Iguane a écrit : 18 juin 2023, 22:03
Ilnur majka a écrit : 18 juin 2023, 21:38
Lui l'ancien Coach d'Ayuso n'a quasiment vu personne ou presque évoqué la montée stratosphérique de son ex coureur sur l'AlbulaPass. Iguane je t'ai vu t'indigner pour moins que ça non ? Ou bien avec la disparition de Mader ça amorti presque l'onde de choc
Stratosphérique à ce point ?
J'alimentais pas mal le taupique watts mais j'ai laissé tomber par manque de temps.
De toute façon c'est assez vain. On suit un sport où on ne sait pas très bien si les suspendus pour dopage sont vraiment dopés, si les non-suspendus sont cleans et comment ils font pour être plus fort que les chaudières des années 2000, et où d'ailleurs, coucou Nairo, on ne sait plus très bien qui suspend les coureurs et pour quoi.
Mais bon, j'aime bien les causes perdues. Et sans combat il n'y a pas de défaite, donc je n'exclu pas de continuer à m'indigner comme tu dis
Cela fait un moment que je désirais intervenir sur le tramadol, et là en parlant de ça, tu m'offres une belle occasion.
J'ai lu beaucoup d'interventions sur ce médicament interdit (et cette année il vaut une suspension ? ), et pour beaucoup on était dans du dopage, car il empêchait la douleur... Je n'y crois pas trop, certes en cas de blessure, il permet de limiter la douleur, mais en cas d'effort, si tu as de l'acide lactique dans tes jambes, la prise de tramadol ne sert à rien. Quant aux douleurs inhérentes à la pratique du cyclisme (les fameuses crampes que l'on a), cela me semble dérisoire. Bref, si un coureur veut se doper, il y a probablement plus efficace que le tramadol.
Non, pour moi la vraie raison, elle est mentale. Je ne sais pas si certains savent ce que sont les opioïdes, mais chez beaucoup de gens, cela provoque de l'euphorie, un bien-être incroyable. Or, on sait que de nombreux cyclistes sont sujet à des dépressions. Je pense d'ailleurs que Guillaume Martin avait évoqué cela (justement en parlait du tramadol) cela, à savoir que le médicament aide pas mal de coureur à tenir à la pression.
Le revers de la médaille de ce genre de produit, c'est qu'on développe une dépendance, et qu'on commence à devoir prendre de plus fortes doses pour que cela fasse effet. Je suis sûr que si Nairo Quintana en a pris (je parle au conditionnel car je ne sais plus si son cas a déjà statué), je suis sûr que c'est pour évité le fameux syndrome de sevrage qui peut survenir, d'autant plus qu'il était en compétition, ça la foutra mal qu'il ait une "crise" en course.
Alors je ne classerais personnellement pas le tramadol comme produit dopant. Faut-il l'interdire ? Si le coureur n'a aucune nécessité d'en prendre, oui, comme pour tout. N'oublions pas que la lutte contre le dopage est là pour garantir l'équité entre les coureurs, limiter les dégâts sur leur santé. Ce sont des idéaux, mails c'est la raison d'être. Or, un coureur qui n'a aucune blessure résultant d'un accident, n'a aucune nécessité à prendre ce genre d'antalgique. N'oublions d'ailleurs pas que l'une des autres raisons de la lutte contre le dopage, c'est aussi de limiter le trafic de médicaments. Des personnes en bonnes santés n'ont pas à prendre un produit qui ne leur en principe pas destiné, car des malades en ont malheureusement besoin (et d'autant plus qu'on sait qu'il y a parfois des pénuries sur certains antidouleurs).
Pour le reste, on peut se poser des questions sur l'exigence et la rigueur qu'impose le métier de cycliste. Il est vrai qu'un coureur c'est 3 à 8 heures de vélos par jour. S'il n'a pas envie, on s'en fout, c'est son métier, il est payé pour s'entrainer, c'est comme ça. Ok, on peut dire qu'ils ont signé pour ça, mais c'est facile à dire, le coureur une fois dans sa carrière ne doit pas réfléchir ainsi.
Mais il est fort probable qu'aujourd'hui, les coureurs ont très peu de moyens pour décompresser. Quand je lis qu'autrefois, les coureurs prenaient un steak-frite en plein Tour de France, c'est évidemment impensable aujourd'hui. Mais on peut se poser des questions si ça n'est pas cette vie de moine qu'ils doivent s'imposer, qui est responsable de leurs dépressions ou de leurs arrêts prématurés de carrières par manque de motivation. Malheureusement, le sport de haut niveau est comme une course à l'armement, et le premier qui décide de ne plus s'armer (ici disons celui qui décide de décompresser et sortir en boite), est le premier à être déclassé par les autres et ne plus savoir suivre, donc difficile de trouver des solutions.
PS : j'hésitais aussi à intervenir car j'ai pas envie d'être catalogué de "drogué" alors que j'ai jamais touché à ces trucs. Mais si je connais le sujet, c'est parce que la pharmacologie est un peu une passion pour moi, puis malheureusement j'ai rencontré des gens qui ont été dépendant de cela, et ça dépasse le cadre du simple drogué qui veut se faire plaisir, au contraire, ça tombe souvent sur les personnes sans qu'ils ne s'en rendent compte : dépression, deuil, accident récent qui nécessite d'être traité au tramadol (mais si on est justement dépressif à ce moment-là, c'est bingo...). Bref, avec le temps je ne condamne pas ceux qui en ont pris, c'est stupide, c'est sûr, mais ils doivent avant tout être écouté.