Mercredi 20 avril
LA FLÈCHE WALLONNE 2022
LA FLÈCHE WALLONNE 2022
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PRÉSENTATION
En 1936, Albert Van Laethem, collaborateur au journal Les Sports de Bruxelles, émit l’idée d’organiser une course reliant Tournai à Liège, les deux villes wallonnes les plus éloignées l’une de l’autre. Quelques mois plus tard, la « Flèche Wallonne » était née. Positionnée au lendemain de Paris-Roubaix pour attirer les routiers français qui boudaient alors les courses belges, la première édition peina à attirer les grands noms du peloton : seulement 64 engagés sur les 117 inscrits suite aux affreuses conditions météorologiques subies sur l’Enfer du nord qui avaient finies de décourager certains coureurs déjà effrayés par les 236 km de côtes et de pavés proposés par les organisateurs belges. Heureusement le succès populaire fut au rendez-vous. La course draina une foule considérable et enthousiaste qui assista aux malheurs du héros local, Meulenberg, lequel s’était montré le plus fort mais fut renversé dans le final par un motard et laissa échapper la victoire au flandrien De Meersman. L’épreuve venait néanmoins de gagner ses premières lettres de noblesse : « ça c’est une course » rapportait le journaliste sportif Gaston Benac, impressionné par les difficultés du parcours. Deux années plus tard, un premier wallon enlevait la Flèche en la personne d’Émile Masson junior dans des conditions terribles qui faisaient écrire à Van Laethem : « Masson s’en est allé rejoindre dans la légende du cyclisme belge le premier des Émile Masson, héros sous des pluies torrentielles en 1912 de la plus effroyable étape qu’ait connue le Tour de Belgique ».
C’est en 1948 que la Flèche Wallonne acquiert une stature véritablement internationale. Cette année-là, le journal Les Sports reprend l’organisation de Liège-Bastogne-Liège qu’il jumelle à la Flèche pour constituer le Week-End Ardennais, lequel fût progressivement intégré au Challenge Desgrange-Colombo (dès 1948 pour la Flèche, en 1951 pour LBL), compétition qui était en quelque sorte l’ancêtre de la Coupe du monde jusqu’à la fin des années 1950 avant que le Challenge Pernod ne prenne le relais. Ainsi, en 1948, un étranger s’imposait pour la première fois sur la Flèche avec la victoire de l’Italien Camellini, un très bon grimpeur, français d’adoption. Deux ans plus tard, Coppi remit le couvert pour l’Italie en mettant un point d’honneur à écraser l’épreuve afin d’« humilier » Van Steenbergen qui l’avait coiffé l’année précédente en revenant dans le final avec l’aide des voitures suiveuses. Couplé aux succès de Magni sur le Ronde, les Italiens faisaient voler en éclats en quelques années une tradition remontant aux origines du cyclisme : celle de l’invincibilité des Belges sur leurs terres.
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En 1958, c’est pourtant encore un duel belge qui tient le haut de l’affiche : Rik I contre Rik II, c’est-à-dire Van Steenbergen contre Van Looy que l’on présente alors comme son successeur. Sous la pluie, maillot de champion du monde déchiré par une chute, le plus ancien des deux signait cette année-là sur la Flèche son dernier succès dans une classique. Celle-ci ne ressemblait alors pas au parcours actuel avec les côtes de Stockeu et des Forges en juge de paix et un final dans Liège. Mais, en 1960, ce tracé est profondément modifié avec un départ de Liège et une arrivée à Charleroi : plus que 208 km au programme et la majeure partie des difficultés contenues entre les km 31 (Amay) et 117 (Dimant). De nombreuses côtes sont abandonnées comme celle de la Grande-Vécquée au profit de murs a priori moins exigeants. De quoi favoriser un final groupé et un coureur comme Van Looy qui devra tout de même attendre 1968 pour s’imposer et compléter sa collection de classiques. Entre temps, Poulidor avait réussi à signer la première victoire française sur l’épreuve en 1963 et Merckx avait entamé son règne avec un succès en 1967 en dépit d’un peloton ligué contre lui. En 1972, le Cannibale remportait la Flèche pour la 3e fois en 3 participations devant un Poulidor toujours là, parvenant à réaliser le doublé avec Liège-Bastogne-Liège la même année, un exploit que seuls Kübler (1951) et Ockers (1955) avaient jusqu’alors réalisé.
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Ce n’est qu’en 1985 que l’épreuve ajoute à son final le terrible Mur de Huy qui lui vaut aujourd’hui la réputation d’être le « Championnat du monde des puncheurs ». Il est vrai que l’introduction du Mur a profondément modifié le déroulement de l’épreuve : depuis 2003 et la victoire d’Astarloa échappé dans le final avec Osa, la Flèche se résume désormais à une course de côte dans laquelle les favoris attendent la dernière ascension du Mur pour s’expliquer. Non retenue dans le calendrier de la Coupe du monde en 1989, l’épreuve a ainsi connu un relatif déclassement en raison de ce scénario stéréotypé alors qu’elle jouissait d’un prestige au moins égal à celui de Liège-Bastogne-Liège jusqu’aux années 1990 voire 2000. Elle demeure toutefois un rendez-vous incontournable de la saison sur lequel s’affrontent les meilleurs puncheurs du monde à l’image des multiples succès d’Argentin (qui couronnait le fameux triplé Gewiss de 1994), Rebellin, Valverde ou encore Alaphilippe dernièrement.
PARCOURS
On ne change pas la formule du côté des organisateurs avec 202 km au programme dont trois passages par le Mur de Huy (km 140, km 171 et arrivée finale). Le circuit final emprunte également les côtes d’Ereffe (2,1 km à 5%) et surtout de Chérave (1,3 km à 8,1%), cette dernière ayant son dernier passage situé à seulement 6 km de l’arrivée, ce qui laisse chaque année espérer un dénouement alternatif au désormais traditionnel sprint de côte :
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Le Mur de Huy et ses 1,3 km à 9,6% :
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DÉPART prévu à 11h30
ARRIVÉE estimée entre 16h19 et 16h49 par les organisateurs
2021 : 1. J. Alaphilippe, 2. P. Roglic, 3. A. Valverde
2020 : 1. M. Hirschi, 2. B. Cosnefroy, 3. M. Woods
2019 : 1. J. Alaphilippe, 2. J. Fuglsang, 3. D. Ulissi
2018 : 1. J. Alaphilippe, 2. A. Valverde, 3. J. Vanendert
2017 : 1. A. Valverde, 2. D. Martin, 3. D. Teuns
2016 : 1. A. Valverde, 2. J. Alaphilippe, 3. D. Martin
2015 : 1. A. Valverde, 2. J. Alaphilippe, 3. M. Albasini
2014 : 1. A. Valverde, 2. D. Martin, 3. M. Kwiatkowski
2013 : 1. D. Moreno, 2. S. Henao, 3. C. Betancur
2012 : 1. J. Rodriguez, 2. M. Albasini, 3. P. Gilbert
Comme on le voit à travers ces podiums, la Flèche est une affaire de spécialistes. Voici d’ailleurs les recordmans de victoires :
5 : Alejandro Valverde (2006, 2014, 2015, 2016, 2017)
3 : Marcel Kint (1943, 1944, 1945), Eddy Merckx (1967, 1970, 1972), Moreno Argentin (1990, 1991, 1994), Davide Rebellin (2004, 2007, 2009) et Julian Alaphilippe (2018, 2019, 2021).
ARRIVÉE estimée entre 16h19 et 16h49 par les organisateurs
LES DERNIERS RÉSULTATS
2021 : 1. J. Alaphilippe, 2. P. Roglic, 3. A. Valverde
2020 : 1. M. Hirschi, 2. B. Cosnefroy, 3. M. Woods
2019 : 1. J. Alaphilippe, 2. J. Fuglsang, 3. D. Ulissi
2018 : 1. J. Alaphilippe, 2. A. Valverde, 3. J. Vanendert
2017 : 1. A. Valverde, 2. D. Martin, 3. D. Teuns
2016 : 1. A. Valverde, 2. J. Alaphilippe, 3. D. Martin
2015 : 1. A. Valverde, 2. J. Alaphilippe, 3. M. Albasini
2014 : 1. A. Valverde, 2. D. Martin, 3. M. Kwiatkowski
2013 : 1. D. Moreno, 2. S. Henao, 3. C. Betancur
2012 : 1. J. Rodriguez, 2. M. Albasini, 3. P. Gilbert
Comme on le voit à travers ces podiums, la Flèche est une affaire de spécialistes. Voici d’ailleurs les recordmans de victoires :
5 : Alejandro Valverde (2006, 2014, 2015, 2016, 2017)
3 : Marcel Kint (1943, 1944, 1945), Eddy Merckx (1967, 1970, 1972), Moreno Argentin (1990, 1991, 1994), Davide Rebellin (2004, 2007, 2009) et Julian Alaphilippe (2018, 2019, 2021).
LES FAVORIS

Comment ne pas commencer par Julian ALAPHILIPPE, 3 fois vainqueur ces 4 dernières années et deux fois deuxième par le passé ? Dans un bon jour, il est tout simplement le meilleur puncheur du monde, ce que rappelle ses deux titres mondiaux. Certes, les contre-temps se sont accumulés cette saison (forfait à Milan San Remo) et sa récente chute sur la Flèche Brabançonne entretient le doute sur son niveau de forme, mais il aura la pancarte mercredi. Il pourra en outre compter sur une équipe solide sur le papier avec notamment les jeunes Evenepoel et Bagioli à son service.

Sur la dynamique du début de saison, Tadej POGACAR se présente comme le principal challenger du Français. Le Slovène a affiché une forme étincelante jusqu’ici au point de dynamiter le Tour des Flandres de manière époustouflante. En aura-t-il encore sous la pédale, lui qui est tout de même sur le pont depuis février et le Tour des UAE ? De plus, possède-t-il le punch suffisant pour s’imposer face aux tous meilleurs puncheurs du monde ? Sur ses deux premières participations à la Flèche, il s’est classé 53e en 2019 et surtout 9e en 2020 dans une édition disputée en fin de saison dans la foulée de son Tour de France victorieux. En 2021, il n’avait pu afficher les progrès réalisés depuis, son équipe étant privée de l’épreuve en raison d’un cas positif au Covid. L’équipe UAE s’annonce d’ailleurs redoutable et de nombreux lieutenants de Pogacar pourraient se muer en leader de substitution en fonction des circonstances de courses à commencer par Marc HIRSCHI, le vainqueur de l’édition 2020, ou encore Ulissi (3e en 2019) voire Soler, très en forme sur le Tour du Pays Basque. On suivra aussi avec intérêt la performance du jeune Ayuso.

Oui, Alejandro VALVERDE aura 42 ans dans quelques jours. Mais l’Espagnol, recordman de victoires sur l’épreuve dont 4 succès consécutifs entre 2014 et 2017, est toujours et encore là. Certes, il n’est plus le meilleur sprinteur des cimes comme du temps de sa splendeur mais il était encore 3e l’an passé sur la Flèche et a montré en ce début de saison qu’il avait encore la forme (victoire sur Gran Camino, 2e des Strade Bianche) malgré un abandon sur le Tour de Catalogne. Si cela se regarde ou que les meilleurs se neutralisent, il n’est pas à sous-estimer avec son finish dans les 200 derniers mètres. Chez la Movistar, il sera épaulé par Enric Mas qui ne s’est pas encore distingué sur les classiques ardennaises malgré son aisance sur les gros pourcentages.

Le potentiel de Tom PIDCOCK est encore un mystère tant il semble capable de briller sur des courses et des formats différents. Après une solide campagne de classiques (3e sur A Travers les Flandres, 5e de la Flèche Brabançonne où il a joué le jeu d’équipe, 11e sur l’Amstel où il n’a pas sprinté pour les places d’honneur), le champion olympique de VTT et champion du monde de cyclo-cross se présente comme le leader d’une très solide équipe Ineos qui comptera aussi dans ses rangs Michal Kwiatkowski, Daniel Martinez, Geraint Thomas ou encore la jeune pépite Carlos Rodriguez. L’an passé, Pidcock s’était classé 6e de la Flèche où son déficit de poids devrait être un avantage par rapport aux classiques flandriennes. Après la victoire de Martinez sur le Tour du Pays Basque, de Kwiatkowski sur l'Amstel, de Sheffield sur la Flèche Brabançonne et bien sûr de Van Baarle sur Paris Roubaix, l'équipe Ineos va-t-elle poursuivre son mois d'avril de rêve ?

Primoz ROGLIC sera-t-il en mesure de peser sur la course, lui qui avait failli remporter l’épreuve l’an dernier ? Sa récente contre-performance sur le Tour du Pays Basque, où il aurait souffert de douleurs au genou, n’incite pas à l’optimisme, au point de penser que Jonas VINEGEGAARD sera probablement le véritable leader la Jumbo sur la Flèche cette année.

2e du Circuit de la Sarthe, 2e de l’Amstel Gold Race, 2e de la Flèche Brabançonne, 2e de la Flèche Wallonne en 2020, Benoît COSNEFROY est-il notre nouveau Poulidor ? Même s’il n’a pas levé bras cette saison, le Français a fait preuve d’une très belle forme et figurera parmi les principaux outsiders au départ. Avec un Alaphilippe dans une forme incertaine, un Pogacar qui devra digérer les courses précédentes, un Roglic a priori diminué et un Valverde vieillissant, le leader des AG2R dispose d’une belle fenêtre de tir cette année !
Quelques outsiders à surveiller : Warren BARGUIL, Sergio HIGUITA, Michael MATTHEWS, Dylan TEUNS, Michaël WOODS entre autres.
Également à suivre côté français : Franck BONNAMOUR, Clément CHAMPOUSSIN, David GAUDU, Victor LAFAY, Rudy MOLARD, Alexis VUILLERMOZ.
La liste de départ complète : https://www.procyclingstats.com/pdf/sta ... ?id=268437
SUIVRE LA COURSE
Prise d’antenne à 15h05 sur France 3.
Diffusion à partir de 14h30 sur Eurosport 2
Pour la météo, temps sec a priori je laisse nos amis Belges nous apporter plus de précisions
