Bradounet_ a écrit : 09 févr. 2020, 18:02
Nico2938 a écrit : 09 févr. 2020, 17:42
Je ne suis pas cycliste. Je fais de la course à pied enfin du trail running. J'ai un niveau international dans cette discipline. J'ai un petit gabarit donc en bosse, je me débrouille correctement.
Aparté :
[Comment expliques-tu qu'un François Dhaene et son gabarit très imposant et étonnant pour la discipline puisse tant dominer (enfin l'ultra) sur des parcours très difficiles ?]
J'ai toujours trouvé ça totalement incongru.
Meme sur piste en athlé de tels gabarits n'existent pas au haut niveau alors sur des courses de montagne avec fort dénivelé... On voit déjà à quel point Jakob Ingebrigtsen (1.85m et 70 kg) en bave face aux Africains de son age sur les cross en milieu naturel (même s'il est davantage spécialiste du 1500/5000m que les distances qu'on peut voir sur des cross autour des 7/8 km)
Signe d'un niveau peu relevé dans la discipline (sans te faire injure) ou bien les capacités d’extrême endurance l'emportent sur tout le reste assez largement ?]
Alors, il y a plusieurs éléments. D'abord, il y a ce que tu évoques sur la faible densité de la discipline et ce n'est pas faire offense que de le dire. C'est un sport avec peu d'athlètes professionnels. Se préparer à courir 20h de suite, c'est tout de même difficile à concilier avec un travail. Du coup, les athlètes ayant vraiment le temps d'optimiser la préparation, ils sont peu nombreux. Comparativement au cyclisme, c'est très différent. Sur les GT, tu as peut être 20-25 coureurs dans le monde qui peuvent viser un top 3 sur GT alors qu'un UTMB, si tout le monde est là, tu as 5-6 noms crédibles pour le podium final.
Ensuite, le trail ou l'ultra trail, c'est comparable au cyclisme sur la multitude des profils de coureurs. La course à pied classique, c'est à plat sur une durée entre 13' (5000 m ) et 2h05 (marathon) donc les profils sont assez similaires. Il est vrai que dans l'histoire, je crois qu'il n'y a qu'un seul mec dépassant un 1,70-72 m qui a couru le 10000 m en moins de 27'. En ultra, il y a vraiment des courses très différentes. Par exemple, un UTMB, c'est légèrement technique mais montagneux avec parfois des conditions météos compliqués alors qu'une Western States, c'est beaucoup plus rapide et roulant. La hiérarchie est différente entre les athlètes selon les courses. Typiquement, l'américain Jim Walmsley qui a "échoué" 2 fois sur l'UTMB survole la Western States. Il avait battu très largement François d'Haene en 2018. Un autre élément, c'est aussi qu'en ultra trail, il faut marcher même pour les meilleurs sur un profil comme l'UTMB. La biomécanique est donc différente de la course. Un grand gabarit peut être très efficace à la marche par exemple et François est aussi particulièrement économe sur du long. Si l'endurance dépend mathématiquement du Vo2max, il y a énormément de facteurs limitants "périphériques" qui peuvent s'exprimer sur une durée supérieure à 15h. Etre efficient à haute vitesse n'est qu'un facteur "secondaire" de la performance. En cyclisme, par exemple, il faut, certes, gérer les ascensions successives dans une étape de montagne mais globalement, c'est un concours de watts au seuil dans la dernière montée si on caricature.
Enfin, les données physiologiques ne sont qu'un élément dans la performance sur du long. Il faut vraiment lutter contre la douleur, trouver la motivation pour courir durant 20h, gérer les coups de moins bien, gérer l'alimentation. C'est vraiment une pratique particulière et assez peu naturelle. Les plus experts tirent leurs épingles du jeu même si sur le papier, il y a des athlètes plus fort "physiquement" au départ.