Ce topic cherche à trouver des solutions. Souvent, ceci demande une très bonne compréhension des causes du problème (de la même façon qu'on fait un diagnostic avant de parler de traitement).
Ce problème, c'est [b:2sr56x8l]l'évolution du cyclisme et de la société qui font que le spectacle est diminué[/b:2sr56x8l].
Le cyclisme étant une compétition, il favorise [strike]la survie[/strike] la victoire du plus apte face à des contraintes données. Par conséquent, l'analyse du comportement de Sky/Froome peut être révélatrice des causes du malaise actuel. Sky/Froome sont dominants car ils sont meilleurs (en vrac):
- En nutrition et entraînement (ça mériterait un débat entier).
- En gestion financière (idem)
- En gestion d'objectifs
- En communication.
Les deux premiers point ayant déjà été largement abordés, inutile d'y revenir. Les deux derniers sont intéressants, et je pense qu'on pourrait les voir selon un nouvel axe:
Dans de nombreux domaines, les interactions entre individus peuvent être étudiées par la théorie des jeux. Grosso modo, il s'agit d'un modèle simulant les actions à prendre pour chaque joueur, tel un jeu de rôle à tours, qui maximisent le résultat final.
(Le dilemne du prisonnier est un exemple:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dilemme_du_prisonnier ).
Tout bien pesé, le cyclisme peut aussi être considéré comme un ensemble de [b:2sr56x8l]n[/b:2sr56x8l] individus faisant [b:2sr56x8l]m[/b:2sr56x8l] décisions, et le but de chacun est de faire les choix qui maximisent son résultat. Dans le cyclisme moderne, les contraintes (cf. discussion sur les adaptations de réglement citées plus haut) font que le jeu propose un moyen "assez facile" de faire un résultat potable, qui conviendra aux sponsors, etc. Par contre, le jeu est organisé de telle façon que le fait de prendre des risques est très peu porteur et marche rarement. Donc, on assiste progressivement à un déséquilibre dans le jeu avec [b:2sr56x8l]une prime à la défense face à l'attaque[/b:2sr56x8l].
De plus, le jeu a une certaine inertie: dans un contexte de prime à la défense, le mode par étapes fait que celui qui est installé en tête est difficile à déloger. Ainsi, en tant que joueur vous constatez qu'il faut:
- Taper un grand coup le plus tôt possible, pour à la fois marquer les esprits/être réellement en tête.
- Entretenir cela dans les esprits de vos adversaires/dans les faits jusqu'au bout.
Pour moi, c'est exactement la stratégie Sky depuis deux ans. A témoin la Pierre-St-Martin 2015, à témoin la descente de Peyresourde 2016, dans les deux cas parmi les premières étapes potentiellement décisives.
Cette façon de voir permet, à mon avis, de mieux réfléchir les données du problème et d'envisager les solutions. Tout bien résumé, il s'agit simplement de rééquilibrer le jeu pour que le comportement offensif soit avantagé. Je ne vais pas me lancer dans des solutions, vous l'avez déjà tous fait (je suis d'accord avec certaines).
Concernant la gestion d'objectifs, il faut bien admettre que Sky/Froome est passée maître dans l'art, à la fois de cibler la bonne période de l'année, mais aussi au sein du Tour d'avoir un bloc uni vers un seul objectif. Le contexte des autres équipes (Tinkov, Movistar,...) est en comparaison frappant d'amateurisme...
En terme de communication, à l'heure des community managers je suis à nouveau étonné du contraste entre Sky/Froome et les autres. Plusieurs d'entre vous l'ont remarqué:
racool a écrit :Suis je le seul à trouver l'attitude de Froome suspecte? Il parle pas à la presse puis communique en étant très rassurant, il semble vraiment vouloir minimiser sa blessure :hmm:
... il a certainement pas mal compris la psychologie humaine (limiter ses défauts). Alors que ça allait mieux, son attaque simulée de l'autre jour vers Annecy, les canettes de Poels et leur attitude supérieure, ça fait certainement partie d'un tout visant à briser/limiter les vélléités de leurs adversaires... Tout ceci n'est absolument pas nouveau. J'ai juste l'impression que Sky/Froome l'utilisent plus et mieux que les autres.
D'où la réflexion suivante: dans l'histoire de l'homme, il y a toujours eu des innovations, et toujours des gens pour regretter le passé. Je le regrette exactement comme vous, mais force est de constater que l'histoire donne tort à ceux qui voudraient un retour en arrière: obligés de s'adapter au progrès (sous peine de favoriser la survie/victoire du plus tricheur, celui le plus apte à utiliser les nouveautés sans se faire voir).
Donc, ne pourrait-on pas d'une manière ou d'une autre utiliser les nouveaux capteurs (de puissance, de stress: cortisol sous-cutané p.ex.) pour déceler le bluff. En diminuant l'avantage du premier, ceci contribuerait à rééquilibrer le jeu...
C'est un peu tordu, je ne dis pas que je suis convaincu de mes propres solutions: j'espère juste vous avoir apporté de nouveaux axes de réflexion (analyser le problème telles les règles d'un jeu, et utiliser la technologie vers un but, et non pas adopter une attitude rétrograde vouée à l'échec -même si c'est dommage-).
Pff long post: ça faisait un moment que je ruminais tout ceci, fallait que ça sorte... :fouet: