Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

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Quelle note pour la saison de Movistar ?

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charlix
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Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

La plus vieille formation du World Tour est empreinte de contrastes en cette fin d’année. Alors qu’elle a dû partir sur un nouveau cycle depuis sa catastrophique saison 2020, elle semble avoir du mal à se renouveler. Ce n’est pas la dépendance à Alejandro Valverde, qui aura subsisté jusqu’à la toute fin de sa carrière, qui contredira ce constat. Décevante une bonne partie de l’année, Movistar a tout de même fini par sauver sa saison et sa place en World Tour de belle manière à la fin de l’été. 2022 fut mitigée, entre déceptions et succès incomplets.

La note d’ensemble

13,5/20

19 victoires – 11e au classement UCI

En difficulté en 2020, Movistar a pris des mesures ces deux derniers hivers pour amorcer sa transformation et se préparer à l’après-Valverde. Les arrivées d’Alex Aranburu, d’Ivan Sosa ou de Max Kanter pour remplacer un certain nombre de vétérans de l’effectif espagnol pouvaient même être vues comme de bonnes idées. Pourtant, l’équipe d’Eusebio Unzue est trop souvent rattrapée par son inconstance et l’année 2021 s’est terminée sur l’image tragicomique d’un Miguel Angel Lopez mettant pied à terre en fin de Vuelta.

Suite au départ du Colombien, l’équipe ibérique disposait d’un nombre réduit de leaders en début de saison. Ce contexte pouvait laisser espérer une plus grande cohérence dans ses choix stratégiques. Mais avec Ivan Sosa comme tête d’affiche au Tour d’Italie, Movistar s’est complètement ratée et c’est le quarantenaire Alejandro Valverde qui a dû prendre le relais, échouant aux portes du Top 10.

Enric Mas, plus fiable ces dernières années, avait lui la tâche d’emmener l’équipe sur le Tour de France et la Vuelta. Dans l’Hexagone, le grimpeur espagnol n’a jamais réussi à faire peur aux favoris et a même fini par abandonner, positif au Covid. À domicile, sa performance fut bien plus honorable : dans le match avec Primoz Roglic et Remco Evenepoel dès les premières difficultés, il s’est montré constant à un très haut niveau en montagne, et bien moins mauvais en chrono qu’il ne le fut auparavant. 2e à Madrid, Enric Mas a surtout mis à l’abri la Movistar qui, par son début de saison mitigé, s’était mise en danger dans la lutte pour les places World Tour.

Malheureusement, l’écurie créée en 1980 peine toujours à être performante tout au long de l’année. Comme souvent, elle n’a existé que par ses grands noms et uniquement lors des Grands Tours. Alors qu’elle espérait réaliser une belle campagne de classiques grâce à Ivan Garcia Cortina, ce dernier n’a obtenu qu’une insipide 8e place à Wevelgem. Alex Aranburu, très intéressant en 2021 dans des exercices divers, a quant à lui beaucoup déçu cette année en n’étant que trop rarement dans le bon tempo. Soulignons néanmoins la capacité de Movistar à remporter des courses secondaires de quelques jours : cette saison, elle a ajouté à son palmarès le Gran Camino, le Tour du Limousin, le Tour des Asturies, le Tour de Grande-Bretagne ou encore le Tour de Langkawi.

De son côté, Alejandro Valverde a terminé sa carrière avec de très nombreuses places mais seulement trois victoires, toutes acquises en début d’année. Ses adieux auraient pu être plus reluisants puisqu’il comptabilise pas moins de neuf podiums, dont des deuxièmes places frustrantes aux Strade Bianche, à la Flèche Wallonne et à la Coppa Agostoni.

La surprise

Max Kanter

Recrue discrètement arrivée à l’hiver 2021, le sprinteur allemand n’a pas été transcendant pour sa première saison chez Movistar. Mais, libéré et sans pression dans un effectif qui n’a pas pour habitude de se battre lors des arrivées massives, il a montré d’intéressantes capacités à partir du Tour de Hongrie, totalisant quatorze Tops 5 lors de ses trente-six derniers jours de course. Au-delà de sa pointe de vitesse à polir, il s’est démarqué dans les courses d’un jour belges, dans lesquelles il ne s’était jamais exprimé chez DSM. Il a par exemple passé plus de 200 kilomètres à l’avant au Tour des Flandres, a terminé 13e de Bruges-La Panne puis 3e de semi-classiques telles la Flèche de Gooik et la Primus Classic. Le 2e du Ronde U23 en 2018 est encore loin du talent de son compatriote et ancien coéquipier John Degenkolb, mais cela lui suffit à être l’une des meilleures cartes de Movistar sur ce terrain.

La confirmation

Matteo Jorgenson

8e de Paris-Nice l’an dernier, l’Américain avait plusieurs fois frôlé la victoire sans réussir à passer ce cap. S’il n’est toujours pas parvenu à gagner cette saison, il s’est montré plus régulier notamment en montagne. 4e du Tour de Provence, 13e du Dauphiné, il a décroché son ticket pour le Tour où il a démontré de belles qualités de baroudeurs en terminant trois fois dans le Top 5 en autant de journées passées à l’avant. 20e et 4e meilleur jeune à Paris, Matteo Jorgenson s’offre comme un possible leader pour les années à venir, au moins pour des courses d’une semaine.

La déception

La relève sud-américaine

Abner Gonzalez, Vinicius Rangel, Einer Rubio et Ivan Sosa ont tous déçu cette année. Le premier avait obtenu quelques placettes en Espagne et au Tour du Portugal en 2021 ; il n’a absolument rien fait cette saison à l’exception de son titre de champion de Porto-Rico pas franchement compliqué à aller chercher. La première année chez les pros de Vinicius Rangel, coureur brésilien très peu connu avant son arrivée l’hiver dernier, se résume elle aussi à un titre national très accessible. Einer Rubio, bien qu’ayant signé son meilleur bilan depuis son arrivée chez Movistar, n’a pas fait beaucoup plus d’étincelles : il s’est contenté d’une 5e place dans un Tour des Asturies sans concurrence et d’une 7e place un peu plus parlante à Burgos. Son compatriote Ivan Sosa, qui lui avait déjà fait ses preuves, devait franchir un cap pour performer au niveau World Tour et sur trois semaines, ce qu’il n’a pas réussi à faire. Loin d’être catastrophique et malgré une victoire au Tour de Langkawi pour finir sur une bonne note, sa saison reste marquée par ses échecs au Giro et au Tour de Catalogne. La relève annoncée n’est donc pas encore prête à monter en grade dans une armée qui perd ses généraux saison après saison.

2022 en 5 dates

29 janvier 2022, Andratx. Alors que l’équipe avait attendu le mois d’avril pour ouvrir son compteur en 2021, elle n’a pas eu à patienter plus de quatre jours cette fois. Vingt-quatre heures après avoir échoué face à Tim Wellens, Alejandro Valverde a en effet abordé de la meilleure des manières sa dernière saison en remportant cette énième manche du Challenge de Majorque. Quelques semaines plus tard, Bala remportera une étape et le général du Gran Camino, annonçant ainsi une fin de carrière en grande pompe et offrant par la même occasion la millième victoire de son histoire à la structure Movistar. Malheureusement, c’est à 133 que restera bloqué le compteur personnel du Murcien, qui malgré une bonne forme en fin d’année, tirera sa révérence sans nouveau succès.

11 juin 2022, Vaujany. Le début de saison n’a pas été un long fleuve tranquille pour l’équipe qui s’est manquée sur le Giro. Cap sur le Tour avec l’ambition de faire mieux, et cela passe généralement par un Dauphiné réussi. Alors qu’Enric Mas voit ses espoirs s’envoler dans une chute, c’est en étant offensive que Movistar doit sauver les meubles. Dans l’étape de Serre-Chevalier à Vaujany, Gregor Muhlberger anime la course mais c’est son coéquipier Carlos Verona qui va tirer les marrons du feu. À la suite d’une attaque à la bascule, l’Espagnol réalise une descente du col de la Croix de Fer très rapide. Dès le pied de la dernière ascension, il attaque Kenny Elissonde qui était parvenu à le suivre jusqu’alors. En solitaire, le coureur de 29 ans termine le travail et décroche son tout premier succès en près de dix ans de carrière. 7e du Mont Ventoux Dénivelé Challenge puis 3e d’une étape du Tour à Châtel, celui qui était vu comme un futur coureur de classements généraux au début de sa carrière a peut-être trouvé sa voie en 2022.

19 août 2022, Limoges. En plus de six mois de compétition, Movistar n’a gagné que huit fois en-dehors des championnats nationaux. Le Tour de France n’a pas été le succès escompté et l’équipe espagnole se retrouve dans une situation qu’elle n’avait pas imaginée : elle se rapproche en effet de plus en plus du fond de tableau et voit sa place en World Tour remise en cause. Dès lors, toutes les courses comptent pour inverser la tendance. Dans le Limousin, Alex Aranburu trouve enfin l’ouverture à Ribérac. Très décevant jusque-là, le puncheur basque a ensuite décroché deux podiums pour s’assurer la gagne du général et ainsi nuancer son bilan relativement terne.

11 septembre 2022, Puerto de Navacerrada. Il y a cru jusqu’au bout mais Remco Evenepoel n’était pas à sa portée. Enric Mas, pour la troisième fois de sa carrière, termine second de son Tour national. Un échec au goût de succès pour l’Espagnol et son équipe qui avaient besoin de se rassurer dans une saison compliquée et en perspective des années futures où le grimpeur majorquin risque de devoir porter tout l’effectif à bout de bras. Avec une solide performance en chrono et une fiabilité remarquable, Enric Mas s’est montré à la hauteur de ce que doit être un coureur de Grand Tour. Sans les bonifs et les chronos, il aurait même battu Remco Evenepoel, preuve s’il en fallait une de sa régularité sur trois semaines.

8 octobre 2022, Côme. Face à l’ogre Tadej Pogacar, une seule équipe semble pouvoir rivaliser lors du dernier Monument de l’année. Avec un Enric Mas vainqueur du Tour d’Emilie la semaine précédente et un Alejandro Valverde qui reste sur trois Tops 5 en autant d’épreuves, la Movistar arrive en outsider au bord du Lac de Côme. La victoire n’est pas au rendez-vous mais les deux hommes se classent respectivement 2e et 6e, permettant à Eusebio Unzue de tourner en beauté la page qu’il a écrite durant presque deux décennies avec son leader emblématique.

Par Cyprien Bricout
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

13/20 , merci la fin de saison , l'équipe sera plus intéressante à suivre sans Valverde , l'an prochain .

Mas a été énorme , qu'il se concentre sur la Vuelta , le seul GT qu'il a les moyens de gagner à mon avis et encore avec des circonstances très favorables .
valverde1978
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Hâte de voir Mas sur le tour 2023 car le parcours pourrait lui convenir
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Quef
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Mas me semble être la vraie confirmation de l'équipe, mais Jorgenson a montré quelques premières bonnes choses.
Allez, 14 pour moi, avec l'objectif rempli.
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fred30
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Je crois qu'on a là l'équipe la plus illisible du plateau.
Peu de coureurs charismatiques, des mouvements de course qui laissent pour le moins perplexe, et une ultra-dépendance à un grand leader. Le départ de Valverde va peut-être provoquer des comportements différents en course. :spamafote:

D'accord avec la déception Cortina. J'ai souvent pensé qu'ils avaient une bonne doublette avec Erviti. Et puis en me renseignant un peu, je vois qu'Erviti a 38 ans. Ses superbes flandriennes en mode baroudeur en 2016, n'auront été qu'un feu de paille.

EDIT : j'ajoute quand même pour être honnête que ça a fait plaisir de voir Mas cette année. Je crois qu'il a porté plus d'attaques en 2022 que depuis qu'il est passé professionnel. :applaud:
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GATO
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Donner plus d importance a Max Sciandri.
Sauf cette rumeur
son idee de faire venir son ami Cavendish
Eusebio aurait dit non
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wallers
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Movistar a marqué pas loin de 45% de ses points UCI sur septembre et octobre.
Sans la fin de saison de Mas (agrémentée par les victoires de Serrano au Tour de GB, de Garcia Cortina sur Gran Piemonte et de Sosa au Langkawi), le bilan aurait été qualifié de franchement mauvais avec une note à un chiffre et comme seuls points positifs les bons résultats de Valverde en début de saison et sur les ardennaises.

Le classement UCI de Movistar pour chaque mois (les points pris entre chaque classement mensuel) :
Janvier : 2e
Février : 11e
Mars : 18e
Avril : 10e
Mai 17e
Juin : 19e
Juillet : 17e
Août : 16e
Septembre : 4e
Octobre : 1er
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manu74annecy
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

perso j'ai mis 11. comme le souligne Wallers, c'est une équipe qui n'aura été compétitive qu'au début et fin de saison, face à une concurrence moins féroce. Ils étaient sur le Tour? sur les monuments du printemps? sur le Giro? Le haut niveau du world tour se signale quand même ici.

Je met de coté quand même les performances incroyables de Mas sur la vuelta et surtout sur les classiques italiennes qui se distinguent de mon analyse. Je note d'ailleurs qu'il aura suffit que son manager le titille fortement pour qu'il réalise directement derrière les plus belles performances de sa vie. On pourrait en faire plusieurs conclusions, je vois plutôt un type de coureur qu'il faut savoir chatouiller pour qu'il exprime bien toutes ses qualités..

mais celui qui résume bien leur saison, c'est Ivan Sosa, virevoltant sur les asturies ou langkawi et plutôt invisible ailleurs..

Gaviria et Guerreiro + un rebond d'Aranburu en 2023 pourront ils compenser le départ de papy valverde?
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fred30
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Ah oui, Guerreiro !
Punaise, ils perdent Valverde, ils récupèrent Guerreiro ...
C'est pas comme ça qu'ils remonteront dans mon estime ! :sarcastic:
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veji2
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Re: Bilans 2022, Movistar à la croisée des chemins

Ce sera une équipe intéressante à suivre l'an prochain n'empêche, ils doivent se réinventer, être offensifs, tenter des choses, si ça pouvait être un peu comme la Lotto de ses bonnes années avec de 'lattaque, des surprises et faire monter des jeunes progressivement ce serait top.
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