dolipr4ne a écrit : 21 mai 2018, 14:59
Notre sport favori est deja difficilement lisible, mais force est de constater qu’en GT, ça devient parfois impossible à décoder. Et pourtant, on pourrait penser qu’une course de 3 semaines et 21 etapes devraient refléter un tant soit peu le niveau réel des coureurs. Et pourtant, on tombe régulièrement de nos chaises...
Je ne suis remonté qu’en 2010, mais deja en 8 ans, on a plusieurs surprises, et encore dans certains cas le terme « surprise » n’est qu’un doux euphémisme...Dans d’autres cas, certains pourront dire qu’ils
_savaient, mais je pense que les gens honnêtes sauront reconnaitre qu’à peine 5% d’entre nous auraient pu prédire la place et les perfs des coureurs suivants, à la veille du GT en question:
- le duel Cobo/Froome sur la Vuelta 2011: je pense que tout a été dit. On en rit/pleure encore.
- Hesjedal vainqueur du Giro 2012: personne n’y aurait cru.
- Horner vainqueur de la Vuelta 2013: là, on touche au summum de ce que notre sport peut offrir de ridicule et d’invraisemblable.
- Landa 3eme du Giro 2015: plus fort que son leader, il écrase la montagne mais doit se brider pour favoriser Aru.
- Kruijswijk à un virage de gagner le Giro 2016: ok il n’a pas gagné et finit meme 4eme, mais qui aurait pu penser qu’il serait le plus fort, avant d’aller se satelliser dans un mur de glace?
- Dumoulin vainqueur du Giro 2017: ok il avait montré des choses etonnantes avant, notamment sur la Vuelta, mais là aussi personne n’aurait misé un kopeck sur sa victoire.
- Uran 2eme du Tour 2017: ok il a été invisible, mais le mec retrouve un niveau totalement inattendu et déjoue tous les pronostics le concernant.
- Et donc Yates sur ce Giro 2018: certains nous disent que ce qu’il montre n’est pas non plus ahurissant, pourquoi pas. Mais dans ce cas, comment expliquer qu’aussi peu d’entre nous (pour ne pas dire personne) le voyaient possiblement vainqueur? Il n’est meme pas cité dans le sondage VCN et les bookmakers les plus prudents le mettaient quand meme à 30 contre 1.
Bref, quand bien meme les perfs en GT ne dépendent pas que du niveau intrinsèque (la tactique et les circonstances de course sont à prendre en compte, de meme que les prépa et autres pics de forme), ça fait quand meme un paquet de surprises. Ce qui me fait dire que les GT sont peut-etre et paradoxalement plus illisibles que les courses d’un jour.
Du coup, notre erreur est peut-etre de croire que tout pourrait etre cohérent et rationnel en GT. Nous avons sans doute tort de chercher à tout expliquer/justifier, tout simplement car nous ne le pouvons pas, ne serait-ce qu’au regard des résultats.
En ce sens, l’approche kelmeuriste du probleme est loin d’etre stupide à mes yeux: à savoir, en gros, regarder le spectacle sans regarder plus loin que le bout de son nez. Ça peut sembler cynique, mais cela évite aussi de dire beaucoup de conneries. Cela évite également de vivre le spectacle dans une morgue continuelle.
Apres, c’est vrai, il faut etre
capable d’avoir cet etat d’esprit, ce détachement, ce recul. Ça n’est pas donné à tout le monde, et il n’a jamais été interdit d’avoir des doutes. En revanche, je ne pense pas qu’il soit constructif d’asséner nos doutes sur le forum continuellement.
Le cyclisme en GT revêt de nombreux aspects à prendre en compte, notamment un et pas des moindres: la lutte anti-dopage est encore loiiiiiiiin d’etre véritablement efficace, et ce pour de nombreuses raisons (toujours un train de retard, adaptation des produits/protocoles, protections exterieures, clémence parfois invraisemblable des autorités etc etc...). Ne serait-ce que pour cela, nous devons
intégrer que le cyclisme en GT a, et aura probablement toujours, cette part d’illisibilité et d’incongruité, et pourquoi pas de ridicule...