- 23 sept. 2021, 03:02
#3385946
Les Flandres se sont parées de leurs plus beaux atours afin de célébrer comme il se doit le centenaire de cette course mythique qui, depuis exactement un siècle, fait rêver le plus obscur des vélocipédistes, et dont le titre représente bien souvent l'accomplissement ultime de tant de légendes : le championnat du monde. Anomalie dans le paysage cycliste puisque couru par équipes nationales ( ce qui ne manque pas de créer de véritables psychodrames internes ), ce titre si prestigieux s'offre à l'issue d'une course sèche, et le vainqueur se réserve le droit d'enfiler une saison durant cette tunique reconnaissable entre mille, et qualifiée à tort d'arc-en-ciel, puisqu'il s'agit tout simplement des cinq anneaux olympiques, et que le ciel se déploie très rarement sous cette gamme chromatique.
Si le palmarès s'ouvre généralement en 1927 dans les manuels, il s'agit de rappeler que la première édition date bien de 1921, mais que les six premières courses n'étaient réservées qu'aux amateurs, avant qu'Alfredo Binda n'ouvre le bal chez les professionnels, et il n'y a sans doute pas plus prestigieux afin d'inaugurer une longue lignée de champions titrés : à quelques exceptions près, et toute grande course se doit d'avoir son lot de champions maudits, les plus grands cyclistes ont porté la sainte tunique depuis un siècle, de Coppi à Valverde en passant par Van Looy, Merckx, Gimondi, Moser, Hinault ou Bettini.
Les Flandres, dont l'attachement au patrimoine cycliste n'est plus à démontrer, se sont donc portées garantes des festivités centenaires, et ont pour l'occasion concocté un joli parcours casse-pattes, initialement promis à la caste des Flandriens, mais à bien y regarder, des profils plus punchy sont tout à fait capables de s'extirper avec succès du toboggan de bosses qui fera office de tremplin pour le titre suprême, à moins qu'un sprinteur habile ne profite d'un attentisme coupable.
Dessiné autour des monts sur lesquels se font la sélection lors de la Flèche Brabançonne, le kilométrage et la startlist promettent en quelque sorte une Flèche XXL. Bien évidemment, puisque tous les regards convergent vers la Belgique flandrienne, l'équipe nationale est plongée dans un chaudron médiatique à ébullition maximale, et Wout Van Aert s'avancera vers la ligne de départ avec sur des épaules qu'il porte larges le poids de tout un peuple. Les déclarations de bonnes intentions des uns et des autres tendent à pacifier l'atmosphère, car la responsabilité qui pèsera sur l'équipe nationale sera colossale, et gare à celui dont l'initiative décousue déchirera le rêve irisé de la nation. Les références incessantes au Mondial 1963, local lui aussi, consacré par la trahison de Beheyt au nez et à la barbe de son leader Van Looy, sonnent comme une mise en garde à peine déguisée à l'attention des compagnons de chambrée de Wout.
Depuis 1963 donc, plus aucun Belge ne s'est imposé à domicile, et une étrange malédiction guette les cadors du plat pays qui est le leur, à moins qu'il se s'agisse justement d'un enthousiasme trop mal contenu de la part du public, enthousiasme d'une foule déchaînée qui a provoqué la chute d'Eddy Merckx en 1975, et que le roi Eddy paiera dans le final. Et malédiction pour Claudie Criquielion, tassé contre les barrières à quelques mètres de la gloire, chez lui. Et le coupable, Steve Bauer, a assez cher payé en haine larvée, et pas encore totalement évacuée, le prix de l'infamie. Gare donc à celui qui viendra briser le rêve de toute une nation. Il ne faudra pas se risquer à un doigt d'honneur à la foule si jamais des relais trop appuyés permettaient à un Italien malin de déboîter victorieusement dans le final, au risque de quitter les lieux en pièces détachées.
Parmi les principaux adversaires de l'équipe noire-rouge-jaune, Wout trouvera bien évidemment sur son chemin l'éternel rival des labours, Mathieu Van der Poel, dont la préparation cabossée interroge mais qui a tout de même pris le temps d'aller décrocher un trophée avant de rejoindre Anvers. Le tout récent champion d'Europe, Sonny Colbrelli, fera figure d'épouvantail, tant pour ses adversaires que pour la lutte antidopage. Le champion sortant, Julian Alaphilippe, est généralement prêt pour les grandes échéances et cherchera habilement à tirer son épingle du jeu face des à des adversaires souvent plus rapides. Quant à l'équipe danoise, à qui quelqu'un a sans doute rappelé que le premier Mondial se déroulait à Copenhague et que ce serait une jolie manière de boucler la boucle, elle s'appuie sur un collectif hybride et très fringant ces dernières semaines, autour notamment d'Asgreen, Valgren et Mads Pedersen, qui cherchera à définitivement prouver qu'il n'appartient pas à la caste des champions du monde de seconde zone.
Car c'est le revers de la médaille : le prestige incommensurable du maillot offre à ses opportunistes titulaires une exposition constante, et les sarcasmes qui vont avec envers ceux qui ne sauraient pas s'en montrer dignes. Ce qu'on a pu parfois appeler la malédiction du maillot arc-en-ciel. Au point que Harm Ottenbros, par exemple, sans-grade vainqueur surprise en 1969, a accueilli avec un immense soulagement de pouvoir revenir à ses couleurs publicitaires originelles et lâcher cette maudite relique qui avait fait son malheur une année durant.
Le titre mondial est finalement la marque ultime de l'aristocratie cycliste, une divine tunique dont la charge écrase les manants et sublime ses plus glorieux chevaliers. Dimanche, aux alentours de 17 heures, un public connaisseur se chargera d'annoncer lui-même la sentence, et sous un ciel si bas qu'un canal s'est perdu, on écoutera le plat pays craquer ou chanter.
STARTLIST ET PALMARES
PARCOURS
Après 60 kilomètres de mise en jambes, les coureurs arriveront à Louvain, où ils alterneront entre deux circuits, celui de Louvain et celui dit Flandrien. Comme son nom l'indique, ce dernier proposera une belle suite de monts pour costauds, dont le Moskesstraat, 500 mètres à presque 10% de pente pavée. Ce rude circuit de 32 kilomètres ne sera à parcourir que deux fois. Moins indigeste et plus urbain, celui de Louvain, 15,5 kilomètres, verra une enfilade de petites bosses moins raides, entrecoupées de nombreux virages qui pourraient favoriser les desseins de deux ou trois échappées face à un peloton. Sint-Antoniusberg, à deux kilomètres d'une arrivée en faux plat montant, sera la dernière difficulté du jour, moins par son profil ( 230 mètres à 5,5 % ) que ses pavés et sa route très étroite qui ne manqueront pas de provoquer quelques escarmouches si la sélection ne s'est pas faite d'ici-là.
Bien évidemment, seules les élites hommes auront à se farcir une telle enfilade de réjouissances. Sur le premier document, vous trouverez le déroulé de chaque épreuve sur route.
INFOS
Programme :
Vendredi 24 septembre 2021 :
Course en ligne Juniors Hommes
Louvain – Louvain : 121,4 km (8 tours) / 995 m de D+
Départ à 8h15
Course en ligne Espoirs Hommes
Anvers – Louvain : 160,9 km (1,5 tour de Louvain, 1 tour du circuit flandrien, 2,5 tours de Louvain) / 1049 m de D+
Départ à 13h15
Samedi 25 septembre 2021 :
Course en ligne Juniors Femmes
Louvain – Louvain : 75 km (5 tours) / 624 m de D+
Départ à 8h15
Course en ligne Elites Femmes
Anvers – Louvain : 157,7 km (1,5 tour de Louvain, 1 tour du circuit flandrien, 2,5 tours de Louvain) / 1047 m de D+
Départ à 12h20
Dimanche 26 septembre 2021 :
Course en ligne Elites Hommes
Anvers – Louvain : 268,3 km (1 tour de Louvain, 1 tour flandrien, 4 tours de Louvain, 1 tour flandrien, 3 tours de Louvain) / 2562 m de D+
Départ à 10h25
Télévision :
Vendredi 24 : Eurosport 1 à partir de 9h20
Samedi 25 : Eurosport 1 à partir de 8h15 et France 3 à 15h15
Dimanche 26 : Eurosport 1 à partir de 10h40 et France 3 à 13h30
HISTORIQUE
Septembre 2020, un Français met fin à une longue disette en franchissant le premier la ligne d'arrivée d'un prestigieux circuit automobile italien. Tout le monde aura bien sûr reconnu Pierre Gasly.
Philippe Gilbert déjà en position pour suivre ce Mondial.
Bien avant Remco, la Belgique avait déjà déroulé le tapis rouge sous les roues d'un sprinteur italien.
Le jour de gloire est arrivé.
Le grand-père de VDP garde bien au chaud la future place de Wout Van Aert.
Est-ce l'homme qui fait le maillot, ou l'inverse ?
" Puisque vous ajoutez du noir dans l'arc-en-ciel, je peux me permettre d'ajouter un boyau. "
" Mais qu'est-ce que je fous là moi ? "
" Je suis sûr que cette année 1998 sera grandiose. "
" Faites-moi penser à jeter tous mes disques d'Axel Bauer. "
C'est le Monde à l'Anvers.
Les Flandres se sont parées de leurs plus beaux atours afin de célébrer comme il se doit le centenaire de cette course mythique qui, depuis exactement un siècle, fait rêver le plus obscur des vélocipédistes, et dont le titre représente bien souvent l'accomplissement ultime de tant de légendes : le championnat du monde. Anomalie dans le paysage cycliste puisque couru par équipes nationales ( ce qui ne manque pas de créer de véritables psychodrames internes ), ce titre si prestigieux s'offre à l'issue d'une course sèche, et le vainqueur se réserve le droit d'enfiler une saison durant cette tunique reconnaissable entre mille, et qualifiée à tort d'arc-en-ciel, puisqu'il s'agit tout simplement des cinq anneaux olympiques, et que le ciel se déploie très rarement sous cette gamme chromatique.
Si le palmarès s'ouvre généralement en 1927 dans les manuels, il s'agit de rappeler que la première édition date bien de 1921, mais que les six premières courses n'étaient réservées qu'aux amateurs, avant qu'Alfredo Binda n'ouvre le bal chez les professionnels, et il n'y a sans doute pas plus prestigieux afin d'inaugurer une longue lignée de champions titrés : à quelques exceptions près, et toute grande course se doit d'avoir son lot de champions maudits, les plus grands cyclistes ont porté la sainte tunique depuis un siècle, de Coppi à Valverde en passant par Van Looy, Merckx, Gimondi, Moser, Hinault ou Bettini.
Les Flandres, dont l'attachement au patrimoine cycliste n'est plus à démontrer, se sont donc portées garantes des festivités centenaires, et ont pour l'occasion concocté un joli parcours casse-pattes, initialement promis à la caste des Flandriens, mais à bien y regarder, des profils plus punchy sont tout à fait capables de s'extirper avec succès du toboggan de bosses qui fera office de tremplin pour le titre suprême, à moins qu'un sprinteur habile ne profite d'un attentisme coupable.
Dessiné autour des monts sur lesquels se font la sélection lors de la Flèche Brabançonne, le kilométrage et la startlist promettent en quelque sorte une Flèche XXL. Bien évidemment, puisque tous les regards convergent vers la Belgique flandrienne, l'équipe nationale est plongée dans un chaudron médiatique à ébullition maximale, et Wout Van Aert s'avancera vers la ligne de départ avec sur des épaules qu'il porte larges le poids de tout un peuple. Les déclarations de bonnes intentions des uns et des autres tendent à pacifier l'atmosphère, car la responsabilité qui pèsera sur l'équipe nationale sera colossale, et gare à celui dont l'initiative décousue déchirera le rêve irisé de la nation. Les références incessantes au Mondial 1963, local lui aussi, consacré par la trahison de Beheyt au nez et à la barbe de son leader Van Looy, sonnent comme une mise en garde à peine déguisée à l'attention des compagnons de chambrée de Wout.
Depuis 1963 donc, plus aucun Belge ne s'est imposé à domicile, et une étrange malédiction guette les cadors du plat pays qui est le leur, à moins qu'il se s'agisse justement d'un enthousiasme trop mal contenu de la part du public, enthousiasme d'une foule déchaînée qui a provoqué la chute d'Eddy Merckx en 1975, et que le roi Eddy paiera dans le final. Et malédiction pour Claudie Criquielion, tassé contre les barrières à quelques mètres de la gloire, chez lui. Et le coupable, Steve Bauer, a assez cher payé en haine larvée, et pas encore totalement évacuée, le prix de l'infamie. Gare donc à celui qui viendra briser le rêve de toute une nation. Il ne faudra pas se risquer à un doigt d'honneur à la foule si jamais des relais trop appuyés permettaient à un Italien malin de déboîter victorieusement dans le final, au risque de quitter les lieux en pièces détachées.
Parmi les principaux adversaires de l'équipe noire-rouge-jaune, Wout trouvera bien évidemment sur son chemin l'éternel rival des labours, Mathieu Van der Poel, dont la préparation cabossée interroge mais qui a tout de même pris le temps d'aller décrocher un trophée avant de rejoindre Anvers. Le tout récent champion d'Europe, Sonny Colbrelli, fera figure d'épouvantail, tant pour ses adversaires que pour la lutte antidopage. Le champion sortant, Julian Alaphilippe, est généralement prêt pour les grandes échéances et cherchera habilement à tirer son épingle du jeu face des à des adversaires souvent plus rapides. Quant à l'équipe danoise, à qui quelqu'un a sans doute rappelé que le premier Mondial se déroulait à Copenhague et que ce serait une jolie manière de boucler la boucle, elle s'appuie sur un collectif hybride et très fringant ces dernières semaines, autour notamment d'Asgreen, Valgren et Mads Pedersen, qui cherchera à définitivement prouver qu'il n'appartient pas à la caste des champions du monde de seconde zone.
Car c'est le revers de la médaille : le prestige incommensurable du maillot offre à ses opportunistes titulaires une exposition constante, et les sarcasmes qui vont avec envers ceux qui ne sauraient pas s'en montrer dignes. Ce qu'on a pu parfois appeler la malédiction du maillot arc-en-ciel. Au point que Harm Ottenbros, par exemple, sans-grade vainqueur surprise en 1969, a accueilli avec un immense soulagement de pouvoir revenir à ses couleurs publicitaires originelles et lâcher cette maudite relique qui avait fait son malheur une année durant.
Le titre mondial est finalement la marque ultime de l'aristocratie cycliste, une divine tunique dont la charge écrase les manants et sublime ses plus glorieux chevaliers. Dimanche, aux alentours de 17 heures, un public connaisseur se chargera d'annoncer lui-même la sentence, et sous un ciel si bas qu'un canal s'est perdu, on écoutera le plat pays craquer ou chanter.
STARTLIST ET PALMARES
PARCOURS
Après 60 kilomètres de mise en jambes, les coureurs arriveront à Louvain, où ils alterneront entre deux circuits, celui de Louvain et celui dit Flandrien. Comme son nom l'indique, ce dernier proposera une belle suite de monts pour costauds, dont le Moskesstraat, 500 mètres à presque 10% de pente pavée. Ce rude circuit de 32 kilomètres ne sera à parcourir que deux fois. Moins indigeste et plus urbain, celui de Louvain, 15,5 kilomètres, verra une enfilade de petites bosses moins raides, entrecoupées de nombreux virages qui pourraient favoriser les desseins de deux ou trois échappées face à un peloton. Sint-Antoniusberg, à deux kilomètres d'une arrivée en faux plat montant, sera la dernière difficulté du jour, moins par son profil ( 230 mètres à 5,5 % ) que ses pavés et sa route très étroite qui ne manqueront pas de provoquer quelques escarmouches si la sélection ne s'est pas faite d'ici-là.
Bien évidemment, seules les élites hommes auront à se farcir une telle enfilade de réjouissances. Sur le premier document, vous trouverez le déroulé de chaque épreuve sur route.
INFOS
Programme :
Vendredi 24 septembre 2021 :
Course en ligne Juniors Hommes
Louvain – Louvain : 121,4 km (8 tours) / 995 m de D+
Départ à 8h15
Course en ligne Espoirs Hommes
Anvers – Louvain : 160,9 km (1,5 tour de Louvain, 1 tour du circuit flandrien, 2,5 tours de Louvain) / 1049 m de D+
Départ à 13h15
Samedi 25 septembre 2021 :
Course en ligne Juniors Femmes
Louvain – Louvain : 75 km (5 tours) / 624 m de D+
Départ à 8h15
Course en ligne Elites Femmes
Anvers – Louvain : 157,7 km (1,5 tour de Louvain, 1 tour du circuit flandrien, 2,5 tours de Louvain) / 1047 m de D+
Départ à 12h20
Dimanche 26 septembre 2021 :
Course en ligne Elites Hommes
Anvers – Louvain : 268,3 km (1 tour de Louvain, 1 tour flandrien, 4 tours de Louvain, 1 tour flandrien, 3 tours de Louvain) / 2562 m de D+
Départ à 10h25
Télévision :
Vendredi 24 : Eurosport 1 à partir de 9h20
Samedi 25 : Eurosport 1 à partir de 8h15 et France 3 à 15h15
Dimanche 26 : Eurosport 1 à partir de 10h40 et France 3 à 13h30
HISTORIQUE
Septembre 2020, un Français met fin à une longue disette en franchissant le premier la ligne d'arrivée d'un prestigieux circuit automobile italien. Tout le monde aura bien sûr reconnu Pierre Gasly.
Philippe Gilbert déjà en position pour suivre ce Mondial.
Bien avant Remco, la Belgique avait déjà déroulé le tapis rouge sous les roues d'un sprinteur italien.
Le jour de gloire est arrivé.
Le grand-père de VDP garde bien au chaud la future place de Wout Van Aert.
Est-ce l'homme qui fait le maillot, ou l'inverse ?
" Puisque vous ajoutez du noir dans l'arc-en-ciel, je peux me permettre d'ajouter un boyau. "
" Mais qu'est-ce que je fous là moi ? "
" Je suis sûr que cette année 1998 sera grandiose. "
" Faites-moi penser à jeter tous mes disques d'Axel Bauer. "
C'est le Monde à l'Anvers.
Dernière édition par Tontontrotsko le 23 sept. 2021, 03:29, édité 1 fois.
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