Re: L'Histoire du Tour de France en 21 étapes, by jicébé
Publié : 11 août 2025, 11:20
Quel beau coureur que ce Koblet, à la carrière un peu énigmatique faite de coups d'éclat. Et ce destin à la James Dean ...levrai-dufaux a écrit : 10 août 2025, 15:29 Merci jicébé de nous faire revivre l'histoire du Tour à travers ta sélection d'étapes![]()
Je réagis un peu en décalé, simplement pour préciser :
- la photo de Vietto pleurant à côté de son vélo n'est pas prise lors de l'étape que tu as sélectionnée, mais dans la précédente, dans la descente du col de Puymorens où s'est jouée le premier acte de la tragédie Vietto sur ce Tour 1934 (l'une des histoires les plus incroyables de l'histoire du Tour à n'en pas douter). Dans les Alpes, Vietto avait comblé la moitié de son retard au général sur Magne (plus de 20 minutes !) à travers d'extraordinaires numéros en montagne, puis en gagnant à Cannes, il avait faire naître les fantasmes les plus fous parmi ses supporters malgré un retard conséquent au général. Dans cette première étape pyrénéenne, Magne chute et doit changer de vélo dans la descente du Puymorens. En dépannant son leader, Vietto abandonnait définitivement ses chances au général. Plus tard, il dira : "cette roue, je ne l'ai pas donnée, on me l'a volée" ! Le lendemain, il parachève son sacrifice en remontant les lacets du Portet d'Aspet à contre-sens dans l'épisode que tu mentionnais.
- en ce qui concerne l'exploit de Koblet, sans le minimiser le moins du monde, on peut noter que son succès tient aussi à une erreur stratégique du peloton qui a beaucoup trop tardé pour lancer une vive poursuite, après avoir préféré contrôler l'écart sur le Suisse, pensant qu'il allait s'épuiser de lui-même au fil des kilomètres seul face au vent. Ainsi, le rythme n'était pas si soutenu, au point que Dotto a pu se lancer seul en contre-attaque durant une vingtaine de kilomètres avant de se relever, échouant lui aussi à combler l'écart sur le Suisse. Ce n'est que dans les 50 derniers kilomètres que le peloton s'est véritablement mis à embrayer. Là où l'exploit de Koblet est ahurissant, c'est qu'il ne lâche alors quasiment rien (il avait 4 minutes d'avance à 60 km de l'arrivée, et il en garde 2'35 sur la ligne !).
Même s'ils ont tardé à se mettre à plat-ventre pour revenir sur lui, quand ils l'ont fait ils sont tombés sur un os ! Comme tu dis, ils ne reprenaient quasiment rien quand on sait combien ils étaient et que Koblet était seul.
Je crois me rappeler de Geminiani, qui déclarait avec la verve qu'on lui connaissait : "et derrière on était à bloc ! Pourtant, merde on n'était pas des peintres !"
