Ademai1 a écrit :matthmic a écrit :Désolé si la question a déjà été posée (probablement d'ailleurs) mais pourquoi est-ce que la Colombie sort autant de cyclistes professionnels dont pas mal viennent en Europe et pas ces voisins parfois plus peuplé comme le Venezuela, le Brésil ou les pays des Andes (Chili, Pérou, Bolivie ...) ?
C'est une histoire de culture. La Colombie est passionnée de cyclisme depuis des lustres, et je ne suis pas sûr que les jeunes Brésiliens ou Chiliens soient très imprégnés par ce sport. Si ces pays se prenaient de passion pour le vélo et que les jeunes s'y mettaient un peu ( les structures et les techniciens suivraient), je suis persuadé qu'on y trouverait des supers-coureurs.
Avec l'équipe FUNVIC, le Brésil peut s'ouvrir au cyclisme. Cette formation a couru récemment aux Etats-Unis avec une bonne performance de son leader DINIZ. Elle s'est offert les services des Colombiens SANCHEZ, TAMAYO et RINCON. Elle a de l'ambition et peut servir de locomotive.
Les organisateurs font aussi l'effort de classer leurs courses 2.2 à l'UCI ce qui est un signe positif de volonté de développement (dans le même temps, le Colombie ne possède que le Tour de Colombie en 2.2).
Le développement économique du Brésil peut donc aussi profiter au cyclisme mais dans quelle mesure?
Pour le Venezuela, c'est différent. Les Vénézuéliens sont les concurrents traditionnels des Colombiens depuis les années 1990. L'Italien Gianni SAVIO a joué un rôle important en "découvrant" Leonardo SIERRA et quelques autres comme MAYA ou PUMAR. Malheureusement, il n'y a pas eu un HERRERA ou un PARRA comme en Colombie pour donner une vraie impulsion (SIERRA a donné des espoirs sur 3 ans avant de décliner). L'avénement de RUJANO aurait pu être le déclic attendu mais sa 3ème place sur le Giro a été un feu de paille pour un coureur imprévisible. Aucun Vénézuélien ne confirme vraiment en Europe: MONSALVE, RODRIGUEZ ont vite stagné voire décliné. Enfin, plus encore qu'en Colombie, il y a l'impression d'un grand n'importe quoi en matière de lutte contre le dopage. Les 63% d'hématocrite de BRICENO le prouvent. Le Venezuela a un calendrier de courses nationales qui semble contenter tout le monde. Il y a quelques années, les dirigeants ont même limité la participation des équipes étrangères (colombiennes surtout) pour ne pas perdre des points UCI sur les courses 2.2. Cette année, le profil de la Vuelta de la Juventud a été raboté pour donner plus de chances de victoire aux locaux et éviter la démonstration des Colombiens l'année précédente. Gianni Savio donne encore l'impression qu'il porte encore le cyclisme vénézuélien mais il en vit plutôt qu'il ne le fait vivre (il avait fait la même chose en Colombie).
Le Pérou, c'est plus simple: pas d'argent! Laurent Fignon avait tenté de lancer le Tour du Pérou avec le local Gilberto Chocce mais en vain. Chocce est devenu l'un des auxiliaire (photographe surtout) pour les Colombiens de 4-72.
Idem pour l'Equateur qui a pourtant une plus grande culture cycliste et de l'ambition comme le prouve la nouvelle équipe continentale. Pour l'instant, elle permet surtout à des Espagnols de se maintenir à un niveau professionnel et hormis GUAMA, rien ne perce vraiment. Pourtant, il y a de bons grimpeurs là bas qui ne demanderaient qu'à être pris sérieusement en main. Les juniors et U23 colombiens ne sont pas toujours à la fête lorsqu'ils vont courir là bas.
La Bolivie voulait aussi une équipe pro avec l'aide de son président mais comme souvent ça a fait pshiiittt. SOLIZ aurait dû être un leader naturel mais c'est en Colombie qu'il poursuit sa carrière. Derrière lui, il y a 2 ou 3 autres Boliviens qui ont de quoi rivaliser aujourd'hui en Am du Sud mais guère plus.
L'Argentine a le Tour de San Luis mais en ce qui concerne l'appui aux coureurs? Une seule vraie équipe et peu d'ambitions internationale.
Le cyclisme chilien n'a jamais percé avec 2 grosses affaires de dopage qui ont même flingué le développement du Tour du Chili et de la seule vraie équipe nationale.
Chaque cas mériterait une analyse plus détaillée mais en gros, de mon point de vue, c'est un peu ça la géopolitique du cyclisme en Am du Sud (et en Am Centrale). Beaucoup de cyclismes repliés sur eux-mêmes par choix ou par nécessité et un seul pays qui a des critères proches de ceux du Vieux continent et qui exporte des coureurs assez bien formés. Actuellement, seul la puissance économique brésilienne semble pouvoir changer a donne.