Je veux bien réécrire ce que j'avais mis précédemment, qui a dû se perdre bien rapidement dans les méandres de l'autre topic.
Malheureusement, la façon dont est traitée l'info donne raison à Froome et à Brailsford de ne pas publier leurs données.
Sur l'équipe.fr : La vidéo qui réveille le soupçon.
Le journaliste reprend visiblement ce qu'il a pu lire dans le zoo twitter avec justement cette accusation basée sur une fréquence cardiaque qui ne varie que très peu de 154 à 162 pour passer de 400W à 1000W pour étayer la piste du moteur.
En effet, quand on n'est pas au courant du maximum cardiaque de Froome, ça peut paraître aberrant, et évidemment les journalistes ne font pas leur boulot de creuser un minimum et préfèrent tomber dans le sensationnalisme.
Ce qui explique un saut de seulement 8 pulsations, c'est que Froome avait un maximum cardiaque enregistré à 170 en 2011.
En 2013, il a dû passer à 169 maximum avec l'âge.
Et à l'issue de dix jours de course, il n'est pas impossible du tout qu'il ait baissé de quelques pulsations.
Ensuite, on atteint rarement son max cardiaque à l'issue d'une longue étape de 200 km, donc on peut encore retrancher quelques pulsations.
Donc lorsqu'il était à 162 sur son attaque, on peut supposer que son cœur ne pouvait pas battre plus vite ou alors il n'avait plus que une ou deux pulsations de réserve.
Ensuite pour des cœurs si lents (FC Max très faible), les formules habituelles (seuil anaérobie= 92% de la FC Max..., et toutes les zones définies en fonction de la FCMax) ne sont plus vraiment valides car le cœur réagit différemment à l'effort et le différentiel de puissance entre deux pulsations proches du max est plus important (aux très hautes fréquences, le cœur n'est presque pas plus efficace à 200 qu'à 190, les débits sont très proches).
Donc passer de 154 à 162 représente bien une sacré différence dans l'effort et dans sa perception quand on a un max tout proche de 162.
Je ne vois rien d'anormal dans la vidéo par rapport aux données (que Froome soit dopé, c'est autre chose), on voit même une petite inertie cardiaque tout à fait naturelle, le pouls continue d'augmenter légèrement alors que Froome relâche son effort après ses attaques et réagit également avec un petit retard suite à une augmentation de la puissance.
Enfin, ce n'est pas parce qu'on est à son max cardiaque, qu'on ne peut pas continuer à augmenter considérablement sa puissance, pas besoin d'oxygène pour cela puisque, sur les 1000W produits au plus fort de son accélération, plus de la moitié étaient produits de manière anaérobie.
Froome avait peut-être un moteur (je n'y crois pas trop) ce jour là, mais ce n'est pas avec les arguments avancés que cela pourrait être démontré.
Il est quand même hallucinant aussi de voir des personnes comme Ross Tucker, professeur de la physiologie de l'effort (dont je me délectais autrefois à lire sur son blog ses longues analyses (Sportscientists.com), mais c'est vraiment devenu une chasse aux sorcières depuis quelques temps avec trop de parti-pris d'emblée), il a tweeté :
\"Jump to 27:50 in video for the attack. 400W to 650W, stays > 550 for 30s, and HR barely shifts … I've no explanation\"
Il devient complètement aveuglé dans sa chasse aux dopés que ce soit en vélo ou en athlé qu'il n'est plus du tout lucide dans ses analyses. Et bien sûr, c'est repris par tout le monde.
Maintenant, les pros font y réfléchir à deux fois avant de mettre leurs données sur Strava ou ailleurs avec ce genre d'analyse superficielle destinée uniquement à chercher la petite bête et à baiser les coureurs.
