Pour éviter de parasiter le topic consacré au Tour de Romandie, je poste ma réponse sur ce topic plus approprié
kentinmania_ a écrit :On va voir si faire l'impasse sur les ardennaises nous a laissé un Quintana un peu plus fringant que l'an passé.
Quintana n'a jamais réussir à rebondir en Europe après une baisse de forme. Il faut qu'il revienne à la case Colombie pour rebooter le système. Chose à nouveau qu'il n'a pas faite après le Pays-Basque.
Regardez depuis 2014 le schéma de Nairo Quintana :
[b:3jnub0ji]2014[/b:3jnub0ji]
- un peu avant le 1er mars : [b:3jnub0ji]rentrée en Europe de Colombie[/b:3jnub0ji]
- du 12 au 18 mars : Tirreno - 2ème du général derrière un magistral Contador qu'il aura essayé de suivre avant de se brûler les ailes dans le Passo Lanciano, mais 2ème quand même.
- du 24 au 30 mars : Tour de Catalogne - 5ème du général, une course moins débridée qu'en Italie lui profitant moins, mais on ne sent tout de même pas une hausse de niveau, son niveau est à peu près le même que dix jours avant.
- il se dépêche de retourner aussitôt, accompagné du fidèle Castroviejo, [strike]à Cuba[/strike] [b:3jnub0ji]en Colombie[/b:3jnub0ji]. Il comptait initialement revenir faire une course avant le départ du Giro soit le Tour de Romandie soit le Tour des Asturies, ce dernier étant annulé, finalement il reste accumuler du globule à Tunja.
- rentrée en Europe vers le 5 mai.
- le 27 mai : après deux semaines à se cacher et à parfaire sa condition, il décide enfin de passer à l'action lors de l'étape menant à Val Martello où il connaîtra quelques soucis de daltonisme dans le Stelvio.
- Sa Quintanaïade vient le chercher à la fin du Giro pour qu'il rentre en Colombie afin de l'aider à changer les couches de Mariana. Retour en Europe tout juste pour le Tour de Burgos qu'il remporte sans coup férir, avant que son vélo électrique ne lui joue des tours dans une descente lors du chrono de la Vuelta (c'est ce que m'a dit Cyrille Guimard, paroles de druide)
[b:3jnub0ji]2015[/b:3jnub0ji]
- Rentrée en Europe (après une blessure début février sur le championnat national) entre le 25 février et le 6 mars (?) pour Tirreno où, sous la neige, le 15 mars, il écrase la concurrence qui ne peut opposer la moindre résistance.
- en prévision de l'étape pavée du TdF, il s'aligne ensuite sur deux flandriennes, qui, d'après lui, sont la raison d'un manque de fraîcheur sur le Tour du Pays-Basque qui suivra où il décevra lors des deux derniers jours, le 10 et 11 avril, lui qui avait été si performant sur le même type de chrono final en 2013. Devancé même par Felline !
4ème au général
- bien qu'ayant refait un peu de jus du 11 au 22 avril, sa forme continue à décroître, il s'aligne sur les Ardennaises pour préparer l'étape de Huy du TdF, et se montre ensuite encore plus moyen en Romandie la semaine suivante, du 28 avril au 3 mai, se contentant de ne pas perdre la guerre psychologique sur le Kényan albinos.
- il rentre en Colombie pour revenir juste avant le 18 juin en France pour la Route du Sud (2ème derrière Contador), trop juste encore le 14 juillet face à un Froome écoeurant de domination, il commencera sa démonstration à partir du 24 juillet sur le TdF.
- il décide de rester pour une fois en Europe et dispute deux critériums, après je ne sais pas où il est allé du 3 au 17 août.
- Vuelta du 22 août au 13 septembre, Quintana sera malade en début de course, mais ne retrouvera jamais le niveau qui avait été le sien auparavant. 4ème du général sans jamais avoir été une seule fois dans les 3 premiers d'une étape.
[b:3jnub0ji]2016[/b:3jnub0ji] après JC Darcheville
- il revient de Colombie le 17 mars pour y disputer la supercherie du WT : la [i:3jnub0ji]Volta la Cata la Cata la Catalounia[/i:3jnub0ji], où il maîtrise le gratin mondial, le 24 mars, notamment un Contador pistolérien depuis le début de la saison.
- au Pays-Basque, bien que le terrain soit moins à sa convenance, il se montre tout de même largement battu par Contador cette fois-ci sur l'ascension lors du chrono, s'il y avait eu un long col ce jour-ci, (le 9 avril), il eût été peu probable de voir Quintana maîtriser Contador avec autant de facilité qu'en Catalogne.
Quintana avait clairement perdu de sa superbe depuis son putsch en Catalogne.
[u:3jnub0ji]Bilan :[/u:3jnub0ji]
[b:3jnub0ji]2014[/b:3jnub0ji]
15 ème jour après son départ de Colombie => au top
25 ème jour => niveau à peu près constant sans hausse toutefois.
---séjour en Colombie---
22 ème jour => au top (GT) mais adversité moindre que sur le TdF
[b:3jnub0ji] 2015[/b:3jnub0ji]
entre le 10 et 15 ème jour => au top
40 ème jour => en baisse
60 ème jour => en baisse
---Colombie---
27 ème jour => pas encore au top (GT)
37 ème jour => top (GT)
66-88 ème jour => en baisse (GT)
[b:3jnub0ji]2016[/b:3jnub0ji]
7 ème jour => au top
23 ème jour => en baisse
En [b:3jnub0ji]2013 [/b:3jnub0ji]
il lui faut attendre le 23ème jour pour enfin passer devant Froome en montagne.
Je tiens à préciser que les nombreux calculs de puissance tendent à montrer que c'est davantage Quintana qui grimpe dans les watts en troisième semaine plutôt que Froome qui s'écroule complètement.
Finalement, il faut remonter au début de saison 2013 pour trouver un Quintana dont la forme s'améliore au fil des courses en Europe.
21ème jour => pas encore au top (Montagne de Lure)
33ème jour => au top (Vallters 2000)
48-50ème jour => toujours au top (Pays-Basque)
[b:3jnub0ji][u:3jnub0ji]Mon Analyse :[/u:3jnub0ji][/b:3jnub0ji]
en 2013, c'est la dernière année où il décide de venir en Europe sans le San Luis dans les jambes, il met alors un certain temps pour être à son top (33 jours après son départ de Colombie), mais parvient à enchaîner deux courses WT où il se montre le meilleur dans les ascensions. Il garde un pic de forme sur 20 jours, mais ayant refait du jus entre temps (pas configuration GT).
En 2014, 2015 et 2016, avec le San Luis en course préparatoire, il lui faut moins de 15 jours pour être à son meilleur niveau, en fait, il frappe systématiquement d'entrée sur la première arrivée au sommet. Seulement et c'est une constante aussi, passés 25 jours après son départ de Colombie, son niveau tend à décliner. L'an passé, il attribuait son coup de moins bien par le fait qu'il ait été en Belgique à deux reprises, mais il avait entre temps de quoi refaire du jus (son programme n'était pas non plus dantesque). Chose qu'il a énormément de mal à faire quand il ne revient pas en Colombie refaire un cycle de foncier.
Il est incapable de garder un pic de forme plus de quinze jours en première moitié de saison avec le San Luis dans les jambes.
Passons à sa préparation des grands tours, on retrouve là le schéma du Quintana du début de saison 2013 qui revient en Europe sans la moindre course pendant presque deux mois, il lui faut alors davantage de temps après son retour en Europe pour être à son pic de forme, plus de vingt jours à chaque fois (30 jours en moyenne), mais son pic de forme semble alors pouvoir tenir plus longtemps, ce qu'il n'exploite alors pas vraiment sur les GT, il lui faudrait une quatrième semaine. Cependant, il tire pleinement bénéfice de l'altitude au cours des vingt premiers jours suite à son retour en Europe ce qui lui permet d'être dans le coup sans être encore à son top. Il compte ENORMEMENT là-dessus (le volume des réticulocytes des populations d'altitude est plus important que celle des populations vivant au niveau de la mer, ce qui confère un double avantage à un Andin qui revient de son patelin). Puis ensuite, sa masse d'hémoglobine tend à légèrement baisser en troisième semaine, mais comme il y atteint son pic de forme, il bénéficie d'une grosse hémodilution qui compense, et son rendement énergétique musculaire au seuil doit être au plus haut.
En début de saison, Quintana peut se permettre avant d'aller en Europe de faire des intensités chez lui. En altitude, ça engendre un gros stress cardiaque et ça raccourcit nettement le pic de forme (pas grave, pas besoin de tenir trois semaines) et il peut alors arriver super oxygéné et à 100% de sa forme ou presque (il lui manque peut-être un peu de capacité aérobie par rapport à juillet) sur la première course WT de l'année où il est impérial.
C'est plus délicat au mois de juin où il sait que s'il fait pareil, il va s'écrouler en troisième semaine du TdF.
Ca doit être le schéma de Froome qui doit cumuler altitude et travail intense dans les cols au mois de juin et qui peut donc bénéficier d'un méga pic de forme après 10 jours de TdF dès la première arrivée au sommet à la manière, toutes proportions gardées, de ce que fait Quintana lors de son retour en Europe en mars.
Un Quintana, qui disputerait le Dauphiné, puis qui irait au Teide, plafonnerait sur le Tour en 3ème semaine comme le montre ses stats de début de saison depuis 3 ans (même s'il ne s'agit pas de GT, mais la tendance serait encore plus marquée je pense). Quintana doit avant tout exploiter sa qualité première : une monstrueuse capacité aérobie, il lui faut donc un travail en profondeur sur une plage de temps conséquente pour développer au max son AT2 puis progressivement faire des séances au seuil (AT4). Il aurait sa préparation hachée s'il allait faire un Dauphiné en juin qui limiterait le développement de son AT2 au détriment de gonfler sa PMA, chose qu'il doit vraiment travailler au dernier moment sous peine d'écrouler tout l'édifice. Il n'a pas totalement la même physiologie que Froome.
Quintana n'a vraiment aucun intérêt à aller en Romandie dans l'optique du TdF, il devrait être en ce moment en train de faire un break en Colombie avant de commencer sa préparation dans une semaine. :fouet:
C'est un coureur qui a besoin tout comme Rolland d'un maximum de temps pour préparer un GT.
Je doute même qu'il brille de mille feux chez les Helvètes quand on voit l'historique d'un tel enchaînement que j'ai détaillé plus haut.
Il aurait fallu que Movistar demande une invitation pour le Tour du Trentin pour l'aligner là-bas afin qu'il ne reste pas non plus 3 mois sans courir au départ du TdF, ça lui faisait gagner une semaine sur sa prépa.
Depuis le Tour du Pays-Basque, il est resté dans les Pyrénées reconnaître les étapes du TdF (il compte donc revenir de Colombie au dernier moment avant le TdF je pense).
Après, cette situation est assez inédite pour lui, c'est la première fois ces dernières années qu'il observe en effet un break entre deux courses WT en Europe pendant 2 semaines et demi.
Aura-t-il eu le temps de refaire un micro-cycle de foncier ?
Peut-il rebondir sans repasser par la case Tunja 3000 m ?