Je fais partie de ceux qui pensent que Froome n'aurait pas du être au départ du dernier Giro compte tenu de son contrôle anormal sur la Vuelta 2017 et, à ce titre, sa victoire sur ce Tour d'Italie m'apparaît comme une défaite importante et amère pour la lutte anti-dopage et la crédibilité du cyclisme.
Pourtant, je suis assez choqué et mal à l'aise avec le manque d'objectivité du forum vis-à-vis de la performance globale de Froome sur ce Giro. Pour schématiser, j'ai l'impression que la réaction majoritaire sur VCN a été à la fois de crier au dopage et, d'autre part, de minimiser l'exploit accompli par Froome lors de l'étape du Finestre.
Je suis en total désaccord avec ces deux attitudes.
En ce qui concerne le dopage, les temps d'ascension réalisés par Froome au Zoncolan et lors de l'étape du Finestre sont loin d'être suspects et, j'irais même plus loin, accrédite la thèse d'un dopage moins lourd qu'à une certaine époque à laquelle Froome est souvent ramenée.
Regardons du plus près :
- Froome a gravi le Finestre en 1h04'20. A titre de comparaison, Rujano lors du Giro 2011 l'avait escaladé en 1h02'09 et en 2015, Landa en 1h02'51. Et pourtant, cette année, il y a eu un rythme d'enfer du pied jusqu'au sommet. Ok, on pourra dire que le relais de Puccio n'était pas supersonique, mais je soulignerais que ce relais a été suffisant pour réduire le groupe des favoris à une quinzaine d'unités distançant des coureurs comme Geniez ou Dennis. On était donc loin d'un rythme de sénateur. Ensuite, Elissonde a mis un relais stratosphérique, Froome a fait une puissante attaque à 10 km du sommet. Bref, il y a eu une bagarre terrible et pourtant le temps de Froome est bien en deçà des performances accomplies en 2015. Il est vrai que l'étape a été couru à bloc jusque là, et cet aspect explique probablement beaucoup de défaillances auxquelles nous avons assistées dans ce col. Mais, en soi, la performance de Froome dans cette ascension n'est pas particulièrement suspecte. J'ai lu qu'il aurait développé une puissance moyenne de 397 watts dans cette ascension. Là aussi, les indicateurs de puissance confirmeraient qu'on est loin d'une performance "mutante" comme dirait Vayer.
- Dans Sestrières, Froome aurait perdu 1'45 sur le Aru 2015 qui avait pourtant monté plus rapidement que lui le Finestre. Et pourtant, c'est en grande partie dans cette ascension que Froome a creusé l'écart avec ses poursuivants...
- Sur la montée finale vers Bardonecchia, beaucoup ont été choqués que Froome ne concède pas de temps au groupe Dumoulin. Mais peu ont noté que, dans le même temps, Froome n'avait absolument rien repris dans cette ascension au groupe Pozzovivo-Formolo-Bennett. Tout le monde était cuit et a grimpé cette ascension a peu près au même rythme. D'ailleurs, là encore, en regardant le temps de Froome on voit qu'il est à plus de 2 minutes du temps d'ascension réalisé par Nibali et Santambrogio en 2013 dans une configuration où ça n'avait pas bougé avant les derniers kms. Ce débours est bien logique vu les efforts consentis par Froome avant cette ascension, mais là encore, 2 minutes de perdues sur 7 km d'ascension, ça montre que celle-ci n'a rien de spécialement suspecte.
- Enfin, sur le Zoncolan, Froome est monté en 39'58, là encore nettement en retrait de Piepoli et Simoni et leur 39'03. Et pourtant, les conditions de course très fraîches du jour étaient favorables à une grosse perf' tout comme le fait qu'il s'agissait de la première véritable étape de montagne sur ce Giro. De plus, Froome est loin d'avoir mis une valise à ses adversaires ce jour-là : Yates est à 5 secondes, Pozzo toujours très à l'aise sur les gros pourcentages à une vingtaine de secondes avec MAL et Pinot et Dumoulin sont autour de 40 secondes. Bref, il n'y avait pas un monde d'écart entre Froome et ses adversaires ce jour-là.
En conclusion sur la question du dopage, je comprends et partage la suspicion qui entoure l'équipe Sky et Froome, mais les performances réalisées par Froome sur ce dernier Giro en montagne ne sont pas particulièrement suspectes, il faut savoir le reconnaître. Et, si on est convaincu que Froome se dope, son niveau de performance suggère un dopage moins lourd que celui des années 2000.
Mais le manque d'objectivité du forum vis-à-vis de Froome va plus loin que le dopage. C'est la portée même de sa performance du Finestre qui est minimisée. Je vais le dire très clairement : Froome a réalisé ce jour-là le plus grand exploit en montagne des 50 dernières années. Voilà ni plus, ni moins, ce à quoi nous avons assisté. Et ce, au terme d'une étape sensationnelle par son scénario, ses défaillances, sa bagarre incessante, ses incertitudes tactiques (attendre Reichebach ou non ? Dans quelle mesure en garder pour le col final, etc...). Nous avons vécu un grand moment de cyclisme, et personnellement, j'ai beau ne pas apprécier Froome, j'ai vibré comme rarement. Pour moi, Froome a prouvé ce jour-là qu'il n'était pas une arnaque, mais un grand champion.
J'ai lu que selon certains, Froome n'avait pas spécialement pris de risques dans cette étape car il n'avait pas d'autre choix pour remporter ce Giro. C'est une blague ? Dans le Finestre, Froome est entouré par De la Cruz, Henao, Elissonde et Poels. Yates est en perdition. Il reste plus de 80 kms. Qui, à ce moment, pense vraiment que Froome va attaquer en solitaire dans le Finestre ? C'est insensé ce qu'il a fait, et c'est une prise de risque incroyable compte tenu de la configuration de la course. Sachant que l'étape du lendemain était plus propice à un raid solitaire et à de gros écarts, Froome aurait très bien pu se dire : "ok, Yates est out, je suis à moins de 3' de Dumoulin, on met un train d'enfer jusqu'à Jafferau avec mes équipiers et je mets une mine terrible dans le col final pour reprendre 1' à 1'30 avant de finir le job demain". Mais il n'a pas fait ça. Lorsque j'ai vu Henao en difficulté, puis de la Cruz s'écarter, je me suis dis que les Sky s'étaient vu plus beaux qu'ils n'étaient (surtout que Poels n'a servi à rien et n'a pu passer le moindre relais non plus). Puis lorsque Elissonde a accéléré et Froome a placé son attaque, j'étais sidéré. Comment ne pas reconnaître le panache de Froome ? A ce moment de la course, je ne pensais vraiment pas qu'il irait au bout de son raid. Mais il a été incroyablement fort sur la durée et la configuration de course a été parfaite pour lui (Reichenbach qui ne sait pas descendre alors que Froome a fait des descentes magistrales, Pinot qui crève, les sud-américains qui pourrissent l'entente du groupe de poursuite).
J'ai également lu que, sans son équipe, Froome n'aurait jamais pu faire une telle performance. Mais il me semble que la Movistar, Astana ou même la FDJ avait des collectifs suffisamment forts en montagne pour appliquer la stratégie de la Sky ce jour-là. La vérité, c'est que seule la Sky a couru pour la gagne, et que seul Froome était assez fort pour réaliser un tel exploit.
Pour conclure, je n'aurais jamais pensé écrire un plaidoyer "pro-Froome" avant ce Giro. Mais entre temps, j'ai assisté à une performance sensationnelle qui mérite d'être soulignée comme telle. Je ne comprends pas pourquoi, sur ce forum, Pantani (mon coureur préféré) est encensé alors qu'il était autrement plus chargé que Froome. De manière un peu provocatrice, j'ai envie de dire qu'à l'image du Pirate qui avait sauvé le Tour 98 de la farce complète avec son exploit des 2 Alpes, Froome a en quelque sorte sauvé ce Giro 2018 avec son exploit de Bardonecchia : quoi qu'il arrive maintenant sur le plan de la justice sportive, il a gagné ce Giro sur le terrain, comme Contador avant lui en 2011.
Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Modérateur : Modos VCN
- levrai-dufaux
- Equipier de luxe
- Messages : 7025
- Inscription : 09 oct. 2014, 10:43
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
J'approuve ton analyse :)
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Je vais te répondre en fonction de mon ressenti:
-Pantani n'est pas encensé, tout le monde admet qu'il s'est chargé comme une mule et qu'il en a payé le prix. On lui reconnaît comme circonstance atténuante que l'EPOque voulait ça, et que même Wilfried Nelissen, Jacky Durand ou Fred Moncassin ont été confondus par les contrôles rétroactifs du Tour 98. Mais force est de reconnaître qu'en cette période ou les gars gagnaient entre 10 et 15°/° sur leur valeur naturelle, Pantani était le seul qui enchainait les festivals d'escaladeur, course après course, tandis que son style faisait vibrer les Tifosis (et pas seulement eux).
-Concernant les perfs de Froome, il faut aussi les juger dans le contexte global d'une course. Lors de l'étape de Bardonecchia, les mecs sont partis à 100 à l'heure, ça a bastonné toute la journée, et il y avait quand même une longue gestion de l'effort qui portait sur Finestre-Sestrières-la longue vallée avec vent de face-la montée finale. Même lors des années EPO, quand ça partait très vite et que la bagarre se déclenchait au 1er col, on avait rarement des puissances exceptionnelles sur chaque ascension. La fameuse étape d'Aprica 94, elle a été gagnée par Pantani à...28 km/h de moyenne. Là, oui, ça a envoyé du très lourd sur le Mortirolo.
-Perso, c'est surtout son numéro le contexte " Froome-Giro 2018" qui me choque énormément. J'ai eu la sale impression (à postériori) que la Sky gérait ça, que le "pic de forme" était prévu au poil de cul près pour cette journée précise, et qu'il suffisait d'appuyer le bouton pour que ça s'enclenche.
Quand je le revois quelques minutes avant son attaque, en train de se relever, une seule main sur le guidon, pour jauger ses adversaires qui tiraient la tronche, ça me faisait irrésistiblement penser à Riis-Hautacama 96. 
-Pantani n'est pas encensé, tout le monde admet qu'il s'est chargé comme une mule et qu'il en a payé le prix. On lui reconnaît comme circonstance atténuante que l'EPOque voulait ça, et que même Wilfried Nelissen, Jacky Durand ou Fred Moncassin ont été confondus par les contrôles rétroactifs du Tour 98. Mais force est de reconnaître qu'en cette période ou les gars gagnaient entre 10 et 15°/° sur leur valeur naturelle, Pantani était le seul qui enchainait les festivals d'escaladeur, course après course, tandis que son style faisait vibrer les Tifosis (et pas seulement eux).
-Concernant les perfs de Froome, il faut aussi les juger dans le contexte global d'une course. Lors de l'étape de Bardonecchia, les mecs sont partis à 100 à l'heure, ça a bastonné toute la journée, et il y avait quand même une longue gestion de l'effort qui portait sur Finestre-Sestrières-la longue vallée avec vent de face-la montée finale. Même lors des années EPO, quand ça partait très vite et que la bagarre se déclenchait au 1er col, on avait rarement des puissances exceptionnelles sur chaque ascension. La fameuse étape d'Aprica 94, elle a été gagnée par Pantani à...28 km/h de moyenne. Là, oui, ça a envoyé du très lourd sur le Mortirolo.
-Perso, c'est surtout son numéro le contexte " Froome-Giro 2018" qui me choque énormément. J'ai eu la sale impression (à postériori) que la Sky gérait ça, que le "pic de forme" était prévu au poil de cul près pour cette journée précise, et qu'il suffisait d'appuyer le bouton pour que ça s'enclenche.


Dernière modification par biquet le 01 juin 2018, 12:39, modifié 1 fois.
- AlbatorConterdo
- légende VCN
- Messages : 25702
- Inscription : 05 juil. 2014, 13:25
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Peut être que Pantani est encensé et pas Froome parce que :
- l'équipe de Pantani n'avait pas d'accointances avec l'UCI
- l'équipe de Pantani n'a pas pourri 4 ou 5 GT avec son train qui va au bout de l'ennui
- l'équipe de Pantani ne jouait pas aux donneurs de leçons
- la trajectoire de Pantani sur le TdF 98 est presque plus crédible que celle de Froome sur ce Giro, c'est dire
etc, etc...
enfin, il y a tout un contexte à prendre en compte, non ?
- l'équipe de Pantani n'avait pas d'accointances avec l'UCI
- l'équipe de Pantani n'a pas pourri 4 ou 5 GT avec son train qui va au bout de l'ennui
- l'équipe de Pantani ne jouait pas aux donneurs de leçons
- la trajectoire de Pantani sur le TdF 98 est presque plus crédible que celle de Froome sur ce Giro, c'est dire

etc, etc...
enfin, il y a tout un contexte à prendre en compte, non ?
Soyons magnanimes : Pour un arrêt de la pratique cycliste professionnelle en Italie
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Vu que Froome sort un peu de nulle part, il est compliqué de savoir à partir de quel wattage sa perf peut être considérée comme suspecte
c'est ça qui ennuie pas mal de suiveurs.
Maintenant, en pratique, on ne connaît avec aucune certitude le niveau réel de certains coureurs (sauf si on les connaît de très près)... Car certains se dopent déjà à 18 ans etc.

c'est ça qui ennuie pas mal de suiveurs.
Maintenant, en pratique, on ne connaît avec aucune certitude le niveau réel de certains coureurs (sauf si on les connaît de très près)... Car certains se dopent déjà à 18 ans etc.
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Je trouve que l'analyse de l'étape clé n'est pas foncièrement mauvaise si on se cantonne à cette étape, effectivement.
Demeure la grande et principale question : comment un gars qui avait le niveau 10-15e depuis le départ du Giro devient soudainement le plus fort, le plus panacheux, le plus endurant, le plus résistant de toute la course, au point de faire exactement ce qu'il veut de ses adversaires ? ("très grand exploit" "insensé" "prise de risques" "mine terrible" "performance sensationnelle"...)
Demeure la grande et principale question : comment un gars qui avait le niveau 10-15e depuis le départ du Giro devient soudainement le plus fort, le plus panacheux, le plus endurant, le plus résistant de toute la course, au point de faire exactement ce qu'il veut de ses adversaires ? ("très grand exploit" "insensé" "prise de risques" "mine terrible" "performance sensationnelle"...)
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
gros +1
tout est dit, j'avais déjà essayé d'expliquer ce point de vue
certains sont aveuglés par leur haine sky/froome
tout est dit, j'avais déjà essayé d'expliquer ce point de vue
certains sont aveuglés par leur haine sky/froome
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Moi je pense toujours que pour faire ce que Froome a fait lors de l'étape de Bardonnechia, il faut être 1 jambe au-dessus des autres. Pendant les 2 premières semaines, on a souvent dit que Yates était trop supérieur, mais que dire alors du Froome de vendredi dernier ?
Quel adjectif faut-il inventer pour traduire cette soudaine supériorité (dans le contexte du Giro 2018, je précise) ?

Quel adjectif faut-il inventer pour traduire cette soudaine supériorité (dans le contexte du Giro 2018, je précise) ?

Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
En même temps, Froome ça fait quelques années, qu'il est au-dessus des autres.biquet a écrit : 01 juin 2018, 12:47 Moi je pense toujours que pour faire ce que Froome a fait lors de l'étape de Bardonnechia, il faut être 1 jambe au-dessus des autres. Pendant les 2 premières semaines, on a souvent dit que Yates était trop supérieur, mais que dire alors du Froome de vendredi dernier ?![]()
Quel adjectif faut-il inventer pour traduire cette soudaine supériorité (dans le contexte du Giro 2018, je précise) ?![]()
Moi j'ai un soucis dans ce débat, c'est que je suis assez d'accord avec ceux qui défendent Froome, mais je suis aussi assez d'accord avec ceux qui l'attaquent

Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Tu l'as vu si supérieur aux autres, sur ce Giro, avant cette fameuse étape ?blouss_ a écrit : 01 juin 2018, 12:52En même temps, Froome ça fait quelques années, qu'il est au-dessus des autres.biquet a écrit : 01 juin 2018, 12:47 Moi je pense toujours que pour faire ce que Froome a fait lors de l'étape de Bardonnechia, il faut être 1 jambe au-dessus des autres. Pendant les 2 premières semaines, on a souvent dit que Yates était trop supérieur, mais que dire alors du Froome de vendredi dernier ?![]()
Quel adjectif faut-il inventer pour traduire cette soudaine supériorité (dans le contexte du Giro 2018, je précise) ?![]()
Moi j'ai un soucis dans ce débat, c'est que je suis assez d'accord avec ceux qui défendent Froome, mais je suis aussi assez d'accord avec ceux qui l'attaquent![]()
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
La haine anti-sky, c'est toujours magique le raisonnement d'un fanboy. Quand on critique leur champion, c'est forcément du à la haine, ça peut absolument pas être lié à des faits concrets, ou à un raisonnement, bien sûr que non.Ryle_ a écrit : 01 juin 2018, 12:42 gros +1
tout est dit, j'avais déjà essayé d'expliquer ce point de vue
certains sont aveuglés par leur haine sky/froome

Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Entièrement d'accord avec le premier post
Pour répondre à Nopik je dirais que jusque là le giro n'avait emprunté que des murs ou des cols longs mais pas aussi difficiles.Les faits nous indiquent que sur ce giro il y avait 2 cols pentus de plus de 10km et qu'à chaque fois c'est Froome qui y a été le plus performant .
La chute de Froome en début de course a aussi pu le gêner bien plus qu'on a bien voulu nous le dire
Je ne suis pas loin de penser en plus que lui et Dumoulin ont vraiment en tête le tour cette saison et qu'ils se sont dit "si je peux gagner un giro en passant ce sera tout bonus" .Il ne faut pas oublier que l'an dernier Dumoulin avait parfois été le meilleur en montagne au punch (europa par exemple) et qu'il en a été bien loin cette année
Pour répondre à Nopik je dirais que jusque là le giro n'avait emprunté que des murs ou des cols longs mais pas aussi difficiles.Les faits nous indiquent que sur ce giro il y avait 2 cols pentus de plus de 10km et qu'à chaque fois c'est Froome qui y a été le plus performant .
La chute de Froome en début de course a aussi pu le gêner bien plus qu'on a bien voulu nous le dire
Je ne suis pas loin de penser en plus que lui et Dumoulin ont vraiment en tête le tour cette saison et qu'ils se sont dit "si je peux gagner un giro en passant ce sera tout bonus" .Il ne faut pas oublier que l'an dernier Dumoulin avait parfois été le meilleur en montagne au punch (europa par exemple) et qu'il en a été bien loin cette année
- Le sucre sportif
- Leader
- Messages : 16642
- Inscription : 10 sept. 2016, 13:25
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Je suis plutôt d'accord avec toi Levraidufaux, notamment pour dire que Froome a fait un exploit mais compte-tenu du contexte rappelé par Albator j'ai dû mal a embellir sa performance, à m'enthousiasmer pour ce qu'il a fait. Il s'est entraîné dur pour cela et il fallait sortir seul à ce moment-là très bien. Mais j'ai du mal à imaginer qu'il ait été traiter avec égalité avec les autres coureurs. Pour moi il y avait clairement deux courses et Froome a gagné la sienne car il était tout seul à la faire ...
Concernant les chiffres bruts, c'est bien de rappeler les chiffres bruts, de dire que ça performance est humaine. Cependant, on peut se demander sur un col avec peu d'abri comme le finestre le sens du vent car si le vent était favorable ou défavorable, cela change tout ! On peut aussi comparer l'aérodynamisme de Froome avec les recordmen de la montée car avec sa posture sur le vélo et les bras bien écartés, je suis sûr que l'effort fourni par Froome pour aller à la même vitesse que d'autres coureurs est bien supérieur. En ce sens, je serais rassuré si le vent était favorable sur cette montée et l'ensemble de son échappée
Concernant les chiffres bruts, c'est bien de rappeler les chiffres bruts, de dire que ça performance est humaine. Cependant, on peut se demander sur un col avec peu d'abri comme le finestre le sens du vent car si le vent était favorable ou défavorable, cela change tout ! On peut aussi comparer l'aérodynamisme de Froome avec les recordmen de la montée car avec sa posture sur le vélo et les bras bien écartés, je suis sûr que l'effort fourni par Froome pour aller à la même vitesse que d'autres coureurs est bien supérieur. En ce sens, je serais rassuré si le vent était favorable sur cette montée et l'ensemble de son échappée

Tout le monde attend Pogacar, mais Pogacar n'attend personne
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Un article british pour compléter l'analyse 
https://rouleur.cc/editorial/inside-lin ... ting-giro/
Les meilleurs extraits
C'est facile le vélo, quand il suffit de "planifier" que telle ou telle étape sera une grosse étape et qu'il suffit de se concentrer vraiment très fort là dessus.


https://rouleur.cc/editorial/inside-lin ... ting-giro/
Les meilleurs extraits
Brailsford tried to illustrate the magnitude of the issue: “On a scale of one to 10, if 10 was unbearable agony, there were days when Chris said he was at nine.
“He was really suffering; suffering to the point at which there was talk of abandoning. We had to sit down and talk it through because under the circumstances, nobody would have been sympathetic, nobody would have understood.”
Then came the Zoncolan. That morning before the stage start, the whole Giro knew there would be a sort out and that the partially unpaved (?!) 11km climb offered no hiding place.
“We’ll have a chat tonight, to see what we are going to do, but I think Froomey is… OK,” mused Portal that morning, sounding like he was trying to convince himself.
Six hours later, in another car park, Brailsford was beaming while Portal was relieved and encouraged. Game on.
Post-stage Froome was bullish, refuting Brailsford’s line that he had required persuasion to stay on the race when Rouleur asked him if he had ever come close to quitting.
“It never crossed my mind to retire from the race, I mean, that’s bike racing, things happen, things aren’t always in your control, especially at the Giro,” insisted Froome. “If you’re asking me if I’m going to stop trying now, the answer is no, I’m still going to keep racing as hard as I can all the way to Rome. It’s was always my goal to build into the last period of the race and I think today is proof of that.”
Il manquait de caisse sur Sappada mais pas sur BardonecchiaBut if the Zoncolan had suggested everything was hunky dory, the next day, on the road to Sappada, Froome lost time to stage winner Yates. Had his Zoncolan showing been a blip? Accompanied by Wout Poels, both looked flat, like a pair of diesels stuck in low revs, chugging along as Yates and Dumoulin powered ahead.
Inside the Sky camp, unswerving belief in the plan was wobbling and there were mutterings of dissent. “I think Chris should have raced a few more days [beforehand], he needed more racing,” said one team insider. “There’s nothing like racing to give you that ability to roll a big gear on an undulating day. Maybe training behind a scooter, I think that’s very similar, but Tim (Kerrison) doesn’t agree. He doesn’t like training with scooters and he’s the trainer, so…”
For his part, Portal’s assessment was that Froome suited the Zoncolan, with its steep pitches to attack on and flatter sections to recover: “We had planned that stage to be a big one, Froomey was really focused and psychologically up for it and he went really deep.
“Next day, at Sappada, he just didn’t have the ‘fond’, the base, I think, to follow.I mean, it wasn’t like they attacked him, they just couldn’t keep up. People were saying it was a nutrition problem, but it wasn’t that at all. There’s a detailed plan to help Chris lose weight as the race goes on, he was fine.”

C'est facile le vélo, quand il suffit de "planifier" que telle ou telle étape sera une grosse étape et qu'il suffit de se concentrer vraiment très fort là dessus.

Prenez en de la graine, les losers“My team made a strong pace on the Finestre to set up the situation for me. It’s great to ride like this. That’s what bike racing is all about. If I was just gonna wait for the final climb, I would not have put three minutes on the maglia rosa.

Dernière modification par Nopik le 01 juin 2018, 13:02, modifié 1 fois.
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Non. Par contre, il a semblé de mieux en mieux au fil de la course et je pense qu'il était assez largement le plus fort sur les 2 dernières étapes.biquet a écrit : 01 juin 2018, 12:55Tu l'as vu si supérieur aux autres, sur ce Giro, avant cette fameuse étape ?blouss_ a écrit : 01 juin 2018, 12:52
En même temps, Froome ça fait quelques années, qu'il est au-dessus des autres.
Moi j'ai un soucis dans ce débat, c'est que je suis assez d'accord avec ceux qui défendent Froome, mais je suis aussi assez d'accord avec ceux qui l'attaquent![]()
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Quelque chose aussi que j'ai peu lu et qui m'a choqué, c'est le lendemain du Finestre où Froome ne montre aucun signe de fatigue suite à son numéro de la veille.
Ascensions crédibles ou pas, ca aurait du lui rester dans les jambes je pense.
Ascensions crédibles ou pas, ca aurait du lui rester dans les jambes je pense.
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
Belle analyse, et j'ai envie de te rejoindre sur certains points, que ce n'est plus le dopage des 90's, que Froome a des belles cojones, et que le trio Dumoulin/Pinot/Reichenbach n'a pas été des plus efficaces possible.
Ce qui serait trés intéressant, c'est de voir les variations de performances/watts de Froome durant ce Giro, car moi c'est ça qui me dérange.
Je schématise un peu, mais qu'un mec pendant les 10 premiers jours n'arrive pas à pousser plus de 380 watts/est clairement en 2nd rideau, et nous sort du jour au lendemain la montée du Zoncolan, "retombe" dans l'anonymat et nous ressort ensuite cette fameuse étape 19.
Sur les étapes de montagne, ça nous fait du:
-26" ; -7" ; -1'07"; -40" ; +6" ; -1'32" ; +3'
Un schéma en dents de scie, qui a du mal a passer.
En 2006 Grappe avait fait une trés bonne analyse de la perf de Landis qui concluait que sa perf était difficilement réalisable. En gros, c'etait du 400 watts sur les 3 derniers cols d'environ 25', sans baisse de performance, malgré la répétition des efforts et les kilomètres qui défilaient.
J'attends de lire le même type d'analyse (qui doit exister quelque part... Bradounet any idea ?)
Ce qui serait trés intéressant, c'est de voir les variations de performances/watts de Froome durant ce Giro, car moi c'est ça qui me dérange.
Je schématise un peu, mais qu'un mec pendant les 10 premiers jours n'arrive pas à pousser plus de 380 watts/est clairement en 2nd rideau, et nous sort du jour au lendemain la montée du Zoncolan, "retombe" dans l'anonymat et nous ressort ensuite cette fameuse étape 19.
Sur les étapes de montagne, ça nous fait du:
-26" ; -7" ; -1'07"; -40" ; +6" ; -1'32" ; +3'
Un schéma en dents de scie, qui a du mal a passer.
En 2006 Grappe avait fait une trés bonne analyse de la perf de Landis qui concluait que sa perf était difficilement réalisable. En gros, c'etait du 400 watts sur les 3 derniers cols d'environ 25', sans baisse de performance, malgré la répétition des efforts et les kilomètres qui défilaient.
J'attends de lire le même type d'analyse (qui doit exister quelque part... Bradounet any idea ?)
Dernière modification par Tony09* le 01 juin 2018, 13:28, modifié 1 fois.
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
@CPTmatros on l'a pourtant pas mal dit je crois !
@blouss largement d'accord avec toi sur la difficulté à se faire un avis
et sur la supériorité de Froome : sans manquer de respect aux autres, même en bête blessée, à la peine, etc.
même si sa présence est illégitime, même si sa perf provoque un dégoût stupéfait, pour de bonnes raisons...
C'est un mec au-dessus, par le tempérament, la capacité à se renouveler, l'instinct cannibale, la méticulosité avec laquelle il avait préparé son affaire...
Il faut le prendre en compte à l'heure de juger, en dépassant le prisme de l'analyse (en grande partie "wishful thinking"... en tout cas pour ma part) qui le voyait fini pendant ce Giro (ou même depuis 2 ans qu'il ne faisait "plus d'écart en montagne"...)
Pour Dumoulin, son niveau en montagne est supérieur cette année pour moi, j'ai détaillé ça dans un autre sujet.
Pour le Tour il hésite encore, mais je pense qu'il ne se fait pas grande illusion sur sa capacité à être aux premières loges pour batailler pour le général.
Il ira peut-être quand même, mais je ne pense pas qu'il ait bâti sa saison avec cette perspective.
Mais vivement qu'il y ait un parcours avec un kilométrage décent (pas forcément énorme, mais pas ridicule) de CLM pour qu'il s'y aligne pour la gagne !
@blouss largement d'accord avec toi sur la difficulté à se faire un avis
et sur la supériorité de Froome : sans manquer de respect aux autres, même en bête blessée, à la peine, etc.
même si sa présence est illégitime, même si sa perf provoque un dégoût stupéfait, pour de bonnes raisons...
C'est un mec au-dessus, par le tempérament, la capacité à se renouveler, l'instinct cannibale, la méticulosité avec laquelle il avait préparé son affaire...
Il faut le prendre en compte à l'heure de juger, en dépassant le prisme de l'analyse (en grande partie "wishful thinking"... en tout cas pour ma part) qui le voyait fini pendant ce Giro (ou même depuis 2 ans qu'il ne faisait "plus d'écart en montagne"...)
Froome a un agenda largement articulé avec ses déboires judiciaires, donc tant qu'il peut courir, tout ce qu'il peut prendre, il prend je pense. En tout cas c'est le plus cohérent avec les éléments qu'on a en simples suiveurs.cytep33 a écrit : 01 juin 2018, 12:56 Je ne suis pas loin de penser en plus que lui et Dumoulin ont vraiment en tête le tour cette saison et qu'ils se sont dit "si je peux gagner un giro en passant ce sera tout bonus" .Il ne faut pas oublier que l'an dernier Dumoulin avait parfois été le meilleur en montagne au punch (europa par exemple) et qu'il en a été bien loin cette année
Pour Dumoulin, son niveau en montagne est supérieur cette année pour moi, j'ai détaillé ça dans un autre sujet.
Pour le Tour il hésite encore, mais je pense qu'il ne se fait pas grande illusion sur sa capacité à être aux premières loges pour batailler pour le général.
Il ira peut-être quand même, mais je ne pense pas qu'il ait bâti sa saison avec cette perspective.
Mais vivement qu'il y ait un parcours avec un kilométrage décent (pas forcément énorme, mais pas ridicule) de CLM pour qu'il s'y aligne pour la gagne !
- JFKs
- Modérateur
- Messages : 28122
- Inscription : 07 juil. 2014, 07:58
- Localisation : Sweetzerland
- Contact :
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
D'accord avec toi, même si je suis en désaccord.blouss_ a écrit : 01 juin 2018, 12:52 Moi j'ai un soucis dans ce débat, c'est que je suis assez d'accord avec ceux qui défendent Froome, mais je suis aussi assez d'accord avec ceux qui l'attaquent![]()
Grand Gourou
Re: Les performances de Froome en montagne sur le Giro
On va même regarder d'encore plus près

levrai-dufaux a écrit : 01 juin 2018, 11:44 Regardons du plus près :
- Froome a gravi le Finestre en 1h04'20. A titre de comparaison, Rujano lors du Giro 2011 l'avait escaladé en 1h02'09 et en 2015, Landa en 1h02'51. Et pourtant, cette année, il y a eu un rythme d'enfer du pied jusqu'au sommet. Ok, on pourra dire que le relais de Puccio n'était pas supersonique, mais je soulignerais que ce relais a été suffisant pour réduire le groupe des favoris à une quinzaine d'unités distançant des coureurs comme Geniez ou Dennis. On était donc loin d'un rythme de sénateur. Ensuite, Elissonde a mis un relais stratosphérique, Froome a fait une puissante attaque à 10 km du sommet. Bref, il y a eu une bagarre terrible et pourtant le temps de Froome est bien en deçà des performances accomplies en 2015. Il est vrai que l'étape a été couru à bloc jusque là, et cet aspect explique probablement beaucoup de défaillances auxquelles nous avons assistées dans ce col. Mais, en soi, la performance de Froome dans cette ascension n'est pas particulièrement suspecte. J'ai lu qu'il aurait développé une puissance moyenne de 397 watts dans cette ascension. Là aussi, les indicateurs de puissance confirmeraient qu'on est loin d'une performance "mutante" comme dirait Vayer.
L'analyse est d'entrée biaisée, car la situation est différente, et pas qu'un peu. En 2011 et en 2015, il reste 27.5 km au sommet du Finestre, ce qui change tout. Cette année, le sommet est à 71 bornes de l'arrivée, donc il est logique que Froome ne se jette pas à 100% dans l'ascension, ce qui rend la perf hallucinante, car derrière il faut non seulement tenir dans Sestrière, mais aussi et surtout sur les 13K de faux-plat, puis l'ascension de Jafferau.
- Dans Sestrières, Froome aurait perdu 1'45 sur le Aru 2015 qui avait pourtant monté plus rapidement que lui le Finestre. Et pourtant, c'est en grande partie dans cette ascension que Froome a creusé l'écart avec ses poursuivants...
Même analyse, la course ne se terminait pas à Sestrière
- Sur la montée finale vers Bardonecchia, beaucoup ont été choqués que Froome ne concède pas de temps au groupe Dumoulin. Mais peu ont noté que, dans le même temps, Froome n'avait absolument rien repris dans cette ascension au groupe Pozzovivo-Formolo-Bennett. Tout le monde était cuit et a grimpé cette ascension a peu près au même rythme. D'ailleurs, là encore, en regardant le temps de Froome on voit qu'il est à plus de 2 minutes du temps d'ascension réalisé par Nibali et Santambrogio en 2013 dans une configuration où ça n'avait pas bougé avant les derniers kms. Ce débours est bien logique vu les efforts consentis par Froome avant cette ascension, mais là encore, 2 minutes de perdues sur 7 km d'ascension, ça montre que celle-ci n'a rien de spécialement suspecte.
Encore une fois, c'est complètement biaisé, car en 2013 l'étape ne fait que 159km, et seul Sestrière était au programme, pas de Finestre, ni de mec qui sort tout seul à 80 bornes de l'arrivée. Sinon, es-tu au courant du phénomène d'aspiration. Comment expliquer que Lopez et Carapaz, gentiment planqués dans les roues, ne reprennent pas + d'une poignée de secondes à un coureur qui lui lutte seul depuis 80 kilomètres. Même remarque pour le groupe Pozzo.
- Enfin, sur le Zoncolan, Froome est monté en 39'58, là encore nettement en retrait de Piepoli et Simoni et leur 39'03. Et pourtant, les conditions de course très fraîches du jour étaient favorables à une grosse perf' tout comme le fait qu'il s'agissait de la première véritable étape de montagne sur ce Giro. De plus, Froome est loin d'avoir mis une valise à ses adversaires ce jour-là : Yates est à 5 secondes, Pozzo toujours très à l'aise sur les gros pourcentages à une vingtaine de secondes avec MAL et Pinot et Dumoulin sont autour de 40 secondes. Bref, il n'y avait pas un monde d'écart entre Froome et ses adversaires ce jour-là.
40 secondes sur une montée c'est énorme, les Watts tu ne vas pas les chercher comme ça. De +, en dehors du temps sur le Zoncolan, c'est la différence de niveau qui est pour moi suspecte.
En conclusion sur la question du dopage, je comprends et partage la suspicion qui entoure l'équipe Sky et Froome, mais les performances réalisées par Froome sur ce dernier Giro en montagne ne sont pas particulièrement suspectes, il faut savoir le reconnaître. Et, si on est convaincu que Froome se dope, son niveau de performance suggère un dopage moins lourd que celui des années 2000.
Je pense que le manque d'objectivité n'est pas toujours du côté qu'on croit. Voir un mec faire une 'Landis" et ensuite sans sortir sans séquelles physiques le lendemain en écœurant son dauphin, ou qui que ce soit qui voulait attaquer, et en se payant même le luxe de se faire lancer un sprint comme si on était sur le plat, perso ça me laisse très songeur, et je n'y crois pas.
Mais le manque d'objectivité du forum vis-à-vis de Froome va plus loin que le dopage. C'est la portée même de sa performance du Finestre qui est minimisée. Je vais le dire très clairement : Froome a réalisé ce jour-là le plus grand exploit en montagne des 50 dernières années. Voilà ni plus, ni moins, ce à quoi nous avons assisté. Et ce, au terme d'une étape sensationnelle par son scénario, ses défaillances, sa bagarre incessante, ses incertitudes tactiques (attendre Reichebach ou non ? Dans quelle mesure en garder pour le col final, etc...). Nous avons vécu un grand moment de cyclisme, et personnellement, j'ai beau ne pas apprécier Froome, j'ai vibré comme rarement. Pour moi, Froome a prouvé ce jour-là qu'il n'était pas une arnaque, mais un grand champion.
Au contraire, au vu de la perf, il a fini de me prouver qu'il était une arnaque, enfin c'est ce que je pense
J'ai lu que selon certains, Froome n'avait pas spécialement pris de risques dans cette étape car il n'avait pas d'autre choix pour remporter ce Giro. C'est une blague ? Dans le Finestre, Froome est entouré par De la Cruz, Henao, Elissonde et Poels. Yates est en perdition. Il reste plus de 80 kms. Qui, à ce moment, pense vraiment que Froome va attaquer en solitaire dans le Finestre ? C'est insensé ce qu'il a fait, et c'est une prise de risque incroyable compte tenu de la configuration de la course. Sachant que l'étape du lendemain était plus propice à un raid solitaire et à de gros écarts, Froome aurait très bien pu se dire : "ok, Yates est out, je suis à moins de 3' de Dumoulin, on met un train d'enfer jusqu'à Jafferau avec mes équipiers et je mets une mine terrible dans le col final pour reprendre 1' à 1'30 avant de finir le job demain". Mais il n'a pas fait ça. Lorsque j'ai vu Henao en difficulté, puis de la Cruz s'écarter, je me suis dis que les Sky s'étaient vu plus beaux qu'ils n'étaient (surtout que Poels n'a servi à rien et n'a pu passer le moindre relais non plus). Puis lorsque Elissonde a accéléré et Froome a placé son attaque, j'étais sidéré. Comment ne pas reconnaître le panache de Froome ? A ce moment de la course, je ne pensais vraiment pas qu'il irait au bout de son raid. Mais il a été incroyablement fort sur la durée et la configuration de course a été parfaite pour lui (Reichenbach qui ne sait pas descendre alors que Froome a fait des descentes magistrales, Pinot qui crève, les sud-américains qui pourrissent l'entente du groupe de poursuite).
J'ai également lu que, sans son équipe, Froome n'aurait jamais pu faire une telle performance. Mais il me semble que la Movistar, Astana ou même la FDJ avait des collectifs suffisamment forts en montagne pour appliquer la stratégie de la Sky ce jour-là. La vérité, c'est que seule la Sky a couru pour la gagne, et que seul Froome était assez fort pour réaliser un tel exploit.
Pour conclure, je n'aurais jamais pensé écrire un plaidoyer "pro-Froome" avant ce Giro. Mais entre temps, j'ai assisté à une performance sensationnelle qui mérite d'être soulignée comme telle. Je ne comprends pas pourquoi, sur ce forum, Pantani (mon coureur préféré) est encensé alors qu'il était autrement plus chargé que Froome. De manière un peu provocatrice, j'ai envie de dire qu'à l'image du Pirate qui avait sauvé le Tour 98 de la farce complète avec son exploit des 2 Alpes, Froome a en quelque sorte sauvé ce Giro 2018 avec son exploit de Bardonecchia : quoi qu'il arrive maintenant sur le plan de la justice sportive, il a gagné ce Giro sur le terrain, comme Contador avant lui en 2011.
Ah ouais quand même fallait oser ça...