sutter7 a écrit : 12 févr. 2022, 00:06
-Vélomen- a écrit : 11 févr. 2022, 20:34
Il est à l'aise sur les pavés Ganna ? Bon techniquement ?
Et endurant ?
Je pose la question car être le meilleur rouleur du monde ne garantit pas du tout de briller sur Roubaix : la plupart des tops rouleurs n'ont d'ailleurs pas brillé sur la reine des classiques, Tony Martin en tête.
Ganna a gagné Paris-Roubaix en espoirs, donc techniquement il doit avoir une certaine aisance, mais il n'a jamais confirmé chez les pros avec pas mal de DNF.
Néanmoins il a zappé ces courses ces deux dernières années, alors qu'il a franchi un gros cap.
Je suis aussi curieux de le voir à l'oeuvre...
Tony Martin ne s'y est jamais vraiment investi, c'est un gros peureux(+râleur) qui n'a jamais souhaité sortir de sa zone de confort. Il a toujours eu peur d'y laisser un genou et on peut le comprendre vu ses reflexes qui faisaient pâlir Stephen Hawking.
J'ai le souvenir de l'avoir déjà vu assez monstrueux à son top sur des secteurs pavés, sur le Tour de France peut-être bien ou sur le Tour du Bénélux.
L'effort sur les pavés est plus proche de celui qu'on retrouve en poursuite par équipes qu'en poursuite individuelle, il y a de très grosses accélérations notamment en début de secteur ou à la relance dans les virages. Si t'es bien calé dans les roues, ça peut aller, tu restes à 300 W mais si tu n'es pas trop à l'aise et que tu dois prendre tes distances comme dans la Trouée, tu te retrouves à répéter des accélérations à plus de 550 W fréquemment.
Alex Dowsett en parlait un jour dans une interview, et il avait toujours été naze sur Paris-Roubaix à cause des accélérations brutales qui lui grillaient les jambes, ça demande un entrainement spécifique pour y être performant (des séances du genre 30/30). Même si tu es un rouleur du top mondial, si tu n'arrives pas à gérer le lactique, c'est mort pour Paris-Roubaix.
Si tu veux mettre la tête à la fenêtre, faut rouler au-dessus des 500 W, c'est vraiment comme de la poursuite par équipes.
L'effort n'est pas aussi linéaire qu'on pourrait le croire surtout dans les moments de vérité.
Il faut avoir une excellente puissance sur 1 min (+ très grosse capacité aérobie pour récupérer/tamponner très rapidement) ce qui n'était pas le cas de Dowsett. Un Michael Phelps aurait sans doute été un client sur PR avec ses aptitudes s'il s'était consacré au vélo. Lui qui, grâce à une énorme capacité aérobie combinée à une puissance anaérobie lactique hors pair, arrivait à enchainer deux finales de grands championnats en l'intervalle d'un quart d'heure, capacité de récupération qui se rencontrait très rarement chez des nageurs hors distance de demi-fond (1500 m).
C'est pourquoi c'est davantage une course pour routiers-sprinteurs (terme plus trop usité actuellement dont le profil est proche de Boonen/van der Poel/van Aert/Pedersen/Démare/Phinney) que pour pur rouleurs.
Un coureur qui aurait sans doute excellé sur Paris-Roubaix s'il avait pu le disputer dans ses meilleurs années et s'il avait un peu bossé l'endurance (ce qui n'est pas le compliqué à améliorer), c'est Lasse Norman Hansen.
Je pense que c'est le routier qui a le plus gros temps sur km arrêté (1:00 si je me souviens bien) et est bon rouleur également.
Vu les poursuites par équipes que nous livrent Ganna, je ne me fais pas trop de soucis pour lui afin de gérer les efforts répétés à très haute intensité, il sait aussi passer les pavés comme en atteste son succès chez les espoirs et n'est pas mauvais dans le placement.
Le seul doute, c'est son endurance sur 260 km.
Ce n'est pas pour rien que c'est la reine des classiques. Pour y briller, il faut être un sacré athlète ultra complet, qui sait allier grande endurance, puissance et accélérations.
Un autre qui va susciter un grand intérêt en avril prochain, c'est Mohoric.
L'an dernier, il s'était crashé assez tôt dans la course et son pic de forme était passé.
Rasmus Tiller, la grosse brute, vaudra le détour également en attendant l'avènement de Soren Waerenkjold qui est taillé pour cette course (beau bébé, sprinteur, spécialiste du prologue, il explosait Tobias Johannessen lors du championnat de Norvège de cyclo-cross)