La gazette des baroudeurs :
Retour sur les étapes 1 et 2 du Tour de la France
Hier, pour une première étape dans les terres vendéennes de la célèbre équipe de Jean René Bernaudeau, nous nous attendions à une journée tranquille au bord de la mer, les plagistes en tongs étaient présents pour féliciter l'audace de 3 coureurs partis seuls dans une entreprise impossible, s'enfuir loin du peloton et ses risques de chute, de la promiscuité au sein du peloton en pleine canicule, et histoire de se montrer un peu trois coureur sont partis de l'avant : Kévin Ledanois prend le maillot à pois, Jérôme Cousin et Yoann Offredo s'offrent le plaisir de perséverer le plus loin possible, et de tenir 190kms à l'avant
La journée est parfaitement résumée par le maître baroudeur, Offredo
"Je n'aime pas rester dans le peloton. S'échapper, c'est dans la nature de l'homme. Le prix de la combativité, c’est un peu le prix des perdants. Mais j’en ai vraiment profité, en particulier des sourires d’enfants tout au long de la route. C’était ma vraie récompense, c’était génial."
Malheureusement, l'un des tops baroudeurs qui auraient pu se faire plaisir en échappée cette année, Lawson Craddock percute un spectateur. Courageusement, on le voit s'accrocher pour finir l'étape (bon dernier je crois). Le début d'un long calvaire pour ce coureur qui peut finalement briller en rueduorab
Etape 2 : Le scénario est plus confus que la veille. Le début d'étape est plus nerveux, on peut s'attendre à une échappée de costauds ! Ledanois sort pour protéger son maillot à pois, et c'est finalement Sylvain Chavanel (Direct Energie), Michael Gogl (Trek) et Dion Smith (Wanty-Gobert) qui forment l’échappée du jour. Les fortunéo sont punis et l'on retrouve logiquement les équipes les plus offensives d'hier à l'avant, mais avec des coureurs différents, Cousin et Offredo ayant fait une grosse étape hier ! Surprise de voir Gogl à l'avant, alors que la Trek joue un bon CG de Mollema, et que le CLMPE est important demain. Mais il faut dire que la Trek est très offensive cette année, et égale Ag2r en prenant sa 34ème échappée de la saison en WT
Michael Gogl est un jeune coureur autrichien, membre de la Trek depuis l'an dernier et qui a un profil de puncheur. On l'a vu sur les ardennaise puis faire un top 5 sur le tour des Fjords. Il s'est échappé lors du tour de Francfort et sur le tour de Suisse. Un profil idéal pour aller chercher le maillot à pois
Dion Smith quant à lui vient du pays du rugby, et il a surment du se mettre au vélo vu son gabarit frêle (67kgs
) pois plume dans la vie, mais c'est un costaud sur l'vélo
C'est un coureur de classique qui passe bien les bosses avec une belle pointe de vitesse. C'est un coureur qui explose cette année, réalisant une très bonne saison : après une campagne de classique pavées discrète mais toujours dans les 80 premiers, engrangeant de l'expérience, il enchaîne avec les ardennaises qu'il conclu avec une 16ème place à Francfort. Après une reprise au tour de l'Ain, il fait un podium sur l'étape de Wanze au tour de Belgique, et le voilà sur le podium du CG, de cette course .HC
Il continue d'enchaîner sans coupure avec le Dauphiné, ou il est récompensé d'une 7ème place sur le final en sprint semi-massif dans le Beaujolais. Puis il enchaîne avec une 2nde place sur Paris Chauny. Grosse saison de sa part, et il profite de ses qualités pour aller chercher le maillot à pois !
Malheureusement, Gogl est touché au genou et se relève avant le GPM. Il aura fait 30kms à l'avant, puis Smith se relève 5km plus tard, gardant des forces pour le CLMPE de demain où il devra aider son leader Guillaume Martin à ne pas perdre trop de terrain, et en prévision de la Bretagne où son maillot devra être défendu.
Alors on peut se demander si ce CLMPE est mal placé : de nombreuses équipes ne voulant pas perdre de temps, sont frileuses sur ces deux premières étapes. Des équipes comme Dimension Data qui n'ont ni sprinteurs, ni leaders pour le CG ne se risque pas à une échappée inutile. Car il n'y avait rien à gagner à continuer à rouler. Chavanel, lui, à la manière de sa carrière exemplaire, à mouiller le maillot, faisant plaisir aux nombreux supporters de la bande à Bernaudeau sur le bord de route qui évoluait à domicile, pour célébrer l'anniversaire de son manager. Pour faire honneur au tour de France, à son histoire. Pour honorer le sport cycliste qui ne doit pas se résumer à une course de 10kms.
On peut se demander, puisque ces valeurs, cet état d'esprit n'est plus de mise face aux marginal gains où chaque effort compte, comment récompenser les échappés : des points UCI, par exemple 1pt tous les 50kms d'échappée en WT ? En limitant le terme échappée à 10 coureurs, comme sur le Giro pour éviter les abus ? En mettant en place un classement annexe du plus grand nombre de kms cumulés en tête par un coureur ? En faisant un maillot du meilleur dans les sprints intermédiaires comme sur certaines courses ? Les idées sont nombreuses mais pas spécialement prioritaires actuellement dans le milieu cycliste, où le modèle de l'étape défilée sur le plat qui se termine au sprint est habituel, intégré par les équipes (qui font leur compo et leur tactique en fonction) ou par les suiveurs (qui allument leur télé dans les 10 derniers kms ou râle du manque de suspense (à raison !) le cas échéant)
Tous les ans c'est pareil, et jamais rien ne change
Pire, cet attentisme du peloton, accélérant dans le final, avec un peloton conséquent et frais entraîne de sévères dégâts, comme d'habitude. Après Craddock qui tombe hier et passe sa journée à faire le yoyo en fond de peloton, puis Grmay qui semblait être le baroudeur idéal pour la Trek en montagne qui abandonne pour maladie à mi-course, une chute de Rudy Molard, de Van Rensburg, la chute de Luis Leon Sanchez, dont on s'attendait à ce qu'il fasse un gros tdf, sur la lancée de son début de saison et du Giro, en étant solide en montagne pour son leader Fuglsang et tentant sa chance de temps en temps, doit abandonner en se fracturant le coude.
C'est une hécatombe sur ces premières étapes. Les causes sont connus : 15 tops sprinteurs et 15 tops leaders pour le CG, tous les équipiers frais voulant les replacer à l'avant. Des trains qui se forment très tôt dans le final, par peur d'une cassure à cause des nombreux aménagements routiers peu adaptés au passage d'un peloton. Le stress de perdre la course la plus importante de la saison sur un coup du sort. Le constat est terrible, se répète avec une fatalité désespérante tous les ans.
Mais c'est aussi cela qui rend le Tour unique, que l'on déteste ce genre d'étape, mais qui font aussi sa légende, impressionnant les suiveurs, inspirant la crainte des coureurs !
Classement des meilleurs baroudeurs de ce tdf après 2 étapes :
1 COUSIN Jérôme Direct Energie 190kms
2 OFFREDO Yoann Wanty Groupe Gobert 190kms
3 CHAVANEL Sylvain Direct Energie 170kms