marooned a écrit : 01 août 2018, 14:28
biquet a écrit : 31 juil. 2018, 21:47
Le Tour, depuis la sortie de la 2è guerre, ça a toujours été d'abord la montagne et les chronos. Désormais, il ne reste presque plus que la montagne. Je trouve ça vraiment dommage.
Les grimpeurs pleurent ? Ils n'ont qu'à être meilleurs, c tout. S'ils tombent sur des mecs qui sont meilleurs qu'eux aussi bien dans les chronos qu'en montagne, tant pis, c'est la loi du sport. Avec 0km de chrono, les "grimpeurs" auraient quand même perdu. On peut être grimpeur et grimper moins vite qu'un rouleur, on en a encore eu la preuve cette fois. Alors autant retrouver les vieux équilibres du Tour et redonner à l'exercice individuel la place qu'il n'aurait jamais du perdre.
D'ailleurs, les grimpeurs qui ont gagné le Tour, il ne leur serait même pas venu à l'idée de pleurer parce qu'il y avait trop de chronos: Robic, Gaul, Bahamontès, Van Impe, Delgado (qui roulait pas mal, en plus), Pantani, Sastre, ils ont gagné malgré des chronos.
Je te renvoie à cette discussion qu'on a eu pendant le Tour et qui finalement aborde les mêmes problèmes :
viewtopic.php?p=2861891#p2861891
Tu partais du postulat qu'en remettant l'exercice individuel au centre du jeu, ça pourrait laisser plus de libertés aux attaquants et aux baroudeurs. Or le Tour 2012, c'était un Tour dessiné dans cette optique. 93 bornes de CLM individuel plat et des étapes de montagne tracées pour inciter les coureurs à bouger de loin. Et qu'a t-on vu au final ? Pas grand chose. Des DS frileux et des coureurs attentistes. Au final, ce Tour a été un échec total et Prudhomme a abandonné cette option. Peut être qu'il aurait persévéré dans cette voie si ce Tour avait été intéressant mais tu conviendras que c'était loin d'être le cas.
Faut pas croire, Prudhomme est bien conscient du problème et cherche lui aussi des solutions pour permettre de retrouver des courses spectaculaires et les grandes envolées d'antan. On ne peut pas lui reprocher de rester inactif. Ils intègrent régulièrement de nouvelles difficultés sur le parcours. Il a proposé un tracé avec beaucoup de chronos individuels en 2012 et un autre sans chrono individuel en 2015. Bref il tente des choses.
Tu pointes aussi du doigt l'absence de grimpeurs hors normes et là dessus je ne te comprends pas non plus. Tu précises toi-même souvent dans tes messages que les watts développés par Quintana sont excellents. Être meilleur, ça voudrait dire rentrer dans une zone "interdite" et je ne pense pas que ce soit dans l'intérêt du cyclisme de voir apparaitre de nouveaux grimpeurs mutants.
A partir de là, il n'y a plus grand chose à faire pour eux. Si encore il n'y avait qu'un seul rouleur grimpeur dominant en face. Mais non, sur ce dernier Tour ils sont 4 à être au top niveau (et encore on pourrait rajouter Porte qui a abandonné très tôt) dont deux qui sortent du Giro. Sans compter qu'à la Sky, t'as plusieurs équipiers performants qui ont aussi ce profil. C'est sans doute lié à une combinaison de plusieurs facteurs (les SRM, les braquets, etc...) mais en attendant le constat est là et il fait mal. L'opposition entre les rouleurs grimpeurs et les non-rouleurs grimpeurs n'existent plus alors qu'une grande partie de l'histoire du Tour repose là-dessus.
En 2012, le gros problème, c'est qu'il n'y avait pas vraiment de grimpeurs au départ. Quintana trop jeune, Contador suspendu, Purito sur Giro et Vuelta, Pinot très prometteur mais encore tendre, il n'y avait que Nibali pour offrir une opposition "relative" à la Sky.
Lorsque je dis qu'il manque un grimpeur hors-norme, je parle d'un coureur qui sort vraiment du lot, et de façon régulière, comme les grands du passé. Mais tu as raison. Celui qui ferait ça, maintenant, serait vite dans l'œil du cyclone, car il devrait développer des puissances cumulées qui se rapprocheraient dangereusement des années EPO et transfusions sanguines. Finalement, c'est peut-être mieux qu'il n'existe pas de grimpeur de ce type, même si le spectacle en pâtit. Les Watts de Quintana sont toujours excellents, mais le problème, c'est qu'il y a désormais un bon paquet de gars qui peuvent réaliser pratiquement les mêmes. Thomas est un exemple flagrant (417W en moyenne, finalement), mais par exemple, jamais je n'aurais pensé que Dan Martin arriverait au niveau d'un gars comme Quintana, en montagne. L'irlandais a toujours été un bon escaladeur, mais à l'approche de la trentaine, il a franchi un sérieux palier dans ce domaine. En 2015, il y avait 2 grimpeurs nettement supérieurs, c'était Quintana et Froome. Désormais, c'est presque l'embouteillage chez les + 405W moyenne (avec des pics qui peuvent dépasser les 420W, même sur des efforts de 30'), et les courses s'en ressentent: on s'emmerde.
C'est pour cette raison que je préfèrerais que le Tour retrouve ses anciens schémas. Au moins Bardet et les autres grimpeurs n'auraient plus "la corde au cou". Mais faudrait qu'ils prennent le départ, et c'est un autre problème. Autrefois, même s'ils savaient pertinemment que leurs chances de victoire finale étaient minimes, les grimpeurs ne se faisaient pas prier pour participer au Tour. Désormais, ils se rabattent vite sur le Giro et la Vuelta.
