Nopik a écrit : 13 sept. 2017, 10:12
Merci c'est fort instructif.
Du coup, si je comprends bien, il n'y a pas vraiment de contrôles en colombie
1- parce que c'est loin et cher ; et
2- parce que les résultats ne sont pas très fiables dans ce contexte.
Et donc, le passeport bio est surtout utile dans les régions "standard", càd en europe.
Par conséquent, les colombiens qui rentrent souvent chez eux, peuvent-ils faire un peu ce qu'ils veulent ? S'ils appliquent régulèrement le même schéma, j'imagine que ça ne déclenche pas une anomalie.
Et pour finir, on voit un peu mieux pourquoi plein de coureurs vont s'entrainer dans des endroits perdus (afrique, colombie...).
Actuellement, ça vaut le coup d'aller s'entraîner en Colombie vu que le laboratoire de Bogota est suspendu donc les échantillons récoltés en Colombie pour l'ABP sont dispersés entre les labos de La Havane et de Mexico.
Le timing est donc beaucoup plus serré pour les contrôleurs qui doivent s'assurer que les échantillons seront récoltés aux labos 36h au plus tard après le prélèvement. L'inspection aux douanes ralentit considérablement le processus (en Europe, il n'y a pas ce problème).
Donc, c'est presque impossible qu'un contrôleur vienne te chercher au fin fond de la montagne en y accédant par des routes cabossées. Il passerait toute sa journée à ne faire qu'un seul contrôle ! Pas du tout rentable (et je le répète, l'UCI a de moins en moins d'argent à consacrer à l'antidopage, regardez les stats, elle se défend en disant que dorénavant, s'il y a moins de contrôles OOC c'est qu'ils sont mieux ciblés.

).
De plus, la plupart des coureurs renseignent une heure très matinale sur ADAMS (heure en dehors de laquelle ils ne sont plus obligés d'être trouvé à leur domicile), donc le contrôleur n'est même pas sûr de les trouver sur place en pleine journée car il est évident que pour les contrôler à 6h du matin, le contrôleur devrait faire de la route de nuit ou louer une chambre sur place (et il y a rarement des hôtels au même endroit).
Ainsi, que se passe-t-il dans ces cas là ?
Le contrôleur prévient le coureur 24h avant par SMS et lui demande de se pointer dans la grande ville la plus proche de chez eux qui est desservie par un aéroport. Ainsi, le contrôleur peut contrôler plusieurs coureurs d'un coup et ne perd pas sa journée.
Bien sûr, prévenir le coureur à l'avance d'un contrôle sanguin est contraire au code mondial antidopage mais les instances ferment les yeux car c'est souvent la moins pire des solutions.
Pour compenser ce biais, les coureurs subissent "dans les faits" un contrôle urinaire (moins de problème de conservation) la veille par un "contrôleur" d'un labo d'analyse local avec qui l'AMA ou l'UCI a passé un accord ponctuel, ce qui permet de minimiser les manipulations qui pourraient fausser le test sanguin du lendemain. La plupart du temps, ce contrôle urinaire n'est jamais effectué ou rarement la veille, le timing n'est jamais bon.
Ce qui se passe en Colombie actuellement, c'est ce qu'on a en Ethiopie et au Kenya tout le temps (échantillon envoyés à Doha car il n'y a aucun labo africain accrédité).
D'ailleurs, pour connaître la destination idéale pour se doper en toute tranquillité actuellement, prenez une carte du monde et placez les différents labos accrédités sur celle-ci. Les pays de la carte les plus éloignés de tout point sont l'Afrique du Sud (le labo de Bloemfontein a perdu son accréditation depuis Rio 2016) et Hawaii.
Deux vainqueurs de GT cette année sont allés s'entraîner un mois en janvier/février en Afrique du Sud.