[Retro L'Equipe] TDF 1994
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Une fois j'ai eu la chance de voir un vélo des années 30, avec un rapport de chaque côté. Ben la différence était pas énorme, du style 13 d'un côté et 18/19 de l'autre... Ça faisait les cuisses !
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Vietto, vous savez avec quel braquet il a escaladé le Galibier, en 1934 ? Un sympathique 47X21..
(source: La véridique histoire, Jean Paul Ollivier)
Trueba, autre grimpeur légendaire, utilisait 44X21 lors de son exploit dans le même col, l'année précédente (source: Vicente Trueba Perez, La Pulga de Torrelavega, Angel Neila Majada). Mais comme les autres étaient sur du 44X24, ben les écarts étaient énormes au sommet, avec seulement 3 coureurs situés à moins de 10' (Rinaldi, Martano, Archambaud). Il n'y a aucune image du passage d'Ezquerra et Vietto en 34, mais par contre, le passage de Trueba et des autres a été filmé (on peut le voir notamment dans les 2 vidéos "Les histoires du Tour de France", des frères Dries), et la différence de braquasse apparait nettement. Le petit espagnol est en danseuse pour tourner difficilement son grand braquet, tandis que Rinaldi et Martano sont assis et passent plus souplement. Mais ça avançait déjà bien, les types étaient monstrueux de courage.

Trueba, autre grimpeur légendaire, utilisait 44X21 lors de son exploit dans le même col, l'année précédente (source: Vicente Trueba Perez, La Pulga de Torrelavega, Angel Neila Majada). Mais comme les autres étaient sur du 44X24, ben les écarts étaient énormes au sommet, avec seulement 3 coureurs situés à moins de 10' (Rinaldi, Martano, Archambaud). Il n'y a aucune image du passage d'Ezquerra et Vietto en 34, mais par contre, le passage de Trueba et des autres a été filmé (on peut le voir notamment dans les 2 vidéos "Les histoires du Tour de France", des frères Dries), et la différence de braquasse apparait nettement. Le petit espagnol est en danseuse pour tourner difficilement son grand braquet, tandis que Rinaldi et Martano sont assis et passent plus souplement. Mais ça avançait déjà bien, les types étaient monstrueux de courage.

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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
On a une estimation des temps d'ascension ? Bien que ce soit incomparable avec aujourd'hui (routes, matos...), J'aimerais bien savoir.
C'était des sacrés machines en effet !
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Je crois qu'Ezquerra a escaladé l'enchainement Télégraphe-Galibier en un peu plus de 2h. Les temps étaient pris depuis le pied du Télégraphe, à St Michel de Maurienne. Eugène Christophe a détenu longtemps le record en 2h33'.El_Pistolero_07 a écrit : 19 mai 2020, 16:48 On a une estimation des temps d'ascension ? Bien que ce soit incomparable avec aujourd'hui (routes, matos...), J'aimerais bien savoir.
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Putain... J'ai un pr à 1h55 je crois... 

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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Autre temps, trés précis: Vietto a escaladé le Tourmalet, à partir de Gripp, en 48'02" , selon un Henri Desgrange qui se faisait un malin plaisir à réaliser ces chronos lui-même .
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Je connais pas le Tourmalet, mais ça fait combien de km à partir de ce pointage ?
En tout cas sur le Galibier c'est impressionnant...
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
12,5km à 8,8%.El_Pistolero_07 a écrit : 19 mai 2020, 17:12 Je connais pas le Tourmalet, mais ça fait combien de km à partir de ce pointage ?
Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Un monstre.
Par le versant de La Mongie, que le peloton fasse la course ou pas, ils ne sont que 20 max en haut.
12 km à 9% (dont les 2 km à 10% au niveau des paravalanches) + les 5 km de faux plat avant, c'est un vrai truc de grimpeurs !!
Personnellement, autant j'ai toujours eu de bonnes jambes via Luz, autant j'en ai toujours eu de mauvaises par Sainte Marie de Campan. Dommage que la station de La Mongie soit si moche avec ses immeubles en béton. Ca dénature ce très beau col.
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12 km à 9% (dont les 2 km à 10% au niveau des paravalanches) + les 5 km de faux plat avant, c'est un vrai truc de grimpeurs !!
Personnellement, autant j'ai toujours eu de bonnes jambes via Luz, autant j'en ai toujours eu de mauvaises par Sainte Marie de Campan. Dommage que la station de La Mongie soit si moche avec ses immeubles en béton. Ca dénature ce très beau col.
Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
-Vélomen- a écrit : 19 mai 2020, 17:27 Un monstre.
Par le versant de La Mongie, que le peloton fasse la course ou pas, ils ne sont que 20 max en haut.
12 km à 9% (dont les 2 km à 10% au niveau des paravalanches) + les 5 km de faux plat avant, c'est un vrai truc de grimpeurs !!
Personnellement, autant j'ai toujours eu de bonnes jambes via Luz, autant j'en ai toujours eu de mauvaises par Sainte Marie de Campan. Dommage que la station de La Mongie soit si moche avec ses immeubles en béton. Ca dénature ce très beau col.
On en a déjà parlé, je crois, mais moi, je le trouve très dur aussi le côté Luz-Barèges, voir plus dur avec un dernier km vraiment compliqué.
Bon, après ça dépend des circonstances, je l'ai gravi deux fois côté Ste Marie-La Mongie, mais à chaque fois c'était en touriste (avec mon père puis avec mon frère), du coup les souvenirs sont bons; et deux fois aussi par le côté Luz-Barèges, à chaque fois lors d'une cyclosportive, ce n'était pas le même rythme; et la 2ème fois c'était après 150 bornes déjà effectuées (avec Aspin et Hourquette), autant dire que j'en ai chié comme rarement pour finir.
Donc effectivement, ça joue.
Par contre, ce qui est certain, pour moi, est que le côté Luz-Barèges est plus beau. Plus à découvert, plus minéral au sommet, on a vraiment des sensations de très haute montagne; avec la vision des 10 derniers km en contrebas quand on se retourne au sommet

Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
La forme du moment et la place du col dans la sortie jouent énormément dans la perception que l'on a de sa difficulté, c'est certain.
Et, pour le coup, si j'ai dû faire le Tourmalet par Barèges 5 ou 6 fois, à chaque fois c'était en 1er col (lors d'une sortie ou cyclo). Donc j'étais frais, avec encore un bon coup de pédale. L'idéal pour profiter du col et prendre du plaisir.
Le Tourmalet est le 1er col que j'ai fait dans ma vie. A cette époque, on montait par la voie Laurent Fignon, qui me paraissait plus difficile et plus jolie, sur une route moins large.
A partir du replat après Barèges, tu as raison, on change de dimension et on a l'impression d'être dans de la très haute montagne !
Les 1500 derniers mètres sont à 10%, et en effet, ils piquent !


Et, pour le coup, si j'ai dû faire le Tourmalet par Barèges 5 ou 6 fois, à chaque fois c'était en 1er col (lors d'une sortie ou cyclo). Donc j'étais frais, avec encore un bon coup de pédale. L'idéal pour profiter du col et prendre du plaisir.
Le Tourmalet est le 1er col que j'ai fait dans ma vie. A cette époque, on montait par la voie Laurent Fignon, qui me paraissait plus difficile et plus jolie, sur une route moins large.
A partir du replat après Barèges, tu as raison, on change de dimension et on a l'impression d'être dans de la très haute montagne !

Les 1500 derniers mètres sont à 10%, et en effet, ils piquent !


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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Velomen tu me fais rêver là ! Faut que je le fasse un jour !
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
A propos de l'étape du Galibier 34, ayant tendance à me méfier des paroles de Vietto (et des champions en générallevrai-dufaux a écrit : 18 mai 2020, 18:37Ezquerra avait distancé Vietto dans le Galibier car celui-ci ne s'y était pas livré à fond (d'après ses déclarations). Il avait contrôlé le petit Espagnol avant de le doubler dans la descente et de s'imposer au terme de 100 km d'échappée.biquet a écrit : 18 mai 2020, 16:30
En fait, Pantani n'a commencé à mettre les mains en bas du guidon que durant le Tour 97. Il a du y trouver un soupçon d'efficacité en plus, mais avant lui, bien d'autres grimpeurs mettaient parfois ou souvent les mains en bas du guidon (Ezquerra, Faure, Gaul, Julio Jimenez). Le basque espagnol Federico Ezquerra avait distancé René Vietto de cette manière dans le Galibier, lors du Tour 1934, qui était pourtant celui de la légende du Roi René. Mais l'ancienne compagne danoise du Pirate expliquait que c'était un véritable maniaque de la mécanique. Il cherchait constamment le petit détail pour améliorer son matériel et sa position sur son vélo.
Dans ce Tour 1934, Vietto était intouchable en montagne et refit deux raids mémorables. Trueba disait de lui qu'il était le plus grand grimpeur qu'il avait affronté (devant Binda qu'il avait affronté sur le Giro 33).
Quelques années plus tard, Bartali mettra tout le monde d'accord sur ce point et si l'on devait décerner un titre de "meilleur grimpeur d'avant-guerre", ce serait sans hésiter pour Gino. Les commentateurs de l'époque sont unanimes sur ce point : jamais ils n'ont vu un tel phénomène en montagne avant lui.
En ce qui concerne le style des grimpeurs, j'ai été frappé de constater que le style en "danseuse" n'était pas associé aux purs grimpeurs avant-guerre. Au contraire, celui qui se déhanchait était celui en difficulté, contraint de se contorsionner pour avancer en souffrant. Le grand grimpeur était celui qui ne levait pas les fesses de sa selle, ou alors très peu, et restait le buste droit. Coppi est peut-être à l'origine de cette évolution dans notre perception du grimpeur.

Car en une époque ou les arrivées étaient souvent situées loin du dernier grand col , les coureurs devaient faire un choix délicat pour trouver l'équilibre idéal. Celui qui spéculait uniquement sur l'ascension pouvait finir trés loin en raison du temps perdu à pédaler dans le vide en plaine, et inversement, il fallait éviter de se retrouver dans l'obligation d'escalader un col à pied pour cause de braquet trop ambitieux. Il fallait pouvoir étudier parfaitement le terrain (comme Antonin Magne), ou disposer de capacités phénoménales (comme Vietto).
Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Quintana l'appelle "Monsieur Tourmalet". C'est dans cette ascension qu'il reconnait avoir le plus souffert, lors de sa victoire de la Route d'Occitanie 2012. Selon lui, tout le monde, lui y compris, avait payé la note d'une ascension trop rapide du Monstre, et s'était retrouvé pendu avant le sommet. Résultat: des écarts dignes des années 20 à l'arrivée.-Vélomen- a écrit : 19 mai 2020, 17:27 Un monstre.
Par le versant de La Mongie, que le peloton fasse la course ou pas, ils ne sont que 20 max en haut.
12 km à 9% (dont les 2 km à 10% au niveau des paravalanches) + les 5 km de faux plat avant, c'est un vrai truc de grimpeurs !!
Personnellement, autant j'ai toujours eu de bonnes jambes via Luz, autant j'en ai toujours eu de mauvaises par Sainte Marie de Campan. Dommage que la station de La Mongie soit si moche avec ses immeubles en béton. Ca dénature ce très beau col.
Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Je n'ai jamais grimpé le Tourmalet par la Mongie, juste descendu. Mais par Luz, c'est probablement l'ascension que j'ai préféré faire de ma vie. Comme dit plus haut, la sensation de haute montagne et surtout, de fouler la légende du Tour de France. J'étais d'ailleurs vraiment, vraiment bien dans ce col.
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
Pour Vietto, il a même utilisé un 47x18 pour gravir le Tourmalet cette année-là (développement de 5m59biquet a écrit : 20 mai 2020, 11:24A propos de l'étape du Galibier 34, ayant tendance à me méfier des paroles de Vietto (et des champions en générallevrai-dufaux a écrit : 18 mai 2020, 18:37
Ezquerra avait distancé Vietto dans le Galibier car celui-ci ne s'y était pas livré à fond (d'après ses déclarations). Il avait contrôlé le petit Espagnol avant de le doubler dans la descente et de s'imposer au terme de 100 km d'échappée.
Dans ce Tour 1934, Vietto était intouchable en montagne et refit deux raids mémorables. Trueba disait de lui qu'il était le plus grand grimpeur qu'il avait affronté (devant Binda qu'il avait affronté sur le Giro 33).
Quelques années plus tard, Bartali mettra tout le monde d'accord sur ce point et si l'on devait décerner un titre de "meilleur grimpeur d'avant-guerre", ce serait sans hésiter pour Gino. Les commentateurs de l'époque sont unanimes sur ce point : jamais ils n'ont vu un tel phénomène en montagne avant lui.
En ce qui concerne le style des grimpeurs, j'ai été frappé de constater que le style en "danseuse" n'était pas associé aux purs grimpeurs avant-guerre. Au contraire, celui qui se déhanchait était celui en difficulté, contraint de se contorsionner pour avancer en souffrant. Le grand grimpeur était celui qui ne levait pas les fesses de sa selle, ou alors très peu, et restait le buste droit. Coppi est peut-être à l'origine de cette évolution dans notre perception du grimpeur.), je pense pour ma part que le Roi René avait fait un choix trés risqué, mais qui s'est avéré payant, en optant pour un plateau de 47. Il devait être le seul coureur du peloton à utiliser un tel braquet, car les coureurs choisissaient majoritairement un 44 (comme Trueba l'année précédente) pour passer les étapes de montagne. Sur les rares images qu'on peut voir de Vietto dans l'ascension, c'est impressionnant, car il donne un coup de pédale toutes les 24 heures, mais en restant assis, avec un tronc qui ne bouge absolument pas. Les grimpeurs espagnols ont escaladé le Galibier plus vite (c'est Trueba et pas Ezquerra qui a réalisé la montée la plus rapide, car il l'avait abordé trés trés attardé, selon le compte rendu du Miroir des Sports), mais Vietto les a ensuite écrabouillé dans la descente et sur la longue plaine menant à Grenoble. Il avait la force suffisante (ce devait être le seul) pour enrouler des braquets hors mesure en montée avant de faire la différence sur son 47.
Car en une époque ou les arrivées étaient souvent situées loin du dernier grand col , les coureurs devaient faire un choix délicat pour trouver l'équilibre idéal. Celui qui spéculait uniquement sur l'ascension pouvait finir trés loin en raison du temps perdu à pédaler dans le vide en plaine, et inversement, il fallait éviter de se retrouver dans l'obligation d'escalader un col à pied pour cause de braquet trop ambitieux. Il fallait pouvoir étudier parfaitement le terrain (comme Antonin Magne), ou disposer de capacités phénoménales (comme Vietto).

Il a également utilisé ce braquet pour les cols de Vars et d'Allos lors de sa plus belle victoire sur ce Tour (150 km d'échappée solitaire).
Évidemment, avec Vietto, il faut prendre ses déclarations avec des pincettes. Néanmoins, l'idée qu'il ait été prudent dans le Galibier m'apparaît relativement fondé. Il l'a gravi moins vite que les Espagnols alors qu'ils les a dominé assez nettement le reste du temps dans les cols, notamment dans les Pyrénées. Il n'y a pas que sur le plat et dans les descentes qu'il s'est révélé supérieur à eux. Il était vraiment en état de grâce cette année-là.
- loloherrera
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Re: [Retro L'Equipe] TDF 1994
D'ailleurs, j'avais lu aussi quelque part que le déclin du "Roi René" était dû également à l'abus de gros braquets, en plus d'un certain relâchement. Mais c'est vrai qu'en 1934, il volait. Peu de coureurs ont survolé la montagne comme lui l'a fait.