Perles des médias 2016
Modérateur : Modos VCN
- _JacLaffite
- Equipier de luxe
- Messages : 1979
- Inscription : 07 juil. 2014, 09:20
- Contact :
Perles des médias 2016
Il faut absolument faire une compilation. :good:
Patrick ? Patrick ? Patrick ? Patrick ? Patrick ? Patrick ? Patrick ?
Perles des médias 2016
[align=center]DU RIFIFI DANS LE MICRO - OPERATION RIO[/align]
IV.
Le lendemain. Journée. Septième étage sans vis-vis. Une salle de réunion. Une porte vitrée à double battants à gauche. Un rétroprojecteur fixé au plafond. Sur la gauche et au fond, des murs beiges. A droite, une baie vitrée sur toute sa longueur. A travers elle, au loin, le Christ de Corcovado. Une table ovoïde en bois vernis. Plusieurs hommes assis. A l’extrémité, une femme d’une quarantaine d’années attablée. Un léger brouhaha. Daniel Bilialian entre, le pas énergique, l’œil vif, la mèche vibrante, un épais dossier sous le bras. Le silence se fait.
Daniel Bilialian, debout aux côtés de la femme, la baie vitrée sur sa gauche, le ton décidé : Messieurs dame, bonjour, merci de vous être déplacés jusqu’ici. L’attachement à France Télévision que vos présences attestent me ravit au plus haut point. Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous nous réunissons aujourd’hui et pourtant vous savez tous combien j’aime vous rencontrer, combien j’aime chacun d’entre vous comme les fils de la grande famille France Télé. Aussi, dans ces heures de la plus extrême importance, j’ai pris soin de convier à notre réunion Messieurs Emmanuel Barth et Patrick Chassé dont les éclairages nous permettront de discerner au mieux les enjeux des mois à venir.
Claude Eymar : Bravo patron !
Emmanuel Barth, se balançant sur son fauteuil, les baskets sur la table, mâchouillant un chewing-gum, les yeux rivés sur son smartphone : Salut ! (il esquisse un demi-salut militaire de sa main droite)
Patrick Chassé : Bonjour Messieurs dame……..ou plutôt bonsoir……excusez-moi……euh non……enfin……quelle heure est-il ?......15h21……bon ben, on peut dire bonjour alors……excusez-moi…
Thierry Adam, un regard suspicieux vers Patrick Chassé : Nicolas Geay n’est pas là.
Daniel Bilialian : ah, oui, effectivement…..
Thierry Adam : je dis ça, je dis rien…..
Daniel Bilialian : quelqu’un a-t-il des nouvelles ?
Thierry Adam : il aura sans doute trouvé mieux à faire…..
Laurent Jalabert, léger reproche : Thierry……
Daniel Bilialian : bon, personne ne sait rien donc…..
Thierry Adam : ah, ben, ça, on ne risque pas. C’est qu’il ne communique pas beaucoup, Nicolas. Déjà sur la moto, il n’était jamais là où il devait et n’avait jamais d’infos à donner, alors……
Laurent Jalabert, ferme : voyons, Thierry….
Thierry Adam, marmonnant : on ne peut pas lui faire confiance, nous, on vient bien sur nos vacances… (Laurent Jalabert lève les yeux au ciel)
Daniel Bilialian, coupant court : Martine, ma chère, veuillez tenter de joindre Monsieur Geay dès la fin de cette réunion et……. (scrutant attentivement l’assemblée) mais il manque du monde. Où est Eric Fottorino ?
Claude Eymar : il vient avec Jean-Maurice…..
Daniel Bilialian : et ?
Claude Eymar : ben, ils viennent en hélico, patron…..
Daniel Bilialian, interloqué : depuis Paris ?
Claude Eymar : ben oui.
Daniel Bilialian, contrarié : Martine, ma chère, veuillez barrer Messieurs Fottorino et Hoog de la liste des présents. Bon, et Nelson ? Où est-il passé ?
Patrick Montel : il a insisté pour rallier seul les bureaux depuis l’hôtel.
Daniel Bilialian, inquiet : ah ?
Jean-François Kerkaert : ça dérouillerait son espagnol, il a ajouté….
Daniel Bilialian, se massant le front : Bien, Martine, s’il vous plait, veuillez rayer Monsieur Monfort de la liste des présents.
Emmanuel Barth : et hop, un #whereisnelsie.
Daniel Bilialian, martial : Bref, nous n’avons pas de temps à perdre…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Daniel Bilialian : La Dame est fort mécontente. Le marché du sport cycliste à la télévision se tend de plus en plus. Les audiences plongent et un nouvel acteur, SFR Sport, fera bientôt irruption. Quelles seront ses intentions vis-à-vis du cyclisme ? A l’heure actuelle, nous n’en savons rien…..oui, Thierry ?
Thierry Adam, inquiet : avons-nous sécurisé le Tour de Picardie ?
Daniel Bilialian, surpris : le Tour de Picardie ?
Thierry Adam : ben oui, le Tour de Picardie !
Martine se lève et glisse ensuite quelques mots à l’oreille de Bilialian avant de se rasseoir.
Daniel Bilialian : mais, nous n’avons pas les droits de cette épreuve et puis de toute façon, ce n’est pas.…
Thierry Adam : ah, ben, voilà !
Daniel Bilialian : voilà quoi ?
Thierry Adam : nous devrions !
Daniel Bilialian : non, mais, aujourd’hui, il s’agit de voir dans une optique globale ce qu’il convient de….
Thierry Adam, de plus en plus insistant : ah ben, les audiences baissent. Et bien, je dis Tour de Picardie…..
Daniel Bilialian : j’entends bien, Thierry, mais….
Thierry Adam : faut savoir ce qu’on veut…..
Daniel Bilialian, conciliant : très bien, Thierry, nous y penserons…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Daniel Bilialian, un regard interrogateur vers Claude Eymar : ….mais aujourd’hui, il s’agit de voir ce qu’il convient de faire pour lutter contre l’érosion des audiences du Tour de France, la vitrine de notre belle maison, dans un contexte concurrentiel accru, de crise économique et de tensions sur le marché publicitaire. En tant que chef du service des sports, je suis fière de relever, à vos côtés, vous les forces vives de France Télévision, mon plus grand défi……. (un regard vers Jean-François Kerkaert) ….mon deuxième plus grand défi. La diffusion en intégralité des étapes du Tour sont une occasion en or….
Thierry Adam : olympique, hahaha….
Daniel Bilialian : ……de repenser notre couverture de l’épreuve. Une couverture plus sexy, plus tonique. La Dame y tient absolument. Cela rentre dans le cadre de la nouvelle image de notre belle chaine. Dans cet optique, le concours de Patrick Chassé, à qui je laisse la parole et que je connais depuis longtemps nous sera précieux.
Patrick Chassé : ohlàlà…..oui……cher Daniel….depuis si longtemps……20 ans ou 25 ans, je crois……à moins que ce ne soit 30 ans…..attendez, on est en 2015…..euh, non 2016, excusez-moi….donc, on se connaît depuis……..oui Antenne 2……euh non, FR3……euh, non, je me trompe, je crois bien que c’était Europe 1 en 1980, donc oui…….attendez, ça fait……..je m’emmêle un peu dans les calculs……et 3 qui font 6, je retiens 12 que je mets de côté…….numéro complémentaire le 42…..donc 27 ans depuis la Cinq…..
Thierry Adam, se redressant sur son siège : non mais qu’est-ce qu’il fait ?
Patrick Chassé : ah non, veuillez m’excuser, je me suis trompé. 35 ans. Navré.
Thierry Adam, affolé : non, mais, il se passe quoi là ?
Laurent Jalabert, sourire en coin : Ça surprend, hein ?
Patrick Chassé : euh, non, finalement, je me demande si je n’ai pas confondu avec Henri Sannier. Excusez-moi, Daniel, je me suis trompé…..
Daniel Bilialian : vous êtes tous pardonnés, cher Patrick….. (sèchement) Rodolphe ! Veuillez ranger ce miroir ! (se radoucissant) Je vous en prie, Patrick…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Patrick Chassé : ….alors ça devait être à l’arrivée à Berlin lors du Tour 96 remporté par Fernando Escartin…..ah, oui, non, le Tour ne faisait pas étape à Berlin cette année-là…..
Thierry Adam, suant à grosses gouttes, ouvrant un bouton de col de chemisette : j’ai jamais vu ça…
Patrick Chassé :….Jan Ullrich bien sûr en 1996, j’ai dit Fernando Escartin, non Jan Ullrich, vainqueur du Tour 96, bien sûr. Excusez-moi….
Emmanuel Barth : et hop, #wikiperdu…
Thierry Adam, secouant la tête, les yeux écarquillés, à lui-même : le Rollot au petit déjeuner, à l’apéro, au déjeuner, entre la poire et le dessert, au café et au dijo, c’est terminé.
La porte s’ouvre. L'assemblée se fige. Une personne entre. Les membres installés à l’opposé de la table se lève pour l’apercevoir.
Gérard Holtz : Ah ! mes amis, mes amis, mes amis, vous m’avez tant manqué ! Ah ! la retraite…..dura lex sed lex……Ahlàlà, ça fait chaud au cœur…..là (il montre son cœur) ……de vous retrouver. C’est tellement d’émotion……je crois que…..je…… (encourageant un sanglot) ……vais……non……je……c’est si beau……dans ces moments, il ne faut pas pleurer……Carpe Diem disait le poète…..alors, profitons, profitons tous ensemble…..La vie est courte……Durex disait le suiveur en goguette….
Daniel Bilialian : Gérard, mais qu’est-ce que vous faites là ?
Gérard Holtz : j’ai entendu à propos de la réunion. Je suis venu dès que j’ai pu.
Daniel Bilialian : mais, vous n’êtes pas sensés être à Rome ?
Gérard Holtz : si, si, mais je tiens à vous aider. Notre belle famille !
Daniel Bilialian : il ne fallait pas Gérard….
Gérard Holtz : si si…
Daniel Bilialian, les mâchoires serrées : non, non, il ne fallait pas….
Gérard Holtz : si si….
Daniel Bilialian : non vraiment……
Gérard Holtz : j’ai des idées, pleins d’idées. Déjà, il faut des femmes. Ça manque de femmes…..pardon, Martine, mais voilà, hein……des femmes, des femmes partout, elles sont si…
Daniel Bilialian, exaspéré : OK, OK, on sait Gérard, on sait…..(plus doux) tiens, vous connaissez Oscar Niemayer ?
Gérard Holtz : ah ! Niemayer ! Fantastique. La vision de l’artiste, la puissance des matériaux, la quintessence de l’art politique, la féminité des courbes ! Magnifique !
Daniel Bilialian : il y a un musée dans le coin. Exclusivement consacré à Niemayer.
Gérard Holtz, excité : Où ça ? J’y cours, j’y vole…..
Daniel Bilialian : ben, vous prenez l’ascenseur, vous descendez au rez-de-chaussée, une fois sorti, sur le parvis devant l’immeuble, vous prenez à gauche, vous continuez, vous continuez, jusqu’à ce que vous trouvez un panneau de sortie d’agglo Rio de Janeiro, ensuite vous prenez nord/nord ouest direction Brasilia sur environ 930 kilomètres. Voilà, vous y êtes.
Gérard Holtz, bondissant : ah ! l’art, l’art, l’art ! Ma vie ! Mon oxygène ! Je file….Tchao bello !
Il quitte la salle avec fort fracas et précipitation.
Daniel Bilialian, se recomposant : hum, bien, où en étions-nous ? Ah oui ! Patrick était sur le point de développer les enjeux futurs de la télédiffusion des épreuves cyclistes, notamment le Tour de France….
Jean-François Kerkaert : j’ai une question.
Laurent Jalabert : oh, merde….
Emmanuel Barth : oh merde….
Daniel Bilialian, tic de tête nerveux : oui ?
Jean-François Kerkaert : quand est-ce qu’on mange ?
Daniel Bilialian, avec douceur : non, Jean-François, ce n’est pas le moment, là, nous sommes en……. (sec) Rodolphe ! Cessez donc de vous admirer dans leurs reflets et veuillez rendre immédiatement ses lunettes à Patrick Montel !
Patrick Montel, trépignant, tendant les bras à travers la table : oui, oui, rend-les moi ! De si belles lunettes ! De fabrication française ! Les meilleures au monde….
Thierry Adam : (à Laurent Jalabert), regardez l’autre, avec ses lunettes françaises, comment il crâne. (fort) Ouais, moi aussi, je pourrais en avoir des lunettes françaises….
Patrick Montel : seulement, t’en as pas. C’est moi qui les aie……
Thierry Adam : je m’en fous, j’ai une voiture française, j’ai des sous-vêtements français, j’ai même un ordinateur français, et j'ai un minitel que j'utilise tous les jours...
Patrick Montel : moi aussi, j’ai tout ça. Mais, j’ai les lunettes et toi, tu les as pas…..
Thierry Adam : pff…..j’en ai pas besoin de lunettes…..
Patrick Montel : et ben si t’étais aussi français que moi, tu te débrouillerais pour en avoir besoin. Les produits français, les produits de qualité, on en a toujours besoin….
Daniel Bilialian : Messieurs, Messieurs….
Thierry Adam, se levant d’un bond, rouge de colère : quoi ? Quoi ? Moi, je ne suis pas assez français ? Demande ça à Jean-René Bernaudeau !
Patrick Montel : Berneaudo, ça sonne espagnol, non ?
Thierry Adam, s’étouffant, pointant du doigt Patrick Montel avec son stylo : Que…..que…….que….
Patrick Montel, se levant : et ne me pointe pas avec ce stylo mexicain……
Laurent Jalabert : brésilien……
Patrick Chassé : c’est un Bic, non ? C’est pas français, Bic ? Ah, quoique, cette couleur orange……c’est peut-être hollandais…….
Emmanuel Barth : allez, hop ! #maisondefous.
Brouhaha général. Patrick Montel et Thierry Adam s’agrippent à travers la table. Rodolphe Gaudin a le nez collé à la baie vitrée, les mains de chaque côté du visage. Jean-François Kerkaert picore les miettes contenues dans sa barbe. Claude Eymar fait le va-et-vient d'une bout de la pièce à l'autre.
Claude Eymar, clapant des mains, en transe : Bravo, patron ! Bravo, patron ! Bravo, patron ! Bravo, patron (il ne s'arrête pas) ....
Thierry Adam : tu vas voir ce qu’il va te faire mon stylo mexicain….
Patrick Montel : ben, j’aimerais bien voir ça…..
Patrick Chassé : ah, non, excusez-moi, je crois bien que c'est français...pardon...
Daniel Bilialian, las : Martine, ma petite, allez me chercher la carabine. (il s‘effondre sur son fauteuil, soupirant) Pourquoi faut-il toujours que cela finisse ainsi ? (à Laurent Jalabert), Laurent, j'aimerais vous parler seul à seul un peu plus tard dans la journée.
Des chaises volent.
Daniel Bilialian, au moment où Martine s’apprête à franchir le seuil de la porte : Ah ! Martine ! (hurlant) Et une française, la carabine !
V.
Quelques jours plus tôt. Port du Havre. La nuit. Lugubre. Pas d’étoiles. Les quais. Entrepôts et containers à perte de vue. Au loin, les lumières de la ville. Un tanker accosté. Le Lutetia. Une ombre se faufile entre les faibles lampadaires à la rencontre d’un homme patientant près du pont du bateau. Ils s’aperçoivent.
Le marin : c’est toi le p’tit gars de la télé ? On m’a prévenu de ton arrivée.
L’ombre : oui, bonsoir, Monsieur, vous êtes bien aimables, Nicolas Geay, enchanté !
Le marin : alors, hin, v’là, comment k’sa va passer, hin, tu montes sans un bruit, hin, faut surtout pas qu’on te repère, hin, tu t’caches dans la chaufferie, hin, et après, hin, t’attends queks heures qu’on sorte des eaux territoriales, hin. Si le capitaine t’choppe avant, hin, il te donne aux garde-côtes, hin. Après, hin, tu s’ras tranquille, hin, il pourra pas te jeter à la mer, hin. Plus de nos jours en tout cas, hin.
Nicolas Geay : merci infiniment, Monsieur. Ce que vous faites pour moi est fantastique.
Le marin mène Nicolas jusqu’à sa cachette. L’atmosphère y est suffocante. La puanteur prégnante et le sol innommable. Une fois seul, Nicolas Geay étale des cirés sur le sol et s’installe le moins inconfortablement possible.
Nicolas Geay, à lui-même : quel mystérieux émail ! « Rendez-vous au Havre, tanker Lutetia, venez seul, on vous attendra, le sport ne sera jamais plus comme avant ! » Ohlàlà, je suis tout excité ; mon sang de journaliste me trompe rarement. Je suis sur le point de découvrir le scoop du siècle ! Ohlàlà, tout ça quelques mois après mon enquête sans concession sur les moteurs dans les vélos du Tour ! A moi le Sulitzer !
Tout be continued....
IV.
Le lendemain. Journée. Septième étage sans vis-vis. Une salle de réunion. Une porte vitrée à double battants à gauche. Un rétroprojecteur fixé au plafond. Sur la gauche et au fond, des murs beiges. A droite, une baie vitrée sur toute sa longueur. A travers elle, au loin, le Christ de Corcovado. Une table ovoïde en bois vernis. Plusieurs hommes assis. A l’extrémité, une femme d’une quarantaine d’années attablée. Un léger brouhaha. Daniel Bilialian entre, le pas énergique, l’œil vif, la mèche vibrante, un épais dossier sous le bras. Le silence se fait.
Daniel Bilialian, debout aux côtés de la femme, la baie vitrée sur sa gauche, le ton décidé : Messieurs dame, bonjour, merci de vous être déplacés jusqu’ici. L’attachement à France Télévision que vos présences attestent me ravit au plus haut point. Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous nous réunissons aujourd’hui et pourtant vous savez tous combien j’aime vous rencontrer, combien j’aime chacun d’entre vous comme les fils de la grande famille France Télé. Aussi, dans ces heures de la plus extrême importance, j’ai pris soin de convier à notre réunion Messieurs Emmanuel Barth et Patrick Chassé dont les éclairages nous permettront de discerner au mieux les enjeux des mois à venir.
Claude Eymar : Bravo patron !
Emmanuel Barth, se balançant sur son fauteuil, les baskets sur la table, mâchouillant un chewing-gum, les yeux rivés sur son smartphone : Salut ! (il esquisse un demi-salut militaire de sa main droite)
Patrick Chassé : Bonjour Messieurs dame……..ou plutôt bonsoir……excusez-moi……euh non……enfin……quelle heure est-il ?......15h21……bon ben, on peut dire bonjour alors……excusez-moi…
Thierry Adam, un regard suspicieux vers Patrick Chassé : Nicolas Geay n’est pas là.
Daniel Bilialian : ah, oui, effectivement…..
Thierry Adam : je dis ça, je dis rien…..
Daniel Bilialian : quelqu’un a-t-il des nouvelles ?
Thierry Adam : il aura sans doute trouvé mieux à faire…..
Laurent Jalabert, léger reproche : Thierry……
Daniel Bilialian : bon, personne ne sait rien donc…..
Thierry Adam : ah, ben, ça, on ne risque pas. C’est qu’il ne communique pas beaucoup, Nicolas. Déjà sur la moto, il n’était jamais là où il devait et n’avait jamais d’infos à donner, alors……
Laurent Jalabert, ferme : voyons, Thierry….
Thierry Adam, marmonnant : on ne peut pas lui faire confiance, nous, on vient bien sur nos vacances… (Laurent Jalabert lève les yeux au ciel)
Daniel Bilialian, coupant court : Martine, ma chère, veuillez tenter de joindre Monsieur Geay dès la fin de cette réunion et……. (scrutant attentivement l’assemblée) mais il manque du monde. Où est Eric Fottorino ?
Claude Eymar : il vient avec Jean-Maurice…..
Daniel Bilialian : et ?
Claude Eymar : ben, ils viennent en hélico, patron…..
Daniel Bilialian, interloqué : depuis Paris ?
Claude Eymar : ben oui.
Daniel Bilialian, contrarié : Martine, ma chère, veuillez barrer Messieurs Fottorino et Hoog de la liste des présents. Bon, et Nelson ? Où est-il passé ?
Patrick Montel : il a insisté pour rallier seul les bureaux depuis l’hôtel.
Daniel Bilialian, inquiet : ah ?
Jean-François Kerkaert : ça dérouillerait son espagnol, il a ajouté….
Daniel Bilialian, se massant le front : Bien, Martine, s’il vous plait, veuillez rayer Monsieur Monfort de la liste des présents.
Emmanuel Barth : et hop, un #whereisnelsie.
Daniel Bilialian, martial : Bref, nous n’avons pas de temps à perdre…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Daniel Bilialian : La Dame est fort mécontente. Le marché du sport cycliste à la télévision se tend de plus en plus. Les audiences plongent et un nouvel acteur, SFR Sport, fera bientôt irruption. Quelles seront ses intentions vis-à-vis du cyclisme ? A l’heure actuelle, nous n’en savons rien…..oui, Thierry ?
Thierry Adam, inquiet : avons-nous sécurisé le Tour de Picardie ?
Daniel Bilialian, surpris : le Tour de Picardie ?
Thierry Adam : ben oui, le Tour de Picardie !
Martine se lève et glisse ensuite quelques mots à l’oreille de Bilialian avant de se rasseoir.
Daniel Bilialian : mais, nous n’avons pas les droits de cette épreuve et puis de toute façon, ce n’est pas.…
Thierry Adam : ah, ben, voilà !
Daniel Bilialian : voilà quoi ?
Thierry Adam : nous devrions !
Daniel Bilialian : non, mais, aujourd’hui, il s’agit de voir dans une optique globale ce qu’il convient de….
Thierry Adam, de plus en plus insistant : ah ben, les audiences baissent. Et bien, je dis Tour de Picardie…..
Daniel Bilialian : j’entends bien, Thierry, mais….
Thierry Adam : faut savoir ce qu’on veut…..
Daniel Bilialian, conciliant : très bien, Thierry, nous y penserons…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Daniel Bilialian, un regard interrogateur vers Claude Eymar : ….mais aujourd’hui, il s’agit de voir ce qu’il convient de faire pour lutter contre l’érosion des audiences du Tour de France, la vitrine de notre belle maison, dans un contexte concurrentiel accru, de crise économique et de tensions sur le marché publicitaire. En tant que chef du service des sports, je suis fière de relever, à vos côtés, vous les forces vives de France Télévision, mon plus grand défi……. (un regard vers Jean-François Kerkaert) ….mon deuxième plus grand défi. La diffusion en intégralité des étapes du Tour sont une occasion en or….
Thierry Adam : olympique, hahaha….
Daniel Bilialian : ……de repenser notre couverture de l’épreuve. Une couverture plus sexy, plus tonique. La Dame y tient absolument. Cela rentre dans le cadre de la nouvelle image de notre belle chaine. Dans cet optique, le concours de Patrick Chassé, à qui je laisse la parole et que je connais depuis longtemps nous sera précieux.
Patrick Chassé : ohlàlà…..oui……cher Daniel….depuis si longtemps……20 ans ou 25 ans, je crois……à moins que ce ne soit 30 ans…..attendez, on est en 2015…..euh, non 2016, excusez-moi….donc, on se connaît depuis……..oui Antenne 2……euh non, FR3……euh, non, je me trompe, je crois bien que c’était Europe 1 en 1980, donc oui…….attendez, ça fait……..je m’emmêle un peu dans les calculs……et 3 qui font 6, je retiens 12 que je mets de côté…….numéro complémentaire le 42…..donc 27 ans depuis la Cinq…..
Thierry Adam, se redressant sur son siège : non mais qu’est-ce qu’il fait ?
Patrick Chassé : ah non, veuillez m’excuser, je me suis trompé. 35 ans. Navré.
Thierry Adam, affolé : non, mais, il se passe quoi là ?
Laurent Jalabert, sourire en coin : Ça surprend, hein ?
Patrick Chassé : euh, non, finalement, je me demande si je n’ai pas confondu avec Henri Sannier. Excusez-moi, Daniel, je me suis trompé…..
Daniel Bilialian : vous êtes tous pardonnés, cher Patrick….. (sèchement) Rodolphe ! Veuillez ranger ce miroir ! (se radoucissant) Je vous en prie, Patrick…..
Claude Eymar : bravo, patron !
Patrick Chassé : ….alors ça devait être à l’arrivée à Berlin lors du Tour 96 remporté par Fernando Escartin…..ah, oui, non, le Tour ne faisait pas étape à Berlin cette année-là…..
Thierry Adam, suant à grosses gouttes, ouvrant un bouton de col de chemisette : j’ai jamais vu ça…
Patrick Chassé :….Jan Ullrich bien sûr en 1996, j’ai dit Fernando Escartin, non Jan Ullrich, vainqueur du Tour 96, bien sûr. Excusez-moi….
Emmanuel Barth : et hop, #wikiperdu…
Thierry Adam, secouant la tête, les yeux écarquillés, à lui-même : le Rollot au petit déjeuner, à l’apéro, au déjeuner, entre la poire et le dessert, au café et au dijo, c’est terminé.
La porte s’ouvre. L'assemblée se fige. Une personne entre. Les membres installés à l’opposé de la table se lève pour l’apercevoir.
Gérard Holtz : Ah ! mes amis, mes amis, mes amis, vous m’avez tant manqué ! Ah ! la retraite…..dura lex sed lex……Ahlàlà, ça fait chaud au cœur…..là (il montre son cœur) ……de vous retrouver. C’est tellement d’émotion……je crois que…..je…… (encourageant un sanglot) ……vais……non……je……c’est si beau……dans ces moments, il ne faut pas pleurer……Carpe Diem disait le poète…..alors, profitons, profitons tous ensemble…..La vie est courte……Durex disait le suiveur en goguette….
Daniel Bilialian : Gérard, mais qu’est-ce que vous faites là ?
Gérard Holtz : j’ai entendu à propos de la réunion. Je suis venu dès que j’ai pu.
Daniel Bilialian : mais, vous n’êtes pas sensés être à Rome ?
Gérard Holtz : si, si, mais je tiens à vous aider. Notre belle famille !
Daniel Bilialian : il ne fallait pas Gérard….
Gérard Holtz : si si…
Daniel Bilialian, les mâchoires serrées : non, non, il ne fallait pas….
Gérard Holtz : si si….
Daniel Bilialian : non vraiment……
Gérard Holtz : j’ai des idées, pleins d’idées. Déjà, il faut des femmes. Ça manque de femmes…..pardon, Martine, mais voilà, hein……des femmes, des femmes partout, elles sont si…
Daniel Bilialian, exaspéré : OK, OK, on sait Gérard, on sait…..(plus doux) tiens, vous connaissez Oscar Niemayer ?
Gérard Holtz : ah ! Niemayer ! Fantastique. La vision de l’artiste, la puissance des matériaux, la quintessence de l’art politique, la féminité des courbes ! Magnifique !
Daniel Bilialian : il y a un musée dans le coin. Exclusivement consacré à Niemayer.
Gérard Holtz, excité : Où ça ? J’y cours, j’y vole…..
Daniel Bilialian : ben, vous prenez l’ascenseur, vous descendez au rez-de-chaussée, une fois sorti, sur le parvis devant l’immeuble, vous prenez à gauche, vous continuez, vous continuez, jusqu’à ce que vous trouvez un panneau de sortie d’agglo Rio de Janeiro, ensuite vous prenez nord/nord ouest direction Brasilia sur environ 930 kilomètres. Voilà, vous y êtes.
Gérard Holtz, bondissant : ah ! l’art, l’art, l’art ! Ma vie ! Mon oxygène ! Je file….Tchao bello !
Il quitte la salle avec fort fracas et précipitation.
Daniel Bilialian, se recomposant : hum, bien, où en étions-nous ? Ah oui ! Patrick était sur le point de développer les enjeux futurs de la télédiffusion des épreuves cyclistes, notamment le Tour de France….
Jean-François Kerkaert : j’ai une question.
Laurent Jalabert : oh, merde….
Emmanuel Barth : oh merde….
Daniel Bilialian, tic de tête nerveux : oui ?
Jean-François Kerkaert : quand est-ce qu’on mange ?
Daniel Bilialian, avec douceur : non, Jean-François, ce n’est pas le moment, là, nous sommes en……. (sec) Rodolphe ! Cessez donc de vous admirer dans leurs reflets et veuillez rendre immédiatement ses lunettes à Patrick Montel !
Patrick Montel, trépignant, tendant les bras à travers la table : oui, oui, rend-les moi ! De si belles lunettes ! De fabrication française ! Les meilleures au monde….
Thierry Adam : (à Laurent Jalabert), regardez l’autre, avec ses lunettes françaises, comment il crâne. (fort) Ouais, moi aussi, je pourrais en avoir des lunettes françaises….
Patrick Montel : seulement, t’en as pas. C’est moi qui les aie……
Thierry Adam : je m’en fous, j’ai une voiture française, j’ai des sous-vêtements français, j’ai même un ordinateur français, et j'ai un minitel que j'utilise tous les jours...
Patrick Montel : moi aussi, j’ai tout ça. Mais, j’ai les lunettes et toi, tu les as pas…..
Thierry Adam : pff…..j’en ai pas besoin de lunettes…..
Patrick Montel : et ben si t’étais aussi français que moi, tu te débrouillerais pour en avoir besoin. Les produits français, les produits de qualité, on en a toujours besoin….
Daniel Bilialian : Messieurs, Messieurs….
Thierry Adam, se levant d’un bond, rouge de colère : quoi ? Quoi ? Moi, je ne suis pas assez français ? Demande ça à Jean-René Bernaudeau !
Patrick Montel : Berneaudo, ça sonne espagnol, non ?
Thierry Adam, s’étouffant, pointant du doigt Patrick Montel avec son stylo : Que…..que…….que….
Patrick Montel, se levant : et ne me pointe pas avec ce stylo mexicain……
Laurent Jalabert : brésilien……
Patrick Chassé : c’est un Bic, non ? C’est pas français, Bic ? Ah, quoique, cette couleur orange……c’est peut-être hollandais…….
Emmanuel Barth : allez, hop ! #maisondefous.
Brouhaha général. Patrick Montel et Thierry Adam s’agrippent à travers la table. Rodolphe Gaudin a le nez collé à la baie vitrée, les mains de chaque côté du visage. Jean-François Kerkaert picore les miettes contenues dans sa barbe. Claude Eymar fait le va-et-vient d'une bout de la pièce à l'autre.
Claude Eymar, clapant des mains, en transe : Bravo, patron ! Bravo, patron ! Bravo, patron ! Bravo, patron (il ne s'arrête pas) ....
Thierry Adam : tu vas voir ce qu’il va te faire mon stylo mexicain….
Patrick Montel : ben, j’aimerais bien voir ça…..
Patrick Chassé : ah, non, excusez-moi, je crois bien que c'est français...pardon...
Daniel Bilialian, las : Martine, ma petite, allez me chercher la carabine. (il s‘effondre sur son fauteuil, soupirant) Pourquoi faut-il toujours que cela finisse ainsi ? (à Laurent Jalabert), Laurent, j'aimerais vous parler seul à seul un peu plus tard dans la journée.
Des chaises volent.
Daniel Bilialian, au moment où Martine s’apprête à franchir le seuil de la porte : Ah ! Martine ! (hurlant) Et une française, la carabine !
V.
Quelques jours plus tôt. Port du Havre. La nuit. Lugubre. Pas d’étoiles. Les quais. Entrepôts et containers à perte de vue. Au loin, les lumières de la ville. Un tanker accosté. Le Lutetia. Une ombre se faufile entre les faibles lampadaires à la rencontre d’un homme patientant près du pont du bateau. Ils s’aperçoivent.
Le marin : c’est toi le p’tit gars de la télé ? On m’a prévenu de ton arrivée.
L’ombre : oui, bonsoir, Monsieur, vous êtes bien aimables, Nicolas Geay, enchanté !
Le marin : alors, hin, v’là, comment k’sa va passer, hin, tu montes sans un bruit, hin, faut surtout pas qu’on te repère, hin, tu t’caches dans la chaufferie, hin, et après, hin, t’attends queks heures qu’on sorte des eaux territoriales, hin. Si le capitaine t’choppe avant, hin, il te donne aux garde-côtes, hin. Après, hin, tu s’ras tranquille, hin, il pourra pas te jeter à la mer, hin. Plus de nos jours en tout cas, hin.
Nicolas Geay : merci infiniment, Monsieur. Ce que vous faites pour moi est fantastique.
Le marin mène Nicolas jusqu’à sa cachette. L’atmosphère y est suffocante. La puanteur prégnante et le sol innommable. Une fois seul, Nicolas Geay étale des cirés sur le sol et s’installe le moins inconfortablement possible.
Nicolas Geay, à lui-même : quel mystérieux émail ! « Rendez-vous au Havre, tanker Lutetia, venez seul, on vous attendra, le sport ne sera jamais plus comme avant ! » Ohlàlà, je suis tout excité ; mon sang de journaliste me trompe rarement. Je suis sur le point de découvrir le scoop du siècle ! Ohlàlà, tout ça quelques mois après mon enquête sans concession sur les moteurs dans les vélos du Tour ! A moi le Sulitzer !
Tout be continued....
-
- Leader
- Messages : 16329
- Inscription : 07 juil. 2014, 18:15
Perles des médias 2016

Cet homme est fou.
- stereoking69
- légende VCN
- Messages : 20639
- Inscription : 01 avr. 2016, 15:13
Perles des médias 2016
T'es très bon.
Bravo !
Bravo !
Perles des médias 2016
\"mon plus grand défi……. (un regard vers Jean-François Kerkaert) ….mon deuxième plus grand défi. \"
Ça, c'est gold! :moqueur:
Ça, c'est gold! :moqueur:
Merci Albator 

- doutey_fdjeux_fan
- Equipier de luxe
- Messages : 6580
- Inscription : 07 juil. 2014, 10:11
Perles des médias 2016
:applaud:
La suite, la suite !!!
:good:
La suite, la suite !!!
:good:
#oiseaux #photos #montagne #nature #fauneetflore
Perles des médias 2016
Il te faut combien de temps pour pondre un tel récit :hmm: :applaud:
Manneken Pis ne s'arrêtera jamais de pisser 

Perles des médias 2016
le must serait que booze mixe tous ces personnages avec des vcnistes qui s'invitent aux réus de bilalian 

Pour un cyclisme réactionnaire 

Perles des médias 2016
Je ne fais que dans le plausible 
Perles des médias 2016
Je ne connaissais pas ce Rodolphe, mais d'après un de ces derniers tweets, Booze semble avoir bien cerné le personnage:

Un selfie en donnant le départ d'une course :paf-mur:

Un selfie en donnant le départ d'une course :paf-mur:

Perles des médias 2016
Formidable Booze ! après le \"Prince qu'on sort\" encore des bons moments de rigolades,
J'espère voir Godart, Chène et Thévenet venir aider Daniel B.
:winner:
J'espère voir Godart, Chène et Thévenet venir aider Daniel B.
:winner:
- damienleflahute
- Equipier de luxe
- Messages : 5396
- Inscription : 07 juil. 2014, 17:42
Perles des médias 2016
Simplement génial Booze!
Perles des médias 2016
Je pense pas que ce soit le départ de la course...jimmy39 a écrit :Je ne connaissais pas ce Rodolphe, mais d'après un de ces derniers tweets, Booze semble avoir bien cerné le personnage:
[img:wft1w1ky]https://pbs.twimg.com/media/CoklVsOXYAA298T.jpg[/img:wft1w1ky]
Un selfie en donnant le départ d'une course af-mur:
- ChicoDjango
- Equipier de luxe
- Messages : 1901
- Inscription : 11 juil. 2014, 08:56
Perles des médias 2016
Beaucoup de plaisir à te lire, Booze !
- valverde-56
- Equipier de luxe
- Messages : 3819
- Inscription : 08 juil. 2014, 10:05
- loloherrera
- Leader
- Messages : 18092
- Inscription : 07 juil. 2014, 15:15
Perles des médias 2016
[align=center]DU RIFIFI DANS LE MICRO - OPERATION RIO[/align]
VI.
Le lendemain. Journée. Une pièce aveugle. Murs blancs. Une longue table. Trois hommes assis côte à côte face à une estrade. Sur la gauche un porte débouchant sur une autre pièce.
Daniel Bilalian, à Laurent Jalabert : merci de vous joindre à nous, Laurent… (adressant le troisième homme) Vous connaissez Laurent Luyat ? Je lui ai demandé de nous accompagner aujourd’hui.
Laurent Jalabert : oui bien sûr.
Laurent Luyat : salut !
Daniel Bilalian : Thierry Adam, momentanément indisponible, est excusé.
Laurent Jalabert, détendu : entendu.
Daniel Bilalian : bien, vous savez que dès l’an prochain, nous diffuserons les étapes du Tour en intégralité. Il nous faut donc repenser la couverture de l’évènement, renouveler et densifier notre offre éditoriale. Nous devons absolument habiller ces heures d’antenne supplémentaires.
Laurent Jalabert : évidemment….
Daniel Bilalian : Laurent Luyat, ici présent, est sans aucun doute le spécialiste des longues heures d’antenne…..
Laurent Luyat : merci, Daniel…..
Daniel Bilalian :…..son expertise est irremplaçable…..
Laurent Luyat : j’ai plein d’idées, innovantes et populaires…..
Daniel Bilalian : très bien, je n’en doute pas, cher Laurent. Nous en reparlerons. Aujourd’hui, j’ai pris soin d’organiser un grand casting. Nous devons étoffer nos équipes afin de relever au mieux ce défi. (regardant Laurent Jalabert) ……n’en prenez pas ombrage Laurent, mais vous ne pourrez pas tenir cinq heures d’antenne quotidiennes aux cotés de Messieurs Adam et Fottorino….
Laurent Jalabert, sarcastique : je vous le confirme….
Daniel Bilalian : ce n’est pas un manque de confiance, rassurez-vous….
Laurent Jalabert, un large sourire : aucun problème….. (insistant sur chaque syllabe) aucun problème….
Daniel Bilalian : parfait, je ne voulais pas qu’il y ait le moindre malentendu entre nous….
Laurent Jalabert, comme perdu dans ses pensées, un léger frisson : ne vous inquiétez pas, j’ai déjà tant entendu…… (un sourire) je soutiens votre décision à 100%.....
Laurent Luyat, enthousiaste : Vincent Ferniot !
Daniel Bilalian : plait-il ?
Laurent Luyat : il nous faut Vincent Ferniot ! Le Tour, c’est l’été ! Le Tour, c’est la fête ! Et la fête, c’est le rosé ! L’été, c’est le rosé ! Et, Vincent, il en connait un ballon en rosé…
Daniel Bilalian : très bien, je prends bonne note…… (tapotant une pile de CV) J’ai cependant déjà pris la liberté de sélectionner quelques candidats. De nouveaux visages. Pour coller au mieux aux exigences de la Dame. Plus jeunes. Plus sexy.
Laurent Luyat, déçu : ah ?
Daniel Bilalian, peiné : dois-je vous rappeler le sort réservé à Julien Lepers ?
Laurent Luyat, épouvanté : je vous en prie…..
Daniel Bilalian : voilà, les enjeux sont énormes….
Laurent Luyat : le nouveau, là, il cabotine même pas…..quelle horreur….aucun respect pour la grande maison France Télévision….
Daniel Bilalian, coupant : assez perdu de temps ! (s’adressant à l’extérieur) Martine ! Veuillez introduire le premier candidat !
La porte s’ouvre. Un jeune homme fluet, à l’allure dynamique, entre et monte sur l’estrade. Laurent Jalabert et Laurent Luyat échangent un regard stupéfait. Daniel Bilalian retourne dans tous les sens le CV entre ses mains et adresse un haussement d’épaule à ses compagnons.
Le candidat : Messieurs…..
Laurent Jalabert : non, mais, ça ne va pas là. Daniel ?
Laurent Luyat : déjà, je n’étais pas trop d’accord pour Julien Lepers, mais là, les choses vont trop loin…
Daniel Bilalian, ahuri : je ne comprends pas, je ne comprends pas….
Le candidat :……je m’appelle Bertrand Latour et je…….
Daniel Bilalian, perplexe : c’est bien le nom indiqué sur le CV….
Laurent Jalabert : non, mais il a douze ans, c’est pas possible……
Laurent Luyat : quelle horreur, on dirait un cycliste…..
Daniel Bilalian : le CV indique pourtant bien né en…..
Laurent Jalabert : il y a un problème, Daniel, il y a un gros problème…..
Bertrand Latour : non, mais, écoutez, je……
Daniel Bilalian, à Bertrand Latour : écoute, petit, tais-toi, les grandes personnes ont un problème à régler….
Laurent Luyat, secouant la tête : cette folie du rajeunissement ! Où s’arrêtera donc la direction ?
Laurent Jalabert : on va avoir l’air de quoi ?
Bertrand Latour : mais, je…..
Daniel Bilalian, en colère : bon, écoute, mets-toi dans un coin et plus un mot ! Non, mais, tout se perd ! Plus aucune éducation….
Laurent Luyat : Faire porter des costumes à un si jeune âge, on lui vole son enfance….les parents n’ont plus aucun scrupule.
Daniel Bilalian : le CV était pourtant prometteur….
Laurent Jalabert : jamais l’inspection du travail n’acceptera….
Laurent Luyat, en pleine réflexion :….on dirait une mini-Miss….
Laurent Jalabert : et puis, si les enfants se mettent à travailler, qui va garder Kéké ?
Laurent Luyat : Mini-Miss ! La voilà, l’idée !
Daniel Bilalian : Hum ?
Laurent Luyat, avec un débit de plus en plus rapide : on va organiser des concours de mini-Miss tous les jours pendant la retransmission. C’est populaire ! On va aller à la rencontre des gens, chez eux, dans leurs habitudes, dans la joie. On pourra même organiser des compétitions entre les villes-étapes……j’ai une idée… tous les jours, des mini-Miss de chacune des villes s’affronteront et puis……attendez…..on pourra même…….on pourra même se faire affronter leurs parents dans des jeux d’adresse ou sportifs ou de culture générale…..chaque ville présentera une équipe et les épreuves se succéderont au fil de l’étape…..et le dernier jour à Paris, les deux meilleures villes se retrouveront pour une fina…..
Bertrand Latour : non, mais, c’est Interville, ça !
Laurent Jalabert, affirmatif : ben, oui, c’est Interville….
Laurent Luyat, déçu : ah oui, tiens, c’est Interville….
Daniel Bilalian, coupant : nous sommes d’accord, Messieurs ?
Laurent Jalabert : oui !
Laurent Luyat : oui !
Daniel Bilalian, à Bertrand Latour : bien, mon petit, tu sais que ce n’est pas bien de mentir….
Bertrand Latour : mais…..
Daniel Bilalian, doux :……promets-moi de ne plus recommencer. Tes parents sont avec toi ? Va donc voir la gentille dame qui t’a fait entrer et demande de lui de les appeler si ils ne sont pas encore arrivés….
Bertrand Latour, sur la défensive : vraiment, laissez-moi…
Laurent Jalabert, autoritaire, voix forte, pointant la sortie : file dans ta chambre !
Bertrand Latour, dépité, la tête basse, abandonne la partie et sort. Les trois autres poussent un soupir d’exaspération.
Daniel Bilalian, criant : candidat suivant, s’il vous plait !
Un homme de petite taille entre. Œil malicieux. Fine moustache. Lunettes à grosse monture. Vêtu sobrement. Souliers italiens.
Daniel Bilalian : bonjour, nous vous écoutons….
Le candidat : Messieurs, bonjour, permettez-moi tout d’abord de vous dire le plaisir et l’émotion que j’ai à vous rencontrer. Ça me fait si chaud au cœur (il tapote son cœur). Surtout vous, Monsieur Jalabert, le plus grand cycliste français de tous les temps, un palmarès incroyable dans une époque pourtant gangrenée par tant de tricheurs….
Laurent Jalabert, fier : c’est gentil à vous…..
Laurent Luyat : belles chaussures !
Le candidat : La perspective de servir, à mon modeste niveau, la cause du cyclisme et la belle famille France Télévision ! Faire rêver les millions de Français, qui n’ont pas notre chance, restés derrière leurs écrans ! …..quel enchantement ! Quel bonheur ! Je brûle de….
Daniel Bilalian : voilà un enthousiasme rare !
Le candidat : Faire œuvre de salut public ! Nous les humbles passeurs, les passants qui ne vivons que par les exploits des athlètes et dans les cœurs des foules dont le quotidien s’éclaire à la flamme de nos mots et s’embrase à notre passion…Avec professionnalisme et recul, parce que c’est important le recul et l’auto-dérision, ça aide à garder la tête froide, à conserver notre âme d’enfant et le sens de l’émerveillement, et à apprécier en toute modestie, chaque minute que la….
Daniel Bilalian, mi-suspicieux mi-intrigué : très bien, vous êtes amateur de cyclisme, monsieur ?
Le candidat, exalté : oh, oui !.....
Laurent Luyat, à lui-même, dépité : manquait plus que ça, un passionné de sport….
Le candidat, la respiration s’accélérant : quelle beauté ! Ces corps en tension, la sueur perlant sur les peaux, les muscles à l’assaut des mamelons rocheux de la fille France….
Daniel Bilalian : euh…..
Le candidat, la respiration saccadée : la courbe des profils, les heures d’attente, les secousses, les changements de rythme et l’explosion finale, aahhh…..
Daniel Bilalian : Gérard ?
Le candidat, se pâmant : Aaaahhhhh…..carpe diem tous les étés de nos vits….
Daniel Bilalian : Gérard ? Gérard ? C’est vous ?
Le candidat, se reprenant : non, non, moi, mon nom est Gérardo, c’est écrit sur le CV, je suis…..
Daniel Bilalian : non, c’est vous Gérard ! Je vous ai reconnu !
Laurent Luyat, réfléchissant, se grattant le menton : hum, cette fine moustache…..serait-ce possible ? Vincent ? Vincent ? C’est toi ?
Laurent Jalabert : ah oui, c’est vous, Gérard !
Le candidat : c’est un grand honneur que vous me faites de me confondre avec ce si grand journaliste, proche des petites gens et des opprimés, porte-voix de la révolte des damnés et des sans-grades, que le public éperdu de chagrin regrette, comme en témoignent les messages de désesp…
Laurent Luyat, un peu déçu : ah, oui, là, c’est sûr que c’est Gérard !
Daniel Bilalian : Gérard ! Veuillez cesser cette comédie !
Gérard Holtz, de guerre lasse : bon, bon, d’accord, vous avez gagné !
Daniel Bilalian : mais que faites-vous ici ? (contrarié) Je vous espérais...je vous croyais sur la route de Brasilia….
Gérard Holtz, retirant sa moustache : Je n’ai pas pu vous résoudre à vous abandonner. France Télé est en danger. C’est mon devoir de vous aider….
Daniel Bilalian : ne vous en faites pas….abandonnez-nous….
Gérard Holtz, outré puis grandiloquent : France Télé ! Ma vie ! Mon œuvre ! Mes bébés !Daniel Bilalian, ferme : Gérard ! Ça suffit ! Maintenant, veuillez nous laisser travailler ! Votre temps est passé. Acceptez-le !
Gérard Holtz, sanglotant : non……non……j’ai tant à donner et….
Daniel Bilalian : un mot de plus et j’appelle la sécurité !
La tête basse, trainant les pieds, Gérard Holtz regagne la sortie, essuyant ses larmes et son nez de sa main droite.
Laurent Jalabert : et bien…..
Laurent Luyat : et encore, lui, il a pu faire ses adieux. Julien, lui, il….
Daniel Bilalian, peinant à retrouver son calme : oui, bon, reprenons ! (prenant une profonde inspiration) ….le prochain candidat est une candidate. Clara Morgane !
Laurent Jalabert : Hein ?
Laurent Luyat, ravi : enfin quelqu’un de connu !
Daniel Bilalian : un problème, Laurent ?
Laurent Jalabert : mais qu’est-ce c’est que cette histoire ? Clara Morgane ?
Daniel Bilalian : elle est jeune, elle est sexy, elle fraiche, ouverte au monde, elle a une excellente élocution…..
Laurent Jalabert : non mais, vous n’y pensez pas sérieusement….
Daniel Bilalian : pourquoi pas ?
Laurent Luyat : elle est populaire, Clara ! Y en a marre des inconnus que personne ne reconnait dans la rue ! Le Tour, c’est la fête ! Le Tour, c’est l’été ! Clara, c’est la fête ! Clara, c’est caliente ! Et puis elle chante ! Je vois ça d’ici……elle fredonnera un petit air pendant les présentations d’Eric…..ça sera tellement plus humain que les bandes-son habituelles……et puis on pourra même……on pourra même (excité) ……organiser un concours…….elle chantera et vous, Laurent, Eric et Thierry, vous devrez retrouver l’interprète ou le titre de la chanson……ou même, j’ai une idée….elle chantera et à un moment elle s’arrêtera, et alors, là, vous devrez retrouver les paroles…..ah, mon Dieu…..des heures d’antenne exaltantes, populaires…..les téléspectateurs pourront jouer via les réseaux so…
Laurent Jalabert : c’est N’oubliez pas les paroles, ça !
Daniel Bilalian : et Fa Si La Chanter !
Laurent Luyat, perplexe : ah oui, tiens….
Daniel Bilalian : ne vous méprenez pas, cher Laurent. Cette charmante personne est à même de fournir des angles de vues novateurs. Son expertise peut être une vraie valeur ajoutée à notre compréhension de l’évènement. Tenez, avec son expérience, nous aurions immédiatement mesurés à leurs justes valeurs les problèmes d’induration à la selle de Laurent Fignon en 1989.
Laurent Jalabert : non ! Hors de question ! Je fais comment, moi, avec Clara Morgane et Thierry Adam en cabine pendant plusieurs heures, hein ? Non, parce que ce n’est pas vous qui étiez en cabine lorsque Catherine Destivelle est passée sur le dernier Tour…..je m’en souviens encore…Non, non, non, hors de question….
Daniel Bilalian : vous ne souhaitez même pas que nous la recevions pour l’entendre ?
Laurent Luyat, implorant : allez, juste une petite chanson !
Laurent Jalabert : j’ai dit non ! C’est bien simple, je ne re-signe pas….
Daniel Bilalian : très bien, cher Laurent, nous ne saurons nous passer de vos services. Je vais prévenir Mademoiselle Morgane que nous ne pourrons l’auditionner.
Laurent Jalabert s’enfonce dans son fauteuil. Laurent Luyat attaque les premières notes de Good Time. Daniel Bilalian se lève et quitte la pièce. Il referme la porte.
Voix de Daniel Bilalian à l’extérieur, étouffée : Ecoutez, chère Demoiselle, je suis navré, un problème technique nous empêche de vous auditionner…..vous me voyez fort marri de ce contretemps totalement indépendant de notre volonté……. je suis tout à fait disposé à vous recevoir plus tard……disons ce soir vers 22 heures, chambre 503, Sheraton Hôtel….non, je ne…..mais absolument pas…je ne….
Un claquement sec. Des bruits de talons qui s’éloignent. La porte s’ouvre et Daniel Bilalian fait son apparition. Il regagne son fauteuil. Il se masse la joue.
Daniel Bilalian, légère gêne : voilà, c’est réglé. Poursuivons. Martine ! Candidat suivant !
Une femme entre. Décontractée. De belles boucles blondes tombent sur ses épaules. L’œil vif. La silhouette sportive. Athlétique. Joliment maquillée. Sourire charmeur. Un âge indéfinissable.
Daniel Bilalian : Madame, bonjour !
La candidate : Ravie de vous rencontrer !
Daniel Bilalian : très bien, expliquez-nous en quoi vous pourriez être nécessaire à France Télévision et au Tour de France ?
La candidate : Tout d’abord, je…..
Laurent Luyat, cessant de chantonner, brusquement : et pourquoi pas Hervé Villard ?
Daniel Bilalian : hein, quoi ?
Laurent Luyat : ben oui, le Tour, c’est populaire et Hervé Villard, c’est populaire ! On parlait de Clara Morgane, là, juste avant…
La candidate, étrangement tendue : La belle fête du vélo….
Daniel Bilalian : mais qu’est-ce qu’il vient faire là, Hervé Villard ?
Laurent Jalabert : purée, si il nous réinvente l’Ecole des Fans, je….
Laurent Luyat : les temps passés, l’insouciance d’une époque heureuse, le temps suspendu des souvenirs, la douceur des émois adolescents, voilà, c’est tout ça Hervé Villard !
Daniel Bilalian : et ? J’aimerais bien que vous soyez plus explicite. Il se fait tard…
La candidate, prise de léger spasme : …..partager une passion…..
Laurent Luyat : Le Tour, c’est quoi ? Une épreuve sportive ? Pff….. C’est une fenêtre ouverte sur les temps heureux. Le temps des bals, des ginguettes, des variétés de Gilbert et Maritie Carpentier. C’est notre verveine de Proust. C’est ça qu’il faut donner aux gens, aux téléspectateurs. Le baume nostalgique apaisant d’Hervé Villard…
La candidate, peinant à se contenir : transmettre des émotions….
Laurent Jalabert : ….je me barre….
La candidate, explosant, rendue comme folle, prise de tremblements : Aarrrggghhhh !!!! (elle bondit, elle sort trois pinceaux de ses poches, sa chevelure blonde échoue à terre, elle se coiffe d’un béret extrait de sa poche de pantalon, un canevas sorti d’on ne sait où à la main gauche) ……Argghh !!! L’art ! l’art ! l’art ! Ma vie, ma…..
Daniel Bilalian, les yeux écarquillés : Gérard ! Encore vous !
Gérard Holtz : ma raison d’être et d’aimer….
Daniel Bilalian, rouge de colère : dehors !
Gérard Holtz, se calmant : mais je…..
Daniel Bilalian : il n’y pas de mais. Dehors ! Ou j’appelle la Sécurité !
Laurent Jalabert, éberlué : ça alors !
Dépité, Gérard s’en va, laissant une perruque blonde là où churent ses espoirs. Daniel Bilalian pratique quelques exercices de respiration.
Laurent Luyat : bon, et pour Hervé Villard ?
Daniel Bilalian, agacé : qu’il dépose donc un dossier ! (montrant sa pile de CV) nous en avons encore quelques-uns à examiner aujourd’hui, alors, que diable, mettons-nous au boulot ! Bon, le candidat suivant est un jeune homme, Charles Marsault. Marti….
Laurent Luyat : c’est qui ?
Daniel Bilalian : et bien écoutons-le, vous verrez bien, Marti…..
Laurent Luyat : encore un inconnu, quoi…..quelqu’un sans attache populaire…
Daniel Bilalian : Monsieur Marsault est l’animateur d’un site de référence sur le cyclisme….
Laurent Luyat, dégouté : ah ! Horreur ! Un spécialiste !
Laurent Jalabert : ben, il en faut des spécialistes, Laurent ! Il y a une course à commenter….
Laurent Luyat : non mais, je veux bien que le Tour de la France ce soit aussi un peu le Tour de France, mais il faut quand même un peu respecter le concept et les téléspectateurs. Les téléspectateurs veulent voir Sophie Marceau. Pas son frère ! Hé ho, à un moment, ça va….
Laurent Jalabert, atterré : co….co….comment ?
Laurent Luyat :….c’est d’un ringard, ces coursettes….
Daniel Bilalian, suffoqué : mais….mais…
Laurent Luyat : ho ! et puis, pour les spécialistes, il y a déjà Thierry !
Un silence gêné.
Daniel Bilalian, désabusé : j’imagine qu’il est inutile que je le fasse entrer….
Laurent Luyat, catégorique : inutile ! Veto !
Daniel Bilalian : bien, (criant vers l’extérieur), Martine, venez un instant mon petit !
Daniel Bilalian, à Martine entrée dans pièce : veuillez poliment éconduire Monsieur Marsault. Prétextez n’importe quoi et faites entrer le candidat suivant.
Martine quitte la salle et laisse la porte entrebâillée. Peu après, un homme immense en franchit le seuil. Il porte un grand imper boutonné jusqu’au col. Longue barbe. Sourcils fournis. Une calvitie naissante. Il avance difficilement vers l’estrade, le pas mal aisé. Il titube. Au bout de quelques pas, il chute lourdement. Sous l’effet du choc, il se brise littéralement en deux. Le haut du corps roule jusqu’à l’estrade alors que le bas gesticule dans un imper désormais trop grand. Une tête apparait.
Jean-René Godart : je vous l’avais bien dit que ça ne marcherait pas, Gerhard !
Daniel Bilalian, fou de rage, d'un bond debout, les mains crispées sur la table, le fauteuil basculé en arrière : Dehors ! Dehors ! (hurlant) Sécurité ! Sécurité !
Sven Lescuyer et François Brabant font irruption dans la pièce et saisissent sans ménagement Jean-René Godart et Gérard Holtz, qui quitte la pièce dans un gémissement. Daniel Bilalian ramasse son fauteuil. Laurent Jalabert est prostré, la bouche bée. Laurent Luyat est hilare.
Daniel Bilalian : bon, voilà, maintenant que le calme est revenu, poursuivons. Laurent, Laurent, ça va ?
Laurent Jalabert, secoué : euh……oui…….non…..euh…..oui, j’aurais aimé ne jamais vivre ça. Oui, ça va. Continuons.
Daniel Bilalian : très bien, (criant) Martine, faites donc entrer Mademoiselle Nabilla Benatia !
Laurent Luyat, large sourire aux lèvres : ah ! formidable !
Laurent Jalabert, vif : vous n’allez pas recommencer !
Daniel Bilalian, épuisé : (criant) Martine, un instant s’il vous plait !
Laurent Luyat : j’aurais préféré Noel Jamet…..
Daniel Bilalian : qu’y a-t-il Laurent ?
Laurent Jalabert : Nabilla ?! Nabilla ?! Pour couvrir le Tour de France ? Elle ne se couvre déjà pas elle-même....
Laurent Luyat :…..mais c’est un bon début, elle est connue, populaire….
Daniel Bilalian : j’ai fait mes recherches, cher Laurent !
Laurent Jalabert : et ?
Daniel Bilalian : il apparait qu’elle est très appréciée des aficionados de cyclisme.
Laurent Luyat :…..et puis on reste dans le registre porcin….
Laurent Jalabert, incrédule : vraiment ?
Daniel Bilalian : et oui ! Elle est fréquemment citée en exemple sur VCN, le site de référence de Monsieur Marsault….
Laurent Jalabert, incrédule, plus fort : vraiment ?
Daniel Bilalian : oui, c’est Nabila par-ci, Nabila par-là.
Laurent Jalabert, désespéré : je crois rêver……
Daniel Bilalian, convaincu : je vous assure, elle est la pièce manquante à l’échiquier France Télévision. Les avis sont dithyrambiques. « Prophétie, cyclisme romantique, rayon d’espoir »….
Laurent Jalabert : n’importe quoi ! Pas de Nabilla ! Enfin, quelle image voulez-vous donner au Tour de France ? Et quelle valeur ajoutée ?
Daniel Bilalian : jeune, drôle, sexy, en phase avec son époque….
Laurent Jalabert, sarcastique : ah, ça, c’est sûr qu’elle ne sera pas en phrase avec son époque….
Daniel Bilalian : hein ?
Laurent Jalabert, nerveux : elle ne sait pas parler, Nabilla, Daniel……
Laurent Luyat : Eurosport a bien Virenque…..
Laurent Jalabert : et puis, ce sera le même problème avec Thierry que pour Clara Morgane….
Daniel Bilalian : le problème, c’est peut-être Thierry, alors ?
Laurent Jalabert : non, je…..(Laurent Jalabert marque un temps, une drôle d’expression machiavélique sur le visage, d’un mouvement de tête, il chasse cette pensée fugace ) ….non, non, vraiment, je refuse absolument de m’associer à ça…..
Laurent Luyat : et puis Virenque, il a presqu’autant gonflé que Nabilla….
Daniel Bilalian : c’est votre dernier mot, Laurent ?
Laurent Jalabert : oui, je refuse de travailler avec Nabilla. Et même d’en envisager la possibilité.
Daniel Bilalian : très bien, cher Laurent, je respecte votre avis et me range à votre décision. A quoi bon engager les meilleurs consultants si ce n’est pas pour suivre leurs avis éclairés ?
Laurent Luyat, ravi : ah ! donc, c’est bon pour Vincent Ferniot et Hervé Villard, alors ?
Daniel Bilalian : (sèchement) vous n’êtes pas consultant, vous ! (déçu) bon, ayons tout de même l’élégance de le lui annoncer.
Daniel Bilalian quitte la pièce.
Voix de Daniel Bilalian à l’extérieur, étouffée : écoutez, Mademoiselle, je suis navré mais…….oui, nous ne pourrons pas vous recevoir…….un incident technique regrettable……..mais, je suis tout disposé à vous entendre…..pourquoi pas ce soir ?........dans ma chambre, Sheraton Hôt…….mais pas du tout……..non, je ne vous prends pas pour une p……enfin, mais calmez-vous……je vous assure que…….Mademoiselle, Mademoiselle…..non……..veuillez lâcher ce couteau…..non……non……n’avancez pas…..
Des cris. De l’agitation. Des bruits de courses. Des meubles qui crissent. Puis un grand calme. Martine surgit, affolée, dans la pièce.
Martine, les larmes aux yeux, à Laurent Jalabert et Laurent Luyat : Messieurs, Messieurs, c’est terrible. Daniel Bilalian vient d’être sauvagement agressé. La séance est suspendue.
VII.
Plus tôt dans la semaine. Milieu de l’océan atlantique. Eaux internationales. Chaufferie du Lutétia. Boites de conserve vides au sol. Nicolas Geay dans le sommeil du Juste. Soudain, les cris du métal sous les pas pressés des marins. Les cris des marins.
Nicolas Geay, peinant à se réveiller : mais quel est donc ce raffut ? (s’étirant), hum….allons jeter un œil.
Discrètement, Nicolas Geay quitte la chaufferie et se faufile, prenant le soin de ne pas être vu, jusqu’à un attroupement inhabituel de marins sur le pont. Ils sont tous tournés vers le large, commentant avec excitation l’action. Au bout de quelques minutes, Nicolas Geay aperçoit deux hommes hissés par-dessus bord.
Nicolas Geay, n’en croyant pas ses yeux : ça alors !
Les deux hommes sont rapidement pris en charge par l’équipage. Nicolas Geay les suit discrètement, attendant le moment propice. Celui-ci ne survient que plus tard dans la soirée. Un des naufragés déambule seul sur le pont inférieur. Il est d’ailleurs le plus souvent seul depuis son sauvetage.
Nicolas Geay : pssttt…..pssstttt…..
L’homme se retourne.
Nicolas Geay : ici, c’est moi, Nicolas…
L’homme l’aperçoit.
L’homme : ça alors ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Nicolas Geay, chuchotant : je suis sur une enquête. Et vous ? Quelle surprise de vous trouver là, Jean-Maurice ! Que vous est-il arrivé ?
Jean-Maurice Hoog : je volais vers Rio avec Eric Fottorino…..
Nicolas Geay : vers Rio ? En hélico ?
Jean-Maurice Hoog : ben oui, pour les JO et puis pour la « réunion »….
Nicolas Geay, surpris : je n’étais pas au courant….
Jean-Maurice Hoog : pour les JO ?
Nicolas Geay, vexé : mais non, pour la « réunion ». (à lui-même), pas au courant pour les JO ? Non mais, il me prend pour qui, lui….
Jean-Maurice Hoog : tu n’as pas reçu le mémo ?
Nicolas Geay : Le mémo ?
Jean-Maurice Hoog : ben, oui, le mémo d’urgence édité par Bilalian. On l’a tous reçu….
Nicolas Geay : ben non, je n’ai rien reçu, bref, ça n’a pas d’importance. Je suis sur une affaire. Une affaire énorme…..mais bon, tout ça n’explique pas pourquoi je vous retrouve sur ce Tanker après un sauvetage en mer.
Jean-Maurice Hoog : oui….donc……je volais vers Rio avec Fottorino. J’ai eu droit à tout. La description des goélands, la formation de la houle, l’influence de la Lune, le poids des nuages, le passage des méridiens, tout, tout le temps, sans interruption….
Nicolas Geay : et ?
Jean-Maurice Hoog : …..j’ai préféré crasher l’hélico……je ne me voyais pas tenir plus longtemps….
Nicolas Geay :(soufflé) ah ! (se reprenant) Et il est où, Eric ?
Jean-Maurice Hoog : sans doute avec les marins, à leur apprendre à faire des nœuds…
Nicolas Geay : allez le chercher !
Jean-Maurice Hoog, un pas en arrière, effrayé : mais tu n’y penses pas….
Nicolas Geay : si, si, je suis sur un gros coup. Son concours pourra m’être précieux. Rejoignez-moi à la chaufferie.
Jean-Maurice Hoog, réticent : je…je…
Nicolas Geay : et apportez à boire et à manger !
Jean-Maurice Hoog : petit, tu commets une grave erreur !
Two bis contis nus, Ed !.....
VI.
Le lendemain. Journée. Une pièce aveugle. Murs blancs. Une longue table. Trois hommes assis côte à côte face à une estrade. Sur la gauche un porte débouchant sur une autre pièce.
Daniel Bilalian, à Laurent Jalabert : merci de vous joindre à nous, Laurent… (adressant le troisième homme) Vous connaissez Laurent Luyat ? Je lui ai demandé de nous accompagner aujourd’hui.
Laurent Jalabert : oui bien sûr.
Laurent Luyat : salut !
Daniel Bilalian : Thierry Adam, momentanément indisponible, est excusé.
Laurent Jalabert, détendu : entendu.
Daniel Bilalian : bien, vous savez que dès l’an prochain, nous diffuserons les étapes du Tour en intégralité. Il nous faut donc repenser la couverture de l’évènement, renouveler et densifier notre offre éditoriale. Nous devons absolument habiller ces heures d’antenne supplémentaires.
Laurent Jalabert : évidemment….
Daniel Bilalian : Laurent Luyat, ici présent, est sans aucun doute le spécialiste des longues heures d’antenne…..
Laurent Luyat : merci, Daniel…..
Daniel Bilalian :…..son expertise est irremplaçable…..
Laurent Luyat : j’ai plein d’idées, innovantes et populaires…..
Daniel Bilalian : très bien, je n’en doute pas, cher Laurent. Nous en reparlerons. Aujourd’hui, j’ai pris soin d’organiser un grand casting. Nous devons étoffer nos équipes afin de relever au mieux ce défi. (regardant Laurent Jalabert) ……n’en prenez pas ombrage Laurent, mais vous ne pourrez pas tenir cinq heures d’antenne quotidiennes aux cotés de Messieurs Adam et Fottorino….
Laurent Jalabert, sarcastique : je vous le confirme….
Daniel Bilalian : ce n’est pas un manque de confiance, rassurez-vous….
Laurent Jalabert, un large sourire : aucun problème….. (insistant sur chaque syllabe) aucun problème….
Daniel Bilalian : parfait, je ne voulais pas qu’il y ait le moindre malentendu entre nous….
Laurent Jalabert, comme perdu dans ses pensées, un léger frisson : ne vous inquiétez pas, j’ai déjà tant entendu…… (un sourire) je soutiens votre décision à 100%.....
Laurent Luyat, enthousiaste : Vincent Ferniot !
Daniel Bilalian : plait-il ?
Laurent Luyat : il nous faut Vincent Ferniot ! Le Tour, c’est l’été ! Le Tour, c’est la fête ! Et la fête, c’est le rosé ! L’été, c’est le rosé ! Et, Vincent, il en connait un ballon en rosé…
Daniel Bilalian : très bien, je prends bonne note…… (tapotant une pile de CV) J’ai cependant déjà pris la liberté de sélectionner quelques candidats. De nouveaux visages. Pour coller au mieux aux exigences de la Dame. Plus jeunes. Plus sexy.
Laurent Luyat, déçu : ah ?
Daniel Bilalian, peiné : dois-je vous rappeler le sort réservé à Julien Lepers ?
Laurent Luyat, épouvanté : je vous en prie…..
Daniel Bilalian : voilà, les enjeux sont énormes….
Laurent Luyat : le nouveau, là, il cabotine même pas…..quelle horreur….aucun respect pour la grande maison France Télévision….
Daniel Bilalian, coupant : assez perdu de temps ! (s’adressant à l’extérieur) Martine ! Veuillez introduire le premier candidat !
La porte s’ouvre. Un jeune homme fluet, à l’allure dynamique, entre et monte sur l’estrade. Laurent Jalabert et Laurent Luyat échangent un regard stupéfait. Daniel Bilalian retourne dans tous les sens le CV entre ses mains et adresse un haussement d’épaule à ses compagnons.
Le candidat : Messieurs…..
Laurent Jalabert : non, mais, ça ne va pas là. Daniel ?
Laurent Luyat : déjà, je n’étais pas trop d’accord pour Julien Lepers, mais là, les choses vont trop loin…
Daniel Bilalian, ahuri : je ne comprends pas, je ne comprends pas….
Le candidat :……je m’appelle Bertrand Latour et je…….
Daniel Bilalian, perplexe : c’est bien le nom indiqué sur le CV….
Laurent Jalabert : non, mais il a douze ans, c’est pas possible……
Laurent Luyat : quelle horreur, on dirait un cycliste…..
Daniel Bilalian : le CV indique pourtant bien né en…..
Laurent Jalabert : il y a un problème, Daniel, il y a un gros problème…..
Bertrand Latour : non, mais, écoutez, je……
Daniel Bilalian, à Bertrand Latour : écoute, petit, tais-toi, les grandes personnes ont un problème à régler….
Laurent Luyat, secouant la tête : cette folie du rajeunissement ! Où s’arrêtera donc la direction ?
Laurent Jalabert : on va avoir l’air de quoi ?
Bertrand Latour : mais, je…..
Daniel Bilalian, en colère : bon, écoute, mets-toi dans un coin et plus un mot ! Non, mais, tout se perd ! Plus aucune éducation….
Laurent Luyat : Faire porter des costumes à un si jeune âge, on lui vole son enfance….les parents n’ont plus aucun scrupule.
Daniel Bilalian : le CV était pourtant prometteur….
Laurent Jalabert : jamais l’inspection du travail n’acceptera….
Laurent Luyat, en pleine réflexion :….on dirait une mini-Miss….
Laurent Jalabert : et puis, si les enfants se mettent à travailler, qui va garder Kéké ?
Laurent Luyat : Mini-Miss ! La voilà, l’idée !
Daniel Bilalian : Hum ?
Laurent Luyat, avec un débit de plus en plus rapide : on va organiser des concours de mini-Miss tous les jours pendant la retransmission. C’est populaire ! On va aller à la rencontre des gens, chez eux, dans leurs habitudes, dans la joie. On pourra même organiser des compétitions entre les villes-étapes……j’ai une idée… tous les jours, des mini-Miss de chacune des villes s’affronteront et puis……attendez…..on pourra même…….on pourra même se faire affronter leurs parents dans des jeux d’adresse ou sportifs ou de culture générale…..chaque ville présentera une équipe et les épreuves se succéderont au fil de l’étape…..et le dernier jour à Paris, les deux meilleures villes se retrouveront pour une fina…..
Bertrand Latour : non, mais, c’est Interville, ça !
Laurent Jalabert, affirmatif : ben, oui, c’est Interville….
Laurent Luyat, déçu : ah oui, tiens, c’est Interville….
Daniel Bilalian, coupant : nous sommes d’accord, Messieurs ?
Laurent Jalabert : oui !
Laurent Luyat : oui !
Daniel Bilalian, à Bertrand Latour : bien, mon petit, tu sais que ce n’est pas bien de mentir….
Bertrand Latour : mais…..
Daniel Bilalian, doux :……promets-moi de ne plus recommencer. Tes parents sont avec toi ? Va donc voir la gentille dame qui t’a fait entrer et demande de lui de les appeler si ils ne sont pas encore arrivés….
Bertrand Latour, sur la défensive : vraiment, laissez-moi…
Laurent Jalabert, autoritaire, voix forte, pointant la sortie : file dans ta chambre !
Bertrand Latour, dépité, la tête basse, abandonne la partie et sort. Les trois autres poussent un soupir d’exaspération.
Daniel Bilalian, criant : candidat suivant, s’il vous plait !
Un homme de petite taille entre. Œil malicieux. Fine moustache. Lunettes à grosse monture. Vêtu sobrement. Souliers italiens.
Daniel Bilalian : bonjour, nous vous écoutons….
Le candidat : Messieurs, bonjour, permettez-moi tout d’abord de vous dire le plaisir et l’émotion que j’ai à vous rencontrer. Ça me fait si chaud au cœur (il tapote son cœur). Surtout vous, Monsieur Jalabert, le plus grand cycliste français de tous les temps, un palmarès incroyable dans une époque pourtant gangrenée par tant de tricheurs….
Laurent Jalabert, fier : c’est gentil à vous…..
Laurent Luyat : belles chaussures !
Le candidat : La perspective de servir, à mon modeste niveau, la cause du cyclisme et la belle famille France Télévision ! Faire rêver les millions de Français, qui n’ont pas notre chance, restés derrière leurs écrans ! …..quel enchantement ! Quel bonheur ! Je brûle de….
Daniel Bilalian : voilà un enthousiasme rare !
Le candidat : Faire œuvre de salut public ! Nous les humbles passeurs, les passants qui ne vivons que par les exploits des athlètes et dans les cœurs des foules dont le quotidien s’éclaire à la flamme de nos mots et s’embrase à notre passion…Avec professionnalisme et recul, parce que c’est important le recul et l’auto-dérision, ça aide à garder la tête froide, à conserver notre âme d’enfant et le sens de l’émerveillement, et à apprécier en toute modestie, chaque minute que la….
Daniel Bilalian, mi-suspicieux mi-intrigué : très bien, vous êtes amateur de cyclisme, monsieur ?
Le candidat, exalté : oh, oui !.....
Laurent Luyat, à lui-même, dépité : manquait plus que ça, un passionné de sport….
Le candidat, la respiration s’accélérant : quelle beauté ! Ces corps en tension, la sueur perlant sur les peaux, les muscles à l’assaut des mamelons rocheux de la fille France….
Daniel Bilalian : euh…..
Le candidat, la respiration saccadée : la courbe des profils, les heures d’attente, les secousses, les changements de rythme et l’explosion finale, aahhh…..
Daniel Bilalian : Gérard ?
Le candidat, se pâmant : Aaaahhhhh…..carpe diem tous les étés de nos vits….
Daniel Bilalian : Gérard ? Gérard ? C’est vous ?
Le candidat, se reprenant : non, non, moi, mon nom est Gérardo, c’est écrit sur le CV, je suis…..
Daniel Bilalian : non, c’est vous Gérard ! Je vous ai reconnu !
Laurent Luyat, réfléchissant, se grattant le menton : hum, cette fine moustache…..serait-ce possible ? Vincent ? Vincent ? C’est toi ?
Laurent Jalabert : ah oui, c’est vous, Gérard !
Le candidat : c’est un grand honneur que vous me faites de me confondre avec ce si grand journaliste, proche des petites gens et des opprimés, porte-voix de la révolte des damnés et des sans-grades, que le public éperdu de chagrin regrette, comme en témoignent les messages de désesp…
Laurent Luyat, un peu déçu : ah, oui, là, c’est sûr que c’est Gérard !
Daniel Bilalian : Gérard ! Veuillez cesser cette comédie !
Gérard Holtz, de guerre lasse : bon, bon, d’accord, vous avez gagné !
Daniel Bilalian : mais que faites-vous ici ? (contrarié) Je vous espérais...je vous croyais sur la route de Brasilia….
Gérard Holtz, retirant sa moustache : Je n’ai pas pu vous résoudre à vous abandonner. France Télé est en danger. C’est mon devoir de vous aider….
Daniel Bilalian : ne vous en faites pas….abandonnez-nous….
Gérard Holtz, outré puis grandiloquent : France Télé ! Ma vie ! Mon œuvre ! Mes bébés !Daniel Bilalian, ferme : Gérard ! Ça suffit ! Maintenant, veuillez nous laisser travailler ! Votre temps est passé. Acceptez-le !
Gérard Holtz, sanglotant : non……non……j’ai tant à donner et….
Daniel Bilalian : un mot de plus et j’appelle la sécurité !
La tête basse, trainant les pieds, Gérard Holtz regagne la sortie, essuyant ses larmes et son nez de sa main droite.
Laurent Jalabert : et bien…..
Laurent Luyat : et encore, lui, il a pu faire ses adieux. Julien, lui, il….
Daniel Bilalian, peinant à retrouver son calme : oui, bon, reprenons ! (prenant une profonde inspiration) ….le prochain candidat est une candidate. Clara Morgane !
Laurent Jalabert : Hein ?
Laurent Luyat, ravi : enfin quelqu’un de connu !
Daniel Bilalian : un problème, Laurent ?
Laurent Jalabert : mais qu’est-ce c’est que cette histoire ? Clara Morgane ?
Daniel Bilalian : elle est jeune, elle est sexy, elle fraiche, ouverte au monde, elle a une excellente élocution…..
Laurent Jalabert : non mais, vous n’y pensez pas sérieusement….
Daniel Bilalian : pourquoi pas ?
Laurent Luyat : elle est populaire, Clara ! Y en a marre des inconnus que personne ne reconnait dans la rue ! Le Tour, c’est la fête ! Le Tour, c’est l’été ! Clara, c’est la fête ! Clara, c’est caliente ! Et puis elle chante ! Je vois ça d’ici……elle fredonnera un petit air pendant les présentations d’Eric…..ça sera tellement plus humain que les bandes-son habituelles……et puis on pourra même……on pourra même (excité) ……organiser un concours…….elle chantera et vous, Laurent, Eric et Thierry, vous devrez retrouver l’interprète ou le titre de la chanson……ou même, j’ai une idée….elle chantera et à un moment elle s’arrêtera, et alors, là, vous devrez retrouver les paroles…..ah, mon Dieu…..des heures d’antenne exaltantes, populaires…..les téléspectateurs pourront jouer via les réseaux so…
Laurent Jalabert : c’est N’oubliez pas les paroles, ça !
Daniel Bilalian : et Fa Si La Chanter !
Laurent Luyat, perplexe : ah oui, tiens….
Daniel Bilalian : ne vous méprenez pas, cher Laurent. Cette charmante personne est à même de fournir des angles de vues novateurs. Son expertise peut être une vraie valeur ajoutée à notre compréhension de l’évènement. Tenez, avec son expérience, nous aurions immédiatement mesurés à leurs justes valeurs les problèmes d’induration à la selle de Laurent Fignon en 1989.
Laurent Jalabert : non ! Hors de question ! Je fais comment, moi, avec Clara Morgane et Thierry Adam en cabine pendant plusieurs heures, hein ? Non, parce que ce n’est pas vous qui étiez en cabine lorsque Catherine Destivelle est passée sur le dernier Tour…..je m’en souviens encore…Non, non, non, hors de question….
Daniel Bilalian : vous ne souhaitez même pas que nous la recevions pour l’entendre ?
Laurent Luyat, implorant : allez, juste une petite chanson !
Laurent Jalabert : j’ai dit non ! C’est bien simple, je ne re-signe pas….
Daniel Bilalian : très bien, cher Laurent, nous ne saurons nous passer de vos services. Je vais prévenir Mademoiselle Morgane que nous ne pourrons l’auditionner.
Laurent Jalabert s’enfonce dans son fauteuil. Laurent Luyat attaque les premières notes de Good Time. Daniel Bilalian se lève et quitte la pièce. Il referme la porte.
Voix de Daniel Bilalian à l’extérieur, étouffée : Ecoutez, chère Demoiselle, je suis navré, un problème technique nous empêche de vous auditionner…..vous me voyez fort marri de ce contretemps totalement indépendant de notre volonté……. je suis tout à fait disposé à vous recevoir plus tard……disons ce soir vers 22 heures, chambre 503, Sheraton Hôtel….non, je ne…..mais absolument pas…je ne….
Un claquement sec. Des bruits de talons qui s’éloignent. La porte s’ouvre et Daniel Bilalian fait son apparition. Il regagne son fauteuil. Il se masse la joue.
Daniel Bilalian, légère gêne : voilà, c’est réglé. Poursuivons. Martine ! Candidat suivant !
Une femme entre. Décontractée. De belles boucles blondes tombent sur ses épaules. L’œil vif. La silhouette sportive. Athlétique. Joliment maquillée. Sourire charmeur. Un âge indéfinissable.
Daniel Bilalian : Madame, bonjour !
La candidate : Ravie de vous rencontrer !
Daniel Bilalian : très bien, expliquez-nous en quoi vous pourriez être nécessaire à France Télévision et au Tour de France ?
La candidate : Tout d’abord, je…..
Laurent Luyat, cessant de chantonner, brusquement : et pourquoi pas Hervé Villard ?
Daniel Bilalian : hein, quoi ?
Laurent Luyat : ben oui, le Tour, c’est populaire et Hervé Villard, c’est populaire ! On parlait de Clara Morgane, là, juste avant…
La candidate, étrangement tendue : La belle fête du vélo….
Daniel Bilalian : mais qu’est-ce qu’il vient faire là, Hervé Villard ?
Laurent Jalabert : purée, si il nous réinvente l’Ecole des Fans, je….
Laurent Luyat : les temps passés, l’insouciance d’une époque heureuse, le temps suspendu des souvenirs, la douceur des émois adolescents, voilà, c’est tout ça Hervé Villard !
Daniel Bilalian : et ? J’aimerais bien que vous soyez plus explicite. Il se fait tard…
La candidate, prise de léger spasme : …..partager une passion…..
Laurent Luyat : Le Tour, c’est quoi ? Une épreuve sportive ? Pff….. C’est une fenêtre ouverte sur les temps heureux. Le temps des bals, des ginguettes, des variétés de Gilbert et Maritie Carpentier. C’est notre verveine de Proust. C’est ça qu’il faut donner aux gens, aux téléspectateurs. Le baume nostalgique apaisant d’Hervé Villard…
La candidate, peinant à se contenir : transmettre des émotions….
Laurent Jalabert : ….je me barre….
La candidate, explosant, rendue comme folle, prise de tremblements : Aarrrggghhhh !!!! (elle bondit, elle sort trois pinceaux de ses poches, sa chevelure blonde échoue à terre, elle se coiffe d’un béret extrait de sa poche de pantalon, un canevas sorti d’on ne sait où à la main gauche) ……Argghh !!! L’art ! l’art ! l’art ! Ma vie, ma…..
Daniel Bilalian, les yeux écarquillés : Gérard ! Encore vous !
Gérard Holtz : ma raison d’être et d’aimer….
Daniel Bilalian, rouge de colère : dehors !
Gérard Holtz, se calmant : mais je…..
Daniel Bilalian : il n’y pas de mais. Dehors ! Ou j’appelle la Sécurité !
Laurent Jalabert, éberlué : ça alors !
Dépité, Gérard s’en va, laissant une perruque blonde là où churent ses espoirs. Daniel Bilalian pratique quelques exercices de respiration.
Laurent Luyat : bon, et pour Hervé Villard ?
Daniel Bilalian, agacé : qu’il dépose donc un dossier ! (montrant sa pile de CV) nous en avons encore quelques-uns à examiner aujourd’hui, alors, que diable, mettons-nous au boulot ! Bon, le candidat suivant est un jeune homme, Charles Marsault. Marti….
Laurent Luyat : c’est qui ?
Daniel Bilalian : et bien écoutons-le, vous verrez bien, Marti…..
Laurent Luyat : encore un inconnu, quoi…..quelqu’un sans attache populaire…
Daniel Bilalian : Monsieur Marsault est l’animateur d’un site de référence sur le cyclisme….
Laurent Luyat, dégouté : ah ! Horreur ! Un spécialiste !
Laurent Jalabert : ben, il en faut des spécialistes, Laurent ! Il y a une course à commenter….
Laurent Luyat : non mais, je veux bien que le Tour de la France ce soit aussi un peu le Tour de France, mais il faut quand même un peu respecter le concept et les téléspectateurs. Les téléspectateurs veulent voir Sophie Marceau. Pas son frère ! Hé ho, à un moment, ça va….
Laurent Jalabert, atterré : co….co….comment ?
Laurent Luyat :….c’est d’un ringard, ces coursettes….
Daniel Bilalian, suffoqué : mais….mais…
Laurent Luyat : ho ! et puis, pour les spécialistes, il y a déjà Thierry !
Un silence gêné.
Daniel Bilalian, désabusé : j’imagine qu’il est inutile que je le fasse entrer….
Laurent Luyat, catégorique : inutile ! Veto !
Daniel Bilalian : bien, (criant vers l’extérieur), Martine, venez un instant mon petit !
Daniel Bilalian, à Martine entrée dans pièce : veuillez poliment éconduire Monsieur Marsault. Prétextez n’importe quoi et faites entrer le candidat suivant.
Martine quitte la salle et laisse la porte entrebâillée. Peu après, un homme immense en franchit le seuil. Il porte un grand imper boutonné jusqu’au col. Longue barbe. Sourcils fournis. Une calvitie naissante. Il avance difficilement vers l’estrade, le pas mal aisé. Il titube. Au bout de quelques pas, il chute lourdement. Sous l’effet du choc, il se brise littéralement en deux. Le haut du corps roule jusqu’à l’estrade alors que le bas gesticule dans un imper désormais trop grand. Une tête apparait.
Jean-René Godart : je vous l’avais bien dit que ça ne marcherait pas, Gerhard !
Daniel Bilalian, fou de rage, d'un bond debout, les mains crispées sur la table, le fauteuil basculé en arrière : Dehors ! Dehors ! (hurlant) Sécurité ! Sécurité !
Sven Lescuyer et François Brabant font irruption dans la pièce et saisissent sans ménagement Jean-René Godart et Gérard Holtz, qui quitte la pièce dans un gémissement. Daniel Bilalian ramasse son fauteuil. Laurent Jalabert est prostré, la bouche bée. Laurent Luyat est hilare.
Daniel Bilalian : bon, voilà, maintenant que le calme est revenu, poursuivons. Laurent, Laurent, ça va ?
Laurent Jalabert, secoué : euh……oui…….non…..euh…..oui, j’aurais aimé ne jamais vivre ça. Oui, ça va. Continuons.
Daniel Bilalian : très bien, (criant) Martine, faites donc entrer Mademoiselle Nabilla Benatia !
Laurent Luyat, large sourire aux lèvres : ah ! formidable !
Laurent Jalabert, vif : vous n’allez pas recommencer !
Daniel Bilalian, épuisé : (criant) Martine, un instant s’il vous plait !
Laurent Luyat : j’aurais préféré Noel Jamet…..
Daniel Bilalian : qu’y a-t-il Laurent ?
Laurent Jalabert : Nabilla ?! Nabilla ?! Pour couvrir le Tour de France ? Elle ne se couvre déjà pas elle-même....
Laurent Luyat :…..mais c’est un bon début, elle est connue, populaire….
Daniel Bilalian : j’ai fait mes recherches, cher Laurent !
Laurent Jalabert : et ?
Daniel Bilalian : il apparait qu’elle est très appréciée des aficionados de cyclisme.
Laurent Luyat :…..et puis on reste dans le registre porcin….
Laurent Jalabert, incrédule : vraiment ?
Daniel Bilalian : et oui ! Elle est fréquemment citée en exemple sur VCN, le site de référence de Monsieur Marsault….
Laurent Jalabert, incrédule, plus fort : vraiment ?
Daniel Bilalian : oui, c’est Nabila par-ci, Nabila par-là.
Laurent Jalabert, désespéré : je crois rêver……
Daniel Bilalian, convaincu : je vous assure, elle est la pièce manquante à l’échiquier France Télévision. Les avis sont dithyrambiques. « Prophétie, cyclisme romantique, rayon d’espoir »….
Laurent Jalabert : n’importe quoi ! Pas de Nabilla ! Enfin, quelle image voulez-vous donner au Tour de France ? Et quelle valeur ajoutée ?
Daniel Bilalian : jeune, drôle, sexy, en phase avec son époque….
Laurent Jalabert, sarcastique : ah, ça, c’est sûr qu’elle ne sera pas en phrase avec son époque….
Daniel Bilalian : hein ?
Laurent Jalabert, nerveux : elle ne sait pas parler, Nabilla, Daniel……
Laurent Luyat : Eurosport a bien Virenque…..
Laurent Jalabert : et puis, ce sera le même problème avec Thierry que pour Clara Morgane….
Daniel Bilalian : le problème, c’est peut-être Thierry, alors ?
Laurent Jalabert : non, je…..(Laurent Jalabert marque un temps, une drôle d’expression machiavélique sur le visage, d’un mouvement de tête, il chasse cette pensée fugace ) ….non, non, vraiment, je refuse absolument de m’associer à ça…..
Laurent Luyat : et puis Virenque, il a presqu’autant gonflé que Nabilla….
Daniel Bilalian : c’est votre dernier mot, Laurent ?
Laurent Jalabert : oui, je refuse de travailler avec Nabilla. Et même d’en envisager la possibilité.
Daniel Bilalian : très bien, cher Laurent, je respecte votre avis et me range à votre décision. A quoi bon engager les meilleurs consultants si ce n’est pas pour suivre leurs avis éclairés ?
Laurent Luyat, ravi : ah ! donc, c’est bon pour Vincent Ferniot et Hervé Villard, alors ?
Daniel Bilalian : (sèchement) vous n’êtes pas consultant, vous ! (déçu) bon, ayons tout de même l’élégance de le lui annoncer.
Daniel Bilalian quitte la pièce.
Voix de Daniel Bilalian à l’extérieur, étouffée : écoutez, Mademoiselle, je suis navré mais…….oui, nous ne pourrons pas vous recevoir…….un incident technique regrettable……..mais, je suis tout disposé à vous entendre…..pourquoi pas ce soir ?........dans ma chambre, Sheraton Hôt…….mais pas du tout……..non, je ne vous prends pas pour une p……enfin, mais calmez-vous……je vous assure que…….Mademoiselle, Mademoiselle…..non……..veuillez lâcher ce couteau…..non……non……n’avancez pas…..
Des cris. De l’agitation. Des bruits de courses. Des meubles qui crissent. Puis un grand calme. Martine surgit, affolée, dans la pièce.
Martine, les larmes aux yeux, à Laurent Jalabert et Laurent Luyat : Messieurs, Messieurs, c’est terrible. Daniel Bilalian vient d’être sauvagement agressé. La séance est suspendue.
VII.
Plus tôt dans la semaine. Milieu de l’océan atlantique. Eaux internationales. Chaufferie du Lutétia. Boites de conserve vides au sol. Nicolas Geay dans le sommeil du Juste. Soudain, les cris du métal sous les pas pressés des marins. Les cris des marins.
Nicolas Geay, peinant à se réveiller : mais quel est donc ce raffut ? (s’étirant), hum….allons jeter un œil.
Discrètement, Nicolas Geay quitte la chaufferie et se faufile, prenant le soin de ne pas être vu, jusqu’à un attroupement inhabituel de marins sur le pont. Ils sont tous tournés vers le large, commentant avec excitation l’action. Au bout de quelques minutes, Nicolas Geay aperçoit deux hommes hissés par-dessus bord.
Nicolas Geay, n’en croyant pas ses yeux : ça alors !
Les deux hommes sont rapidement pris en charge par l’équipage. Nicolas Geay les suit discrètement, attendant le moment propice. Celui-ci ne survient que plus tard dans la soirée. Un des naufragés déambule seul sur le pont inférieur. Il est d’ailleurs le plus souvent seul depuis son sauvetage.
Nicolas Geay : pssttt…..pssstttt…..
L’homme se retourne.
Nicolas Geay : ici, c’est moi, Nicolas…
L’homme l’aperçoit.
L’homme : ça alors ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Nicolas Geay, chuchotant : je suis sur une enquête. Et vous ? Quelle surprise de vous trouver là, Jean-Maurice ! Que vous est-il arrivé ?
Jean-Maurice Hoog : je volais vers Rio avec Eric Fottorino…..
Nicolas Geay : vers Rio ? En hélico ?
Jean-Maurice Hoog : ben oui, pour les JO et puis pour la « réunion »….
Nicolas Geay, surpris : je n’étais pas au courant….
Jean-Maurice Hoog : pour les JO ?
Nicolas Geay, vexé : mais non, pour la « réunion ». (à lui-même), pas au courant pour les JO ? Non mais, il me prend pour qui, lui….
Jean-Maurice Hoog : tu n’as pas reçu le mémo ?
Nicolas Geay : Le mémo ?
Jean-Maurice Hoog : ben, oui, le mémo d’urgence édité par Bilalian. On l’a tous reçu….
Nicolas Geay : ben non, je n’ai rien reçu, bref, ça n’a pas d’importance. Je suis sur une affaire. Une affaire énorme…..mais bon, tout ça n’explique pas pourquoi je vous retrouve sur ce Tanker après un sauvetage en mer.
Jean-Maurice Hoog : oui….donc……je volais vers Rio avec Fottorino. J’ai eu droit à tout. La description des goélands, la formation de la houle, l’influence de la Lune, le poids des nuages, le passage des méridiens, tout, tout le temps, sans interruption….
Nicolas Geay : et ?
Jean-Maurice Hoog : …..j’ai préféré crasher l’hélico……je ne me voyais pas tenir plus longtemps….
Nicolas Geay :(soufflé) ah ! (se reprenant) Et il est où, Eric ?
Jean-Maurice Hoog : sans doute avec les marins, à leur apprendre à faire des nœuds…
Nicolas Geay : allez le chercher !
Jean-Maurice Hoog, un pas en arrière, effrayé : mais tu n’y penses pas….
Nicolas Geay : si, si, je suis sur un gros coup. Son concours pourra m’être précieux. Rejoignez-moi à la chaufferie.
Jean-Maurice Hoog, réticent : je…je…
Nicolas Geay : et apportez à boire et à manger !
Jean-Maurice Hoog : petit, tu commets une grave erreur !
Two bis contis nus, Ed !.....
Perles des médias 2016
Encore une fois excellent :jap:
Le salaud de Laurent Luyat, il aura foutu mes rêves de carrière en l'air
Le salaud de Laurent Luyat, il aura foutu mes rêves de carrière en l'air