Cyclisme pro. Son image et la triche.
Publié : 20 mars 2016, 11:44
A la suite d'un bref échange avec Zach hier au sujet de l'image du cyclisme dans le populaire et donc de sa place dans les coeurs autant qu'en terme de couverture médiatique, et profitant de quelques évènements de course avérés ou suggérés ces derniers mois, je souhaite évoquer un instant la relation qu'entretient le sport cycliste, du moins notamment sa face professionnelle, avec la tricherie au sens large. Et il n'est pas question de faire un comparatif avec les autres sports comme le football où tout est aussi bon pour obtenir un coup-franc, une touche, un carton pour l'adversaire ou pour gagner quelques mètres de plus sur une remise en jeu.
On disait encore hier que le cyclisme a, pendant très longtemps bénéficié, d'une très mauvaise presse eu égard à ses nombreuses affaires de dopage, et donc par là même avec les pratiques récurrentes et avérées en matière de dopage chimique, biologique.... Les piquouses, l'Epo, les transfusions, plus récemment l'Aicar... Là où nous, passionnés de vélo voyions des forçats de la route, le populaire, hors Tour de France, ne voyait et ne voit encore d'ailleurs que drogués.
Indépendamment de la question de savoir si oui ou non cette forme de triche a vraiment diminué ou disparu, il faut tout de même reconnaitre qu'encore une fois le cyclisme n'est pas le dernier à ternir son image, lui-même, tout seul, comme un grand. Même encore de nos jours et y compris par des pratiques qui sont entrées dans le \"banal\" ou dans le \"toléré\" bien que contraire à la règlementation le plus souvent.
Il y a bien évidemment l'histoire du dopage mécanique qui, même si pour l'instant cantonné à une jeune fille en ce concerne les cas avérés, fait beaucoup de mal au vélo et ne redore franchement pas son blason.
Mais pas seulement.
En tant que passionné de vélo lors de discussions avec de non-passionnés j'endosse bien souvent l'habit du fanboy pas franchement totalement objectif je le reconnais. Mais qui ne l'a pas déjà fait en débattant avec un pro foot, pro rugby ou pro tennis? Néanmoins objectivement je me dois de reconnaitre que l'image du sportif cycliste n'est pas très reluisante. Pourquoi? Parce que la triche, même mineure fait partie de son quotidien. Après avoir évoqué le dopage chimique, le dopage mécanique, j'en viens donc aux \"petits arrangements\" que les coureurs et leurs staffs respectifs s'accordent régulièrement quitte à enfreindre les règlements officiels. Bien entendu je pourrais être considéré comme trop à cheval sur ceux-ci, trop romantique aussi d'un cyclisme chevaleresque qui n'a finalement sans doute jamais existé, mais....
Mais bien que passionné de vélo depuis tout jeune, j'avoue n'avoir jamais apprécié certaines pratiques très courantes au sein du peloton. Que les déclarations des Geschke, Tosatto, Capecchi soient vraies ou fausses, qu'elles soient teintées d'hypocrisie très certainement, néanmoins elles mettent un peu plus en lumière, grâce notamment à la communication moderne (réseaux sociaux) liée à l'abondance de caméras (Nibali dernière Vuelta) des actions qui sont très courantes au sein du peloton, sur toutes les courses et qui, personnellement, m'agacent pas mal car à mon sens aussi une forme de tricherie. Et ce ne sont pas les quelques secondes de pénalités ou quelques francs suisses donnés occasionnellement en guise de réprimande qui suffisent à enrayer des pratiques banalisées et acceptées de tous. Jalabert ne nous dit-il pas régulièrement que \"c'est toléré\". Je vise principalement des pratiques qui ne peuvent d'ailleurs pas être commises sans la collaboration active du staff de l'équipe dans la voiture, n'oublions pas en outre que la plupart des DS d'aujourd'hui son les coureurs d'hier... Et je pose la question: l'UCI ne devrait-elle pas prendre cette autre forme de tricherie à bras le corps et quels peuvent être les moyens de sanctionner et de prévenir plus sérieusement la commission de ces infractions manifestes?
Et par là même j'évoque le fait global qu'un coureur cycliste a malheureusement la fâcheuse habitude d'être prêt à n'importe quoi pour obtenir le moindre gain, qu'il soit en terme de temps, de distance, d'économie d'énergie ou autres. Donc de l'image quand même peu reluisante qu'il renvoie.
Il y a d'abord l'utilisation abusive de trajectoires esquivant certaines difficultés, je pense notamment aux monts et secteurs pavés qui sont parfois escamotés, les coureurs passant soit dans la rigole, soit surtout (plus règlementairement parlant interdit) passant sur les chemins, trottoirs ou pistes parallèles (le secteur pavé de Varent en est l'exemple ultime, dédicace à Sieberg). Mais ceci ayant déjà été évoqué à l'occasion du week-end d'Ouverture, mon propos ici vise davantage les pratiques ayant recours à la voiture du DS, et notamment au moins quatre des plus flagrantes:
- lors de la remise de ravitaillement et notamment de bidons, les coureurs restent souvent (en montagne beaucoup) accrochés de manière exagérément prolongée avec une volonté manifeste de se faire tirer, tracter, sinon relancer par la voiture;
- lors d'un incident de type mécanique voire chute les coureurs ont quasi systématiquement soit un problème de centrage de freins soit de tige de selle, comme par hasard, prétexte le plus souvent on le sait bien, pour être remonté comme une fleur au paquet;
- certains DS n'hésitent pas carrément à remonter leurs coureurs bien calés dans le coffre du véhicule, à l'image d'un Meersman il y a quelques années sur Paris-Nice ou d'un Quinziato dont j'ai le souvenir, à plus de 70km/h (faux-plat descendant aussi) sur les 3 Jours de la Panne;
- le cas ultime d'un Nibali, s'agrippant à la portière pour sauter de groupe en groupe.
Tout autant de pratiques visibles par exemple sur le TDF et dont Jalabert nous dit donc quasi fièrement \"c'est toléré\".
Et bien pour moi ça ne devrait pas être le cas, peut-être trop naïf que je suis. Peut-être que les moyens manquent pour lutter contre cela, je l'ignore.
Il va sans dire qu'au delà de l'image que je trouve personnellement assez désastreuse, ces formes de tricheries courantes, et notamment les trois dernières peuvent avoir un impact assez important sur le déroulement même de la course et de son issue. Imaginez l'avantage d'être ramené par sa voiture, notamment lors d'un final:
- le coureur concerné ne fait pas d'efforts superflus, la voiture les fait pour lui;
- le coureur est assuré de revenir sur son groupe, chose moins évidente sans aide de son DS;
- un certain nombre d'équipiers peuvent ainsi être tout simplement exonérés d'efforts, rester au chaud dans le peloton et être encore présents et utiles dans le final alors qu'avec une course plus fair-play et \"morale\" ou \"éthique\", l'effort de ramener le leader aurait pu les condamner.
Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour être plus strict et regardant au sujet de ces faits de course mais mon avis est que ce genre d'images renvoyées par le vélo n'est pas fait pour arranger l'idée que le populaire se fait de la compétition cycliste. Est-ce qu'une forme \"d'arbitrage vidéo\" est envisageable notamment pour contrôler les faits et gestes des véhicules suiveurs (genre caméras embarquées façon un peu F1 ou police US afin de contrôler les deux côtés et le coffre des voitures de DS)?
Bref, qu'en pensez-vous?
(et je précise que mon but n'est pas de viser ou de condamner un coureur un particulier, ni Nibali, ni Bouhanni, ni Démare pour peu que ces derniers cas soient véridiques, c'est une réflexion d'ensemble car tous plus ou moins ont un jour ou l'autre eu recours - et auront encore recours - à ce genre de pratiques, et oui, ça m'exaspère assez, non seulement la commission de ces actes, mais la banalité et l'acceptation quasi générale dans laquelle ils sont souvent commis)
On disait encore hier que le cyclisme a, pendant très longtemps bénéficié, d'une très mauvaise presse eu égard à ses nombreuses affaires de dopage, et donc par là même avec les pratiques récurrentes et avérées en matière de dopage chimique, biologique.... Les piquouses, l'Epo, les transfusions, plus récemment l'Aicar... Là où nous, passionnés de vélo voyions des forçats de la route, le populaire, hors Tour de France, ne voyait et ne voit encore d'ailleurs que drogués.
Indépendamment de la question de savoir si oui ou non cette forme de triche a vraiment diminué ou disparu, il faut tout de même reconnaitre qu'encore une fois le cyclisme n'est pas le dernier à ternir son image, lui-même, tout seul, comme un grand. Même encore de nos jours et y compris par des pratiques qui sont entrées dans le \"banal\" ou dans le \"toléré\" bien que contraire à la règlementation le plus souvent.
Il y a bien évidemment l'histoire du dopage mécanique qui, même si pour l'instant cantonné à une jeune fille en ce concerne les cas avérés, fait beaucoup de mal au vélo et ne redore franchement pas son blason.
Mais pas seulement.
En tant que passionné de vélo lors de discussions avec de non-passionnés j'endosse bien souvent l'habit du fanboy pas franchement totalement objectif je le reconnais. Mais qui ne l'a pas déjà fait en débattant avec un pro foot, pro rugby ou pro tennis? Néanmoins objectivement je me dois de reconnaitre que l'image du sportif cycliste n'est pas très reluisante. Pourquoi? Parce que la triche, même mineure fait partie de son quotidien. Après avoir évoqué le dopage chimique, le dopage mécanique, j'en viens donc aux \"petits arrangements\" que les coureurs et leurs staffs respectifs s'accordent régulièrement quitte à enfreindre les règlements officiels. Bien entendu je pourrais être considéré comme trop à cheval sur ceux-ci, trop romantique aussi d'un cyclisme chevaleresque qui n'a finalement sans doute jamais existé, mais....
Mais bien que passionné de vélo depuis tout jeune, j'avoue n'avoir jamais apprécié certaines pratiques très courantes au sein du peloton. Que les déclarations des Geschke, Tosatto, Capecchi soient vraies ou fausses, qu'elles soient teintées d'hypocrisie très certainement, néanmoins elles mettent un peu plus en lumière, grâce notamment à la communication moderne (réseaux sociaux) liée à l'abondance de caméras (Nibali dernière Vuelta) des actions qui sont très courantes au sein du peloton, sur toutes les courses et qui, personnellement, m'agacent pas mal car à mon sens aussi une forme de tricherie. Et ce ne sont pas les quelques secondes de pénalités ou quelques francs suisses donnés occasionnellement en guise de réprimande qui suffisent à enrayer des pratiques banalisées et acceptées de tous. Jalabert ne nous dit-il pas régulièrement que \"c'est toléré\". Je vise principalement des pratiques qui ne peuvent d'ailleurs pas être commises sans la collaboration active du staff de l'équipe dans la voiture, n'oublions pas en outre que la plupart des DS d'aujourd'hui son les coureurs d'hier... Et je pose la question: l'UCI ne devrait-elle pas prendre cette autre forme de tricherie à bras le corps et quels peuvent être les moyens de sanctionner et de prévenir plus sérieusement la commission de ces infractions manifestes?
Et par là même j'évoque le fait global qu'un coureur cycliste a malheureusement la fâcheuse habitude d'être prêt à n'importe quoi pour obtenir le moindre gain, qu'il soit en terme de temps, de distance, d'économie d'énergie ou autres. Donc de l'image quand même peu reluisante qu'il renvoie.
Il y a d'abord l'utilisation abusive de trajectoires esquivant certaines difficultés, je pense notamment aux monts et secteurs pavés qui sont parfois escamotés, les coureurs passant soit dans la rigole, soit surtout (plus règlementairement parlant interdit) passant sur les chemins, trottoirs ou pistes parallèles (le secteur pavé de Varent en est l'exemple ultime, dédicace à Sieberg). Mais ceci ayant déjà été évoqué à l'occasion du week-end d'Ouverture, mon propos ici vise davantage les pratiques ayant recours à la voiture du DS, et notamment au moins quatre des plus flagrantes:
- lors de la remise de ravitaillement et notamment de bidons, les coureurs restent souvent (en montagne beaucoup) accrochés de manière exagérément prolongée avec une volonté manifeste de se faire tirer, tracter, sinon relancer par la voiture;
- lors d'un incident de type mécanique voire chute les coureurs ont quasi systématiquement soit un problème de centrage de freins soit de tige de selle, comme par hasard, prétexte le plus souvent on le sait bien, pour être remonté comme une fleur au paquet;
- certains DS n'hésitent pas carrément à remonter leurs coureurs bien calés dans le coffre du véhicule, à l'image d'un Meersman il y a quelques années sur Paris-Nice ou d'un Quinziato dont j'ai le souvenir, à plus de 70km/h (faux-plat descendant aussi) sur les 3 Jours de la Panne;
- le cas ultime d'un Nibali, s'agrippant à la portière pour sauter de groupe en groupe.
Tout autant de pratiques visibles par exemple sur le TDF et dont Jalabert nous dit donc quasi fièrement \"c'est toléré\".
Et bien pour moi ça ne devrait pas être le cas, peut-être trop naïf que je suis. Peut-être que les moyens manquent pour lutter contre cela, je l'ignore.
Il va sans dire qu'au delà de l'image que je trouve personnellement assez désastreuse, ces formes de tricheries courantes, et notamment les trois dernières peuvent avoir un impact assez important sur le déroulement même de la course et de son issue. Imaginez l'avantage d'être ramené par sa voiture, notamment lors d'un final:
- le coureur concerné ne fait pas d'efforts superflus, la voiture les fait pour lui;
- le coureur est assuré de revenir sur son groupe, chose moins évidente sans aide de son DS;
- un certain nombre d'équipiers peuvent ainsi être tout simplement exonérés d'efforts, rester au chaud dans le peloton et être encore présents et utiles dans le final alors qu'avec une course plus fair-play et \"morale\" ou \"éthique\", l'effort de ramener le leader aurait pu les condamner.
Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour être plus strict et regardant au sujet de ces faits de course mais mon avis est que ce genre d'images renvoyées par le vélo n'est pas fait pour arranger l'idée que le populaire se fait de la compétition cycliste. Est-ce qu'une forme \"d'arbitrage vidéo\" est envisageable notamment pour contrôler les faits et gestes des véhicules suiveurs (genre caméras embarquées façon un peu F1 ou police US afin de contrôler les deux côtés et le coffre des voitures de DS)?
Bref, qu'en pensez-vous?
(et je précise que mon but n'est pas de viser ou de condamner un coureur un particulier, ni Nibali, ni Bouhanni, ni Démare pour peu que ces derniers cas soient véridiques, c'est une réflexion d'ensemble car tous plus ou moins ont un jour ou l'autre eu recours - et auront encore recours - à ce genre de pratiques, et oui, ça m'exaspère assez, non seulement la commission de ces actes, mais la banalité et l'acceptation quasi générale dans laquelle ils sont souvent commis)