Fusagasuga2 a écrit :Booze a écrit :
Le débat était : pourquoi cet acharnement médiatique sur la Sky ? Pourquoi cette curée ? Pourquoi le diffuseur de l'épreuve la salit en direct ? Pourquoi la moindre performance est-elle suspecte ? Pourquoi les performances de certains sont des exploits et celles d'autres des tricheries manifestes ? Pourquoi le Tour n'est plus couvert que sous l'angle du dopage ? Pourquoi le sportif passe au second plan ? Qu'est-ce qui motive journalistes et consultants dans un tel traitement éditorial ?
Balancer des affirmations sans fondement n'est-il pas une violation de la déontologie journalistique ? Le journaliste doit poser des questions; mais il doit aussi apporter des débuts de réponse et défricher l'inconnu. Personne ne reprochera au journaliste d'enquêter, d'apporter des éléments au débat. Par contre, peut-on accepter que le journaliste se contente de crier au loup ?
C'est si difficile que ça de répondre à la quasi totalité de tes pourquoi? Suffit seulement de se pencher sur les casseroles trainées par le sport cycliste il me semble. S'il n'y avait pas eu Festina, Ulrich, Armstrong, Riis, Landis et des tas d'autres on aurait sans doute pas ces pourquoi. Si les contrôles avaient montré dans l'histoire une plus grande fiabilité non plus. D'autant qu'ici les doutes sont alimentés par des éléments qui peuvent paraitre troublants comme l'évolution vers le super niveau, notamment en montagne, de tout un ensemble de coureurs que leur jeunesse semblait plutôt vouer à une honnête carrière sans plus.
Tu te demandes si un journaliste peut balancer des affirmations sans fondement mais n'est ce pas aussi dans l'esprit de ceux qui les écoutent qu'il y a affirmation sans fondement? J'ai beaucoup lu et entendu des doutes, des interrogations mais je n'ai pas vraiment vu d'affirmation. Et j'ai aussi vu des tentatives pour creuser le sujet et tenter de répondre aux questions. La question finalement devient face à une perf qui parait hors norme un journaliste/commentateur peut il émettre ou non des doutes?
Qu'un journaliste puisse émettre des doutes, bien sûr. Par contre, quel est l'intérêt de répéter sans fin ces doutes sans apporter le moindre début de piste ?
Du coup, nous avons droit à un festival de sarcasmes, de "nous ne sommes pas dupes", de "on nous la fait pas à nous", de "nous sommes plus malins que ça". Mais après ? Derrière ces postures, qu'il y a-t-il ?
Alors, on nous balances des chiffres. Des watts. Des w/kg. Des cadences de pédalage. Des PMA. En gros, des valeurs auxquelles le public ne comprend rien. Je ne les comprend pas. Je suis incapable de dire si elles sont normales ou [i:2rryecp0]_pas normales[/i:2rryecp0]. Je me fiche des valeurs qui ne me parlent pas. Je veux des enquêtes, des protocoles découverts, des produits retrouvés, des cas positifs dissimulés, des analyses sanguines, etc. Pas des batailles de données absconses qui nous offrent ensuite des pitreries comme celle de Brailsford expliquant 48 heures plus tard qu'il n'a pas pu donner le poids de Froome par souci d'exactitude :lolilol: . Jusqu'où descendra-t-on ? Jusqu'où poussera-t-on le cirque ?
Mais non, il est plus aisé de se contenter de lancer régulièrement de nouvelles polémiques, l'une chassant l'autre. Dans le sport comme ailleurs. Les capacités d'analyse critique de la profession "visible" étant tombé sous le niveau zéro, cette tendance n'est après tout que ce que de nombreux journalistes peuvent aujourd'hui s'offrir.
A quoi servent les valeurs offertes en pâture au public - par des journalistes les ânonnant sans pour certains d'entre eux les comprendre eux-mêmes - sinon à exciter les foules ? Ou plus prosaïquement à distinguer - au sens bourdieusien - un groupe social spécifique par rapport à la masse ?
Dans cette optique, il est intéressant de constater que les premiers temps du débat journalistique était sur les performances suspectes des Sky. Au fil des jours, il s'oriente désormais sur le climat délétère autour du TDF. Ainsi donc ceux qui ont contribué à la création de ce climat s'interroge maintenant sur ledit climat. Il est vrai qu'il est moins amusant ou valorisant de continuer à hurler avec les loups que l'on a réveillés. Il n'y a qu'un pas avant que les journalistes ne reprochent aux spectateurs leur zèle anti-sky et le climat malsain sur le Tour, retrouvant ainsi la particularité qu'ils chérissent tant.
Ainsi, le journaliste paresseux est toujours gagnant. En avance perpétuelle sur tous les autres. Endosser le plaisant costume du chevalier blanc ou de Robin des Bois. Vivre l'Evènement et faire l'Histoire. Nourrir Narcisse.