Je suis entièrement d'accord avec ton ressenti.Fusagasuga2 a écrit : 04 avr. 2024, 18:07 J'ai quand même l'impression que dans les années 80, quand j'ai commencé à énormément m'intéresser au vélo il n'y avait pas autant de chutes. Il y en avait bien sûr, certaines sont restés dans l'histoire, parfois pour le pire malheureusement mais là quand je regarde les courses je me demande tous les jours s'il ne va pas y avoir une gamelle aux conséquences +/- grave. Et des gamelles il y en a tous les jours.
Quintana, que j'ai adoré, je soufflais tous les jours de plat passé sans qu'il ne tombe en me disant "un de moins sans chute". Pas le souvenir d'avoir jamais eu ce sentiment avec Herrera qui pourtant n'était probablement pas plus adroit sur un vélo que Nairo.
Est ce l'augmentation des vitesses qui fait qu'on est encire plus qu'avant sur le fil du rasoir? Autre chose?
Les chutes collectives ne sont pas une nouveauté dans le cyclisme, mais je crois que jamais leurs conséquences n'ont été aussi terribles sur la santé des coureurs et le déroulement des courses.
Je rejoins ceux qui considèrent que le problème principal vient de la façon de courir des coureurs (et de leurs DS qui les dirigent via les oreillettes). Ce qui a changé entre les années 1980/90 et aujourd'hui, c'est que désormais les équipes courent au millimètre : les parcours sont passés au peigne fin, chaque difficulté potentielle est anticipée, des stratégies adaptées à chaque éventuel "piège" sont mises en place, le rôle de chaque coureur est clairement défini avant course. Il y a une trentaine d'années, j'ai encore en tête ces images de coureurs sur le TDF qui regardaient voire découvraient le profil des étapes le matin même avant de glisser le bout de papier dans leur poche arrière. Les étapes de plat n'étaient pas courus de la même façon (il n'était pas rare qu'elles s'animent uniquement à la prise d'antenne TV pour les 20 derniers km, du moins pour les années 80). Les "trains" n'étaient pas généralisés. Les leaders ne frottaient pas et se fichaient de se prendre une cassure de quelques secondes dans le final d'une étape de plat, les écarts étant beaucoup globalement plus conséquent en chrono comme en montagne.
Nibali l'avait déjà évoqué au cours de sa carrière : depuis l'ère Sky, il avait le sentiment que les courses se couraient de plus en plus comme des épreuves de Formule 1 où chaque détail compte. Sauf qu'en cyclisme, le ratio coût/avantage d'une telle logique est clairement en défaveur de son application aveugle. Qu'en F1, chaque centième de secondes compte, c'est un fait. En cyclisme en revanche, les risques encourus pour, par exemple, être bien placé au pied d'une difficulté positionnée à 30 km de l'arrivée comme hier, sont énormes par rapport au gain potentiel. Car bambou l'a bien rappelé dans l'un de ses messages : hier, la situation de course n'exigeait nullement de prendre des risques inutiles à cet endroit de la course. L'échappée était sous contrôle, le peloton groupé. Dès lors, prendre des risques pour une simple question de placement au pied d'une difficulté où il y aurait probablement eu le temps de remonter est-il vraiment un bon calcul ? Il me semble qu'à force de se perdre dans des détails, les stratégies d'équipe en oublient l'essentiel : la sécurité des coureurs.
A mon sens, la mesure n°1 à prendre pour la sécurité des coureurs serait l'interdiction des oreillettes en course ou, plutôt, l'imposition d'un canal unique à l'ensemble des coureurs qui serait contrôlé par la direction de course. J'ai toujours trouvé très hypocrite l'argument sécuritaire des DS pour défendre leur contrôle des oreillettes en course alors qu'au contraire, on voit courses après courses, qu'à force de donner les mêmes ordres aux mêmes moments, ils créent de la tension dans le peloton (tout le monde cherchant à remonter au même moment). La sécurité en course étant du ressort des organisateurs, il serait plus logique que ce soit eux qui communiquent les pièges du parcours aux coureurs.