là aussi je la connais, mais suite aux péripéties de la veille, il était bon de se reposer et de remettre les compteurs à zéro. Après une bonne nuit de repos, et surtout un buffet à volonté en guise de déjeuner, je fais marche arrière vers le vélociste que j'avais repéré la veille. J'y trouve la pièce que j'avais perdu pour resserrer ma roue arrière, et achète une chambre à air au cas où et peux donc repartir soulagé... Direction la Roumanie
J'ai beaucoup apprécié d'avoir traversée la campagne hongroise, me voilà maintenant à la découverte de la Roumanie. Je me dirige vers la frontière, j'ai prévu d'aller vers le sud-est pour éviter de me retrouver face aux Carpates. Je me trompe de route en prenant le chemin de Mako (la ville que où j'avais prévu de dormir hier soir). C'est pas grave, je mets le cap à l'est direction Sibiu
Je traverse le Muresh et continue encore quelques temps en Hongrie. Après la ville de Magyarcsanad, la route devient interdite aux cyclistes. Comment faire pour traverser la frontière Après quelques kilomètres à lutter pour faire ma place parmi les poids lourds, je trouve une route allant dans un hameau à ma droite, espérant que la route sera bitumée. Raté. Je vais longer le Muresh qui fait la frontière avec la Roumanie, dans une route cette fois-ci pleine de caillasse. Aucune crevaison à signaler !
Au moins, pas de problèmes avec les camions ici !
Ce chemin va me mener au pied de la frontière. J'ai peur d'avoir des remontrances (sur le comment je suis arrivé là avec mon vélo), où je vais avoir mon premier contrôle passeport. Aucun soucis, pourtant la route roumaine qui suit est tout autant interdite aux cyclistes . Dès mon passage à la frontière, le contraste est saisissant: la Hongrie est un pays en plein essor économique avec un tourisme développé (c'est l'impression que ça m'a donné) même si le sud m'a paru plus pauvre que le nord. Là, je vois la vraie misère. Je prend mes précautions pour changer mes Forint en Lei (lions), la monnaie roumaine car il y a beaucoup de vendeurs à la sauvette...
Peu après la frontière, je m'arrête dans une station service où je peux me ravitailler et attendre que les heures les plus chaudes passent. Je prévois de rester sur les grands axes, pour ne plus me perdre, et me ravitailler sans problèmes. Aussi, j'ai été brieffé et il y a de nombreux motels sur la route. Je pourrais me trouver une chambre rapidement une fois la nuit tombée.
Je trouve les roumains très souriants et chaleureux dans les villages, le roumain étant une langue latine, j'ai plus de facilités à comprendre les panneaux, et à discuter lorsque je m'arrête dans un café. D'autant qu'il y a toujours quelqu'un qui parle un peu français ou italien . Beaucoup de gens vivent au bord de la route : les éleveurs qui guident/gardent leur troupeau, les enfants qui jouent, les vendeurs de fruits... Pour le transport, fini la bicyclette, je vois beaucoup de calèches! Malheureusement, elles vont moins vite que moi, donc je ne pourrais pas m'en servir pour m'abriter .
Seule ombre au tableau, les chiens sont en pleine liberté et j'apprend à m'en méfier: certains sont joueurs, et sautent volontiers à mes roues, les plus paisibles se contentent de me suivre. Les plus vicieux, enfin, me suivent puis m'attaquent sans coup férir . Le seul remède, ralentir, faire tomber quelque dents et mettre les gaz avant l'attaque Une fois, deux fois par village ça peut passer, mais après plus de 100 bornes de vélo, c'est épuisant. Et il y a beaucoup de chiens, beaucoup trop
Les automobilistes, avec jovialité quand il me croisent, ou pour me prévenir d'un dépassement (ou plutôt forcer à m'arrêter et leur céder le passage), me klaxonnent. Sauf que je dois rester concentrer sur ma conduite en fonction du vent, des animaux, des autres usagers comme les calèches, bref de toute la vie et des imprévus qui m'entourent. Et comme mon cœur est très sollicité par ma façon de rouler, je mouline beaucoup, et longtemps, me faire surprendre par un klaxon est très désagréable voir dangereux (j'y reviendrais à la fin de mon récit, dans un mois, car un mois de klaxons, ça use, et par réflexe, on peut se mettre en danger en faisant des écarts par surprise). Je les entends pourtant très bien les voitures arriver, rien qu'au bruit de leur moteur Et si on comptait le nombre de voitures qui me dépassent par jour (plusieurs centaines) j'y suis habitué, et peux gérer la manœuvre.
Aussi, les Roumains, tout comme leurs voisins hongrois sont des sportifs, mais eux c'est derrière le volant. Ca dépasse au-delà des limitations, frôlent et passent les virages bien à la corde. Bref, après avoir voulu rester sur la nationale pour ne plus me perdre, je décide rapidement de reprendre les axes secondaires, où j'irais rouler avec les calèches. Je ne veux pas faire une mauvaise pub' de la Roumanie, c'est un comportement que j'ai trouvé dans de nombreux pays traversés, car il y a des fous du volants partout, mais ici, c'est plus flagrant. Aussi, j'ai vu beaucoup de croix sur les bords de route, j'ai le temps avec ma faible vitesse de lire les noms et les âges des victimes, je deviens de plus en plus superstitieux sur la route. Je me dégoûte de ne rapidement plus avoir aucune émotion en voyant ces croix fleuries au bord de route, tant elles sont nombreuses ...
Cependant, en cette fin de journée, sur une route moins fréquentée, je me repose et profite de la campagne roumaine qui est très jolie, naturelle avec de nombreuses basiliques, plus petites que nos églises, mais plus colorées, ce qui a son charme.
Une église peu avant Arad
Des moutons, que je vois paître des deux côtés de la route, sans clôtures
C'est donc une journée mitigée entre mon désir d'aller vite et de me confronter au trafic, et celle de profiter de la campagne, plus en tranquillité. J'arrive en début de soirée à Arad, où je mange au bord du mures, les restaurants italiens sont nombreux, pâtes ou pizzas, j'ai le choix .
Arad et le Mures
Je digère sur une piste cyclable qui longe la rivière. Je suis consciens d'avoir moins roulé qu'à l'accoutumée aujourd'hui, mais je ne voulais pas me cramer et rester attentif aux dangers de la route. J'ai tendance à faire des bêtises le soir, avec la fatigue . Au village de Radna, je vois le soleil se coucher derrière moi, les enfants jouent dans les rues, et les adultes profitent des barbecues en ce samedi soir. Une belle soirée d'été en somme, même ambiance qu'au bord de la Meuse, peu avant Huy. Je fais encore deux bornes pour trouver un endroit tranquille où dormir. J'en trouve un le long de la route, a caché derrière un buisson, avec la vue sur le Mures que je vais suivre jusqu'aux Carpates. Je devais arriver à Lugoj ce soir, qui se trouve à 70kms plus au sud. J'ai donc le même retard qu'après la forêt noire. Demain, nouvelle étape à plus de 200 bornes, à n'en pas douter !
Dernière modification par Le sucre sportif le 03 août 2018, 01:57, modifié 3 fois.
Purée, les clebs, ma hantise. Quand j'en vois un, je flippe, j'imagine même pas plusieurs dizaines
Petite question, ce qui m'épate-m'étonne le plus, c'est ta capacité à dormir un peu n'importe où. Niveau confort, sécurité, je trouve ça dingue. Je sais bien qu'avec la fatigue, il est plus facile de s'endormir, mais pas évident de trouver le vrai et lourd sommeil, non ?
J'avais lu des histoires de cyclistes qui ont chuté à cause de chiens sur ce forum. J'ai bien fait de me méfier ! Heureusement pour moi il n'y en avait pas tant que ça, c'est juste que comme il y a peu de clôtures, quand tu passes devant une maison, tu as souvent affaire à un chien .
Pour les nuits dehors, j'en ai passé des très mauvaises en Belgique la première semaine (pas l'habitude, il faisait froid et surtout humide) mais depuis que je suis passé en Allemagne, il faisait très beau, et chaud et mon corps s'habituait : je ne me réveille plus qu'une fois dans la nuit, par habitude, je bois et mange puis me rendors (finalement c'est pas plus mal pour la récup' car comme je toxine à mort, l'eau aide à évacuer, et je n'ai pas les jambes lourdes le matin). Finalement je n'y connais rien en sommeil, peut-être que c'était pas optimal au niveau du "sommeil lourd" et j'ai fait rapidement de la fatigue chronique, c'était permanent et je me suis habitué. Mais c'était une fatigue légère, et après un petit échauffement, un café le matin, et en me refocalisant sur la suite, je l'oubliais .
Aussi j'ai pris quasiment que des fringues dans mon sac. Je dormais avec 5 couches de vêtements, une couverture thermique, je cherchais un terrain en pente pour surélever un peu mes jambes pour la récup' et je me servais de mon sac comme oreiller. Le problème était de dormir sur du bitume ou de la caillasse, car je ne voulais pas me mouiller dans l'herbe. Ma priorité pour dormir était de planquer mon vélo (souvent dans un bois, un buisson ...) hors de la vue des usagers de la route, et moi je dormais de préférence à l'abri du vent, contre un mur, dans un coin si possible je m'y sentais bien car je mettais du temps à le trouver. Je me bandais les yeux et les oreilles avec une jambière pour ne pas être dérangé par les bruits de la route et les lumières. La fatigue avait tendance à baisser mon niveau d'alerte, je m'endormais ainsi facilement car je ne pensais plus au danger. Tout les soirs, j'étais satisfait de ma journée, de ma progression, de ce que j'avais vu, et je m'endormais en pensant aux prochains jours ...
Dernière modification par Le sucre sportif le 05 oct. 2017, 16:48, modifié 1 fois.
Le sucre sportif a écrit : 04 oct. 2017, 18:47
J'ai commencé à lire ton blog (je me suis arrêté à la frontière belge pour l'instant), merci de le faire partager Vous avez l'air d'avoir bien galéré au début, entre les chutes et les orages et le vent qui était de côté alors que je l'avais de dos en allant vers l'est ... Vous étiez bien chargés également, mais on avait la même philosophie de vouloir profiter de notre liberté en tant que cycliste, et en prenant avec joie et philosophie les petits pépins, on s'en sort grandi et c'est ce qui permet de mieux apprécier quand tout va bien
Oui je sais pas si ça mérite une lecture approfondie hein, mais c'est sympa de t'y intéresser. Et je ne dirais pas qu'on a galéré non, jamais de gros ennuis mécaniques, jamais de gros ennuis météo, jamais de gros ennuis physiques, jamais de sentiment d'insécurité (bon peut-être à part la fois où on a fait 15 bornes sur une autoroute lituanienne par erreur...)
Donc beaucoup de chance, et seulement quelques menues péripéties inhérentes à ce genre d'aventure !
Quant au vent, il est vrai que l'avoir dans la gueule ou de côté pendant plusieurs jours d'affilée est parfois dur pour le moral. J'esquivais la crise de nerfs en me voyant en super-héros protégeant sa chère leader du mieux possible pendant des heures et des heures, l'équipier modèle vraiment ! Si j'avais été seul, je sais pas quelle combine j'aurais trouvé
Le sucre sportif a écrit : 04 oct. 2017, 18:47
Pour l'eau, tu as raison, en France j'allais dans les cimetières, mais c'est souvent galère à trouver, à l'écart des villes alors que les troquets sont dans les rues principales, et je trouve que c'est là qu'on entend le plus d'histoire, et que l'on peut rencontrer les locaux, et discuter de la région (parfois j'avais droit à un itinéraire bis plus sympa à prendre) . Une fois arrivé en Hongrie, je me suis mis à boire en de l'eau en bouteille, car je n'étais pas confiant sur la qualité de l'eau (à tord ou à raison) en tout cas en Turquie, l'eau du robinet n'est pas potable donc j'ai préféré boire de l'eau gazeuse (c'est bon pour la gorge) avec du soda (pour le sucre et les fruits).
Oui c'est vrai quand dans les cimetières, les échanges avec les gens du coin sont plus difficiles
Le sucre sportif a écrit : 04 oct. 2017, 18:47
Pour la tente, au final, j'en avais marre de passer 30 minutes matin et soir à la monter/démonter l'an passé donc ça me faisais un poids en moins (je vois d'ailleurs que toi aussi, au début, tu avais l'air d'avoir du mal à la mettre)
On est d'accord sur l'aspect gain de temps précieux. Je reste quand même épaté que tu aies passé autant de nuits dans des buissons ou des fourrées divers et sans matelas. Pour nous c'était plutôt surface en dure de préférence sous abris, type lavoir, préaux divers, clocher d'église, aires de pique-nique, terrasse de magasins, abri à charriots, maison abandonnée...avec plus ou moins de bonheur selon l'heure à laquelle ça commençait à s'agiter autour de nous le matin !
Le sucre sportif a écrit : 04 oct. 2017, 18:47
Après avoir vu le début de tes aventures, et en comparaison avec la mienne, je me dis qu'en partant en avril, tu devais avoir des journées moins longues, plus humides et que les nuits devaient être froides en allant vers le nord ! J'ai hâte de lire la suite, comment voir avez géré en quels sont les paysages dans le nord de l'Europe
En fait en avril on est allé que vers le sud, Hérault d'abord, puis Var ensuite. Nous sommes partis pour le voyage jusqu'à Riga à la mi-mai, donc on a rencontré grosso-modo les mêmes conditions que toi (avec un peu moins de chaleur quand même !)
damienleflahute a écrit : 05 oct. 2017, 12:04
"Je me bandais les yeux avec une jambière pour ne pas être déranger par les oreilles"
Là excuse moi j'ai rien compris!
Le sucre sportif a écrit : 05 oct. 2017, 10:14
Je me bandais les yeux et les oreilles avec une jambière pour ne pas être dérangé par les bruits de la route et les lumières.
_ChaletReynard a écrit : 05 oct. 2017, 13:03
Oui je sais pas si ça mérite une lecture approfondie hein, mais c'est sympa de t'y intéresser. Et je ne dirais pas qu'on a galéré non, jamais de gros ennuis mécaniques, jamais de gros ennuis météo, jamais de gros ennuis physiques, jamais de sentiment d'insécurité (bon peut-être à part la fois où on a fait 15 bornes sur une autoroute lituanienne par erreur...)
Donc beaucoup de chance, et seulement quelques menues péripéties inhérentes à ce genre d'aventure !
Ah oui c'est extrême ça, mais parfois malheureusement on a pas le choix
_ChaletReynard a écrit : 05 oct. 2017, 13:03
Quant au vent, il est vrai que l'avoir dans la gueule ou de côté pendant plusieurs jours d'affilée est parfois dur pour le moral. J'esquivais la crise de nerfs en me voyant en super-héros protégeant sa chère leader du mieux possible pendant des heures et des heures, l'équipier modèle vraiment ! Si j'avais été seul, je sais pas quelle combine j'aurais trouvé
J'ai eu du bol à l'aller avec le vent favorable. On y reviendra pour la fin du voyage où j'ai mangé du vent de face ou de côté, il n'y a pas grand'chose à faire à part aller moins vite et prendre plus de pause. Mais j'avais quelques musiques qui me motivaient, et des paysages qui font oublier que l'on est face au vent (et puis comme je l'ai dit au début, je tiens plus de Gougeard, je préfère faire face au vent qu'à une bosse
_ChaletReynard a écrit : 05 oct. 2017, 13:03
On est d'accord sur l'aspect gain de temps précieux. Je reste quand même épaté que tu aies passé autant de nuits dans des buissons ou des fourrées divers et sans matelas. Pour nous c'était plutôt surface en dure de préférence sous abris, type lavoir, préaux divers, clocher d'église, aires de pique-nique, terrasse de magasins, abri à charriots, maison abandonnée...avec plus ou moins de bonheur selon l'heure à laquelle ça commençait à s'agiter autour de nous le matin !
C'est en ça que nos deux voyages se ressemblent, mais sur la fin, je cherchais des endroits un peu plus confortable, mais globalement, je n'avais pas envie de rentrer dans des propriétés privées donc j'allais souvent dans les abris de bus ou des entrées de gymnases, d'églises (sauf une fois, mais ça sera une exception mais de plus en plus souvent dans des motels à partir de la Hongrie, surtout pour des raisons économiques (les hôtels en France et en Allemagne sont hors de prix ...)
Lipova est une ville de 10000 habitants située sur la rive droite du Mures (Mourèche). La ville se trouve aux portes de la Transylvanie et des Carpates.
Le bazar ottoman de Lipova
La basilique de Lipova
Sur la rive droite du Mures, face à Lipova se trouve Radna (c'est là que passe la nationale que j'ai cherché à éviter la veille).
L'église de Radna, avec une vue sur la plaine que je vais traverser ce matin, voyant les Carpates se dresser progressivement de chaque côté du Mures ...
La chanson du jour:
Dimanche matin, la plus belle matinée pour un cycliste. Les fêtards dorment et je peux profiter de la route rien que pour moi . Je me lève au bord de cette route, j'ai dormi dans la caillasse, pas top. En contrebas, le Mures que je vais continuer de suivre. Je prend la route pour chercher une boulangerie. Sauf que je suis dans une petite route de campagne, bien bitumée certes, mais aucun café/boulangerie/supérette à l'horizon . J'arrive au pied des carpates : des falaises de plus en plus hautes et verdoyante m'entourent. Je reste près de la rivière, qui me garanti de rester sur un terrain plat. Fausse-idée, ça grimpe ! J'étais en surcis de toute façon. Et je ne trouve aucun endroit pour manger ...
Jusqu'à Savârsin (Savurchine), après 57kms soient 3h de vélo où je peux rejoindre l'autre rive, la route nationale, et donc les stations services font office de supérette. Parfait, j'étais à sec, et j'ai terminé mes réserves de nourritures ... Je me souviens avoir pris un café (que j'ai bien sucré, une fois n'est pas coutume) après 2h de vélo, dans un petit village où l'on m'a dépanné d'un peu de pain avant de rejoindre Savârsin. Bref, pas super comme mis en route !
Le Castelul regal de la Savârsin
Pour la suite de la journée, j'espère bien avancer, jusqu'au pied des carpates que je souhaite affronter demain. Je chercher à faire 200 kms, histoire de refaire mon retard pour être plus tranquille les prochains jours. Il fait très chaud donc je vais rester sur la route nationale 7 afin de pouvoir me ravitailler aussi souvent que possible car nous sommes dimanche et il est plus sage de rester sur les grands axes . D'autant que je m'habitue aux conducteurs roumains. J'ai été surpris la veille par leur vélocité, mais je n'ai finalement pas eu de soucis aujourd'hui. Il y a moins de monde sur la route donc c'est plus tranquille, je me fatigue moins que la veille (en fait, nous sommes au milieu d'un weekend de 3 jours, donc hier il y avait du monde sur la route, et je redoute demain).
Je refais une pause dans un restaurant/routier où je découvre une spécialité roumaine, qui se fait aussi en Turquie, et que j'apprécie particulièrement : la tchorba, une soupe avec de la viande et des légumes, idéal pour manger et me réhydrater. Je vais donc passer au régime tchorba pour ma traversée de la Roumanie .
La citadelle de Deva, devant laquelle je passe en fin d'après-midi
Une église et le ravin rouge de Sebes (Sébèche), me rappelant que la montagne approche !
Peu après mon repas du soir, à Sebes, je reprends la route et ça commence à grimper ! A la nuit tombée, dans une bosse, je vais être surpris par un chien, je dois tenter de m'en défaire malgré la pente et la fatigue . Arrivé à hauteur, je place une accélération mais je ne vais pas assez vite pour le distancer. Résultat, je dois faire un écart pour l'éviter alors qu'une voiture allait me dépasser . Simple réprimande de l'automobiliste qui a eu aussi peur que moi...
Un lacet plus loin, je vois des restaurants. Je m'arrête, traverse la route à pied bien sagement (et surtout les jambes coupées par l'épisode précédent) pour trouver une chambre où dormir. On m'indique qu'au village suivant, il y a un motel en bord de route, à 5kms de là . Je vais donc me calmer quelques minutes, et reprendre la route pour 5kms de nuit, en descente dans une forêt, avec la peur de refaire une erreur, ou d'être piégé par la fatigue.
Tout se fini bien, je vais pouvoir dormir à l'hôtel, et demain, il faudra se lever tôt pour passer les Carpate et arriver à Bucarest dans deux jours
Dernière modification par Le sucre sportif le 03 août 2018, 02:09, modifié 5 fois.
_Allobroges a écrit : 18 sept. 2017, 21:53
en exlusivité, petit teasing du J+15:
"...je dévale alors en trombe une colline truffée de fougères et de ronces...je regrette de ne pas m'être battu davantage contre cette bande de migrants érythréens affamés pour conserver mon pantalon; cela aurait éviter quelques erraflures douloureuses...Bref, je pense alors avoir semé la horde de loups si caractéristique de la région caucasienne et trouve un fossé pour me protéger. J'en profite pour taper un roupillon de 5 mn malgré la boue malodorante comme matelas. J'ai quelques douleurs à l'estomac, j'imagine que l'organisme ne digère pas encore très bien les quelques lombrics avalés quelques heures plus tôt. Au loin, j'entr'aperçois à travers l'épaix brouillard ce qui semble constituer des lumières de phares d'un véhicule... la fin de ma traversée de la Roumanie se révèle quelque peu difficile; je peste intérieurement des 6h25 de retard sur mon planning initial mais difficile, sans monture de tenir le rythme que je m'étais imposé."
Cunța est une ville de Transylvanie de 576 habitants donc on va parler de Sibiu qui se trouve à 40kms à l'est de là, où je vais prendre ma première pause de la journée. Sibiu est une des plus grandes villes de Transylvanie, elle est traversée par le Cibin, affluent de l'Olt que je vais suivre pour traverser les Carpates, avec le moins de dénivelée possible.
La ville se trouve donc au pied des Carpates, et fut fondée au XIIème siècle par des colons allemands, ce fut au moyen-âge le centre culturel des Allemands de Transylvanie (elle se nomme en allemand Hermannstadt). Elle se roumanisa au cours des XIXème et XXème siècle et reflète ainsi la diversité culturelle de la Roumanie.
La cathédrale de Sibiu
La vieille ville de Sibiu a été classée comme le 8ème endroit le plus idyllique d'Europe à vivre par le magazine Forbes
Chanson du jour :
Je suis près de Sibiu, où je vais devoir passer les Carpates et donc ça va grimper. J'approche cependant de Bucarest, et demain soir, si tout va bien, ce sera un repos bien mérité . Mais j'ai encore 300kms à faire, et je souhaite arriver à Bucarest frais et présentable. Je vais donc donner le maximum aujourd'hui pour passer une journée plus tranquille demain. Je n'ai jamais été autant motivé que cette journée (excepté à l'approche des monuments)
Je me presse donc à quitter l'hôtel au plus vite. 8 h, je suis parti. Comme j'ai pris un bon petit déjeuner, je n'ai pas de soucis à me mettre en route, lors de la première côte de la journée. Au sommet, près de Salişte, je profite que mon portable soit rechargé pour prendre une photo des alentours, car les paysages sont fantastiques
Je vais ensuite arriver à Sibiu, en longeant l'aéroport. Il est environ 11h et je continue en direction du sud et de Piteşti, l'objectif du jour. Je redoute les montagnes qui me font face. Heureusement pour moi, je vais longer l'olt, et donc je ne monterai pas très haut. D'après le profil du jour, ça tombe bien : j'ai fait la première côte dans la fraîcheur matinale et les dernières seront en fin de journée. Il me restera à chercher un peu d'ombre dans la vallée de l'Olt. Malheureusement pour moi, il n'y a qu'une route pour passer les Carpates, et elle est interdite aux vélos . Je m'y engage, pas le choix. Je pensais que je serai tranquille sur la route mais nous sommes un jour férié (le lundi de la pentecôte si je ne me trompe pas)...
La vallée de l'Olt : cadre idyllique, cadre touristique !
Donc à partir de 14h, c'est gros trafic, et les automobilistes, ne sont guère disciplinés (je peux comprendre, il fait très chaud et il y a des bouchons). Danger donc . Autre problème, la bande d'arrêt d'urgence est considérée comme une poubelle, (en plus d'être étroite). Je vais donc faire un slalom entre tout type de déchet, allant de la cannette de bière au pare-choc avant d'une voiture ! Le pire étant toujours les petits éclats de verre et les morceaux de métaux tranchant . Bref, c'est un slalom géant que j'effectue entre les montagnes. Je ne peux pas profiter. Je suis conscient de ne pas avoir le droit de rouler là (et que c'est vraiment stupide de rouler aujourd'hui) du point de vue des autres usagers de la roue, donc je me fais petit. La roche est proche de moi, je suis à flanc de colline, et les voitures toutes aussi proche. Il ne faut pas être claustrophobe car c'est serré pour passer par endroits (surtout sur les ponts).
Alors que je suis passablement fatigué d'être en état d'urgence permanent, je me prend une pierre. Crevaison du pneu arrière. Je craque . Il faut dire que, maintenant que je suis arrêté, je suis moins en danger et peut me lâcher. Je me défoule sur les automobilistes qui passent, je relâche la soupape. Je me repose un instant, m'asseyant à hauteur des pots d'échappements, contre la falaise. Désarroi total. C'est irrespirable. Je change ma chambre à air et repars.
Après avoir passé les Carpates je prends une photo souvenir. Le soir je la posterai cette photo sur Facebook, pour faire croire que tout va bien, que faire du vélo c'est trop cool et que les paysages sont magnifiques (en même temps je l'ai bien cherché )
On peut remarquer l'étroitesse de la bande d'arrêt d'urgence le long de laquelle j'ai roulé pendant 50 kms et plein après-midi (heureusement c'était ombragé).
En fin de journée, JE ME VENGE : le trafic se fait de plus en plus intense : à chaque village, chaque plage le long de l'Olt, des véhicules supplémentaires s'insèrent. Les bouchons sont de plus en plus longs tout le monde veut être rentré à Bucarest ce soir. Je redépasse des voitures que j'avais vu lorsque je changeais ma chambre à air en hurlant des noms d'oiseaux . Je remercie d'un signe de main, un peu gêné, les voitures qui me laissent la place de passer. Au fur et à mesure de dépasser et repasser les voitures, je m'aperçois qu'elles font de plus en plus attention à moi si bien que jusqu'à Ramicu Vâlcea, je roule en toute sécurité (faut dire qu'arrêtées, les voitures sont inoffensives ).
Le gars dans la camionette n'a pas trop aimé que j'affiche un large sourire en prenant la photo, mais c'est resté bon enfant
Râmnicu Valcea, au sud des Carpates, là où je vais quitter la vallée de l'Olt et les bouchons en cette fin de journée
J'ai mangé mon pain noir. Voilà l'autoroute ! Les vacanciers vont pouvoir la prendre et moi, rester sur la nationale jusqu'à Piteşti. Mais avant d'arriver, je dois finir sur quelques bosses, que je passe sans soucis, après une brève pause : ma fatigue aujourd'hui était plus mentale que musculaire. Je roule de nuit pour finir mon parcours, car moi aussi, j'ai perdu du temps dans les bouchons.
Demain sera plus tranquille
Dernière modification par Le sucre sportif le 03 août 2018, 02:18, modifié 4 fois.
Itinéraire bis de l'étape 19 : La Transfăgăraș !
Cunta – Pitesti 244kms, D+ 2623m, difficulté 5/5
Il faudrait raser le dernier kilomètre d'ascension pour que ça soit tentable un col pareil
Si j'avais eu plus de temps, je serais passé par ce qui peut être considéré comme l'une des plus belles routes à prendre à vélo au monde . Cela aurait été l'une des étapes les plus dures que j'aurai fait du trajet. Peut-être qu'en partant de Sibiu, et en arrivant à Curtea de Arges, avec donc 150kms environ, cela aurait été plus abordable mais j'avais d'autres priorités. Cela m'aurait certainement permis d'éviter l'embouteillage et les galères qu'ils impliquent mais ce qui est fait est fait !
La route Transfagarasan fait environ 100kms de long et traverse donc les Carpates par les monts Fagaras, par un col culminant à 2000m d'altitude, ce qui en fait l'une des plus hautes routes bitumées d'Europe . Elle est bloquée par la neige entre mi-octobre et mi-juin (donc au final, pas de regret, j'aurai pu être embêté en tentant d'y aller)
Le lac Bâlea
Dernière modification par Le sucre sportif le 03 août 2018, 02:23, modifié 1 fois.
Autant les autres jours, tes péripéties m'ont fait bien rire (sans méchanceté aucune) et tes exploits m'impressionnaient, autant aujourd'hui je te trouve très imprudent, dangereux, et me demande si tu tes rendu compte de la dangerosité de ce que tu as fait. Tu aurais pu te faire faucher par n'importe quelle voiture passant, merde! Un moment de distraction, une autre voiture qui les double d'un peu trop près et sans s'en apercevoir, elles t'auraient déséquilibré (au mieux) ou écrasé, à cette vitesse!
L'autoroute, c'est pour les voitures, pas les vélos!
Noé a écrit : 06 oct. 2017, 20:16
Autant les autres jours, tes péripéties m'ont fait bien rire (sans méchanceté aucune) et tes exploits m'impressionnaient, autant aujourd'hui je te trouve très imprudent, dangereux, et me demande si tu tes rendu compte de la dangerosité de ce que tu as fait. Tu aurais pu te faire faucher par n'importe quelle voiture passant, merde! Un moment de distraction, une autre voiture qui les double d'un peu trop près et sans s'en apercevoir, elles t'auraient déséquilibré (au mieux) ou écrasé, à cette vitesse!
L'autoroute, c'est pour les voitures, pas les vélos!
M'enfin, à aucun moment il écrit avoir pris l'autoroute