Souvenirs de Grimpeurs

[angelsbdesign]

Ton classement est vraiment intéressant runnz...

La 4ème place de Gimondi est surprenante mais c'est vrai qu'il était très régulier dans les étapes de montagne des GT et que sa carrière a été longue.
La 8ème de Simoni ne me surprend pas car je l'ai souvent vu dominateur dans les cols du Giro...

En tout cas bravo pour ton boulot :applaud:

[runnz]

Merci.

Tu es de ceux qui comprennent qu'on ne pourra jamais donner la juste place. Moi je laisse parler les chiffres même s'ils ne favorisent pas toujours les meilleurs.

[biquet]

Confirmation que les chiffres et les statistiques ne reflètent pas forcément la véritable valeur des athlètes.

Si vous voulez vraiment savoir quels sont les meilleurs grimpeurs, les meilleurs sprinters ou les meilleurs rouleurs, par exemple, il faudrait demander aux acteurs de chaque époque. Eux, ils étaient sur le terrain, ils ont souffert, ils savent.

Mais quand même, les 10 ou 15 meilleurs grimpeurs de l'histoire, les vrais, je pense que tout le monde les connaît à peu prés.

[Coeur-de-Lyon]

Merci Runnz, j'espère avoir l'occasion de participer à un classement :france: un de ces jours :jap:

[runnz]

Confirmation que les chiffres et les statistiques ne reflètent pas forcément la véritable valeur des athlètes.

Si vous voulez vraiment savoir quels sont les meilleurs grimpeurs, les meilleurs sprinters ou les meilleurs rouleurs, par exemple, il faudrait demander aux acteurs de chaque époque. Eux, ils étaient sur le terrain, ils ont souffert, ils savent.

Mais quand même, les 10 ou 15 meilleurs grimpeurs de l'histoire, les vrais, je pense que tout le monde les connaît à peu prés.

Tu as raison bien sûr, et je savais avant de commencer que rien ne vaut les témoignages humains. C'est pour le simple plaisir de voir ce que les chiffres disent eux, sans influence sentimentale et mettre au pinacle un exploit ponctuel qui classe à jamais un grimpeur au dessus de tous les autres. C'est d'ailleurs pour un peu démêler tous ces "autres" que j'adore faire ce genre de classements sans toutefois leur donner une réelle importance.

On peut quand même observer que ceux classés 15e ou 20e ont une carrière plus étoffée que ceux classés 150e ou 155e. Entre les deux ça restera certes toujours assez relatif, mais ça permet tout de même de découvrir certains noms trop souvent oubliés, ce qui n'est pas complètement inutile, de mon humble point de vue.

Merci Coeur-de-Lyon, les prochains chiffres que je vais proposer se porteront sur les grimpeurs récents qui pour la plupart sont toujours en activité. Je vais faire des relevés beaucoup plus exhaustifs à partir de la saison 2009. Je tiendrais compte de plus de places et de beaucoup de courses en plus des 3 GT.

[angelsbdesign]

Allez !

Pour faire rire tout le monde :whistle: et grimacer Biquet :green: il se trouve que je suis suffisamment âgé (j'ai pas dit vieux, hein ! :gafauvel: ) pour avoir vu beaucoup de grimpeurs en action...
Il paraitrait même que dans mon berceau j'aurais vu passer Robic en tête au Tourmalet ! Mais pour être franc je ne m'en souviens pas précisément :??? Par contre je me souviens bien de lui lors de son dernier Tour de France en 1959 : il était passé dernier, lâché et râleur dès le pied du col de Romeyere où Gaul et Bahamontes venaient de démarrer...

Donc j'ai vu pas mal de grimpeurs impressionnants en course durant toutes ces années. Je n'imagine pas pour autant être capable de dire quel est le meilleur grimpeur entre eux et ceux qui ont impressionné la génération précédente (sur les films d'époque Coppi semblait très dominateur sur le Tour 52). En fait comme je l'ai déjà dit ce sont plutôt des souvenirs d'avoir été impressionné enfant par le style (Gaul était vraiment aérien quand il démarrait dans un col alors que Bahamontes paraissait plutôt hausser son rythme et être inépuisable) qui me restent et ça me suffit pour être toujours émerveillé par leurs exploits (Herrera et Pantani étant les derniers qui m'ont laissé cette impression même si j'ai beaucoup vu Merckx dominer le peloton dans les étapes de montagne).
Mais je crois que je ne suis pas \"émerveillé\" par les grimpeurs qui dominent par leur puissance à enrouler régulièrement de plus gros braquet que les autres (encore qu'Armstrong qui moulinait comme les moulins à café d'autrefois pour faire des différences impressionnantes ne m'a pas laissé un souvenir de \"grimpeur\" :suspect: !)

C'est pour ça que j'aime bien les classements de runnz qui n'ont pas pour objectif de nous apprendre la vérité mais d'objectiver nos impressions par les résultats. :good:

[biquet]

Il y a quelque chose d'essentiel qui ne peut évidemment pas être pris en compte dans les stats: les qualités de descendeur.

Bahamontès, qui est souvent considéré, et à juste titre selon moi, comme le meilleur grimpeur de l'histoire, était un médiocre dévaleur de pentes, même s'il a progressé en fin de carrière, sous la férule de Raoul Rémy. Idem pour les Trueba, Julio Jiménez et Herrera, autant de coureurs qui font assurément partie des 20 meilleurs escaladeurs.

Pour qu'un coureur comme Bahamontès puisse l'emporter, il lui fallait une avance énorme en haut du dernier col. En 64, il gagne à Briançon et à Pau, mais après être passé au sommet du Galibier avec 3'50\" d'avance sur le groupe Poulidor, et prés de 7' à Aubisque. En passant la ligne, il ne lui restait plus qu'1'32\" à Briançon et 1'40\" dans la cité d'Henri 4.

Il faut savoir que les arrivées au sommet n'ont pris vraiment de l'ampleur qu'à partir des années 70. C'est pour cette raison qu'un Vicente Trueba, capable de franchir le Galibier 6' avant son premier poursuivant et plus de 10' avant le 3è, n'a jamais eu la chance de remporter une victoire d'étape. Pourtant, le grand Binda le considérait comme le meilleur grimpeur qu'il ait jamais affronté.

Pour revenir à Bahamontès, il lui est très souvent arrivé de passer seul en tête du dernier col d'une étape de montagne du Tour et d'être éjecté du podium au franchissement de la ligne d'arrivée. Heureusement pour l'Aigle de Tolède, il existait à l'époque des courses qui pouvaient compenser ses frustrations: les courses de côte. Et il s'est bien goinfré, le Picador ( 5 Arrate, 3 Mont Faron en ligne, 4 Mont Faron clm, 4 Mont Agel, etc).

[ulysse1]

une chose étonnante sur bahamontes , il semble que sa plus magnifique victoire soit en même temps sa dernière ou sa dernière importante , le jour de ses 36 ans , justement celle de pau après une chevauchée à travers les quatre cols pyrénéens classiques , avec julio jimenez au début , seul à partir du deuxième col je crois , et comme le dit biquet avec 6 ' 50 '' d' avance au sommet de l' aubisque ;

à l'autre extrémité de sa carrière , j' ai lu plusieurs fois que lors du premier col de son premier tour de france , il est passé au sommet avec suffisamment d' avance pour s' y acheter une glace et attendre le peloton en la mangeant

[biquet]

une chose étonnante sur bahamontes , il semble que sa plus magnifique victoire soit en même temps sa dernière ou sa dernière importante , le jour de ses 36 ans , justement celle de pau après une chevauchée à travers les quatre cols pyrénéens classiques , avec julio jimenez au début , seul à partir du deuxième col je crois , et comme le dit biquet avec 6 ' 50 '' d' avance au sommet de l' aubisque ;

à l'autre extrémité de sa carrière , j' ai lu plusieurs fois que lors du premier col de son premier tour de france , il est passé au sommet avec suffisamment d' avance pour s' y acheter une glace et attendre le peloton en la mangeant

Bahamontès réfute cette anecdote, qui a tendance à renforcer son mythe de coureur instable, à moitié fou, capable d'arriver au départ d'une course en ayant oublié son vélo :green: ( 100 ans de cyclisme, Abel Michea et Emile Besson). Bahamontès explique qu'il a connu un grave problème mécanique vers le sommet du col de Romeyère, et en attendant qu'une voiture dépanneuse arrive, il en a profité pour se rafraichir en achetant une glace. Pour lui, les journalistes en ont fait par la suite toute une histoire, mais il n'avait rien fait d'extravagant. C'est un orgueilleux, Federico.

( Une histoire vraie, par contre, c'est celle du père de Roberto Laiseka, qui après avoir insulté Bahamontès du bord de la route, a eu la surprise de voir celui-ci descendre de vélo et en venir aux mains !! C'était à l'époque de la grande rivalité du castillan Bahamontès avec le basque Lorono, un autre excellent grimpeur de très mauvais caractère. )

[angelsbdesign]

Tant qu'à faire il suffit de demander la version de l'intéressé:
\"En 1954 lors de mon premier démarrage dans le col de Romeyère mon objectif n’était pas de m’échapper mais seul le Français Le Guilly essaya de me suivre. Nous sommes passés au sommet avec une énorme différence sur le peloton. Je me suis arrêté brusquement parce que j’avais cassé des rayons de ma roue et que c’était très dangereux pour la descente. Je devais attendre ma voiture très longtemps pour changer de roue car elle était la dernière de toutes dans la file, quand je remarquai un stand de crèmes glacées. Je m’y suis arrêté un moment, tout en essayant de demander une crème glacée en français; mais je ne maitrisais pas encore la langue et de sorte que je dû utiliser les mains pour me faire comprendre. C’était une crème glacée avec deux boules de vanille, que je dégustais avec le plus grand plaisir du monde par cette chaleur intense.
Voilà comment j'espère rétablir la vérité.
Ce col est devenu le célèbre col de la glace, mais pour moi, il est surtout vraiment important, pas pour cette année-là où il s’agit juste d’une anecdote amusante, mais sur le Tour 1959 où je prends le maillot jaune à Grenoble après une attaque brutale avec Gaul dans ce col et sa collaboration jusqu’à l’arrivée, ayant convenu que je lui laissais l’étape si je prenais le maillot jaune.\" F.Bahamontes

[tuco]

(Gaul était vraiment aérien quand il démarrait dans un col alors que Bahamontes paraissait plutôt hausser son rythme et être inépuisable

:good:


j'apprends, je visualise :coeur:

[biquet]

Pour moi, Bahamontès est un grand gâchis de l'histoire du Tour, en raison de son obssession pour le GPM. Geminiani a déclaré qu'avec Anquetil, ils auraient pu brûler un cierge pour remercier Bahamontès d'avoir couru n'importe comment, lors du Tour 63. Avec un peu de jugeotte, selon Gem, le grimpeur castillan aurait remporté le Tour sans problème, tant il était supérieur dans les ascensions. Mais, selon lui, il lui suffisait de porter son effort sur un dernier col, vu qu'il avait déjà 35 ans, et ça lui aurait largement suffi pour creuser des écarts suffisants et gagner le Tour. D'ailleurs, la seule étape ou il a porté son effort total sur une montée, c'est dans le col de Porte, avant Grenoble. Prés de 2' d'avance à l'arrivée, sans compter les bonifs. Mais Bahamontès, c'était quelqu'un capable de partir au pied du col d'Aubisque pour aller chercher une échappée qui comptait 3 ou 4' d'avance ( avec Van Looy et le grimpeur Gimmi dedans), et ceci rien que pour prendre les points du GPM !! Objectif atteint, certes, mais après avoir été repris dans la descente (comme presque toujours), il ne lui restait plus le jus suffisant pour s'isoler dans le Tourmalet. Résultat: victoire au sprint d'Anquetil devant Perez-Frances, Poulidor et Bahamontès, et 1' de bonif pour le normand. Le Picador allait renouveler cette erreur lors des étapes de Luchon, Saint Etienne et Chamonix, préférant dilapider ses forces sur chaque grand col pour assurer sa victoire au GPM.. :S Quand les autres le voyaient partir de loin, ils se frottaient les mains, ils le laissaient faire !! Ils savaient qu'ils allaient le revoir dans la descente, et que l'énergie qu'il dépensait de bonne heure allait lui faire défaut au moment décisif, alors qu'il eut pu les estocader.

Et l'année suivante, en 64, il doit aussi remporter le Tour s'il ne fait pas la guerre avec Jiménez pour remporter le GPM. D'ailleurs, Julio Jiménez l'a dit par la suite: \" Si on s'était entendu avec Bahamontès, lui le général, moi la montagne, il gagnait le Tour, à 36 ans !! Mais Federico était têtu comme une mule. Il a m'a battu de justesse pour le classement de la montagne, mais il a perdu le Tour.\"

Mais je crois que pour l'Aigle de Tolède, remporter le titre de meilleur grimpeur était plus important que la victoire du Tour. Pour le plus grand bonheur d'Anquetil. Sur sa classe et ses dons exceptionnels d'escaladeur, Bahamontès aurait du remporter au moins 3 Tour de France, j'en suis persuadé. Un véritable gâchis. :sad:

[tuco]

ton rappel du tour 63 (dans mes souvenirs de lecture, facilement remporté par un anquetil au top) m'a donné envie d'aller voir de plus près (sur l'excellent "la grande boucle.com",et je tombe sur cette perle

3 tours avant l’arrivée du championnat de France aux Essarts, Rostollan (Saint-Raphaël) est en tête, bientôt rejoint par son coéquipier Stablinski. Anquetil, Ignolin (encore 2 "Saint-Raphaël") et Poulidor (Mercier) pointent à 1’ derrière. Bizarrement, Anquetil et Ignolin roulent ferme tandis que l’auvergnat se laisse tirer, promettant d’effectuer le gros du travail dans la côte du "Nouveau Monde". Mais, le moment venu, Poulidor ne prend toujours pas le relais. Anquetil est fou de rage : "Souviens-toi bien : plus jamais tu ne gagneras une course quand je serai là. Plus jamais. Tu me fais perdre le Championnat de France, je te ferai perdre des courses plus importantes !".
Désormais, les 2 hommes ne se parlent plus.

c'est dommage, je trouve, qu'on n'ai plus de polémiques pimentées comme ça

[tuco]

http://www.lagrandeboucle.com/spip.php?article1416

Anquetil risque de souffrir devant les qualités de grimpeur du maillot jaune Bahamontès. Il faudrait peut-être qu’il puisse prendre un vélo plus léger le temps de l’ascension. Mais comment contourner le règlement qui stipule qu’il est interdit de changer de machine, à moins qu’un incident mécanique constaté par un commissaire ne l’y oblige ? En provoquant le problème technique, évidemment : il suffit qu’Anquetil appelle sa voiture au bas de la descente du Grand-Saint-Bernard et que l’on cisaille le câble du dérailleur et le tour est joué
! Il ne reste plus au normand qu’à enfourcher sa nouvelle monture et ... à résister aux attaques de "l’Aigle de Tolède".
Ce dernier prend 40 m d’avance mais pas plus. Au train, Anquetil revient à la hauteur de l’espagnol et résiste jusqu’au bout aux changements de rythme du « picador ».

[tuco]

Jacques Anquetil. « Maître Jacques » est le seul homme à réaliser une telle performance ( 1957, 61,62 et 63). Il reçoit au Parc des Princes des acclamations méritées après une saison exceptionnelle : Paris-Nice, Critérium National, Vuelta (1er coureur à remporter le "Grand Chelem" : Italie, France, Espagne) , Dauphiné Libéré, Tour de France !
Par contre, Poulidor est sifflé : 8ème de ce Tour qu’il avait spécialement préparé, « Raymond-le-Gentil » n’a jamais semblé en mesure d’inquiéter le tenant du titre. Ses qualités intrinsèques ne sont pas remises en cause, son attitude trop passive oui.

au passage, pour en finir avec les pensées automatiques (je préfère cette expression à "cliché") qui veut que "le Français n'aime pas les gagnants, préfère les perdants, lalala, etc."


le Français aime bien les victoires stylées, ou les détaites valeureuses, pas spécialement les zoetemelk ou les poulidor 63

[jimmy39]

Ce que je n'arrive toujours pas à comprendre, c'est pourquoi j'ai été le seul à miser sur Bahamontès

[Xav_38]

Merci pour toutes ces évocations de Bahamontès dont je connais trop peu l'histoire.

Et sur la Vuelta, est-ce qu'il se comportait de la même façon ? Il ne l'a jamais remporté tout en y gagnant deux GP de la montagne.

[Coeur-de-Lyon]

Ce que je n'arrive toujours pas à comprendre, c'est pourquoi j'ai été le seul à miser sur Bahamontès

Parce que dans le concours précédent, Bahamontes était déjà assez mal payé. Pas deux fois la même erreur :non-non:

[biquet]

Merci pour toutes ces évocations de Bahamontès dont je connais trop peu l'histoire.

Et sur la Vuelta, est-ce qu'il se comportait de la même façon ? Il ne l'a jamais remporté tout en y gagnant deux GP de la montagne.

A son époque, les Vuelta étaient bcp moins montagneuses, et Bahamontès payait souvent son caractère fantaisiste. Il commettait des erreurs tactiques énormes, et s'enferrait dans des polémiques stériles avec les organisateurs ( Basques ).

Bahamontès était un génie, probablement le meilleur escaladeur de l'histoire, mais c'était un personnage particulier, colérique, lunatique, enclin aux disputes et aux polémiques. Il a fallu la patience de Raoul Rémy, en fin de carrière, pour l'assagir un peu. Bahamontès était d'ailleurs opposé aux équipes nationales, sur le Tour. Il a souvent répété que s'il avait couru plus tôt dans une équipe comme la Paloma, il aurait été mieux guidé et aurait obtenu de meilleurs résultats.

Et s'il remporte le Tour 59, c'est aussi pour une raison très importante, qu'on a tendance à oublier: le directeur sportif de l'équipe espagnole, Langarica, avait choisi d'écarter Jesus Lorono, l'ennemi juré de Bahamontès !! Sinon, le Picador aurait sans doute piqué une de ses crises habituelles, et trouvé un prétexte bidon pour abandonner. :green:

[loloherrera]

C'est vrai que le facteur équipes nationales est à prendre en compte, et c'est aussi valable pour Charly Gaul.