Allez, je n'avais pas l'intention de mettre de résumé ici (je résume toujours brièvement sur Strava et je n'ai pas résumé mes cyclos depuis un bail) mais comme je vous lis et que j'y étais aussi (et que Vélomen me l'a signifié !), je me lance :
Parti sas 4, première déception. Dernière fois que je l'ai faite (2019) je terminais ~800. Je n'espérais pas un sas 0 vu l'ellipse, mais un sas 1 me paraissait logique ? Qu'à cela ne tienne, je vais leur montrer qu'ils se sont plantés sur l'attribution (non).
L'orga annonce toujours plus de monde au départ. Là ça communique sur 16 ou 17000 dossards. Combien de vrais partants ? Déjà à l'époque, ça gonflait les chiffres avec 12 ou 13k dossards, et finalement beaucoup moins de classés/partants réels.
Je pense n'avoir jamais été aussi bien préparé. Physiquement, le niveau est similaire à 2019, mais à côté j'ai vraiment soigné l'alimentation en course, j'ai fait du heat training. Bref, je suis ultra-confiant.
La différence avec 2019, c'est que je n'habite plus la même région. Plus de cols à disposition à l'entraînement. Je fais du long en préparation mais -après-coup- je serai bien obligé de reconnaître que ce n'est pas la même, tu ne bosses pas les mêmes intensités (ou le temps de maintien de celles-ci). Et c'est un vrai point noir si je veux refaire l'EDT dans les prochaines années (ici aussi, juste après l'arrivée c'était un "non" ferme).
Juste pour rappel, ou pas, j'ai fait l'EDT sans discontinuer de 2013 à 2019. Puis j'ai déménagé, je suis maintenant à 8h de route (au mieux) des Alpes, donc pas loin de 10 avec les arrêts. Impossible d'y aller à un autre moment que sur les grandes vacances.
Côté objectif, j'ai fait mes petits calculs, je trouve 6h de cyclo dans un jour de grâce. J'ajoute un petit matelas "peu de chance que tu maintiennes ces niveaux de puissance dans le dernier col", et j'arrive à quelque chose autour de 6h15/20 en étant en contrôle.
Comme dit par loulou, la veille, la météo est atroce (déluge complet l'aprem sur Doussard où je suis logé) mais le jour J, il fera beau. Pas trop chaud non plus, c'est bien (et tant pis pour mes séances de heat training tout le mois de Juin...).
Le matin même, je suis tôt sur place, vu que je viens par la route qu'emprunte la cyclo et que celle-ci est fermée dès 6h. Pas trop grave, dans tous les cas, la nuit qui précède est toujours courte, et là elle l'a spécialement été à cause de connards qui faisaient la fête dans un mobil-home à côté.
Finalement, l'heure à patienter dans le sas passe très vite et on s'élance avec un speaker véritablement survolté.
Comme d'hab, des idiots qui ont fait le forcing pour être dans les tous premiers dans le sas ne font absolument aucun effort pour "faire la course" quand le départ est donné.
On a pourtant ~11km de plat sur une 4 voies pour rejoindre le premier col, ça sert à quoi de faire le forcing pour être parmi les premiers si tu pars comme pour une rando-saucisson ?
Il s'agit pas de faire un CP5 ou CP10, mais juste faire ce qu'il faut pour rester au contact de ce premier peloton, afin d'arriver plus vite et plus frais (qu'en roulant seul le nez dans le vent 10km/h moins vite) dans le vif du sujet.
On arrive dans le premier col, Héry sur Ugine. 11km tout de même mais il ne présente pas de difficulté.
Je me cale sur mon rythme, vraiment en sous-régime, c'est le choix que j'ai fait pour essayer d'arriver le mieux possible au pied de la Plagne (ultime col).
On n'a même pas fait la moitié que je vois un mec le cul à l'air, à même pas 1m de la route, en train de vider ses intestins. Vu le peu de considération pour son amour propre, on devine le niveau de détresse gastrique. La journée va être longue pour lui.
Passage au sommet, je vais pour me garer afin de mettre le coupe-vent, et je vois que personne ne le fait. Bon bah, je continue sans m'arrêter alors (erreur ?).
La descente est giga-courte, mais il y a tout de même un mec embarqué dans une ambulance au milieu de celle-ci.
Et direct on est dans le pied du col des Saisies, pas un mètre de transition entre les 2. Tant mieux, ça évite de perdre du temps dans un peloton (ou carrément sans) qui n'avancerait pas.
Je me cale de nouveau à mon rythme, et ça se passe bien. Déjà là, je note que je dépasse plus de mecs que ce que je faisais dans le col précédent. Je suis censé (

) être en sous-régime, donc c'est vraiment une bonne nouvelle.
Ici aussi, sans difficulté, mais c'est tout de même assez long (15km ou quelque chose comme ça de mémoire).
On arrive au sommet, de nouveau pas de coupe-vent du coup. Et je m'élance.
Je suis plus confiant que dans la précédente (après tout, c'était ma première descente de col depuis un an) et on peut dire que ça file vite. Le vélo à disque est tout récent (fini de monté début Mai), et j'ai une confiance absolue dans les composants.
Seule ombre au tableau (qui se révélera PENDANT l'EDT), le frein arrière fait un sale bruit métallique sur les freinages un peu appuyés (et c'est pas ce qui manque avec des descentes à rallonge

). Bon, au moins on m'entend arriver ...
Hé bien même pas, dans le milieu de la descente des Saisies, un mec se décale avant un virage sans rien regarder alors que j'arrive pleine balle à sa gauche. Jusqu'au dernier moment, je me dis qu'il va arrêter de se décaler, toujours "même pas". Ca finit en coup d'épaule et chacun qui part de son côté de la route à ~45km/h. Pas de chute, des mecs gueulent derrière, et on continue ainsi.
Pas spécialement le temps d'y penser, la descente continue et il s'agit de rester dans sa course. Mais on n'est pas passé loin du drame malgré mon avertisseur sonore sur chaque freinage.
Courte transition au pied de la descente, dans un petit groupe de 4-5 avec un gars qui fait le forcing en tête. Ca me va bien.
Dans Beaufort, conformément à mon plan, je m'arrête remplir mes bidons (déjà plus entamés que ce que je prévoyais). Arrêt pipi (il faut que je retourne en arrière pour ça, donc perte de temps inutile ici). Ca sera mon arrêt le plus long. Je note tout de même de légers maux d'intestin à ce moment. Bon rien de particulier, sans doute la position assise prolongée + descente avec léger refroidissement j'imagine.
Je repars et plus ou moins directement, nous sommes dans le pied du col du Pré.
C'est sans doute celui que je redoute le plus. Dans la seconde partie, il y a de nombreux km à 11% de moyenne. Je me demande comment ça va se passer.
Dans le pied, tout se passe bien. Je reprends mon rythme.
Par contre, après le village -qui annonce l'arrivée des pourcentages compliqués-, je note que les watts baissent. Je lutte mais je n'arrive plus à maintenir l'objectif (sous-évalué pourtant, je le rappelle).
Je flanche dans la tête. Objectif pas tenu, prochains km atroces, je déconnecte mentalement. Je me fais doubler/re-doubler par pleins de types que j'avais déposés plus bas.
C'est un long chemin de croix à une vitesse moyenne pourrie.
Le sommet arrive enfin, je ne suis pas plus serein pour autant. Il reste le Cormet de Roselend, 6km à 6% (très pénible quand tu viens de t'enquiller le Méraillet, ou pire, le col du Pré. Et encore plus pénible quand ça s'est fait dans la douleur déjà).
La courte descente juste avant ne se fait pas sur route très belle, mais ça se passe bien.
Et rebelotte, on est très vite dans le pied du Cormet (déjà dit par Velomen mais, en effet, cette édition se caractérisait par le faibles nombre de km "plats").
Et j'ai bien fait de m'inquiéter, comme prévu ça se passe mal (qui aurait pu prédire ?). De nouveau scotché, de nouveau le mental en berne, de nouveau déposé par tout le peloton amateur de l'EDT.
À ce moment, j'avoue que me traverse l'idée de DNF. En gros, je ne monte pas la Plagne et je fais un retour direct Albertville. Mais j'essaie de me ressaisir en pensant aux nombreuses personnes qui ont cru en moi (c'est à dire, personne) et je me dis que ça serait quand même une sacrée trace noire à mon palmarès déjà pas bien reluisant.
La descente est top. Ca sera vraiment la conclusion de ma journée d'ailleurs, beaucoup de plaisir dans les descentes, beaucoup moins dans les montées. Quel plaisir "mental" de savoir que la route est fermée et que tu peux prendre les trajectoires que tu veux sans risquer de te prendre une bagnole en sortie de virage.
Néanmoins, dans une épingle dans la deuxième partie, un guignol me coupe littéralement la route en me faisant l'intérieur et en ressortant de l'autre côté de la route. Je l'incendie copieusement en lui disant que c'est de la merde et en lui donnant des noms d'oiseaux. Fun fact, je terminerai l'EDT dans la roue de ce gars (littéralement).
Je m'arrête au ravito de Bourg St Maurice, toujours selon le plan prévu. Je remplis les bidons de flotte, comme à Beaufort, et je repars sans perdre plus de temps.
Ici, c'est la seule vraie transition de cette EDT. Du faux-plat descendant jusqu'au pied de la Plagne. Un petit peloton se constitue autour de moi, et nouveau on trouve des gars pour rouler fort en tête (merci).
L'approche de la Plagne se fait par un chemin "de traverse" ce qui fait que l'orga indique 20 ou 21km d'ascension. Mais on ne me l'a fait pas à moi, je sais que ces 5-6 premiers km ne sont pas le col, et il n'en fait finalement que 15 ou 16. Ca aide pour le mental.
Dans le pied, c'est la folie. On se croirait sur le Tour, il y a de très nombreux spectateurs, les gens hurlent/encouragent. Ca donne des ailes !
Je me sens revivre. Ce n'est pas l'objectif puissance des cols précédents (et encore moins celui prévu puisque, je le rappelle, j'étais censé pouvoir trouver des ressources supplémentaires vu que j'avais fait le reste avec le frein à main), mais ça va tout de même mieux.
On déconne avec un étranger dans le pied en s'apercevant que des mecs ont déjà fini leur cyclo puisqu'ils redescendent (ouai mais hey ! Ils sont partis 30' plus tôt que moi ceux-là, si je monte la Plagne en 30 minutes je fais pareil

).
Je ferai une petite moitié de col comme ça, avant de retomber niveau puissance. Mais je me sens, malgré tout, moins collé puisque cette fois tout le monde est dans le même état et que je ne vois pas grand monde pour me déposer (maigre consolation).
Je fais un arrêt éclair au ravito au milieu, pour remplir les bidons. Celui-ci n'était pas prévu initialement, mais je me dis que si je peux avoir de quoi m'arroser abondamment c'est mieux (je cherche n'importe quel prétexte mental pour tenir à vrai dire).
Je n'aurai pas besoin de cette flotte vu que l'ascension se fera sous un ciel couvert (contrairement au reste de la cyclo) et plutôt à la fraiche.
À 2km de l'arrivée, un mec à côté de moi balance un "mais c'est long cette merde, j'aurais du rester faire des courses FSGT moi. Plus jamais je refais ça". Inutile de dire que je suis dans le même état d'esprit.
On arrive dans la Plagne, et après il y a encore 1km gratuit pour rejoindre l'arrivée. Je suis à côté d'Isaac del Toro (un mec en full kit UAE du maillot rose) qui me dit que c'est le dernier km le plus long de sa vie, et j'acquiesce en souriant (pas capable de dire grand chose de plus).
Je fais quand même les derniers 400m avec la poignée à fond, parce que quand même, faut pas déconner (et c'est terminé aussi).
Une fois la ligne passée, je me sens pas hyper frais. Toujours des maux d'intestin, qui se solderont par de multiples stages dans les toilettes de la Plagne puis dans les fourrés sur le chemin du retour aussi (qui se fait en voiture, sinon je crois que j'y serai encore vu le nombre d'arrêts).
6h44 le temps officiel je crois, 6h38 de cyclo avec 6-7 minutes d'arrêt donc. Une des rares satisfactions de ma cyclo, ne pas avoir lambiné aux arrêts et rester sur quelque chose autour de 2' par stop.
On est donc 30 minutes de plus que ce que je voulais mettre, ce qui est évidemment moisi, mais avec la craquante à partir de la mi-col du Pré, je connaissais le tarif applicable.
On est encore plus loin de l'objectif place, je visais un top 500, je fais ~2500. Même si j'avais réussi l'objectif temps, j'étais toujours 1000 places derrière l'objectif. Le niveau, qui était déjà costaud en 2019, a fait une sacrée montée en gamme. Là-dessus, je n'y peux rien, donc je préfère me focaliser sur l'objectif temps (pas réussi donc).
Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de craquante totale lors de mes objectifs. Pour pas dire que ça arrive systématiquement. Je pensais que c'était l'alimentation, a priori pas seulement ?
Difficile d'ignorer les (nombreux) épisodes WC à l'arrivée, ça a forcément joué sur la perf mais à partir de quand ? Et pour quelles raisons ? J'ai pris que des produits testés en long en large et en travers depuis Janvier, et dans des quantités également testées de la même manière depuis Janvier, sur des durées similaires. Jamais eu de souci.
Peut-être est-ce un mix d'un peu tout, trop de sucre, descentes de col pas couvert, l'altitude ?, le manque d'effort similaires en montagne. J'ai noté après coup que j'avais des gels périmés (depuis 2 mois) dans le lot. Peut-être qu'un seul l'était vraiment (c'est bourré de sucre ces trucs, je suis assez confiant sur le côté non périssable de ces produits...) ?
Bref, je suis très déçu de moi-même, j'y allais avec d'autres objectifs et à part habiter en montagne, je vois pas trop ce que je peux faire de plus/mieux dans ma prépa la prochaine fois.