Je vous met ici la dernière interview de Typhaine Laurance (et bonne nouvelle, Ouest France qu'elle aura un contrat dans un Conti étrangère en 2023

) :
"La Bretonne Typhaine Laurance (24 ans) devait initialement revêtir le maillot de la nouvelle équipe féminine B & B Hotels. Finalement, le projet de création est tombé à l’eau, début décembre. L’ancienne pensionnaire d’Arkéa revient sur ces derniers mois à rebondissements.
Comment avez-vous vécu ces dernières semaines ?
C’était compliqué, que ce soit pour les coureurs ou le staff. Peut-être davantage quand on est sportif, parce qu’il y a des carrières en jeu derrière. Dans ces moments-là, il ne faut surtout rien lâcher, sinon c’est foutu. Le but était de retrouver une équipe (elle a signé dans une formation Continentale étrangère).
En termes d’émotions, cela s’apparentait à des montagnes russes ?
Un jour on nous disait que l’équipe féminine partait, le lendemain elle ne partait plus. On recevait parfois des infos, mais on ne savait pas si c’était vrai parce qu’on pouvait lire l’inverse ailleurs… En fait, oui, c’était vraiment les montagnes russes : une journée vous êtes contente, et le lendemain, plus. On ne savait plus où donner de la tête finalement. Il a fallu gérer ses émotions, et ce n’est pas évident. Et essayer de rester serein, alors que c’est malgré tout la panique… Cela nous rendra plus fort.
Quand et comment ce projet d’équipe féminine pour 2023 vous avait-il été présenté ?
On m’en a parlé dans les dernières, entre mi-septembre et fin septembre. Sébastien (Pineau) m’a appelé en me disant qu’il me voulait dans sa future équipe. Et que si j’étais d’accord avec sa proposition, il m’apporterait une lettre d’engagement. On se dit alors : « Go, c’est parti ! » Puis les jours passent, et on attend ce contrat qui n’arrive jamais…
« On ne savait plus trop qui croire »
À quel moment avez-vous senti que ce projet avait du plomb dans l’aile ?
On avait des nouvelles surtout parce qu’Audrey (Cordon-Ragot, qui devait être leader de l’équipe) poussait les frères Pineau à nous en donner. Mais fin octobre, on commençait à douter, à se dire que ça sentait mauvais, quand la conférence de presse (de présentation de l’équipe) a été annulée. On trouvait ça bizarre, même si on s’imagine alors que cette conférence sera repoussée à la semaine suivante. Mais c’était ça à chaque fois… Finalement, le lundi (5 décembre), on a eu une visio, et on nous a dit que c’était bon. Le lendemain, Audrey (Cordon-Ragot) a appelé le patron de B & B Hotels qui lui a dit qu’aucun accord n’avait été donné. Personne n’a compris. Ce point-là restera tout le temps flou : pourquoi nous avoir dit oui la veille ? Le lendemain, les frères Pineau ont alors fait une nouvelle visio. J’étais curieuse de savoir ce qu’ils allaient nous dire 48 heures après… Au final, c’était assez court. Ils n’ont pas dit grand-chose. On ne savait plus trop qui croire. C’était compliqué de les écouter et de savoir ce qu’ils ressentaient, même s’ils étaient peinés, parce qu’au-delà des femmes, l’équipe masculine s’arrêtait. À la fin de la visio, on pense aussi à soi, on n’écoute plus trop, on se dit : « bon, de toute façon, c’est terminé, au revoir ! »
Malgré tout, y avez-vous cru jusqu’au bout ?
Oui, oui. Je ne sais pas si on est naïfs ou pas, mais finalement, j’avais adhéré à un projet, j’assumais mes choix, parce qu’on devait avoir une belle équipe. Cela devait être chouette. Je n’ai donc pas voulu quitter le navire.
Avez-vous l’impression d’avoir été menée en bateau ?
Pas forcément. Je pense qu’ils (les frères Pineau) étaient un peu démunis face à la situation. Ils essayaient de sauver les meubles comme ils le pouvaient, mais ils ne savaient plus comment faire pour gérer la situation.
« Des choses n’ont pas été correctes »
Du coup, en voulez-vous à Jérôme Pineau et son frère ?
En vouloir, c’est un grand mot, parce que je ne les connais pas personnellement. Maintenant, il y a des choses qui n’ont pas été correctes, c’est une certitude.
Lesquelles ?
Le manque d’informations, ou des choses fausses. C’est ça qui m’embête, mais il ne faut plus regarder derrière, c’est digéré.
On vous mentait ?
On nous disait que l’équipe allait se faire, qu’il y avait des rendez-vous de prévus. Qu’il ne fallait pas qu’on s’inquiète, que nos contrats allaient être envoyés dans les prochains jours. Finalement, on ne recevait jamais rien, et on ne savait même pas s’ils étaient vraiment en rendez-vous. Qu’est-ce qui a été vrai ou faux dans l’histoire ? On ne sait pas."
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